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4 avril 2021 7 04 /04 /avril /2021 08:22

 

Gouy est une charmante commune seinomarine de 879 habitants en 2018. Elle s’étend depuis le rebord du plateau de Boos jusqu’à la rive droite de la Seine. Cette commune regroupe, outre Gouy, une petite partie du Port-Saint-Ouen, La ferme de l’Essart, Les Foumares, Les Petits-Friés et le Bois-Varin. Elle se trouve au nord du méandre fossile des Authieux, ancien lit de la Seine qui culmine entre 70 et 80 mètres au lieu des 140 à 155 mètres du plateau. C’est d’ailleurs ce méandre ancien qui dessine le coteau d’Ymare, entre Saint-Aubin-Celloville et Igoville. Gouy se trouve donc à une altitude intermédiaire entre la vallée et le plateau. 

Quant à la toponymie, chose assez rare, elle semble claire. Gouy, comme ses homophones de l’Aisne, de l’Oise et du Pas-de-Calais, serait issu du nom d’un propriétaire dénommé Gaudius, signifiant “le joyeux”. Gouy est la forme normanno-picarde qui équivaut à Jouy comme on le retrouve, près d’ici, à Jouy-sur-Eure, et qui a la même origine. On appelle ses habitants les Gauvassiens, retrouvant dans le “v” la même évolution que le terme de jovial.

 

Vue sur Gouy par Dumée, illustration extraite d'ouvrage du marquis de Belbeuf : L’histoire des grands panetiers de Normandie et du franc-fief de la grande paneterie (1856).

Vue sur Gouy par Dumée, illustration extraite d'ouvrage du marquis de Belbeuf : L’histoire des grands panetiers de Normandie et du franc-fief de la grande paneterie (1856).

La grotte de Gouy ou “du cheval”

Un site Internet dévolu à la préhistoire est proposé par l’université de Liège qui diffuse des informations assez brèves mais précises sur la grotte de Gouy. Ce site, appelé Europreart, a été alimenté par Pierre Noiret et Veerle Rots, du laboratoire de Tracéologie qui se consacre à l’étude des comportements humains à travers l’analyse des traces préhistoriques en pierre, principalement du paléolithique et dans toute l’Europe. Les chercheurs nous apprennent que la grotte de Gouy a tout d’abord été visitée en 1881 puis découverte pour son intérêt historique en 1956 par Yves Martin qui la dégagea de ses éboulis. Des fouilles et plusieurs études furent alors entreprises jusque vers 1973, semble-t-il. Cette grotte est située le long de la route départementale 6015 et a été raccourcie en 1935 par les travaux de voirie. Son entrée se fait par un aménagement où une porte donne dans un étrange mur couvert de calcaire.

Entrée de la grotte de Gouy le long de la route nationale 6015 (Wikimédia).

Entrée de la grotte de Gouy le long de la route nationale 6015 (Wikimédia).

Son intérêt réside dans ses gravures rupestres datant, vraisemblablement,  de 10 000 ans avant Jésus-Christ. Une autre petite grotte était gravée à Port-Saint-Ouen avant d’être démolie pour laisser place au nouveau rondpoint et sa voie de shunt. Une seule autre grotte est comparable à celle de Gouy : la grotte d’Orival. Toutes deux constituent, pour l’heure et semble-t-il, les seuls lieux où des gravures rupestres ont été retrouvées au nord de la France. La grotte gauvassienne est riche des représentations de 18 animaux dont 7 cornus et 7 chevaux, 8 vulves et peut-être un homme. Nous voyons ici, semble-t-il, l’évocation de la vie qui se régénère comme on le désire, que ce soit par la sexualité, la reproduction mais aussi par l’abondance du gibier. Bien que cette grotte soit une propriété de l’État et malgré un classement aux Monuments historiques le 11 mai 1959, le site a été modifié et semble en péril d’après Yves Martin, lui-même, qui a publié un article au moins dans le numéro 23 bis (de décembre 2009) du bulletin municipal intitulé Le Gauvassien et accessible en ligne. Notons, par ailleurs, le souci pédagogique des élus locaux qui ont baptisé l’école communale “Préhistoval”.

L'emblématique cheval de la grotte de Gouy (capture d'écran du Gauvassien n° 23).

L'emblématique cheval de la grotte de Gouy (capture d'écran du Gauvassien n° 23).

