Avec nos remerciements à Jean Baboux pour la reproduction des illustrations.
En 1790, l’érudit et touche-à-tout Aubin-Louis Millin de Grandmaison présenta à l’Assemblée constituante une œuvre recensant le patrimoine national. Dans le chapitre 43 de ses désormais célèbres Antiquités nationales l’auteur accorde quelques belles pages à Pont-de-l’Arche. Il aborde notamment « … le château de Pont-de-l’Arche, actuellement démoli, et que j’ai fait dessiner au moment de la destruction… ».
Il s’agit d’une vue sur le château de Limaie, alors en plein démantèlement, qui occupait l’espace situé entre l’auberge du Pressoir et l’entrée du pont par la rive droite de la Seine. Reproduite ci-dessous, elle fut dessinée par Garneray et sculptée par Desmaisons.
Le fort de Limaie durant son démantèlement dessiné par Garneray et sculpté par Desmaisons pour le compte d'Aubin-Louis Millin (vers 1790).
Au centre, l'hôtel-Dieu de Pont-de-l’Arche à la veille de la Révolution (détail de la vue ci-dessus).
Un détail de cette vue nous a particulièrement intéressé, au centre du dessin : il s’agit de la seule image connue, à notre connaissance, de l’hôtel-Dieu de Pont-de-l’Arche. A la veille de la Révolution, il tombait en ruine. Il fut remplacé en 1818 par une maison d’habitation, l’actuelle salle Ambroise-Croizat, pour le compte de Julien Blin (1738-1826). Sur le dessin, l’hôtel-Dieu se trouve à droite de la tour et à gauche de l’église Saint-Vigor, actuellement Notre-Dame-des-arts. On y voit un bâtiment constitué d’une nef avec des ouvertures surmontés d’arcs en tiers-point caractéristiques de l’architecture religieuse gothique. Un toit à deux pans apparait aussi surmonté d’un clocheton.
Si la représentation de Garneray est fidèle, l’hôtel-Dieu aurait pris la forme d’un bâtiment gothique. Le seul élément de l’hôtel-Dieu encore debout de nos jours est la cave, c’est-à-dire la Salle d’Armes à laquelle nous avons déjà consacré un petit article. La partie haute du mur extérieur de la cave est visible. Ainsi apparaissent depuis la rue une petite ouverture dans un mur fait de belles pierres de taille dont les plus hautes, les pierres cornières, atteignent le rez-de-chaussée. Sans conteste, le plus beau vestige est la porte de l’escalier à vis menant à la cave. Elle se trouve sur la façade côté cour. Son linteau est orné d’une épaisse nervure reliant deux chapiteaux sculptés à décors végétaux de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe siècle.
Ces quelques éléments de patrimoine confirment plutôt la représentation gothique donnée par Garneray à l’hôtel-Dieu.
A voir, notre historique sur l'hôpital local jusqu'à l'EHPAD.
Détail de la porte de l'escalier à vis de l'hôtel-Dieu, actuelle Salle d'Armes (cliché Armand Launay, 2012).
Source
Millin Aubin-Louis, Antiquités Nationales ou recueil de monuments, pour servir à l’Histoire générale et particulière de l’Empire François, tels que tombeaux, inscriptions, statues, vitraux, fresques, etc. ; tirés des abbaïes, monastères, châteaux et autres lieux devenus domaines nationaux. Présenté à l’Assemblée Nationale et accueilli favorablement par Elle, le 9 décembre 1790, tome 4, Paris, M. Drouhin éditeur, an IV de la Liberté (1792).
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