Avec nos remerciements à Philippe Stref pour la photographie de familles et diverses pistes de réflexion.
Henry Placide Prieur est né à Pont-de-l’Arche le 30 septembre 1840 et décédé au même lieu le 29 décembre 1914. Il fut l’un des principaux industriels du chausson puis de la chaussure et maire de la Ville. Il est aujourd’hui commémoré par un nom de rue officialisé le 4 mars 1937 par le Conseil municipal présidé par Raoul Sergent. Auparavant, cette rue s’appelait « rue des Carrières » et, encore avant, le boulevard de Crosne.
La rue Henry-Prieur et ses logements ouvriers bâtis par le même personnage témoignent de l'épopée de la chaussure à Pont-de-l'Arche (photographies d'Armand Launay, mars 2013).
L’industriel du chausson puis de la chaussure
Neveu d’Antoine Ouin, premier industriel du chausson à Pont-de-l’Arche, Henry Prieur se lança dans la fabrication de chausson à partir de 1872. Son entreprise fut florissante, il dut agrandir ses locaux de la route de Tostes en 1892. En 1898, il fut le premier industriel archépontain à mécaniser sa production. Il put ainsi travailler plus fortement le cuir et créer les premières chaussures de Pont-de-l’Arche, ville du chausson. C’est dans son usine qu’éclata la première grande grève de la chaussure à Pont-de-l’Arche (1900). Paternaliste, il fit construire des logements ouvriers, ceux que l’on connait dans la rue Henry-Prieur.
Quelques années plus tard, Henry Prieur laissa la gestion de son entreprise à ses fils Henry (1882-1937) et Albert (1890-1965). Ils firent fleurir l’entreprise familiale qui employa jusqu’à 350 personnes en 1923. Albert Prieur fut propriétaire du « Château » du Centre de loisirs. Toutefois, l’entreprise Prieur ferma définitivement ses portes en 1964. Ses locaux sont aujourd'hui occupés par l'entreprise Luneau technology operation.
Les locaux de l'entreprise de chaussons puis de chaussures d'Henry Prieur, dans la rue Roger-Bonnet (photographies d'Armand Launay, mars 2013).
Millésime "1882" et initiales HP gravées sur une pierre calcaire de l'usine d'Henry Prieur (photographie d'Armand Launay, mars 2013).
Photographies de la direction et des contremaitres de la fabrique d'Henry Prieur, vraisemblablement vers 1898. Les trois cadres blancs indiquent de gauche à droite Augustin dit Jules Stref, Henry Prieur et Théophile Quen. L'enfant au premier rang, et au centre, doit être Albert Prieur. Quant au jeune homme au second rang, il doit s'agir d'Henry Prieur, fils (photographie issue des archives de la famille Stref).
L’homme politique local
C’est le 19 avril 1878 que Henry Prieur commença sa longue carrière publique en devenant conseiller municipal. Quelle que soit la tendance politique, il se fit élire sur les listes des élections du 23 janvier 1881, du 18 mai 1884 et du 23 avril 1888. Recueillant moins de voix que ses colistiers, il était toujours élu en fin de liste. Il était avait cependant la confiance des autres élus. En effet, le 21 décembre 1890, alors qu’Achille Fumierre fut élu maire, Henry Prieur fut élu adjoint par neuf voix contre quatre. Dans le même ordre d’idées, le 26 juillet 1891, notre homme fut élu maire sans difficulté par neuf voix sur quinze.
Le 15 mars 1892, les élections municipales furent avantageuses pour Henry Prieur où il termina troisième de la liste des élus. Il fut élu maire par 11 voix sur 16 mais démissionna peu après pour des raisons que nous ignorons et peut-être relatives à son entreprise. Ce durent être de bonnes raisons car les élections du 18 avril 1896 le placèrent encore dans une bonne position (quatrième de la liste).
Le 6 juillet 1902, au deuxième tour il se désista en faveur de Jules Fromont qui devint maire. Les élections du 17 mai 1908 furent mauvaises pour la gauche où Maurice Delamare, leader des républicains de gauche, se retrouva dernier élu de la liste et Henry Prieur, situé cinq places avant Maurice Delamare. Le vote des conseillers pour choisir un maire est intéressant. Il fallut trois votes pour départager MM. Fromont et Prieur. Ce dernier dut son élection à Maurice Delamare et Armand Ouin. Ceux-ci reçurent chacun une voix au premier tour, Henry Prieur six. Au deuxième tour Henry Prieur en eut huit alors que MM. Ouin et Delamare n’en reçurent plus aucune. Maurice Delamare devint adjoint.
Quant aux fils, Albert Prieur faillit être maire en 1919, où il refusa la charge. Henry Prieur fils fut adjoint de Maurice Delamare en 1925.
A la jonction entre la rue Henry-Prieur et la rue Général-de-Gaulle se trouve une maison de style art-déco qui fut bâtie en 1906 par un architecte nommé Rabier pour le compte d'Henry Placide Prieur, le fils portant le même nom que le personnage qui nous intéresse ici. Le portail en fer forgé porte les initiales « HP ». Cela doit être une raison supplémentaire expliquant pourquoi c'est cette rue qui prit le nom d'Henry Prieur, père (photographies d'Armand Launay, mars 2013).
Sources
- Registres des délibérations du Conseil municipal ;
- Registres d'état civil ;
- archives familiales de la famille Stref.
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