Le Général de Gaulle acclamé par les Archépontains devant l’hôtel d’Elbeuf (merci à Josiane Chêne-Azuara y oro).
Avant 1945, la rue Général-de-Gaulle était nommée « route d’Elbeuf » et parfois « route de Bourtheroulde ». Cela avait le mérite de la clarté. En 1944, les édiles de Pont-de-l’Arche voulurent honorer les martyrs de la résistance locale ainsi que certains chefs d’États alliés contre l’Allemagne nazie ; d’où les rues Jean-Prieur, Charles-Cacheleux, André-Antoine, Alphonse-Samain...
Contre toute attente, c’est le nom du président des États-Unis d’Amérique, Franklin Roosevelt, qui fut donné à la rue principale de Pont-de-l’Arche, c’est-à-dire la rue de Paris (de la place Aristide-Briand à la place Hyacinthe-Langlois). Une logique existe car le général de Gaulle parcourut lui-même la route d’Elbeuf le 8 octobre 1944. Une photographie immortalise cet évènement qui montre Charles de Gaulle devant l’hôtel d’Elbeuf, entouré par des habitants nombreux et disciplinés. Derrière la voiture officielle, d’où est descendu le général, se trouve un porte-drapeau indiquant qu’une gerbe allait être déposée au Monument aux morts, à proximité. De mémoire d’Archépontain, le général se rendit ensuite Au Grand-Saint-Éloi, un restaurant où se réunissait la résistance locale durant le conflit. L’historien local Roland Chantepie relata cet évènement dans un manuscrit intitulé Pont-de-l’Arche à travers les âges. Cet ancien antiquaire y narra que le Général de Gaulle « présida la cérémonie d’inauguration de la rue qui depuis porte son nom, entouré du maire provisoire M. Rohée, du conseil municipal et des principaux membres de la résistance. Une foule délirante, enthousiaste, ne cessa de l’acclamer jusqu’à sa voiture en partance pour Évreux. »
C’est donc le principal coordinateur de la résistance française qui fut loué en 1945 en la personne du général de Gaulle (1890-1970). C’est lui qui, alors qu’il n’était que colonel d’infanterie, appela les Français au combat par son célèbre appel du 18-Juin 1940 radiodiffusé depuis Londres. C’est lui qui décida de coordonner les actions de la résistance française, avec Jean Moulin, quelles qu’en soient les composantes, de l’extrême-gauche communiste à l’extrême-droite royaliste. C’est lui qui contribua, grâce à l’aide de Winston Churchill, premier ministre anglais, à faire reconnaitre la France parmi les nations alliées, niant ainsi la légitimité du gouvernement de Vichy, dirigé par le maréchal Philippe Pétain et collaborant avec l’Allemagne nazie.
D’autres lieux célèbrent en France le président du Gouvernement provisoire de la République française et, surtout, le président de la Ve République que devint Charles de Gaulle en 1959. Citons l’aéroport de Roissy, désormais aussi appelé Charles-de-Gaulle. Ce n’est pas le cas à Pont-de-l’Arche où le nom de Général-de-Gaulle reste seul usité pour dénommer la rue. Pourtant, cet axe réalise la jonction entre la ville médiévale et les nouveaux quartiers notamment issus des Trente glorieuses, ces années où notamment Charles de Gaulle a présidé aux destinées de la France et à sa reconstruction urbaine et industrielle. C’est durant cette période que naquit l’idée de bâtir l’ensemble de l’espace autour de la ville médiévale. Il est plaisant de lire que le nom de Charles de Gaulle, qui avait voulu unir l’ensemble des Français, serve à unir différents quartiers de Pont-de-l’Arche.
L’histoire est ironique, enfin. La rue Général-de-Gaulle est séparée de la rue Président-Roosevelt par la place Aristide-Briand. Aristide Briand reçut le prix Nobel de la paix en 1926 avec Gustav Streseman pour son action en faveur de la paix entre la France et l’Allemagne. Au contraire, le général de Gaulle a montré que souhaiter la paix avec des nations belliqueuses est une forme de faiblesse. Pourtant, pour la grandeur de la France et la souveraineté du peuple français dans le monde et notamment par rapport aux États-Unis d’Amérique, Charles de Gaulle engagea la France dans l’union avec l’Allemagne. C’est ainsi qu’il lança le projet d’union européenne. C’est ainsi que la volonté de De Gaulle s’imprime toujours sur le pays. C’est à la place qui revient à la France dans le concert des nations qu’on peut mesurer si nous sommes restés fidèles au Général. Rompez !
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