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13 juin 2019 4 13 /06 /juin /2019 16:03
Représentation de la côte des Deux-amants où l'on voit le dortoir des moines et l'église priorale. Cette représentation date vraisemblablement d'entre 1685 et 1722.

Représentation de la côte des Deux-amants où l'on voit le dortoir des moines et l'église priorale. Cette représentation date vraisemblablement d'entre 1685 et 1722.

 

L’article ci-dessous est extrait de l’ouvrage suivant :

Charpillon, Louis-Étienne, Caresme, Anatole, Dictionnaire historique de toutes les communes du département de l’Eure, Les Andelys : Delcroix, 1868, tome I, pages 109 à 112.

 

Nous nous en servons pour alimenter notre étude sur le prieuré deuxamantin ; étude disponible ici.

 

Prieuré des Deux-amants. Il existait autrefois sur le territoire d’Amfreville, un prieuré très célèbre, dont la fondation remonte à la première moitié du XIIe siècle, et connu sous le nom des Deux-Amants ; il avait été placé sous le patronage de Sainte Madeleine et était occupé par des chanoines réguliers de l’ordre de saint Augustin.

Placé au sommet de la montagne, ce monastère jouissait d'une vue magnifique sur les vallées de la Seine, de l’Eure et de l'Andelle.

Il doit, selon toute apparence, son origine à quelques hommes pieux, réunis ensemble sur la montagne des Deux-Amants, alors en friche. La charte de confirmation des privilèges du monastère, datée de 1207, constate que les moines avaient mis en culture une partie des terres environnantes. Les seigneurs du voisinage favorisèrent la maison naissante et lui donnèrent bientôt le moulin de Canteloup avec la pêche, la redîme que possédait Roger de Radepont dans le même village, le fief du Hamel ; deux vavasseurs, Raoul Anger et Raoul, fils de Durand, chargés de fournir un cheval pour les besoins de leurs nouveaux maîtres ou de payer une rente de 20 sous, et enfin différentes rentes, dîmes, etc. ; le vaillant Baudry de Bray s’empressa aussi de donner aux religieux des marques de sa libéralité.

Le monastère fut autorisé par Hugues, archevêque de Rouen, dans une charte rédigée en présence de Fraterne, abbé de Saint-Ouen, vers l'an 1150.

Peu d'années après, un seigneur du pays de Caux, conféra aux chanoines d’un seul coup, les chapelles des huit paroisses dont les noms suivent : Notre-Dame-de-Rupière, Saint-Pierre-du-Jonquet, Notre-Dame-de-Vimont, Saint-Martin-de-Fourneville, Saint-Germain-de-Criquetot, Saint-Jouin, Saint-Wandrille de Berville-en-Caux et Notre-Dame-de-Lamerville.

On ne connaît cette donation que par la charte de confirmation donnée vers le même temps par Roger de Berville, que nous croyons être le donateur lui-même.

Berville-en-Caux a longtemps appartenu à la famille de Malesmains, dont Roger de Berville a été probablement la souche, et c'est pour cela que l’on fait honneur du prieuré des Deux-Amants aux anciens seigneurs de Malesmains, et que les armes du monastère étaient : trois mains gauches d’argent en champ de gueules.

Parmi les libéralités faites au prieuré, de 1143 à 1157, nous mentionnerons seulement la donation que lui fit un seigneur du voisinage, à son retour de Jérusalem, d'une rente annuelle d'un millier d'anguilles, payable au commencement du carême, à Rupière, et celle de dame Euphémie de Fleury, de trois acres de terre à Gaillardbois pour l'entretien d'une lampe qui brûlera jour et nuit devant l'autel de la bienheureuse Marie-Madeleine, patronne des religieux des Deux-Amants, et d'une rente en blé sur le moulin de Fleury, avec la dîme de son moulin d’Irreville aussi à Gaillardbois, pour son anniversaire.

L'année 1175 est marquée par une importante donation du roi de France, Louis-le-Gros ; elle consistait en cinquante arpents de terre à Autie, et du droit d'usage dans la bruyère du val Renier.

Il nous est impossible de relater toutes les donations faites aux religieux jusqu'au commencement du XIIIe siècle, elles sont beaucoup trop nombreuses ; nous nous contenterons seulement de citer parmi les bienfaiteurs, les noms de Hugues du Fay, de Guy le Loup, de Raoul de Vaux, de Robert de Leicester, de Guillaume de Gaillarbois, de Raoul le Sueur, de Guillaume de Bosc-Normand, et enfin de Roger de Roncherolles.

