Les écoles de filles et de garçons étant devenues trop petites, le Conseil municipal de Pont-de-l'Arche étudia dès 1905 la possibilité de construire un groupe scolaire neuf... 29 ans avant son inauguration en 1934.
En 1877, l’école de filles accueillait jusqu’à 80 enfants dans une de ses 3 salles de cours (pour un total de près de 120 enfants). Le maximum autorisé par la loi étant de 40 enfants, la Préfecture imposa aux sœurs de ne plus accepter tous les enfants de 4 à 7 ans. Or, il n’y avait pas de salle d’asile, l’ancêtre de la maternelle, à Pont-de-l’Arche. Les garçons étaient 150 dans 3 classes au début du XXe siècle.
1905, naissance du projet
Sensibilisés par une étude d’Étienne-Alexandre Sorel, médecin et conseiller municipal, les élus ont souhaité mettre fin aux problèmes d’insalubrité des locaux et au manque cruel de place dans les salles de classe. C’est ainsi que naquit, en 1905, le projet de construire un groupe scolaire neuf en dehors du centre médiéval où régulièrement des enfants mouraient des épidémies de scarlatine, rougeole…
En 1908, le maire, Maurice Delamare, chargea la commission des écoles de démarcher les entrepreneurs afin de créer une école neuve à Pont-de-l’Arche, pour les garçons et les filles. La municipalité choisit le terrain où est l’actuel groupe scolaire ; l’acte d’achat est signé en décembre 1912. Mais les devis de l’architecte rouennais Bourienne sont jugés trop onéreux (63 600 francs). Des plans sont cependant dressés : trois classes de garçons et trois de filles, chacune de 50 élèves, sont prévues dans un bâtiment en rez-de-chaussée situé le long de la rue. S’y ajoutent préaux, cours et toilettes distincts pour les enfants des deux sexes. Les instituteurs devaient être logés sur place, alors qu’on avait prévu d’installer les institutrices dans l’ancienne école de filles. Le cout global, accepté par le conseil, était évalué à plus de 80 000 francs. La Première Guerre mondiale éclata avant que le financement ne soit trouvé et reporta le projet d’école.
Ce n’est qu’en 1931, grâce à l’intervention de personnes influentes que le Conseil municipal put travailler efficacement à la construction d’un groupe scolaire neuf, le futur groupe Maxime-Marchand.
1933, première pierre du futur groupe scolaire baptisé Maxime-Marchand en 1987
La première pierre fut posée le 5 novembre 1933, dans la rue Maurice-Delamare, et l’inauguration eut lieu le 25 novembre 1934 sous la présidence du maire, Charles Morel, accompagné du ministre de l’Instruction publique, André Mallarmé, et de très nombreuses personnalités politiques du département. Politique, le mot est lâché. Le financement d’un tel projet n’aurait pas été possible si les élus locaux n’avaient pas reçu l’appui de personnalités gouvernementales. Charles Morel, industriel de la chaussure, pouvait compter sur le sénateur Maurice Hervey, ancien vice-président du Sénat. Qui plus est, André de Fouquières, chef du protocole de l’Élysée, possédait une résidence secondaire aux Damps (route de l’Eure). Ce diplomate utilisa son carnet d’adresses en faveur du projet, ce qui explique l’inscription de son nom sur une des deux plaques commémoratives de l’école, alors qu’il n’exerçait aucun mandat.
Ainsi ce n’est qu’en 1933-1934 que sortit de terre un grand édifice en style néo-normand, fruit du travail des architectes elbeuviens L. et R. Laquerrière, aussi auteurs de la maison notariale de Pont-de-l’Arche et divers édifices. C’était la première fois, hormis la gendarmerie, qu’un édifice public était construit en dehors de l’enceinte médiévale.
Description architecturale et agrandissements
Le gros œuvre de ce groupe scolaire est composé de béton. Des pierres de parement ont été apposées sur les façades pour donner une esthétique normande au bâtiment. Le toit à quatre versants est recouvert de tuiles plates de pays et possède de larges lucarnes. La façade, outre la pierre de taille, présente des pans de bois en trompe-l’œil réalisés grâce à l’application d’une peinture sur quelques incisions sur ciment qui imitent les nervures du bois. Un arc en plein cintre surmonte la porte d’entrée. Sa présence est étonnante car il n’entre pas dans l’architecture traditionnelle locale que souhaitaient imiter les architectes Laquerrière. Face à l’entrée s’ouvre une vaste salle qui enveloppe le bureau de direction, deux salles de classe et, enfin, le préau protégeant les enfants des intempéries.
L’édifice a été conçu pour être confortable et esthétique à la fois. Deux maisons situées de part et d’autre de la cour d’entrée servaient de logements pour le directeur de l’école des garçons et la directrice de l’école de filles. C'est en 1963 que la séparation entre les garçons et les filles, la gémination, fut abolie. Il s’agissait d’équilibrer les effectifs mais aussi de répondre à l’évolution des mentalités pour qui cette division ne se justifiait plus sur le plan pédagogique.
Deux belles plaques en marbre commémorent l’inauguration du groupe solaire.
L’agrandissement du groupe scolaire est prévu dès 1951 pour remplacer les deux classes (une de garçons et une de filles) installées provisoirement dans un ancien bâtiment scolaire incommode, malsain et trop petit. De plus, l’école de filles accueillait une classe enfantine qui recevait les enfants de cinq ans, au nombre de 47. Derrière le premier bâtiment, les deux ailes séparées sont prolongées en 1957 et en 1962, dans le même matériau, alignant chacune quatre salles de classe le long d’un couloir. En 1994, une salle d'activité est créée dans le préeau central. Les vitres sont omniprésentes afin d’apporter le plus de lumière naturelle et les classes sont assez vastes pour que les enfants ne s’y entassent plus comme dans les anciennes écoles communales.
Les préfabriqués, qui avaient servi de classes pour des élèves de primaire mais aussi les premiers collégiens, ont depuis disparu. Une salle de classe a été bâtie il y a quelques années entre les deux ailes du groupe scolaire afin d’accueillir, notamment, des enfants de l’école maternelle jusqu’à la construction d’une classe adaptée aux plus petits dans les locaux de l'école maternelle.
Armand Launay
Pont-de-l'Arche ma ville