Le lai des Deux-amants est une œuvre littéraire du XIIe siècle signée par Marie de France. Il est attaché, par son sujet, à la côte des Deux-amants, près de Pont-de-l’Arche dans l’Eure, où une légende populaire perdure depuis ce temps. Cette légende expose les efforts d’un noble prétendant au mariage d’une princesse. Mais le père de celle-ci, roi de Pîtres, ne veut marier sa fille qu’à l’homme capable de la porter dans ses bras ‒ et en courant ‒ au sommet de la côte. Le prétendant veut relever le défi fou. La princesse lui recommande de chercher un philtre qui l’aidera. Le prétendant cherche ledit philtre à Salerne et revient à Pîtres. Il parvient à porter la princesse au sommet de la côte, en se passant du philtre, et meurt de fatigue. La princesse en meurt de douleur.
Le texte original peut se lire sur Wikisource précédé par une traduction de Jean-Baptiste-Bonaventure de Roquefort-Flaméricourt datée de 1820.
La thèse d’Elizabeth Francis : le lai des Deux amants s’adresse à une haute famille anglo-normande originaire de Pîtres.
Les lais de Marie sont surtout connus pour leur aspect merveilleux qui s’insère dans la littérature anglo-normande où les chevaliers de la Table ronde se battent pour la justice et Tristan et Iseult s’aiment d’amour pur ; ces histoires puisant leur source dans les légendes celtes de Grande-Bretagne.
Beaucoup de versions populaires de la légende des Deux amants existent ainsi que des commentaires sur ses sens possibles et ses symboles. Nous ne nous y intéressons pas ici. Des analyses historiques et littéraires cherchent à ancrer ce lai dans la réalité afin de comprendre d’où il vint et quelle fonction il eut. Ce sont elles qui nous ont inspiré ici et que nous nous proposons d’exposer au service d’une meilleure compréhension de l’histoire locale.
Notre première source est l’article d’Elizabeth. A. Francis intitulé “Marie de France et son temps”. Il fut publié en 1951 et l’auteure y avança que les lais avaient une fonction politique.
Marie de France est une femme d’origine française, c’est-à-dire née en dehors du monde anglo-normand. Ses lais, au nombre de 12, ont été rédigés dans la seconde partie du XIIe siècle si l’on se fie au style littéraire. Ils furent contemporains du règne d’Henri II qui commença en 1154 et prit fin à sa mort en 1189 où son fils Richard Cœur de Lion lui succéda. Henri II fut marié à Aliénor d’Aquitaine l’année de son couronnement en 1154. Marie de France s’adressait à ses protecteurs laïcs, roi et barons, c’est-à-dire la haute société anglo-normande (page 78). Elizabeth Francis chercha, par les lais de Marie, à saisir les liens qu’elle entretenait avec son public (page 80).
L’auteur identifia un point commun à tous les lais : ils défendent une même morale, en apparence convenue et superficielle ‒ la fidélité est profitable et la trahison pernicieuse ‒ mais dont on conçoit la profondeur si cette morale fût destinée aux grandes familles censées obéir au roi. Or, l’époque était troublée. Les seigneurs locaux étaient tentés de gagner des libertés dans le cadre d’une concurrence et lutte sans merci entre le royaume anglo-normand et le royaume français. De plus, la morale des lais met l’accent sur la justice dûe par le souverain à ses sujets. Ceci participe de la justification du pouvoir du souverain (page 82). En effet, Henri II était particulièrement soucieux de cette problématique comme en témoignent les publications d’ouvrages sous son règne. Parmi eux, on peut compter les lais qui nous intéressent et qui sont vraisemblablement dédicacés à Henri II lui-même (page 83) (1).
Elizabeth Francis identifia deux thèmes récurrents : les loisirs (tels que les tournois) et les gains (en terres ou en femmes). Elle y vit les centres d’intérêts de la noblesse à qui Marie s’adressait ; une noblesse existant sous le mode de la rivalité permanente et de l’espoir de l’avancement (page 84). Or, Henri II augmentait le nombre de ses agents parmi de nouveaux hommes méritants et issus des familles qui avaient aidé son grand-père dans l’assise du pouvoir normand en Angleterre.