Bien que déjà approuvés par l'archevêque Hugues, il manquait aux chanoines, au point de vue ecclésiastique, une existence légale et une confirmation solennelle des nombreuses donations qui leur avaient été faites depuis la création de leur maison. Ce fut l’archevêque Gautier-le-Magnifique, si célèbre par ses luttes avec Richard-Cœur-de-Lion, qui leur octroya cette approbation indispensable aux établissements religieux.

Indépendamment des libéralités dont nous avons parlé, la charte de 1207 contient encore l’énumération des donations faites au prieuré par : Renaud, curé de Damneville ; Baudoin de Marcouville, Chrétien de la Peruche ; Raoul de Chaumont, Agnès de la Hennière, Guillaume de Muids, Roger de Malesmains, Osbern de Cailly, Goël de Baudemont et beaucoup d’autres.

Après la charte de Gautier, les donations ou acquisitions continuèrent, sur une large échelle, jusqu’à l’année 1245.

En 1210, Guy de la Roquette, chevalier, confirma le don fait par Oziria, sa mère, de terres situées à Houville, vers le chemin de Gisors.

On a, du mois de mars 1221, une charte de Guillaume de Roncherolles, fils de Roger, par laquelle ce chevalier confirme les donations de ses prédécesseurs au prieuré des Deux-Amants, avec approbation de l'archevêque de Rouen.

Vers 1228, Mathilde, fille d'Osbern de Cailly et d’Hildeburge de Bauldemont, qui prenait le titre de dame et maitresse (hera) de Cailly et Baudemont, donna aux frères des Deux-Amants 30 acres de terre dans sa forêt de Basqueville-en-Vexin.

Vers l’année 1250, le pape Innocent IV, par une bulle spéciale, prit l’établissement des Deux-Amants sous la protection du saint-siège.

À partir du milieu du Xllle siècle, le journal d'Eudes Rigaud nous fournit de nombreux renseignements sur le prieuré que le prélat visita fort souvent.

Sous la date du 18 juillet 1249, Eudes Rigaud venant de Fresnes-l'Archevêque, explique qu'il a passé la nuit aux Deux-Amants et qu'il a été reçu aux frais de la communauté, “le lendemain, dit-il, nous avons procédé à la visite du monastère, nous y avons trouvé douze chanoines. Ils ont un revenu de 110 livres, ils doivent environ cent vingt livres, et on leur en doit bien autant. Dans la chapelle d’Autie se trouve un chanoine seul, nous avons ordonné qu'il soit rappelé dans le cloître ou qu'on lui donne un socius.”

En 1251, Godefroy de Roncherolles avait succédé à Guillaume, son père.

On a de lui une charte en faveur de la chapelle de Saint-Laurent, fondée et dotée par ses ancêtres.

Que tous sachent, dit-il, présents et avenir, que moi, Godefroy de Roncherolles, chevalier, j'ai donné et concédé par la présente charte, pour le salut de mon âme, des âmes de mes prédécesseurs et successeurs à Dieu à la chapelle Saint-Laurent et au chapelain y servant Dieu, 4 acres 1/2 et le reste. J’ai donné la présente charte confirmée par mon sceau l’an 1251, au mois de mai, en présence du seigneur Guillaume de Thun, doyen, et de plusieurs autres. Sceau avec l'inscription : Guillaume de Roncherolles. Ce seigneur avait un frère nommé Girard, simple écuyer, qui, lui aussi, donna 60 sous de rente au prieuré.

Lors d*une visite faite le 29 décembre 1253, l'archevêque s'exprime ainsi : « Ils sont douze chanoines et huit sont prêtres ; leurs dettes s'élèvent à environ 100 livres, mais on leur doit 100 livres de dette solvable et 80 livres peu faciles à recouvrer. On n'a pas soin des infirmes ; frère Guillaume de Gaillardbois est accusé d'ivrognerie, nous avons ordonné de le rappeler dans le cloître. Frère Guillaume Barbot après le vin est sujet à la colère, de même Mathieu est murmurateur.”

Le 1er décembre 1256, l'archevêque écrit, entre autres observations : « Nous avons enjoint que chaque semaine on lise la règle au moins une fois. On n’a pas soin des malades ; nous avons enjoint de corriger cela. Nous avons ordonné spécialement au sous-prieur de visiter avec soin les infirmes et de pourvoir à leurs besoins ; on ne leur donne pas de vêtement aussitôt qu’ils en manquent ; nous avons prescrit de corriger cet abus.”

