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27 mars 2013 3 27 /03 /mars /2013 15:52

Faire un brushing, voir un combat de catch, faire une garden-party, écouter du rock ou encore être une fashion victime… L’anglais contemporain utilise des mots normands. Pourquoi ? La réponse date de 1066 où Guillaume II, duc de Normandie, conquit l’Angleterre avec ses compagnons. Le normand devint alors la langue du pouvoir et du prestige en Angleterre et ce durant des siècles. Mais que sait-on de la présence du normand en Angleterre ? Pourquoi l'anglais lui a-t-il laissé place ? Comment se fait-il que le français et le latin ne l'aient pas complètement effacé ? Quelles sont les témoins bien vivants du normand dans l’anglais contemporain ? Autant de questions auxquelles cette étude entend laisser quelques jalons...

 

1066 : des Normands conquièrent le trône d’Angleterre

Le 5 janvier 1066, le décès du roi sème le trouble en Angleterre. En effet, Edouard le Confesseur (né vers 1004-1066), sans descendant direct, avait promis son trône au duc de Normandie, Guillaume II, dit le Bâtard. Pourquoi ce choix ? Edouard était le fils de la grande-tante de Guillaume, Emma, elle-même fille du duc de Normandie Richard Ier. Ces liens familiaux lui avaient permis de fuir les invasions danoises de 1013 en se réfugiant en Normandie à la cour de son oncle Richard II. Son règne, entamé en 1043, fut marqué par sa méfiance à l’encontre des anglo-saxons et des danois. Il s’entoura donc de Normands ce qui lui valut l’inimitié des anglo-saxons. A la mort d’Edouard, les nobles anglo-saxons voulurent contrecarrer l’arrivée de Guillaume II et installèrent sur le trône Harold Godwinson (1022-1066) qui n’avait aucune parenté avec Edouard. Il fut couronné le 5 janvier 1066. Guillaume II leva au plus vite une vaste armée de Normands, Picards, Bretons et Flamands. Après avoir débarqué en Angleterre, il tua Harold et de nombreux nobles anglo-saxons lors de la célèbre bataille d’Hastings le 14 octobre 1066. Il prit la couronne du royaume d’Angleterre le 25 décembre 1066 à Londres. Ainsi, sur la tête d'un seul homme fut fondé un pouvoir immense : la couronne du royaume d'Angleterre et la couronne du duché de Normandie, vassal du royaume de France. Un pouvoir qui perdura jusqu’en 1204.

 

 

Guillaume 1er

En devenant roi d’Angleterre, le duc de Normandie Guillaume le Conquérant a fait du normand la langue du pouvoir outre-Manche. 

 

Une élite normande s’installe au pouvoir

Pour gratifier ses compagnons de l’avoir soutenu dans la conquête du trône, Guillaume – désormais appelé le Conquérant – leur donna les titres et les fonctions anciennement possédés par la noblesse anglo-saxonne. Il s’entoura d’hommes de confiance et constitua ainsi une aristocratie à majorité normande dans les domaines politique, militaire, religieux et économique. Pour n’en citer que quelques-uns, Thomas fut fait archevêque d’York et Lanfranc de Pavie devint archevêque de Cantorbéry. On retrouve les noms de plusieurs dizaines de grandes familles normandes grâce au Domesday book (1086) qui recensa pour le roi toutes les terres d’Angleterre : les Aubigny (Manche), les Beaumont (de Beaumont-le-Roger), les Bohun (de Saint-Georges-de-Bohun, Cotentin), les Bourg (devenu De Burgh en Angleterre et Burke en Irlande), les Bruis (de Brix, près de Cherbourg, devenu Bruce dont Robert 1er roi d’Ecosse), les Ferrière (Eure, devenu Ferrers), les Giffard (Bolbec), les Grandmesnil (Falaise), les Harcourt (près du Neubourg), les Mandeville (de Manneville, Seine-Maritime), les Montfort (de Montfort-sur-Risle), les Mortemer (devenu Mortimer), les Montbray (Cotentin), les Montgomméry (Calvados), les Tosny (Eure)…

 

Impacts de la conquête

Les Normands sont les derniers conquérants qu’ait connus l’Angleterre. Par la force, ils ont unifié le pays pour la première fois de son histoire et lui ont apporté une stabilité. Ils ont renforcé le pouvoir royal par son administration et par l’installation du système féodal, vaste hiérarchie héréditaire dirigée par le roi et qui comprend des seigneurs et leurs obligés, les vassaux. Les seigneurs ont fait construire des châteaux forts dans toute l’Angleterre afin d’assoir et de protéger leur pouvoir et, plus généralement, celui du roi. Enfin, l’empreinte normande s’est aussi fait sentir dans la culture anglaise… La langue du roi est devenue la langue du pouvoir mais aussi, après le latin, de la loi et de la religion. Par suite, la langue normande est devenue synonyme de prestige et de culture. Mais est-ce à dire que l’anglais avait disparu d’Angleterre ?

