Cet article a été réalisé grâce à des notes de lecture des Mémoires intimes de Napoléon 1er par Constant son valet de chambre, de Maurice Dernelle (voir source). Cette lecture m’a été conseillée par Marcel Léchopier, enfant et historien regretté de Pont-de-l’Arche. N’ayant pas eu le temps d’éplucher toutes les archives de la Ville, je livre néanmoins ces quelques renseignements aux amateurs d’histoire qui souhaiteraient aller plus en avant dans la biographie de ce personnage qui habita quelques temps dans notre cité.
Constant Wairy naquit à Péruwelz (Belgique) en 1778. Il Entra au service de Joséphine Bonaparte le 21 avril 1799. Ce jeune homme était apprécié pour sa gaîté, son affabilité, sa discrétion et son intelligent. Plus qu’un valet, il était un collaborateur fidèle très apprécié de ses maîtres. Constant accompagna l’empereur dans ses campagnes de 1805 à 1813. Il était alors le premier d’entre les serviteurs de l’Empereur.
Constant Wairy en 1813 par Johann Heinrich Schmidt (pastel, papier). Base Joconde
Toutefois, entre le 16 et le 19 avril 1814, la grande majorité des notables se rallièrent à celui qui restaura la royauté sous le nom de Louis XVIII.
Constant Wairy fut poussé à témoigner contre son maître (au sujet des infidélités de celui-ci), ce qu’il fit à grand peine afin de conserver sa propriété près de Fontainebleau. Il partit ensuite à Bellefontaine, commune de Samois. Par honte et chagrin d’avoir témoigné contre son maître, il refusa de reprendre du service après le retour de Napoléon (ce que celui-ci regretta beaucoup).
En 1816, après le pillage de sa maison et l’abattage de ses moutons par les troupes d’occupation autrichiennes, Constant Wairy vendit sa propriété, vécut d’une pension, et partit s’installer à Elbeuf, rue Saint-Étienne. En effet, son beau-frère, Jean-Pierre Charvet, vivait ici et dirigeait une fabrique de draps. Naguère, Napoléon avait arrangé le mariage de Constant Wairy avec la fille du concierge du château de Saint-Cloud, Louise Charvet, qui fut employée en juin 1813 à la lingerie de l’Empereur.
Constant investit alors ses économies dans l’industrie de son beau-frère mais ne fit que peu de bénéfices. Jean-Pierre Charvet, ruiné, partit pour l’Angleterre en 1825.
Constant Wairy vint alors habiter à Pont-de-l’Arche où il disparaît des archives pendant quelques années.
Retrouvé en 1830, il donnait des leçons à l’acteur Gobert qui jouait le rôle de l’empereur dans « les pièces napoléoniennes » qui faisaient recette dans un théâtre des faubourgs parisiens. Comme le note Maurice Dernelle dans son ouvrage : « Ainsi, sans faire de bruit et dans la coulisse, si l’on peut dire, Constant contribue pour une part à l’éclosion du culte napoléonien. » (p. 33).
Il habitait toujours à Pont-de-l’Arche quand M. Ladvocat lui proposa d’éditer ses mémoires. Il serait retourné à Pérulwelz suite au décès de sa sœur le 24 octobre 1832 mais rien ne l’atteste.
Ravalant son orgueil, il écrivit au roi Louis-Philippe le 29 septembre 1832 pour obtenir un emploi. En vain. Il écrit ensuite au député républicain avancé Dupont de l’Eure pour le poste de concierge du château de Saint-Cloud. En vain. En 1838, il s’installa à Breteuil-sur-Iton et obtint sa nouvelle maison grâce à l’appui de Jacques Dupont de l’Eure avec qui il resta en contact. Sa femme fut nommée directrice de la poste de Breteuil. Il décéda le 27 juin 1845. Agréable, courtois, plein d’anecdotes, mémoire vive… le voisinage regretta sa disparition.
Source
Dernelle, Maurice Mémoires intimes de Napoléon 1er par Constant son valet de chambre, tome 1, Paris : Mercure de France, impr. 2000, 683 p.
Armand Launay
Pont-de-l'Arche ma ville