Sous la date du 9 février 1258 on trouve : “ils sont XV chanoines demeurant ensemble et ils ont quatre prieurés. On ne s'accuse pas mutuellement des fautes de règle ; nous avons enjoint de corriger cela. On ne pourvoit pas convenablement les chanoines de vêtements et de chaussures, etc.”

Dans ses visites de l’année suivante, le prélat constate toujours les mêmes abus.

En 1262, son journal porte : “Il y avait là un novice ; nous l'avons averti de se confesser souvent et de communier au moins une fois par mois. Ils devaient environ huit vingt [sic] livres et n'avaient ni avoine ni provisions suffisamment pour l'année. À l'encontre du prieur, ils ont dit qu'il sortait de la maison plus souvent qu'il n’était nécessaire, qu'il faisait du bien à sa famille de manière à gêner la maison. De plus, que ce même prieur leur devait 20 livres pour leurs pitances sans qu'ils puissent les obtenir paisiblement ; enfin, que ce même prieur donnait et aliénait les biens de la maison comme les chevaux et les coupes sans la permission du chapitre. Nous avons ordonné au prieur de leur permettre de percevoir paisiblement, sur la grange de Netreville, les 20 livres qu'il leur devait pour leurs pitances. Quant aux autres chefs, ils n'étaient qu'une mauvaise chicane comme il paraissait au premier coup d'œil ; chicanes soulevées par un certain frère nommé Barbot, et c'est pourquoi elles furent considérées comme frivoles et sans fondement.”

Nous n'en finirions pas de reproduire tous les passages du journal de l'actif et infatigable archevêque, concernant le monastère dont nous nous occupons. Chaque fois, le prélat constate que les religieux, malgré ses prescriptions réitérées, observaient peu la règle et soignaient mal les infirmes et les malades. La dernière visite dont parle ce journal est du 19 novembre 1269, c'était la vingt-deuxième ; ce jour-là on compta à Eudes Rigaud 7 livres 7 sous pour son droit de procuration.

Nous revenons encore aux donations que les seigneurs pieux du voisinage firent au monastère.

En 1203, Guillaume de Poissy, seigneur de Noyon-sur-Andelle, aujourd'hui Charleval, avait perdu son fils Robert. Ce chagrin domestique le disposa à donner à l’église Sainte-Madeleine des Deux-Amants, pour le salut de son âme, de ceux de sa femme Isabelle et du fils qu'il avait perdu, ce qu’il percevait sur une pièce tenue de son fief à Houville.

En 1274, Emeline dite la Faveresse lui donna 6 deniers tournois de rente sur une terre à Houville ; en 1290, Godefroy ou Geoffroy de Roncherolles, dont nous avons parlé comme d'un bienfaiteur du prieuré, étant venu à mourir, fut inhumé dans la chapelle, à côté du grand autel.

Jean de Ponthieu, comte d’Aumale, ayant été tué à la bataille de Courtray, sa veuve, Ide de Meulan, obtint du roi Louis-le-Hutin l'autorisation de consacrer 31 livres parisis de rente à fonder quatre chapelles : une au prieuré des Deux-Amants et les trois autres à l'abbaye du Trésor au Val-Guyon et à la Haye-le-Comte, près de Louviers.

Pour la fondation à notre prieuré, la comtesse donna en 1316, aux chanoines, son moulin de Torsel ou d'Estorsel, à Romilly-sur-Andelle.

Guillaume de Roncherolles, fils de Godefroy, qui avait épousé Mahaud de Chelles, ayant été tué en la guerre, fut enterré à l'abbaye des Deux-Amants, à côté du maitre-autel, au mois de septembre 1318.

En 1330, Simon de Mansigny, chevalier, seigneur du Puchay, donna au prieuré, pour le salut de son âme, des âmes de ses ancêtres, particulièrement de son père et de sa mère, à la condition de célébrer un obit solennel à perpétuité, tout le fief de la Cornue à Houville, avec 18 sous tournois et 6 sous parisis.

