Les constructions immobilières étant très nombreuses, le BTP a besoin de sable. Ainsi la vallée de la Seine est un terrain propice aux carrières. L’une d’elles, située à Alizay et Igoville, ouvrira pour le compte de la Compagnie des sablières de la Seine (Lafarge-Cemex). Avant cela, conformément à la loi du 17 janvier 2001 relative à l’archéologie préventive, ce sont 22 hectares de terrains qui ont bénéficié d’un diagnostic réalisé par l’INRAP entre 2007 et 2009.
Celui-ci a révélé un fort potentiel et notamment :
- de nombreux silex taillés de la fin de la dernière glaciation ;
- un vase de la Hoguette à 1,80 m de profondeur, (5370-5222 avant notre ère) ;
- un pic en bois de cerf et divers restes animaux à 2,6 m de profondeur (mésolithique, 7606-7578 avant notre ère) ;
- des structures d’habitat et un foyer du néolithique ;
- des traces de l’âge du bronze ;
- une tombe médiévale…
L’enjeu est donc de taille. Les archéologues ont devant eux un très vaste espace qui recèle des objets bien conservés dans les anciens sédiments de Seine. Depuis février, ils peuvent étudier exhaustivement les modes d’occupation des sols depuis la fin du paléolithique (11 000 avant notre ère).
Le chantier d’Alizay-Igoville doit devenir une référence régionale en matière de caractérisation des différents types d'habitats qui se sont succédé au fil des siècles et de l’adaptation des hommes aux changements climatiques. Il offre aussi une belle opportunité aux spécialistes d’étudier l’évolution du mobilier et donc le processus de néolithisation, c’est-à-dire le passage progressif des sociétés nomades de chasseurs-cueilleurs du paléolithique et du mésolithique à l’élevage et la culture qui caractérisent le néolithique et la sédentarisation.
Pour mener à bien ces recherches, pas moins d’une trentaine de spécialistes vont travailler pendant près de 14 mois. L’étude du site est placée sous la responsabilité de Cyril Marcigny et Bruno Aubry. L’analyse chronologique nécessite l’intervention de spécialistes des différentes périodes (paléolithique supérieur, moyen, inférieur, mésolithique et processus de néolithisation, néolithique ancien, moyen et final, bronze ancien, final, 1er âge du fer, périodes historiques.
Pour analyser le site le plus précisément possible, d’autres spécialistes interviendront tels que palynologue (pollen), géomorphologue (reliefs et leur évolution), entomologiste (insectes), archéozoologue (relations hommes-animaux), malacologue (mollusques), carpologue (graines), anthracologue (hommes et forêt).
Toutes ces travaux sont intimement liées à un important travail de topographie. Un Système d’information géographique (SIG) est nécessaire pour restituer les couches stratigraphiques et modéliser les différents sols, reconstituer leur évolution (chronométrie) et établir des référentiels typochronologiques (des documents montrant des modèles d’occupation de l’espace par l’Homme selon les époques).
Avec plusieurs milliers d'objets déjà récoltés, l’étude est prometteuse. Le public intéressé a hâte de voir les premiers résultats de ces fouilles. Les archéologues ont pensé aux amateurs d’archéologie et aux habitants de la région et vont présenter les plus belles découvertes dans quelques semaines. L’information sera donnée en temps et en heure.
Sources :
- Résultats des diagnostics et protocole de fouille, Bruno Aubry et Cyril Marcigny, février 2011 ;
- Site de la commune d’Alizay.
Salut Ghislaine;-)
Armand Launay
Pont-de-l'Arche ma ville
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