 

Châteaux et seigneurs “grands panetiers” de Gouy

Le village de Gouy s’étale ‒ avec notamment de belles demeures datant du XVIIIe siècle ‒ le long d’un axe est-ouest. Il repose sur un sol argileux propice, semble-t-il, aux mares et donc au travail rural. Le bout du village de Gouy se trouve sur un éperon qui se dessine et domine à mesure que se creusent deux vallons partant vers la Seine : la vallée Moïse et le Fossé de la Vigne. Une voie menant à cet espace élevé porte toujours le nom de “clos Catelier”. Le clos désigne une délimitation avec obstacles comme un fossé, un talus, voire un rideau d’arbres. Le catelier est le mot normand équivalant à châtelet. Il n’est pas douteux qu’une fortification médiévale, peut-être sur une motte, protégeât le lieu avant qu’un château résidentiel ne le remplaçât à la fin du Moyen Âge, voire à la Renaissance. On peut imaginer que le compagnon de Guillaume le Conquérant, réputé “seigneur de Gouy” et qui combattit au côté de son duc à Hastings en 1066, résidait en ce lieu protégé. Qui plus est, la demeure nobiliaire actuelle, datée de 1755, est réputée construite sur une cave du XIVe siècle ayant soutenu l’ancien château.

Le fossé de la Vigne est un des deux vallons encaissés qui forment un éperon sur lequel des fortifications ont été érigées au Moyen Âge à Gouy. Son nom rappelle une culture autrefois répandue dans les boucles de Seine de la région de Pont-de-l'Arche, notamment (photographie de Frédéric Ménissier, aout 2020, merci l'ami !).

Le fossé de la Vigne est un des deux vallons encaissés qui forment un éperon sur lequel des fortifications ont été érigées au Moyen Âge à Gouy. Son nom rappelle une culture autrefois répandue dans les boucles de Seine de la région de Pont-de-l'Arche, notamment (photographie de Frédéric Ménissier, aout 2020, merci l'ami !).

 

Mais, pour en savoir plus, Gouy a la chance de disposer d’un ouvrage traitant de ses anciens seigneurs et de leurs droits. Il s’agit de L’histoire des grands panetiers de Normandie et du franc-fief de la grande paneterie, rédigé dans un beau style en 1856 par Antoine Louis Godart, marquis de Belbeuf (1791-1872). Ce livre est disponible sur Gallica et aussi, semble-t-il, en mairie. Bel ouvrage, précis, exposant largement ses sources, il propose une conclusion assez philosophique de la part d’un noble dont les pouvoirs ont été largement déchus par la Révolution de 1789.

Le marquis de Belbeuf s’intéresse à un privilège singulier ayant appartenu aux seigneurs de Gouy : la paneterie, c’est-à-dire la charge de fournir du pain. Le grand panetier de Normandie était chargé d’approvisionner la table du duc et avait ainsi des droits sur les boulangers de Rouen et sa banlieue ainsi que sur les moulins. Le blason gauvassien le rappelle depuis 1952 qui porte trois pains. 

Le marquis de Belbeuf retrace patiemment l’origine probable de cette charge et son évolution depuis Odon de Malpalu, bailli de Rouen, premier grand panetier, connu vers 1170, au côté d’Henri II, duc de Normandie et roi d’Angleterre. Cette charge resta chez les Malpalu qui bénéficiaient, en sus, du droit de franc bateau pour le transport gratuit de leurs cargaisons sur la Seine, entre Gouy et Rouen. L’auteur narre aussi qu’en 1204 où le roi de France Philippe Auguste devint maitre de la Normandie, le grand panetier devait être le chambellan qui était alors Brice Duplessis, châtelain du Pont-Saint-Pierre et de Gouy. Il est possible que le nom de “du plessis” désignât la haie fortifiée autour du château de Gouy. Quoi qu’il en soit, la charge de chambellan supplanta le nom de Duplessis et en 1256 on obtient la certitude que Laurent Chambellan, seigneur de Gouy, était grand panetier de Normandie. Nous ne retraçons pas tous les méandres du droit d’Ancien Régime mais cette charge est peu à peu devenue symbolique. En effet, un grand panetier du roi de France existait. Cette charge s’est transformée en droits divers pour se fournir dans les forêts de Rouvray et Roumare.