Charles, qui fut depuis Charles V, autorisa en 1363, en sa qualité de duc de Normandie, Jacques des Essarts, son huissier d'armes, en considération des bons et agréables services qu'il lui avait rendus au fait de la guerre, à vendre 100 livres de terre ou de rente. En vertu de cette autorisation, le seigneur vendit aux religieux sa fieffe-ferme du Plessis-Nicole, relevant de Pont-Saint-Pierre, moyennant une rente de 60 livres. Par un contrat du 5 janvier 1365, les religieux remboursèrent à leur vendeur 50 livres de rente, et leur dette se trouva réduite à 10 livres. Peu après, ils obtinrent du roi Charles V des lettres d'amortissement pour ce fief, mais à la condition de payer 200 francs d’or.

Sous la date du 18 mai 1337, eut lieu la fondation d'un obit par Pierre Gougeul, dit Moradas, chevalier, sire de Rouville, qui donna 10 sous tournois de rente pour cette destination.

Lorsque Charles VI monta sur le trône de France, le 16 septembre 1380, il délivra, à titre de joyeux avènement, un brevet en vertu duquel Guillaume du Houmet devait avoir une place dans le prieuré des Deux-Amants. Les religieux s'opposèrent à cet impôt d’un nouveau genre et obtinrent une sentence des requêtes de l'hôtel qui leur accorda congé de cour.

Depuis l’année 1413 jusqu’à l’époque où le cardinal de Joyeuse, alors archevêque de Rouen, ayant jeté les yeux sur la mense priorale des Deux-Amants, pour doter le collège des jésuites de Rouen, obtint du pape Paul V l'union de cette mense au collège par une bulle datée de 1607, nous laisserons encore de côté une foule de documents. Nous dirons seulement que le prieuré des Deux-Amants fut presque entièrement détruit à l'époque de l’invasion anglaise ; qu'il fut brûlé et dévasté une seconde fois, en 1591, pendant les troubles de la Ligue, et que les différents prieurs qui se sont succédé depuis 1380 jusqu’à l’union au collège des jésuites, sont :

1381, Jean d’Auteuil ou de Santeuil

1427, Robert Legrand

1473, Michel Langlois

De 1490 à 1499, Étienne de Longuemare

De 1499 à 1513, Etienne Bouillet

De 1514 à 1530, Jean Perroy

De 1530 à 1587, Nicolas Chanvin

De 1588 à 1591, Charles Tiercelin

De 1591 à 1598, Jacques Lecoq

De 1598 à 1607, Nicolas Tiercelin

De 1607 à 1620, Nicolas de Neufville

 

Enfin, de 1620 à 1649, le dernier prieur fut Jacques de la Ferté, qui plaida avec ses religieux. Dans le procès qu’il soutint contre les deux frères Charles de Lyons et Jacques de Houeteville, le prieur signale les désordres existant dans sa maison : manque absolu de discipline et d’esprit religieux, violences commises contre ceux qu’on avait tenté d’introduire pour donner le bon exemple.

Les lettres-patentes du roi, pour la réunion définitive de la mense priorale au collège des jésuites de Rouen, sont datées de 1649. Trois ans après, les anciens chanoines disparurent tout à fait après cinq-cents ans d’existence, pour faire place aux Génovéfains, qui à leur tour furent emportés par le souffle révolutionnaire.

 

 

Armand Launay

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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 22:11

A Pont-de-l'Arche, il est difficile de ne pas entendre parler de Maurice Delamare grâce à la rue et à l'impasse qui portent son nom. En effet, l'ancienne « route du Vaudreuil » et ancienne "impasse Salette" ont été rebaptisées ainsi le 4 mars 1937 lors du conseil municipal présidé par Raoul Sergent. Outre l’estime que lui portaient les élus, il semble que l’on ait aussi salué le beau-père de Marcel Ouin, le célèbre patron des chaussures Marco. Mais qui était Maurice Delamare ? 

 

Maurice Delamare

La photo de Maurice Delamare publiée dans

 L'Industriel de Louviers du 14 avril 1928.

 

Né à Veules-les-Roses en 1869 et décédé à Pont-de-l’Arche le 12 juillet 1930, Maurice Delamare acquit une officine de pharmacie à Pont-de-l’Arche. En 1910, il abandonna sa pharmacie pour se consacrer à une fabrique de produits pharmaceutiques fondée en 1897 et transférée en 1912 à Romilly-sur-Andelle.