Puis, Elizabeth Francis chercha à établir que certains lais trouvent leur inspiration dans les superstitions populaires et les légendes attachées aux grandes familles régnantes. Le lai de Guigemar est attaché aux comtes de Léon ; celui du Chèvrefeuille fut inspiré de la légende de Tristan et Iseult (page 85) ; celui de Lanval, localisé en Bretagne, est lié à “Willelmus de Lanvaleio” qui fut un “témoin des chartes d'Henri II, de 1155 à 1179” aussi “choisi pour administrer la Bretagne” (page 88) ; celui du Freisne est attaché aux seigneurs de Fresne ou de Freisneys, proche du Mont-Saint-Michel mais en Bretagne. Cette famille provenait d'Adam de Port (1166) dont le fief provenait de sa femme Sybil, veuve de Miles de Gloucester, et fille de Bernard de Neufmarché.
Nous en venons aux lais de Milun et des Deux amants. Elizabeth Francis les relia à une grande personnalité anglo-normande : Miles de Gloucester, qui fut un soutien fidèle de Mathilde l’Emperesse, mère d’Henri II. En remerciement, elle le fit comte de Herefordshire, dans le sud du Pays de Galles. “Miles de Hereford, qui épousa Sybil, fille de Bernard de Neufmarché, en 1121, fut nommé justicier de la région limitrophe du pays de Galles en 1128.” Elizabeth Francis précisa que le comté fut “transmis par les héritières à la famille de Bohun qui, du fait qu'elle descendait du grand-père de Miles, Roger « de Pistre », en eut la charge héréditaire. Les descendants directs et indirects de Miles de Hereford auraient très bien pu s'intéresser à un récit concernant Pitre et les « pitrains » du lai de Marie (Deus Amanz)” (page 89).
Elizabeth Francis nota en bas de page des éléments du Dictionary of National Biography (page 313) éclairant un peu l’existence des frères Roger et Durand de Pistres. Roger eut pour fils Walter Fitz Roger (ou de Gloucester). Celui-ci eut pour successeur son fils Miles. Le fils de ce dernier, Roger, lui succéda (1143). Ce même ouvrage précise qu’il exista un Roger de Pistres (cité dans une charte de 1107) mais qui serait le fils de Durand. Autre information notable : “le château de Gloucester avait été confié à Roger de Pistres par Guillaume le Conquérant.”
Sans préciser les généalogies, nous voyons qu’une famille originaire de Pîtres eut des membres ayant soutenu militairement et administrativement Guillaume le Conquérant et ses successeurs. Ceux-ci surent les remercier au point que, un siècle après la conquête normande, les descendants de ces familles comptaient parmi les grandes familles anglo-normandes. Le lai des Deux amants dût être composé à leur adresse.
La thèse d’Elizabeth Francis est-elle corroborée localement ?
Le premier comte d’Hereford fut Guillaume Fitz Osbern, sénéchal de Normandie, et seigneur de Breteuil, Lyre et de la basse vallée de l’Andelle. Cet homme de confiance de Guillaume le Conquérant était donc possessionné en Normandie dans la région de Pîtres et donc de la côte des Deux-amants.
Pîtres, à ce propos, était un ancien domaine des rois francs, avant 905. Charles le Chauve y tint plusieurs conciles, notamment en 862 et 864, contre les incursions normandes. Il n’est pas étonnant que Marie de France ait osé traiter d’un mauvais roi, à Pîtres, puisque la Neustrie renvoie aux ancêtres des rois de France et non aux ducs de Normandie. Roger de Pîtres devait être proche de Guillaume Fitz Osbern mais nous n’en savons pas plus.
En étudiant l’origine du prieuré des Deux-amants, nous avons néanmoins identifié une noble famille normande qui donna le temporel nécessaire à la fondation du pieux établissement : l’érudit Charles de Stabenrath reproduisit une description donnée par le prieur lui-même de l’ancienne église démolie en 1723 : “Sur les deux côtés de l'autel, ajoute le manuscrit de 1723, « on voyait les armes du prieuré, qui sont : trois mains gauches de sable, sur un fond d'azur, représentant le dessus de la main à la vue ; de l'autre côté, un écusson dont le fond est aussi d'azur en ovale, de même que le précédent, avec un chevron, au haut duquel, et entre la pointe, étaient deux roses sans queues, et au bas dudit chevron dans le milieu, un croissant doré.”
Armes du marquis de Marigny, dans la Manche, qui reprend certaines caractéristiques des armes des Malesmains (le chevron et les roses sans queues).
