Né vers 1857, Armand Louis Eugène Ferrand fut notaire à Pont-de-l’Arche. Il fut une figure incontournable du Pont-de-l’Arche de la toute fin du XIXe siècle. Il mit sa rigueur professionnelle au service de ses idéaux républicains ce qui lui valut d’être élu maire, malgré lui, de 1894 à 1900.
En tant que notaire sur la place Aristide-Briand, Eugène Ferrand a laissé au paysage archépontain une de ses demeures les plus notables : la flèche néogothique de la rue Charles-Cacheleux. Côté cour, une pierre portant le millésime de 1898 nous apprend qu’elle a été posée par la femme d’Eugène Ferrand. Cette élévation fait partie du mouvement de construction de demeures bourgeoises caractéristique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Précédant de quelque 35 ans la construction en vieux normand de l’étude notariale de la place Aristide-Briand, cet édifice se veut un vieux manoir normand avec ses pans de bois et ses tuileaux en remplissage.
Cette flèche néogothique fait partie des demeures
les plus notables du paysage archépontain depuis 1898
où Eugène Ferrand, notaire, décida de la faire ériger (photo A. Launay, 2013).
Millésime de l'édifice cité ci-dessus (photo A. Launay, 2011).
On retrouve Eugène Ferrand parmi les conseillers municipaux élus en 1888. Il œuvra cette même année pour la création d’une école maternelle. En vain, semble-t-il. La valeur éducation n’était pas un vain mot pour Eugène Ferrand qui, le 18 septembre 1896, déposa en préfecture les statuts de la Société des amis de l’école laïque, une association cardinale dans la sociabilité archépontaine jusqu’à la Seconde guerre mondiale ; une association dans laquelle figurèrent beaucoup de militants de la gauche radicale et même socialiste.
Le 30 aout 1894, au renouvèlement du Conseil municipal, Eugène Ferrand fut élu maire par 10 voix sur 14, trois élus ayant voté blanc et un autre pour Ernest Divay. Les élections d’avril 1896 reconduisirent une majorité d’élus républicains de gauche au Conseil municipal, parmi lesquels Armand Léopold Ouin, patron des chaussures Marco, Henry de Lafleurière, Anthime Ferrandier, Henry Prieur… Eugène Ferrand fut réélu avec 13 voix et son adjoint, Anthime Ferrandier en obtint 11.
Jusqu’à plus ample informé, Eugène Ferrand est le premier maire qui laissa un bilan officiel de son mandat : Six ans de mairie : aux habitants de la Ville de Pont-de-l’Arche. Son mandat est caractérisé par une gestion financière rigoureuse et une volonté de rendre équitable l’accès aux services. Il y parvint tout en annulant la dette communale. Il fit aussi procéder à un récolement des archives municipales, une première depuis 1857. Il fit rétablir les commissions administratives gérant l’hôpital local et le bureau de bienfaisance.
Tout en diminuant les dépenses de l’hôpital, il augmenta le nombre d’hospitalisés. Il fit aussi rénover les locaux. L’Elbeuvien du 30 décembre 1900 retrace l’inauguration de l’hôpital « sous la présidence de M. Eugène Ferrand, assisté de membres de la commission administrative de l’hospice. L’auteur des plans est M. Marie, ancien agent-voyer, qui en a conçu les aménagements d’après les derniers perfectionnements préconisés par la science moderne. L’hôpital est tenu par les sœurs de la Providence d’Évreux ». De 12 lits, l’hôpital accueillit 18 lits. Une vaste salle éclairée fut aménagée.
Eugène Ferrand fit aussi des travaux à la mairie (le bailliage) et la justice de paix (même lieu) pour rendre plus accessibles les différents services. Une partie de ces travaux doit être visible dans le cour du four à pain de nos jours. Il s'agit de l'agrandissement du bâtiment de la prison des hommes qui présente les mêmes caractéristiques que l'extension de l'école de garçons (voir ci-dessous) : brique en chainage, damier de silex et de brique blanche en remplissage.
Il fit aussi agrandir et aménager l’école de garçons (salles Ambroise-Croizat et Beauregard) ce qui repoussa de quelques années la nécessité de construire un groupe scolaire. De ces travaux, une extension côté cour est nettement visible, de nos jours, qui porte le nom d’Eugène Ferrand et de Hubert Marie, agent-voyer, auteur des plans.
Extension de l'ancienne école élémentaire (salles Ambroise-Croizat et de Beauregard)
bâtie en 1897 lorsqu'Eugène Ferrand était maire (photo A. Launay, 2010).
Millésime de l'édifice cité ci-dessus (photo A. Launay, 2011).
Des restaurations à l’église Notre-Dame-des-arts ont aussi eu lieu notamment grâce au denier public et ce avant 1905 et la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Eugène Ferrand fit aussi renouveler l’équipement électrique de la ville en partenariat avec la Société normande d’électricité, basée de l’autre côté de la Seine, sur la zone du Fort. L’éclairage des rues passa de 3 mois à 9 mois par an. Un circuit téléphonique fut livré au public le 1er mai 1898.
Sources
L’Elbeuvien
Registres des délibérations du Conseil municipal
Ferrand Eugène, Six ans de mairie : aux habitants de la Ville de Pont-de-l’Arche, [1900], 15 pages. Bibliothèque administrative de la Ville de Paris : Br. 14781.
A lire aussi...
Armand Launay
Pont-de-l'Arche ma ville