Maurice Delamare arriva au Conseil municipal grâce aux élections du 24 avril 1900. Il émargeait déjà chez les républicains de gauche, voire radicaux car il fut le seul avec Léon Bataille, maire, à s’opposer à la demande d’ouverture d’une école confessionnelle dans la ville (l'école Saint-Charles). On a aussi compté Maurice Delamare parmi les rangs des républicains radicaux. L’Industriel de Louviers notait, lorsque l’association des républicains de gauche du canton se réunit le 20 avril 1913 pour désigner un candidat pour les élections cantonales : Sur l'insistance de M. Lécaudé, de Léry, qui suppliait M. Delamare de porter le drapeau de la République radicale, le maire de Pont-de-l’Arche a accepté la candidature. Puis par 36 voix contre 24, les membres présents ont décidé de ne pas changer le nom de l'Association républicaine du canton. Ce même journal, devenu conservateur, notait à la mort de l’élu que : D’opinion radicale, M. Delamare ne consentait point à arborer l’étiquette radicale-socialiste et affirmait des idées raisonnables. Un radical modéré mais resté à gauche, en somme. Cette modération traduisait peut-être des soucis électoraux car le canton de Pont-de-l’Arche n’était pas profondément ancré à gauche.

En-tête de lettre de Maurice Delamare, pharmacien, qui fonda une fabrique de produits pharmaceutiques en 1897. Celle-ci fut transférée en 1912 à Romilly-sur-Andelle. Ses locaux sont représentés sur cette illustration (Archives municipales de Pont-de-l'Arche : 5H9).

En-tête de lettre de Maurice Delamare, pharmacien, qui fonda une fabrique de produits pharmaceutiques en 1897. Celle-ci fut transférée en 1912 à Romilly-sur-Andelle. Ses locaux sont représentés sur cette illustration (Archives municipales de Pont-de-l'Arche : 5H9).

Si la popularité se lit au nombre de voix qui se portaient sur notre homme aux différents scrutins communaux, Maurice Delamare séduisait surtout les élus. Le 29 décembre 1909, notre homme talonnait Henri Girard quand il s’était agi de nommer un adjoint au maire, Jules Fromont (républicain de gauche). Le 17 mai 1908, alors qu’il était arrivé en dernière position dans la liste des hommes élus au scrutin municipal, il fut nommé adjoint au maire, Henry Prieur (républicain de gauche). Avec les principaux élus, il avait bataillé pour la construction d’un groupe scolaire mixte, en vain car il fut mis en minorité par ses propres amis conseillers parmi les plus conservateurs qui souhaitaient construire une école neuve pour les seuls garçons.

Ce sont les municipales du 19 mai 1912 qui ont donné le premier mandat de maire à Maurice Delamare où il obtint 10 suffrages sur les 16 conseillers. Ses capacités et sa popularité l’amenèrent à se présenter face à Maurice Hervey (droite) aux élections cantonales. Contre toute attente, il battit ce candidat le 3 aout de la même année. L’Industriel de Louviers publia un article rapportant que 350 personnes se rendirent à un banquet républicain fêtant la victoire de Maurice Delamare dans l’usine du radical Marcel Ouin (MARCO). Il nota que « l’intelligence et la valeur de M. Hervey sont d’une envergure difficile à atteindre par les hommes politiques du département. À la valeur du vaincu se mesure l'importance de la victoire et la joie des vainqueurs ».

Maurice Delamare fut mobilisé dès le début de la Première Guerre mondiale mais fut de retour à la séance du 27 janvier 1915, date à partir de laquelle il put assumer le difficile ravitaillement de la population. Dans un contexte peu favorable à la gauche,

Maurice Delamare ne fut pas réélu lors des cantonales de 1919 face à Alexandre Raoul-Duval (droite) ainsi qu’aux législatives. Notre homme voulut prendre ses distances avec la vie publique et refusa de postuler en tant que maire de la ville le 10 décembre 1919 alors qu’il fut réélu conseiller municipal. Albert Prieur, pourtant nommé maire par 11 voix sur 16, refusa ce poste et ce fut le conservateur Anthime Ferrandier qui fut nommé premier magistrat de la ville.

Cependant on ne refoule pas un penchant aussi facilement, Maurice Delamare fut le président du comité pour l’érection d’un monument aux Morts tombés pour la France durant la Grande guerre, c’est-à-dire un poste clé, au centre de la sociabilité communale.

Inauguration du Monument aux morts de Pont-de-l'Arche en 1923. Il semble que l'orateur soit Maurice Delamare, président du Comité pour l'érection du monument aux morts (photographie : collection particulière).