 

Tour de Londres

En 1066-1067, Guillaume le Conquérant ordonna la construction de la tour Blanche à l'intérieur des remparts de Londres. Construite en pierre de Caen, cette tour avait pour rôle de protéger la ville des attaques venues du fleuve, la Tamise. Aujourd’hui encore, elle témoigne de la domination normande sur l’Angleterre, couverte de nombreux châteaux normands.

 

L’anglais pour le peuple, le normand au pouvoir

Les Normands et leurs alliés étaient quelques milliers de locuteurs normands parmi près de 1,5 à 2 millions[1]d’anglo-saxons de langue germanique[2]. Le contraste était fort entre ces langues car le normand est un parler roman, proche du français, forgé depuis l’Antiquité tardive à partir du latin populaire du nord de la Gaule. En effet, les Normands, nom donné aux Vikings par les Francs, signifie étymologiquement « les hommes du nord ». Mais ceux-ci ont très vite adopté la langue romane parlée dans la région qui a pris le nom de Normandie. Après 1066, l’Angleterre a continué à parler et écrire en anglais. Seuls les Anglais au contact du pouvoir se sont familiarisés avec le normand, notamment pour améliorer leur position sociale et financière. Au fil des décennies, ils ont fait entrer dans l’anglais des centaines de mots normands et latins venus du continent. Les linguistes ne dénombrent que 900 mots normands ou latin avant 1250[3]. Ceci s’explique en partie par la rareté des écrits qui nous sont parvenus. Cependant, les fils des conquérants normands, que l’on appelle les Anglo-normands ont grandi parmi les anglophones. Les Anglo-normands les plus éloignés du pouvoir royal ont donc été très tôt à l’aise en anglais et ont créé autant de passerelles entre les langues. Le vocabulaire anglais s’est alors enrichi de mots normands et latins principalement dans les domaines où les conquérants ont brillé ou modifié les usages. Citons quelques exemples…

 

Administration : government, council (conseil), state (état), royal, court, assembly, parliament ;

Religion: sermon, prayer (prière), clergy, abbey, miracle, marvel, piety ;

Droit : justice, jury, judge, liberty, proof (preuve), verdict, prison, pardon ;

Arts martiaux : army, enemy, arms, combat, defence ;

Mode : fashion, collar, button, boot, satin, ornament ;

 Arts culinaires : dinner, supper, sole, saumon, sausage, pigeon, biscuit, orange, peach, oil, vinegar, mustard. Des mots normands ont été intégrés en anglais pour nommer des plats alors que le nom des animaux vivants est resté en anglais. C’est le cas pour le bœuf (beef / ox), le veau (veal /calk), le mouton (mutton / sheep), le cochon (pork / pig) ;

Arts : art, music, image, cathedral, column, pillar (pillier).
 

 

Une littérature prolifique

Avec le latin, le normand a été la langue la plus utilisée en littérature en Angleterre durant les XIe et XIIe siècles. Les archives ont conservé des écrits de dizaines d’auteurs alors que la littérature française n’en était qu’à ses balbutiements. Parmi les plus brillants, citons Wace, auteur du Roman de Rou [Rollon], une chronique sur les ducs de Normandie, et du Roman de Brut [Brutus], la plus ancienne chronique en langue romane sur les rois de Bretagne. Benoît de Sainte-Maure est l’auteur du Roman de Troie, principale œuvre romane traitant de la bataille de Troie, et l’Estoire des ducs de Normandie. La littérature anglo-normande a aussi apporté la plus ancienne version de la Chanson de Roland, œuvre majeure de la littérature française. Citons aussi les légendes autour de Merlin l'Enchanteur et du roi Arthur qui ont été compilées par Geoffroy de Monmouth dans Historia regum Britanniae avant qu’elles ne pénètrent la littérature française. Beaucoup d’autres écrits remarquables ont marqué cette époque et cette aire culturelle et notamment des travaux historiques comme l’Histoire de Guillaume le Maréchal (auteur anonyme).

