Le camp britannique, allemand et américain d’Alizay de 1939 à 1948.
Parmi les répercussions de la Seconde Guerre mondiale sur notre région, on peut compter la présence d’un camp militaire à Alizay de 1939 à 1948. Ce camp était située entre la Briquèterie (à la sortie d’Alizay, sur la route de Romilly) et les rives de la Seine (et donc en partie sur les terrains de m real). Il accueillit trois armées différentes…
Dès septembre 1939, l’armée britannique occupa le site afin d’entreposer du matériel et quelques troupes. Les baraquements étaient bâtis en bois et prenaient encore peu d’espace.
Par la suite, les armées française et anglaise ayant été battues, le camp devint allemand et continua à servir d’entrepôt, principalement pour le bois des forêts locales. Suite à la Libération, ce sont les Américains qui prirent possession du site et qui l’aménagèrent dans des dimensions encore inconnues. C’était un entrepôt pour les matériels et matériaux les plus divers destinés à ravitailler les armées au front. Les baraquements des soldats étant en tôle (cliché ci-contre. M. Darius, tout comme les suivants), ou encore en bois.
De plus, ce camp servit aussi de prison à près de 4000 soldats allemands (entre la ligne de chemin de fer et la Seine). Ces prisonniers étaient employés pour des tâches les plus diverses à la différence d’une centaine d’ouvriers français qui travaillaient eux dans des domaines qualifiés (et rémunérés !).
De tous temps, le château de Rouville fut investi par ceux qui pensent être l’élite, chez les militaires de tous pays. Ainsi, lorsque le camp était américain, ce sont les soldats " blancs " qui l’occupèrent et qui en exclurent les " Noirs ". Ces derniers habitèrent alors sous des tentes dressés dans les terrains alentours. Même dans le domaine de la fête, la ségrégation persistait : les " Blancs " avaient bâti de grands bâtiments dans l’enceinte du château de Rouville et prenaient parfois, pour l’anecdote, des musiciens parmi les prisonniers allemands.
Quant aux Noirs, exclus, ils organisaient leur propre bal, où le Jazz faisait swinguer les filles et… parfois plus près du plafond que du sol ! Ces festivités, terminant à l'aurore, étaient le point de ralliement de nombreux jeunes de la région qui trouvaient de la nourriture nouvelle, pour des Français (chocolat). La fête dépassant le reste, les jeunes allaient dans les deux bals et les salles étaient toutes pleines de filles que les soldats, évidemment, allaient chercher en camion à Pont-de-l'Arche, Pont-Saint-Pierre…
Enfin, après le départ des Américains, en 1948, certains baraquements furent occupés un temps par des pompiers de Saint-Aubin-lès-Elbeuf afin d’assurer la sécurité de bâtiments contenant des explosifs.
Il ne reste rien aujourd’hui de toutes ces activités, si ce n’est des photographies et des souvenirs bien gravés dans les mémoires de certains habitants de la région.
Les troupes américaines ont fait partie de la vie locale pendant près de quatre années, de 1944 à 1948, comme l’illustre le cliché ci-contre pris à Alizay par un enfant lors d’une cérémonie officielle.
[1] Article qui servit de base à l’auteur de l’ouvrage du cinquantenaire de m real.
Armand Launay
Pont-de-l'Arche ma ville
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