Eustache-Hyacinthe Langlois (né à Pont-de-l’Arche le 3 août 1777 – décédé à Rouen en 1837) fut un artiste et écrivain qui mit son art au service de la mise en valeur du patrimoine médiéval normand.
Gouache de Delacluze, Musée des Beaux-arts de Rouen.
Jeunesse à Pont-de-l’Arche
Eustache-Hyacinthe Langlois naquit à Pont-de-l’Arche où son père, officier royal, exerçait la profession de garde marteau des Eaux et forêts du bailliage de la ville. Porté vers le dessin, E.-H. Langlois réalisa à Pont-de-l’Arche ses premiers croquis de personnages et de sites pittoresques. On aime à penser que le patrimoine médiéval de la cité n’est pas étranger à l’éclosion du goût des antiquités dans l’âme de l’artiste. Né en 1777, la Révolution française rendit caduques les ambitions professionnelles que le père de E.-H. Langlois avait pour son fils. C’est pourquoi, notre homme put assouvir sa passion pour l’art…
L’artiste
Ayant suivi sa propension E.-H. Langlois devint l’élève de M. Rau de Saint-Martin, en 1793, puis de Jacques-Louis David, à Paris. Après cela, il s’exerça à la gravure sur bois. Son style, précis et rigoureux, convenait parfaitement à des travaux documentaires. C’est ainsi qu’il réalisa plus de 1000 gravures, dessins et croquis sur des bâtiments d’intérêt historique, des sculptures, des vitraux, du mobilier… et ce principalement sur la Normandie médiévale. Donnant lui même des leçons, il devint professeur à l’école des Beaux-arts de Rouen.
« Antiquaire et archéologue »
D’après le témoignage de ses contemporains, mais aussi en lisant les nouvelles qu’il a rédigées, on peut mesurer combien E.-H. Langlois fut fidèle à ses convictions catholiques : pauvreté, humilité, défense des valeurs religieuses… Cette foi colla d’ailleurs très bien à la vie du personnage qui demeura pauvre tout sa vie ; l’argent n’avait pas grande importance pour lui, contrairement à ce que pensait sa femme, qui l’appauvrit ainsi que leurs enfants.
E.-H. Langlois sensibilisa de nombreux artistes et chercheurs à l’étude du Moyen Âge alors que l’Antiquité faisait – presque – l’unanimité. De ce fait, il contribua à la préservation des vestiges de l’époque médiévale, qui passaient alors pour des ruines bonnes à être rasées ou à laisser s'écrouler. Il participa à la sensibilisation culturelle d'une nouvelle génération de chercheurs tels qu'Arcisse de Caumont autour de l'héritage architectural. Son influence se poursuit d’ailleurs grâce aux illustrations qui font référence dans certaines recherches. Il aurait servi de modèle à Jacques-Louis David pour le Romulus de « L’Enlèvement des Sabines ». Deux de ses enfants vécurent un peu de l’art enseigné par leur père : Polyclès et Espérance Langlois. Ils travaillèrent à la manufacture de Sèvres mais n’eurent pas le talent de leur père.
Une tombe monumentale se trouve toujours au cimetière monumental de Rouen. Elle porte un médaillon, de Pierre-Jean David, dit David d'Angers, offert en 1838 à la ville de Rouen, par le comité de souscription au monument Langlois. Il porte cette inscription : « À E.-H. Langlois né à Pont-de-l’Arche le 3 août 1777, peintre, graveur, archéologue, la Normandie reconnaissante. »
Une copie de ce médaillon fut apposé sur sa maison de naissance à Pont-de-l’Arche (boulangerie du bas, rue Alphonse-Samain).
Un buste en bronze fut placé à Pont-de-l’Arche sur la place Hyacinthe-Langlois de 1868 à 1941.
Il donna l’envie à Léon Levaillant de Duranville d’étudier l’histoire de la ville dont Hyacinthe Langlois est resté fier durant toute sa vie. C’est ainsi que commença l’étude de l’histoire de Pont-de-l’Arche.
Une rue porte son nom ainsi qu’arrêt de bus à Bihorel.
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Les monuments rendant hommage à Hyacinthe Langlois...
Bibliographie sommaire
- Recueil de quelques vues de sites et monuments de France, spécialement de Normandie (1817) ;
- Mémoire sur la peinture sur verre et sur quelques vitraux remarquables des églises de Rouen (1823) ;
- Notice sur le tombeau des Énervés de Jumièges (1825) ;
- Essai historique et descriptif sur l’abbaye de Fontenelle et de Saint-Wandrille… (1827) ;
- Essai historique, philosophique et pittoresque sur les danses des morts (posthume, 1851) ;
- Stalles de la cathédrale de Rouen, (posthume, 1838) ;
- La Croix-Sablier (1835) ;
- Hymne à la cloche (1832) ;
- Le Curé des bruyères d’Oisy ou L’Abbé fou (1835)...
Armand Launay
Pont-de-l'Arche ma ville