Cartes postales de La Haye-Malherbe issues des fonds des Archives départementales de l'Eure ou d'une collection privée.
Nom champêtre s’il en est, La Haye-Malherbe évoque la végétation et les haies qui caractérisent la Normandie. Pourtant le terme de haie fait déjà controverse : certains y voient un bois, une lisière de forêt, une haie fortifiée (plessée)... Il semble que la haie ait désigné une belle propriété entourée d’arbres à la manière des clos-masures du pays de Caux. Cette propriété fut possédée par une famille Malherbe dont on retrouve le nom de Ranulf Malherbe dans une charte de 1206.
C’est de cette période qu’émerge la paroisse Saint-Nicolas et son église dont il ne reste rien. L’église actuelle présente d’impressionnants contreforts et des baies du XVIe siècle. L’édifice fait l’objet d’une rénovation légère appelant aux dons sur le site de la Fondation du patrimoine.
La Haye-Malherbe est aussi une commune qui regroupe Le Camp des ventes, dans un vallon descendant vers Saint-Pierre-lès-Elbeuf, une partie de La Vallée et des hameaux depuis regroupés dans le centre-bourg : Le Mont-Honnier, Le Carbonnier, Les Hoguettes. Car La Haye-Malherbe constitue une sorte de point central : la place derrière l’église rappelle l’existence d’un marché local et ancestral qui perdure. Les commerces rouvrent autour de la place. L’INSEE, dans le cadre de ses enquêtes statistiques, traite même d’”unité urbaine” autour de La Haye-Malherbe regroupant Terres de Bord et Vraiville. Il est vrai qu’un petit pôle d’activité vit ici qui ne demande qu’à être soutenu et sollicité.
La Haye-Malherbe rompt la monotonie des champs ouverts du plateau du Neubourg. La Haye ici prend tout son sens : quelques haies perdurent, des vallons boisés y démarrent leur course vers Montaure ou les hauts d’Elbeuf. D’ailleurs le relief malherbois est aussi plissé par endroits par l’exploitation passée d’un bon filon d’argile. Depuis au moins le XVe siècle et jusqu’à la Seconde guerre mondiale, des tuiliers et potiers extrayaient et exploitaient l’argile. Ils étaient 31 professionnels en 1868.
Le patrimoine malherbois, que l’on parcourt volontiers par ses chemins de randonnée, est composé d’un four à pain et d’une magnifique maison médiévale, anciennement couverte de chaume, dans la route de Louviers. N’oublions pas le très élégant Château d’Argeronne, bâti entre 1650 et 1655 par Louis Berryer, membre de la noblesse normande et qui occupa des fonctions d'État. Ce château se loue ‒ et se visite parfois ‒ dans son écrin forestier. La Haye-Malherbe, c’est aussi la figure tutélaire du moulin de Beauregard qui occupe l’un des points culminants de la commune, point depuis lequel on voit les hauts de Rouen d’ailleurs. Il reste de ce moulin la tour télescopique sur lits de pierre de taille calcaire et de silex blanc. Il date au moins du XVe siècle.
Le moulin de Beauregard, sur les hauteurs, est un des patrimoines bâtis les plus notables de La Haye-Malherbe (clichés de Frédéric Ménissier, septembre 2020).
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