Bienvenue sur ce blog perso consacré à Pont-de-l'Arche et sa région (Normandie, Eure). Contactez-moi afin d'étudier ensemble, plus avant, l'histoire et donc de progresser vers la connaissance. Bonne lecture ! armand.launay@gmail.com
Voici une invitation à la visite du village des Damps (Eure, 1200 habitants entre Val-de-Reuil et Elbeuf)...
Eh oui, après une visite du centre ville médiéval de Pont-de-l’Arche, rien ne vaut la douceur des berges de l’Eure pour flâner au gré de la nature et de la découverte historique. Or, quelques centaines de mètres plus loin, se trouve le village – méconnu – des Damps, sur lequel s’est bâti Pont-de-l’Arche, il y a mille ans, et à côté duquel s’est construite l’usine m-real qui, je le concède, nuit au paysage et aux bronches des habitants de la région. Le tourisme ne peut pas me faire mentir.
Mais visitons...
La partie ancienne du village des Damps, le cœur historique, est l’occasion de réunir le plaisir de la balade et l’étude du patrimoine. Allez, suivez-moi…
Deux ou trois pieds de vigne, dans la rue Coucou, prolongent la tradition de cette culture qui a occupé les coteaux de Seine (à Igoville, Alizay) pendant de longs siècles. Cette culture existe encore aujourd’hui mais à Gaillon, Louviers, Rouen...
Les petites maisons dampsoises, blotties les unes contre les autres, trahissent la vie difficile de nos ancêtres, réunis par la solidarité, dans un cercle restreint, de la naissance à la mort. Toutes les bâtisses de nos vieilles ruelles laissent parler l’ingéniosité des hommes du XVIIIe siècle, essentiellement, mais aussi du XVIIe siècle, pour la plus vieille d’entre elles ; la maison de la " Dame Blanche ", ou Blanche de France, la femme de Saint-Louis, qui posséda des terres ici même et à Léry.
Les hommes d’antan surent utiliser les ressources locales pour se protéger de la rudesse des éléments. Ainsi, le promeneur attentif remarque les toits composés de tuiles " du pays ", qui sont les " tuiles plates " du spécialiste. Ces petites tuiles, toutes serrées et régulières, sont nées de la cuisson de l’argile rouge des sous-sols, déjà exploités aux Damps depuis l’époque gallo-romaine. On les retrouve, d’ailleurs, à Alizay (La Briqueterie), à Martot (Le Quai aux Tuiles) et La Vallée de Tostes.
Les murs de nos maisons sont bâtis de silex et de craie, comme l’église romane de Montaure. Savamment assemblés, ces blocs calcaires sont tout droit issus des grottes dampsoises depuis – au moins – la Gaule romaine. Il n’y a qu’à en juger par le relief – torturé – des coteaux de l’Eure et de la Seine. Imaginez-les, ces grottes ; on les devine déjà quand on marche le long de la rue des Carrières, la bien nommée, où demeure une ancienne charrette sur le bord du chemin. Imaginez-les, elles courent des berges de l’Eure – sous la roche – jusqu’à la forêt, sur le plateau… ce sont de véritables galeries minières qui restent inconnues, sous les routes que l’on emprunte pourtant tous les jours.
Comment a-t-on cimenté ces pierres pour quelles aient tenu bon debout jusqu’à nos jours, où elles témoignent du talent de leurs constructeurs ? La réponse est simple et nous est, encore une fois, soufflée par le nom d’une rue, pour peu qu’on lui prête l’oreille ; la rue des Plâtriers. Les plâtriers, les ancêtres des maçons comme M. Papeil, qui réside ici même, tiraient la craie des proches carrières et la travaillaient dans des fours à chaux, aujourd’hui abandonnés.
Quant aux colombages, qui apparaissent çà et là, ils dessinent un petit bout de Normandie avec d’anciens fûts de la forêt de Bord, massif forestier qui compose une grande partie du territoire communal.
Venez aux Damps, voir comme le paysage exprime la beauté – simple car naturelle – des bords de l’Eure et de l’orée de la forêt de Bord. Ce sont ces éléments qui expriment aujourd’hui encore ce que fut, ici, l’histoire des hommes … Notre village est né de la pêche et du transport sur l’Eure et la Seine, ces deux déesses qui unissaient leurs eaux en face des Damps, jusqu’en 1934. En effet, à cette date, le fleuve acheva d’être transformé en voie commerciale. L’Eure, grâce à laquelle les députés révolutionnaires baptisèrent le département, en 1790, ne se jeta plus aux Damps mais, dix kilomètres plus en aval, à Martot. Alors, le modeste port des Damps disparut, lui qui chargeait sur les navires – puis les péniches – le bois de la forêt de Bord. Ce bois était amené par les rues des Plâtriers et du Val. Quant aux autres petites ruelles perpendiculaires à l’Eure, comme à Criquebeuf, elles sont nées du besoin de relier toutes les maisons des mariniers, des pêcheurs, des éleveurs–cultivateurs à cette eau vitale, qu’ils partageaient avec les femmes, elles qui y rinçaient le linge de la famille... avant l'arrivée de l’eau courante et des idées progressistes !
Allez, car il faut que je vous laisse, j’ai beau aimer les mots ainsi que notre patrimoine, je pense que ma plume ne remplacera jamais votre visite dans notre cœur historique des Damps. Une visite dans notre belle région de Pont-de-l’Arche mérite une pause, un petit pique-nique, pourquoi pas, auprès du patrimoine mi rural mi naturel du village des Damps.
Armand Launay
Pont-de-l'Arche ma ville