 

 

Le marquis de Belbeuf, très précis, nomme les différents seigneurs qui se succédèrent, parmi lesquels : les Duhamel, les Croixmare, un certain Beuve d'Auray, qui accueillit et aida et Henri IV dans la prise de Rouen, les Dumoucel, les Hellenvilliers, le sieur de Renneville qui vendit sa propriété en 1753 Jean Pierre Prosper Godart, marquis de Belbeuf, procureur général du parlement de Rouen. Celui-ci fit construire la demeure actuelle en 1755 comme rendez-vous de chasse. Il reste de l’ancienne propriété le colombier du XVIe siècle et des bâtiments des XVIIe et XVIIIe siècles. Le château de Gouy, comme on le nomme, fait l’objet d’une description à la page 26 du bel ouvrage de Clément Damé édité en 2010 par l’agglomération de Rouen et intitulé Promenade historique entre Seine et plateau Gouy et Saint-Aubin-Celloville. Il est accessible en ligne et présente une photographie, page 27, dudit château. 

 

L'église Saint-Pierre de Gouy et son if multiséculaire sur une carte postale illustrée des années 1910.

L'église Saint-Pierre de Gouy et son if multiséculaire sur une carte postale illustrée des années 1910.

 

L’église Saint-Pierre

Belle église rurale située aux confins de la commune, Saint-Pierre est à deux pas du château, ce qui suggère sûrement en bonne partie l’origine seigneuriale de ses dons et sa place dans le domaine ducal. Le marquis de Belbeuf écrivit que c’est le duc Richard II qui dota l’abbaye de Jumièges de la chapelle de Gouy. Cela explique peut-être l’implantation de la vigne, près d’ici, sur les versants de la Fosse à la Vigne ; les moines étant friands du vin de messe. La fiche de l’église Saint-Pierre de la base Mérimée recensant le patrimoine français avance qu’une chapelle précéda l’église Saint-Pierre, ce qui est probable. En effet, on apprend qu’en 1147, le pape Eugène III confirma la possession de Saint-Pierre de Gouy par les moines de Jumièges.

Saint-Pierre n’est pas protégée par le service des Monuments historiques. Cet édifice, composé d’un seul vaisseau allongé et orienté, présente pourtant un beau portail avec nef du XIIe siècle, remarquable à ses petites baies voutées en tiers-point, et remaniée aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le transept, non saillant, est couronné par une flèche polygonale couverte d’ardoise, caractéristique des clochers du pays. Le porche à pans de bois date du XVIe siècle. Le chœur et la sacristie portent le millésime de 1885 avec emploi de la brique dans les contreforts et le mur-bahut, du moellon calcaire scié en remplissage et de grandes baies néogothiques. Enfin, Saint-Pierre est sertie dans un bel espace verdoyant, avec notamment un if, peut-être huit fois séculaire, classé parmi les arbres remarquables en 1932. Citons aussi une belle croix hosannière du XVIIe siècle.

L’église de Gouy ne possède que deux œuvres classées par les Monuments historiques au titre d’objets. Il s’agit d’une statue de la Vierge à l’Enfant-Jésus en bois taillé, doré et peint, classée le 21 février 1951. La seconde œuvre est une plaque funéraire, dite de “Robert Perrenot”. Cette sculpture sur pierre, datée de 1514, fut classée le 20 octobre 1913.

 

Vues diverses sur Saint-Pierre de Gouy et son if par Armand Launay, en aout 2020, souvenirs d'une rayonnante journée d'été.
Vues diverses sur Saint-Pierre de Gouy et son if par Armand Launay, en aout 2020, souvenirs d'une rayonnante journée d'été.Vues diverses sur Saint-Pierre de Gouy et son if par Armand Launay, en aout 2020, souvenirs d'une rayonnante journée d'été.
Vues diverses sur Saint-Pierre de Gouy et son if par Armand Launay, en aout 2020, souvenirs d'une rayonnante journée d'été.Vues diverses sur Saint-Pierre de Gouy et son if par Armand Launay, en aout 2020, souvenirs d'une rayonnante journée d'été.Vues diverses sur Saint-Pierre de Gouy et son if par Armand Launay, en aout 2020, souvenirs d'une rayonnante journée d'été.

Vues diverses sur Saint-Pierre de Gouy et son if par Armand Launay, en aout 2020, souvenirs d'une rayonnante journée d'été.

Armand Launay

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13 septembre 2020 7 13 /09 /septembre /2020 08:43

 

Que signifie Sotteville ? 