Les mains gauches sont rares en héraldique. Aubin-Louis Millin de Grandmaison consulta l’ouvrage de Pierre Palliot et Louvan Géliot, Science des Armoiries, dont la publication date de 1660. Ces auteurs affirmèrent que le nom de Malesmains provient d’un noble gaucher. Cette main étant alors jugée mauvaise, d’où le mot sinistre, les hommes l’appelèrent la “male main”. Mais qui étaient ces Malesmains ?
Jean-Michel Bouvris fait état (page 449), ainsi que MM. Charpillon et Caresme, d’une charte de 1193 (circa) par laquelle Gilbert de Malesmains donna aux moines du mont des Deux-amants (“beate Marie Magdalene de monte Duorum Amantum”) une rente annuelle sur la pêche de mil anguilles à Rupière. Jean-Michel Bouvris cite une importante donation faite par Roger de Berville, seigneur du pays de Caux, entre 1150 et 1165. Celui-ci donna aux moines le patronage de huit paroisses :
- quatre dans le pays de Caux : Saint-Germain de Criquetot, Saint-Jouin, Saint-Wandrille de Berville-en-Caux et Notre-Dame de Lammerville ;
- et quatre dans le Calvados : Notre-Dame de Rupière, Saint-Pierre du Jonquet, Notre-Dame de Vimont, Saint-Martin de Fourneville.
MM. Charpillon et Caresme précisèrent que cette donation n’est connue “que par la charte de confirmation donnée vers le même temps par Roger de Berville, que nous croyons être le donateur lui-même”. Ils appuyèrent leur intuition par un argument : “Berville-en-Caux a longtemps appartenu à la famille de Malesmains, dont Roger de Berville a été probablement la souche, et c'est pour cela que l’on fait honneur du prieuré des Deux-Amants aux anciens seigneurs de Malesmains, et que les armes du monastère étaient : trois mains gauches d’argent en champ de gueules.”
Ce lien entre Berville et les Malesmains est confirmé, même pour une période plus récente, dans la généalogie de Charles-Olivier Blanc.
La famille Malesmains a essaimé dans la région et se trouva liée à Guillaume le Conquérant. Pierre Palliot et Louvan Géliot nous informent qu’un Roger de Malesmains, de “la famille des Mallemains des Collibeaux passa en Angleterre avec Guillaume le Conquérant.” Ceci n’est guère étonnant si l’on juge que les huit paroisses citées ci-dessus approximent toutes les côtes. Les Malesmains durent en partie être d’origine scandinave et se virent attribuer des terres dans les meilleurs lieux, c’est-à-dire les lieux de transit, de terre et de mer, largement colonisés par les northmen, les hommes du nord. Notons aussi que Notre-Dame-de-Vimont, paroisse sur laquelle les Malesmains avaient des droits, fut le lieu de la bataille de Val-ès-Dunes où Guillaume le Conquérant mata la rébellion de seigneurs du Cotentin et assit son pouvoir. Il dût en remercier ses proches soutiens.
Mais revenons sur les armes de l’ancienne église du prieuré des Deux-amants.
Pierre Palliot et Louvan Géliot analysèrent les armes utilisant le symbole des mains et, plus rares, trois mains gauches :
- une famille Malesmains, de Sassey, près d’Évreux : “d’or à trois mains gauches de gueules” ;
- un Roger de Malesmains des Collibeaux : “de gueules à trois mains gauches d’or”. “Le manuscrit que Monsieur le conseiller Bailly m’a prêté donne pour armes à Roger, sieur de Mallemains, qui passa en Angleterre avec Guillaume le Conquérant, “d’azur à trois mains gauches d’argent”” Cette dernière description est plus proche des armes trouvées dans l’église ;
- une famille de Roville : “d’azur à trois mains gauches d’argent celle de la pointe surmontant un croissant de même, au chef cousu de gueules chargé de trois molettes d’or”. Cette description présente un fond commun avec les armes des Mallemains des Collibeaux. Or, Roville ressemble bien à Rouville, lieu d’un château proche de Pîtres.