Inauguration du Monument aux morts de Pont-de-l'Arche en 1923. Il semble que l'orateur soit Maurice Delamare, président du Comité pour l'érection du monument aux morts (photographie : collection particulière).

Le 16 décembre 1923, suite au décès d’Anthime Ferrandier, six conseillers municipaux sur douze désignèrent pour maire Maurice Delamare par trois tours de suite. L’élu refusa ce poste et préféra attendre les élections municipales de 1924 où sa liste républicaine de gauche obtint 16 postes de conseillers municipaux, parmi lesquels les industriels de la chaussure Marcel Ouin, Henry Prieur, Emile Duprai et le docteur Louis Hardy. Le 17 février 1924, il fut élu maire avec 15 voix sur 16. Le cartel des gauches était passé dans les mentalités et, désormais, l’on peut aisément lire un clivage gauche-droite qui ne divisait guère les élus archépontains cohabitant jusqu’alors dans une sorte de cénacle de notables.

Maurice Delamare fut réélu le 18 mai 1929 avec 9 voix sur 16 ; Raoul Sergent en obtenant 6. Cependant notre homme dut très vite se faire remplacer par son adjoint, M. Prieur, tant la vieillesse l’exposait à la maladie.

A son décès le 12 juillet 1930, les festivités du 14-Juillet furent annulées, sauf les remises des prix des écoles. L’église Notre-Dame fut trop petite pour accueillir tout le monde lors de la messe funèbre. Sur la scène politique locale, Maurice Delamare laissa à Pierre Mendès France le flambeau de la gauche républicaine et radicale, avec tout le succès qu'on lui connait.

Un dernier honneur – bien involontaire – s’est produit en 1968 quand la mairie fut installée dans la rue… Maurice-Delamare !

 

 

Sources

Délibérations du Conseil municipal : 1D 13-17.

L'Industriel de Louviers : numéros des 14 avril 1928 et 19 juillet 1930.

 

 

A lire aussi...

Les maires de Pont-de-l'Arche

La mystérieuse voute de la rue Maurice-Delamare

Armand Launay

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Mes activités

Armand Launay. Né à Pont-de-l'Arche en 1980, j'ai étudié l'histoire et la sociologie à l'université du Havre (Licence) avant d'obtenir un DUT information-communication qui m'a permis de devenir agent des bibliothèques. J'ai acquis, depuis, un Master des Métiers de l'éducation et de la formation, mention Lettres modernes. Depuis 2002, je mets en valeur le patrimoine et l'histoire de Pont-de-l'Arche à travers :

- des visites commentées de la ville depuis 2004 ;

- des publications, dont fait partie ce blog :

Bibliographie

- 20 numéros de La Fouine magazine (2003-2007) et des articles dans la presse régionale normande : "Conviviale et médiévale, Pont-de-l'Arche vous accueille", Patrimoine normand n° 75 ; "Pont-de-l'Arche, berceau de l'infanterie française ?", Patrimoine normand n° 76 ; "Bonport : l'ancienne abbaye dévoile son histoire", Patrimoine normand n° 79 ; "Chaussures Marco : deux siècles de savoir-plaire normand !", Pays de Normandie n° 75.

- L'Histoire des Damps et des prémices de Pont-de-l'Arche (éditions Charles-Corlet, 2007, 240 pages) ;

- Pont-de-l'Arche (éditions Alan-Sutton, collection "Mémoire en images", 2008, 117 pages) ;

- De 2008 à 2014, j'ai été conseiller municipal délégué à la communication et rédacteur en chef de "Pont-de-l'Arche magazine" ;

- Pont-de-l'Arche, cité de la chaussure : étude sur un patrimoine industriel normand depuis le XVIIIe siècle (mairie de Pont-de-l'Arche, 2009, 52 pages) ;

- Pont-de-l'Arche, un joyau médiéval au cœur de la Normandie : guide touristique et patrimonial (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 40 pages) ;

- Pont-de-l'Arche 1911 I 2011 : l'évolution urbaine en 62 photographies (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 32 pages) ;

- Mieux connaitre Pont-de-l'Arche à travers 150 noms de rues et de lieux ! (Autoédité, 2019, 64 pages) ; 

- Déconfiner le regard sur Pont-de-l'Arche et ses alentours (Autoédité avec Frédéric Ménissier, 2021, 64 pages) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (publié en ligne, 2022) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (version mise en page du précédent ouvrage, édité par la mairie de Terres-de-Bord, 2023).

Depuis 2014, je suis enseignant à Mayotte.

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