Le toponyme de Sotteville-sous-le-val a été interrogé sous l’angle normand, c’est-à-dire la recherche des traces des northmen, les hommes du nord : en somme les vikings. L’on s’est plu à répéter que Sotteville provient de “Sóti”, du vieux danois, qui désigne “celui qui est noir comme de la suie”. L’on traite donc d’une personne à la peau mate et aux cheveux noirs, à moins que ce soit un sobriquet hérité d’une anecdote ou d’une blague potache. On rapproche ce mot de l’anglais “soot”, la suie. Le suffixe “ville” vient du roman “villa” qui désigne, non une ville ou une somptueuse villa romaine, mais un domaine rural. Ce suffixe permet donc de transformer le nom “Le Noir” en “Domaine du Noir”. 

 

Mais à quoi bon préciser “sous le val” ? 

Mais nous nous intéressons ici à la précision “sous le val” accolée au nom d’origine scandinave. À l’évidence, il s’est agi de distinguer notre Sotteville de Sotteville-lès-Rouen, située aussi le long du cours de la Seine. Mais pourquoi ne pas appeler cette paroisse Sotteville-sous-les-monts comme, à près de 13 km par la route, Amfreville-sous-les-monts ? Après tout, il existe bien une ligne de coteaux assez pentus descendant régulièrement vers Saint-Aubin-lès-Elbeuf. 

 

Fouillons l'histoire ! Sotteville-sous-le-val désigne le chef-lieu de paroisse, puis de commune, mais aussi l'ensemble du territoire communal. Il n'est donc pas sûr que la précision "sous le val" désigne le val de la Moulinière au-dessus du chef-lieu (cliché d'Armand Launay, aout 2019).

Fouillons l'histoire ! Sotteville-sous-le-val désigne le chef-lieu de paroisse, puis de commune, mais aussi l'ensemble du territoire communal. Il n'est donc pas sûr que la précision "sous le val" désigne le val de la Moulinière au-dessus du chef-lieu (cliché d'Armand Launay, aout 2019).

 

Sotteville-sous-le-val… Renoux ?

Nous avions pensé, il y a longtemps, que “le val” précisant le nom de la commune était celui du Val-Renoux, vous savez, celui par lequel passe l’autoroute 13, là où se trouve la merveilleuse sculpture “Sur la trace des vikings”, de Georges Saulterre. Cette hypothèse a, depuis, été wikipédiatisée dans la fiche dévolue à la commune sottevillaise. 

Après tout, cette hypothèse parait assez logique car le Val-Renoux se dessine nettement depuis la vallée de Seine où circulent les passants, notamment sur l’eau. 

 

Que désigne Sotteville ? 

Mais Sotteville désigne depuis 1790 tout l’espace d’une commune et, auparavant, donnait son nom à l’étendue de la paroisse en étant accolé au nom de son saint patron : Saint-Baudile-de-Sotteville. Par conséquent Sotteville est, à l’origine, un nom de lieu mais pas d’espace. Sotteville désignait le village, chef-lieu de paroisse, blotti autour de son église. Il existe aussi des hameaux : la Ferme du val, le Val-Renoux, les Bocquets et La cour à Monnier.

 

Sotteville-sous-le-val... de la côte Moulinière ? 

Or, la fiche Wikipédia de la commune, atteste que c’est depuis au moins 1757 que l’on accole la mention “sous le val” et non “à côté du val”. On ne traite pas de Sotteville-ès-val, près-val ou jouxte-val comme l’on disait Saint-Aubin-jouxte-Boulleng avant de dire Saint-Aubin-lès-Elbeuf.

La mention “sous le val” est-elle tout simplement une référence à la côte Moulinière qui passe dans un vallon derrière l’église et la mairie de Sotteville ? 

Nous en doutons car ce val n’est pas très lisible, bien qu’il existe. À ce titre, bien des villages devraient s’appeler Les Damps-sous-le-val, Igoville-sous-le-val, Connelles-sous-le-val… Même le Val-Renoux a besoin d’un nom d’homme pour qu’on le distingue et donc le retienne. 

 

Sotteville-sous-le-val... des Authieux ? Ou l’ancienne paroisse étendue. 

C’est en faisant des recherches sur Ymare que nous avons pris connaissance d’un plan terrier du XVIIIe siècle de la paroisse de Sotteville : celui-ci nous a mis la puce à l’oreille. À côté du plan terrier de Sotteville et ses hameaux valléens, il existe un plan de la paroisse de Sotteville... sur le plateau des Authieux. Cela n’est guère étonnant quand on songe que la commune est aujourd’hui en partie assise sur les hauteurs, du côté des Pointes des Authieux. Songez aussi au nouveau cimetière communal.

