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22 novembre 2020 7 22 /11 /novembre /2020 07:56
Histoire de Montaure : petit survol...

 

On a pu dire que Montaure signifie “la montagne de l’or”... Belle image s’il en est mais on peine à y trouver l’or, même grâce aux couleurs des blés de la belle saison. La montagne quant à elle, peut s’expliquer mieux. S’il ne s’agit pas d’une montagne alpine, une montoire en ancien français est une montée. Or, le cœur de Montaure, autour de l’église, est situé au-dessus de la ravine de la Glacière. Cette ravine nait entre La Haye-Malherbe (centre) et l’ancien hameau du Mont-Honnier. Encore un mont qui n’est qu’une côte ! Cette ravine a permis l’exploitation d’une belle terre d’argile. En 1868, la moitié des potiers de l’Eure travaillaient à La Haye-Malherbe et, un peu aussi, à Montaure. Ceci explique la “rue à la Boudine”, terre que l’on boudine facilement et une “rue aux Potiers” à Écrosville. 

Plus que l’or, Montaure serait volontiers la montagne arborée. En effet, du haut de ses 135 m se trouvent deux grandes propriétés plantées de grands arbres se voyant alentour. Ces propriétés témoignent de la puissance des Stigand. L’un d’entre eux, Odon Stigand, a été le sénéchal de Guillaume le Conquérant, c’est-à-dire son bras droit plutôt en charge des questions de justice. Il possédait à Montaure un fort au-dessus de la ravine, fort aujourd’hui disparu, à l’endroit du somptueux château de Montaure (propriété privée). Estimé à la première partie du XVIIe siècle, il semble qu’il ait été bâti pour François Le Camus (1671-1743) qui fut administrateur de la Manufacture royale de draps de Louviers, fondée par Colbert. Le domaine du château comprend aussi un pressoir classé Monument historique en 1990. À visiter dès la fin des travaux ! 

L’autre propriété est celle du prieuré. En 1063 Odon Stigand donna l’église et ses terres à la grande abbaye Saint-Ouen de Rouen. Celle-ci y établit un prieuré avec quelques moines. Il reste de ce prieuré, fermé en 1663, de beaux bâtiments vraisemblablement du XVIIe siècle et un enclos inscrits aux Monuments historiques en 1997, tout comme l’église Notre-Dame. L’église est le plus beau legs historique de Montaure. Certaines de ses parties ont 1000 ans ! Avec son clocher-carré, Notre-Dame fait partie des plus belles églises romanes de la région. Son intérieur n’est pas en reste avec, surtout, la magnifique statue dorée de la Vierge à l’Enfant Jésus, classée monument historique au titre d’objet en 1912. Pour parachever un des plus pittoresques tableaux de la région, la place Jean-Baptiste-Charcot est ornée d’une croix hosannière inscrite aux Monuments historiques en 1954 ainsi que de deux margelles de puits anciens. 

Ces puits témoignent de la présence d’une nappe phréatique qui a fidélisé les hommes en ce beau lieu. L’église Notre-Dame est bâtie sur une source : la fontaine Saint-Eustache, dans la crypte. Son eau était réputée pour soigner la danse de Saint-Guy, ancien nom de pathologies épileptiques.  

Montaure, village aux dimensions modestes, était le centre de maints hameaux parmi lesquels Écrosville, peut-être plus peuplé mais dépourvu d’église, La Vallée, Blacquetuit, Les Fosses. Avant 1687, Montaure comprenait aussi Tostes, La Corbillière, le moulin de la Couture, La Cramponnière et les Treize-livres ; ceci avant que l’abbé de Bonport, Louis, fils du grand Colbert, n’obtienne la création de la paroisse de Tostes

Puis les voies de communication ont quelque peu isolé le cœur historique de Montaure. Ainsi la voie La Haye-Malherbe-Pont-de-l’Arche a fait du quartier Saint-Blaise, ancienne léproserie, un carrefour aujourd’hui fréquenté pour sa célèbre boulangerie. 

Citons enfin la Garde-Châtel, ancien couvent de carmes déchaussés construit à partir de 1660 aux confins d’Écrosville afin que des hommes y trouvent le “désert” propice au recueillement. Il reste de cet établissement un impressionnant mur d’enceinte dans la forêt et quelques murs de bâtiments agricoles. Une demeure à l’architecture classique le remplace depuis le XIXe siècle. 

Quel est le mieux pour profiter de ces beautés ? Les randonnées, avec piquenique dans le sac, aux beaux jours revenus ? Certainement ! La fête de la Libération de Montaure et sa célèbre foire-à-tout, fin aout, celle qui fut honorée par un écrit de Philippe Delerm ? Assurément !

 

Cartes postales issues de la collection de Pascal Leloup que nous remercions.
Cartes postales issues de la collection de Pascal Leloup que nous remercions.
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Cartes postales issues de la collection de Pascal Leloup que nous remercions.

Armand Launay

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Mes activités

Armand Launay. Né à Pont-de-l'Arche en 1980, j'ai étudié l'histoire et la sociologie à l'université du Havre (Licence) avant d'obtenir un DUT information-communication qui m'a permis de devenir agent des bibliothèques. J'ai acquis, depuis, un Master des Métiers de l'éducation et de la formation, mention Lettres modernes. Depuis 2002, je mets en valeur le patrimoine et l'histoire de Pont-de-l'Arche à travers :

- des visites commentées de la ville depuis 2004 ;

- des publications, dont fait partie ce blog :

Bibliographie

- 20 numéros de La Fouine magazine (2003-2007) et des articles dans la presse régionale normande : "Conviviale et médiévale, Pont-de-l'Arche vous accueille", Patrimoine normand n° 75 ; "Pont-de-l'Arche, berceau de l'infanterie française ?", Patrimoine normand n° 76 ; "Bonport : l'ancienne abbaye dévoile son histoire", Patrimoine normand n° 79 ; "Chaussures Marco : deux siècles de savoir-plaire normand !", Pays de Normandie n° 75.

- L'Histoire des Damps et des prémices de Pont-de-l'Arche (éditions Charles-Corlet, 2007, 240 pages) ;

- Pont-de-l'Arche (éditions Alan-Sutton, collection "Mémoire en images", 2008, 117 pages) ;

- De 2008 à 2014, j'ai été conseiller municipal délégué à la communication et rédacteur en chef de "Pont-de-l'Arche magazine" ;

- Pont-de-l'Arche, cité de la chaussure : étude sur un patrimoine industriel normand depuis le XVIIIe siècle (mairie de Pont-de-l'Arche, 2009, 52 pages) ;

- Pont-de-l'Arche, un joyau médiéval au cœur de la Normandie : guide touristique et patrimonial (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 40 pages) ;

- Pont-de-l'Arche 1911 I 2011 : l'évolution urbaine en 62 photographies (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 32 pages) ;

- Mieux connaitre Pont-de-l'Arche à travers 150 noms de rues et de lieux ! (Autoédité, 2019, 64 pages) ; 

- Déconfiner le regard sur Pont-de-l'Arche et ses alentours (Autoédité avec Frédéric Ménissier, 2021, 64 pages) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (publié en ligne, 2022) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (version mise en page du précédent ouvrage, édité par la mairie de Terres-de-Bord, 2023).

Depuis 2014, je suis enseignant à Mayotte.

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