Autre information, à priori peu reliée à notre sujet : le site Wikimedia commons montre le blason du marquis de Marigny, devenu celui de la commune du même nom dans la Manche : “D'azur au chevron d'or, accompagné de deux roses en chef et d'un lion en pointe, le tout d'or.” Ce sont bien deux roses que l’on retrouvait sur un des deux blasons de l’autel des Deux-amants. Quel en est lien avec les Malesmains ? René Barrat nous apprend que la baronnie de Marigny revint à Gilbert II de Malesmains, décédé avant 1333, par son mariage avec Typhaine (ou Jeanne) de Courcy.
Autre information, très indirectement reliée à notre sujet : le blason de Nicolas de Malesmains représenté dans le Grand armorial équestre de la Toison d'or et reproduit sur une page du site Herald dick magazine. Cet ouvrage est attribué à Jean Lefèvre de Saint-Rémy (1395-1468) qui était roi d'armes de la Toison d'or à la cour du Duc de Bourgogne. Il représenta, parmi les blasons des grandes familles nobiliaires, celui de Nicolas de “Male mains” au côté des Malet et des Estouteville, noms de la région du Havre par excellence. Les Malesmains étaient donc toujours membres de la grande noblesse normande et toujours liés aux voies maritimes et fluviales.
Dans ses Antiquités nationales, Louis-Aubin Millin fit figurer une représentation d’un gisant de l’église deuxamantine. Il montrait un “chevalier (...) tout habillé de mailles avec une dague et une épée. Les armoiries sont très effacées et l’inscription n’est pas lisible.” Il s’agit vraisemblablement d’un Malesmains. Grâce aux blasons de l’autel deuxamantin ‒ trois mains gauches, deux roses et un croissant ‒ nous avons la preuve objective que des Malesmains sont liés au prieuré des Deux amants. Les importants dons des Malesmains attestent qu’ils sont au cœur de la fondation du prieuré.
Les lieux d’attache des Malesmains, leur fidélité aux ducs de Normandie et même leurs liens plus tardifs avec la Bretagne (cf. René Barrat) évoluent dans une atmosphère proche de celle des lais de Marie de France.
Cependant, notre faible connaissance des arbres généalogiques des Malesmains nous empêche de faire un lien précis entre certains individus, le prieuré et Marie de France.
Mais peut-on dater plus précisément le lai de Marie ? Est-ce le prieuré qui l’a inspiré dans la rédaction du lai des Deux-amants ou l’inverse ?
Peut-on dater le lai de Marie de France par l’analyse littéraire ?
C’est le travail auquel s’est attelé, parmi d’autres, R. N. Illingworth dans un article intitulé “La chronologie des Lais de Marie de France”. L’étude chronologique n’est pas aisée car Marie s’inspire de légendes populaires qu’elle met au gout du jour en utilisant des noms de lieux puisés dans les textes de Robert Wace ainsi que des noms de héros connus au XIIe siècle (page 435).
Il est toutefois possible de classer les informations selon Illingworth qui établit deux groupes de lais. Dans le premier groupe se trouve le lai des Deux amants. Les lais y comportent peu de noms de personnages et se situent sur le continent. Dans le deuxième groupe les noms de personnages sont nombreux et les actions se trouvent en Bretagne, grande et petite (page 413).
Illingworth fait une distinction de vocabulaire et de style entre les deux groupes de lais avant de tenter de les dater. Comment ? En retrouvant les textes qui inspirent les histoires des lais. Les Deux amants et Équitan sont inspirés d’une légende orientale couchée sur le papier par le poète latin Ovide : l’histoire de Pyrame et Thisbé, sa mie, qui influença la légende de Roméo et Juliette. Ovide relata les amours fatales de deux amants. Malgré le refus de leurs familles, Pyrame et Thisbé se sont donné rendez-vous le soir. Or, en allant au rendez-vous Thisbé voit une lionne à la gueule pleine de sang. Thisbé fuit et perd son châle. La lionne le croque et le tache de sang. Pyrame arrive plus tard et croit, à la vue du châle ensanglanté, que Thisbé son amour est morte. Par désespoir, il se donne la mort. Quand Thisbé voit le cadavre de son amant, elle le prend contre elle avant de se suicider, à son tour. Cette légende semble dénoncer la passion amoureuse qui fait déraisonner les hommes.