Mais ce plan, reproduit ci-dessous, nous apprend que les terres sottevillaises allaient par le fond des vallons jusqu’au pied des paroisses de Saint-Aubin-Celloville, alors dénommée Saint-Aubin-la-campagne, et d’Ymare. Si les bois lui échappaient, la paroisse allait jusqu’à leur lisière si bien que l’ensemble du val des Authieux (la route principale entre Igoville et Gouy) était sottevillais. On mesure aussi, mais c’est un autre sujet, que la ferme de la Folie et le Précantuit étaient igovillais.

Nous pouvons donc former l’hypothèse que “le val” dont il est question dans le nom de la commune désigne ou, plutôt, désignait cette bonne moitié de la paroisse autant accessible par Sotteville que par le Port-Saint-Ouen et qui devait être convoitée. On peut supposer que des fermes y existassent, à l’exemple de la ferme de la Folie, et que des paysans y travaillassent régulièrement. L’archéologie et l’observation aérienne y répondront peut-être un jour, si ce n’est déjà fait. 

Il est étonnant, dans le découpage des terres paroissiales, que le bas de ce val ait été attribué à Igoville et le haut à Sotteville. Ce découpage est sûrement le résultat d’une prise de pouvoir par quelque seigneur local ou par l’abbaye Saint-Ouen de Rouen, grand propriétaire foncier de la région comme l’indique toujours le nom du Port-Saint-Ouen.

On pourrait m’objecter que c’est surtout la paroisse d’Igoville qui est sise “sous le val” des Authieux. C’est géographiquement vrai. Mais toponymiquement il n’existe qu’un seul Igoville, nettement identifiable donc, alors qu’il existe bien des Sottevilles.

 

Conservé aux Archives départementales de Seine-Maritime sous la cote 12Fi106 et accessible par le site http://www.archivesdepartementales76.net, ce plan montre la partie haute de la paroisse de Sotteville-sous-le-val, le nom est donné. Ce plan terrier n'est pas millésimé mais date du XVIIIe siècle (capture d'écran du 12 septembre 2020).

Conservé aux Archives départementales de Seine-Maritime sous la cote 12Fi106 et accessible par le site http://www.archivesdepartementales76.net, ce plan montre la partie haute de la paroisse de Sotteville-sous-le-val, le nom est donné. Ce plan terrier n'est pas millésimé mais date du XVIIIe siècle (capture d'écran du 12 septembre 2020).

Détails du plan ci-dessus (captures d'écran du 12 septembre 2020).
Détails du plan ci-dessus (captures d'écran du 12 septembre 2020).

Détails du plan ci-dessus (captures d'écran du 12 septembre 2020).

 

Le val des Authieux et sa particularité.

Nous avançons un autre argument expliquant, selon nous, la référence au val des Authieux comme élément distinguant la paroisse sottevillaise. Le val des Authieux n’est pas un vallon en eau issu d’une érosion des coteaux de Seine. Il provient d’un ancien méandre de Seine asséché puis coupé du lit principal du fleuve. C’est Jérôme Chaïb, écologue et directeur de l'Agence régionale de l'environnement de Haute-Normandie, qui nous renseigne bien ici. Par des dessins très pédagogiques reproduits ci-dessous, il montre quelques phases de l’évolution du méandre de Seine qui nous intéresse. En retenant les leçons de Charles Darwin qui, dans L’Origine des espèces, nous invite à réfléchir à l’échelle géologique, bien plus vaste donc, on mesure combien le fleuve a creusé la roche et a pu modifier son cours. Ceci d’autant plus que le fleuve a été plus impétueux à certaines périodes de son histoire. On mesure donc que le val entre Igoville et le Port-Saint-Ouen mais aussi le Val-Renoux sont le vestige d’un ancien lit de la Seine. C’est un val qui se situe tout de même entre 70 et 80 mètres au-dessus de la Seine et qui descend de deux côtés vers le fleuve séquane… Ils ont été parcourus ensuite et vraisemblablement par quelques rus qui les ont creusés un peu plus surtout à leur connexion avec la vallée de la Seine actuelle. Nous songeons aux vallons descendant de Saint-Aubin-Celloville et Ymare, ce dernier semblant avoir eu un ru plongeant ensuite vers Igoville.

Dessins de Jérôme Chaïb, de l’AREHN, issu de la page 31 de La Seine en Normandie, ouvrage collectif publié en février 2012 et dirigé par Céline Dégremont et Christian Lévêque sous l’égide du GIP Seine-Aval. Nous en avons consulté la version numérique déposée dans Issuu à l’adresse suivante : https://issuu.com/seineaval/docs/la_seine_en_normandie. On voit ici que le val des Authieux est un méandre fossile. C’est donc un val particulier qui a dû compter dans la précision donnée à la paroisse de Sotteville-sous-le-val ; ce val étant pour moitié dans ladite paroisse. (capture d'écran du 12 septembre 2020).

Dessins de Jérôme Chaïb, de l’AREHN, issu de la page 31 de La Seine en Normandie, ouvrage collectif publié en février 2012 et dirigé par Céline Dégremont et Christian Lévêque sous l’égide du GIP Seine-Aval. Nous en avons consulté la version numérique déposée dans Issuu à l’adresse suivante : https://issuu.com/seineaval/docs/la_seine_en_normandie. On voit ici que le val des Authieux est un méandre fossile. C’est donc un val particulier qui a dû compter dans la précision donnée à la paroisse de Sotteville-sous-le-val ; ce val étant pour moitié dans ladite paroisse. (capture d'écran du 12 septembre 2020).

À la sortie d'Ymare, au-dessus de la mare Bouet. On voit se dessiner ici le val des Authieux, ancien lit de la Seine d'un méandre fossile. La paroisse de Sotteville-sous-le-val venait jusqu'à la lisière du bois où fut prise cette photographie (cliché d'Armand Launay, aout 2020).

À la sortie d'Ymare, au-dessus de la mare Bouet. On voit se dessiner ici le val des Authieux, ancien lit de la Seine d'un méandre fossile. La paroisse de Sotteville-sous-le-val venait jusqu'à la lisière du bois où fut prise cette photographie (cliché d'Armand Launay, aout 2020).

 

Pour conclure, la paroisse de Sotteville-sous-le val était bien plus étendue que la commune qui lui a succédé à partir de 1790. Elle occupait une partie du val des Authieux, ancien méandre de Seine. Il semble donc que Sotteville-sous-le-val désigne ce val particulier et non les vallons directs du coteau tels que le Val-Renoux et la côte de la Moulinière.    

Armand Launay

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  • : Pont de l'Arche et sa région histoire, patrimoine et tourisme
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Mes activités

Armand Launay. Né à Pont-de-l'Arche en 1980, j'ai étudié l'histoire et la sociologie à l'université du Havre (Licence) avant d'obtenir un DUT information-communication qui m'a permis de devenir agent des bibliothèques. J'ai acquis, depuis, un Master des Métiers de l'éducation et de la formation, mention Lettres modernes. Depuis 2002, je mets en valeur le patrimoine et l'histoire de Pont-de-l'Arche à travers :

- des visites commentées de la ville depuis 2004 ;

- des publications, dont fait partie ce blog :

Bibliographie

- 20 numéros de La Fouine magazine (2003-2007) et des articles dans la presse régionale normande : "Conviviale et médiévale, Pont-de-l'Arche vous accueille", Patrimoine normand n° 75 ; "Pont-de-l'Arche, berceau de l'infanterie française ?", Patrimoine normand n° 76 ; "Bonport : l'ancienne abbaye dévoile son histoire", Patrimoine normand n° 79 ; "Chaussures Marco : deux siècles de savoir-plaire normand !", Pays de Normandie n° 75.

- L'Histoire des Damps et des prémices de Pont-de-l'Arche (éditions Charles-Corlet, 2007, 240 pages) ;

- Pont-de-l'Arche (éditions Alan-Sutton, collection "Mémoire en images", 2008, 117 pages) ;

- De 2008 à 2014, j'ai été conseiller municipal délégué à la communication et rédacteur en chef de "Pont-de-l'Arche magazine" ;

- Pont-de-l'Arche, cité de la chaussure : étude sur un patrimoine industriel normand depuis le XVIIIe siècle (mairie de Pont-de-l'Arche, 2009, 52 pages) ;

- Pont-de-l'Arche, un joyau médiéval au cœur de la Normandie : guide touristique et patrimonial (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 40 pages) ;

- Pont-de-l'Arche 1911 I 2011 : l'évolution urbaine en 62 photographies (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 32 pages) ;

- Mieux connaitre Pont-de-l'Arche à travers 150 noms de rues et de lieux ! (Autoédité, 2019, 64 pages) ; 

- Déconfiner le regard sur Pont-de-l'Arche et ses alentours (Autoédité avec Frédéric Ménissier, 2021, 64 pages) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (publié en ligne, 2022) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (version mise en page du précédent ouvrage, édité par la mairie de Terres-de-Bord, 2023).

Depuis 2014, je suis enseignant à Mayotte.

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