Illington cite Ernest Hoepffner selon qui cette légende connut des traductions vers 1155 et 1160 sous le nom de Piramus et Tisbé (page 450). La légende des deux amants comporte de nombreuses analogies avec Pyrame et Thisbé et en fait la légende la plus proche. C’est ce qui permet à Illingworth de distinguer l’antériorité des lais des Deux amants et Équitan ; les autres lais ressemblant plus fortement à la légende de Tristan et Iseult, plus tardivement connue de Marie. Illington date le lai des Deux amants entre 1155 et 1160 (page 458).
Pour conclure, le prieuré des Deux-amants apparait vers 1143. Marie de France composa son lai des Deux amants vers 1155 et 1160. L’incidence de la construction de ce prieuré sur la conscience de Marie semble établie. Il semble qu’elle fut consciente de toucher un public anglo-normand possessionné de part et d’autre de La Manche et intéressé par le maintien de l’autorité royale en la personne d’Henri II. Il semble que les Malesmains de Normandie et les descendants de Roger de Pîtres en Angleterre étaient encore liés dans la seconde moitié du XIIe siècle.
Note de bas de page
(1) Henri II et Aliénor d’Aquitaine sont connus pour leur attention au monde des lettres. Sous leur règne des publications nombreuses ont vu le jour. Citons surtout Robert Wace, auteur en langue normande du Roman de Brut (entre 1150 et 1155). Dédicacé à Aliénor d’Aquitaine et demandé par le roi, cette œuvre fut inspirée de celle de Geoffroy de Monmouth, L’histoire des rois d’Angleterre, composée entre 1135 et 1138. Aliénor d’Aquitaine a favorisé l’influence de la littérature courtoise du sud de la France dans l’empire Plantagenêt. Quand elle régna à Poitiers, elle entretint une cour lettrée comprenant sa fille Marie de Champagne, qui fut protectrice de Chrétien de Troyes, une plume majeure du roman courtois. Henri II était soucieux de légitimer son pouvoir. C’est ce qui explique l’atmosphère bretonne des contes alors promus. Le pouvoir normand en “grande Bretagne” soumit les germaniques anglo-saxons. L’arrivée au pouvoir de barons normanno-bretons sonnait comme un juste retour au pouvoir des Bretons qui peuplaient et régnaient sur la Grande-Bretagne avant les invasions anglo-saxonnes. Les Bretons n’étaient-ils pas, après tout, d’anciens émigrés grands-bretons ? C’est ainsi que Geoffroy de Monmouth, dans le Roman de Brut, fit descendre les rois normands des rois bretons, eux-mêmes héritiers de Brutus le Romain, fils d’Énée. Après tout, le lointain souvenir de l’inclusion de la Bretagne insulaire dans l’empire romain devait se prêter aisément à ce type de mythes. Marie de France s’inscrit à merveille dans cet ensemble.
Sources
- Bouvris, Jean-Michel, “Les plus anciens actes du prieuré augustin des Deux-Amants à l'ancien diocèse de Rouen (vers 1110-1207)”, Annales de Normandie, n° 4, 1995, p. 448-450. Accessible sur Persée ;
- Charpillon, Louis-Étienne, Caresme, Anatole, Dictionnaire historique de toutes les communes du département de l’Eure, Delcroix, Les Andelys, 1868, tome I, notice “Amfreville-sous-les-monts”, chapitre : “Prieuré des Deux-amants”, page 109 ;
- Foulon, Charles, “Marie de France et la Bretagne”, Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 1953, pages 243 à 258. Accessible sur Persée ;
- Francis, E. A., “Marie de France et son temps” in Romania, tome 72, n° 285, 1951, pages 78 à 99. Accessible sur Persée ;
- Illingworth, R. N. “La chronologie des Lais de Marie de France”, in Romania, tome 87 n° 348, 1966, pages 433 à 475. Accessible sur Persée ;
- Millin de Grandmaison, Aubin-Louis, Antiquités nationales ou Recueil de monumens..., tome 2, chapitre 17, “Prieuré des deux amans”, 1791 (consultable dans Gallica et dans archives.org) ;
- Pilet, André, Terre des Deux-Amants. Amfreville-sous-les-monts : son histoire, des silex taillés à l’ordinateur, éditions Bertout, Luneray, 1996, 179 pages ;
- Stabenrath, Charles de, “Notice sur le prieuré des Deux-amants”, in La Revue de Rouen et de Normandie, 1836, pages 370 à 382.
Armand Launay
Pont-de-l'Arche ma ville
commenter cet article …