 

Après 1135, le normand cède le pas au français

En 1135, Henri 1erBeauclerc décéda à Lyons-la-Forêt. Ce dernier fils de Guillaume le Conquérant fut le dernier roi de la dynastie anglo-normande. Son successeur, Etienne, était le fils du comte de Blois, Etienne-Henri, et de la fille de Guillaume le Conquérant, Adèle. Etienne de Blois fut le père de Geoffroy V d’Anjou, dit Plantagenêt… autant dire que le normand n’était pas la langue première des Plantagenet. La cour d’Angleterre maintint l’usage de l’anglo-normand mais elle s’habitua à un nouvel accent et à de nouveaux mots. En 1204, le roi de France, Philippe Auguste, conquit la Normandie. Le roi d’Angleterre, Jean sans Terre, ne conserva que les iles Anglo-normandes. La perte d’influence de l’anglo-normand en fut accentuée. De nombreux seigneurs durent choisir entre leurs terres de Normandie, dépendant désormais de la couronne de France, ou leurs terres d’Angleterre. Ceux qui restèrent outre-Manche furent coupés de leurs origines normandes. Ils s’ouvrirent à d’autres horizons culturels principalement importés par la couronne d’Angleterre. Celle-ci appréciait particulièrement le français de Paris qui avait émergé avec la monarchie capétienne. En fait, dès la seconde moitié du XIIe siècle[4], l’anglo-normand était ressenti par les élites en Angleterre comme un français déformé. Des écoles enseignaient le français usité en ile de France à côté d’écoles enseignant l’anglo-normand. C’est pourquoi le français fut adopté en Angleterre pour la justice et le droit. L’élite anglaise fit apprendre cette langue à ses enfants à l’étranger ou à domicile grâce à des tuteurs. La langue anglaise enregistra ses premiers mots français parfois en plus de leurs synonymes normands déjà empruntés. Citons par exemple ward / guard (garde), warden / guardian (gardien), warrant / guarantee (garantie), captain / chieftain (capitaine)… On peut dire que le normand a ouvert la culture anglaise au français, future langue officielle du royaume de France par l’édit de Villers-Cotterêts (1539).

 

Après 1349, l’anglais triomphe

Quel cas extraordinaire qu’un pouvoir royal qui maintenait artificiellement une langue minoritaire méconnue du peuple ! L’attachement aux traditions ne saurait tout expliquer. Les monarques anglais étaient natifs de terres situées sur le continent. L’anglais leur était étranger ou secondaire. Il fallut donc attendre la guerre de Cent ans (1337-1453) et la perte progressive de ces terres pour que l’anglais retrouve sa place au pouvoir. En 1349, John Cornwall et Richard Pencrich, professeurs de l’université d’Oxford, décidèrent d’utiliser l’anglais dans leur enseignement. A partir de 1363, le chancelier débuta la session parlementaire par un discours en anglais et non plus en anglo-normand. Henri IV d’Angleterre (1367-1413) fut le premier monarque depuis 1066 dont la langue maternelle était l’anglais. Les rois d’Angleterre revendiquant le trône de France, la longue lignée des mariages avec des femmes issues de la noblesse continentale maintint encore longtemps un lien avec le français. De Henry II[5] à Henry VI[6], tous les souverains anglais épousèrent des femmes de France… et leurs terres... Edward IV (1461-1483) fut le premier à rompre cette tradition en 1464. Enfin, l’usage du français au gouvernement et dans la rédaction de la législation prit fin dans les années 1480 sous le règne d’Henry VII Tudor (1457-1509). Pourquoi cette fin du français en Angleterre ? Etait-ce dû à un repli identitaire, une vengeance suite aux pertes de territoires ? Il semble que non puisque l’enseignement du français et l’emprunt de nombreux mots à son vocabulaire s’est poursuivi sans discontinuer… jusqu’à nos jours !

 

Henry IV

Henri IV (1367-1413) fut le premier roi d’Angleterre depuis 1066 dont l’anglais était la langue maternelle (portrait anonyme, National portrait gallery).

 

L’anglais, marqué à vie par le normand puis le français…

Avant les Normands, les scandinaves colonisèrent l’Angleterre et modifièrent la grammaire et la prononciation de l’anglais. Cette influence était facilitée par l’origine commune de ces langues. Bien qu’ils parlassent une langue latine – et donc très différente de l’anglais – les Normands ont profondément modifié l’anglais, notamment l’orthographe et la prononciation (comme par exemples les suffixes –tion qui se prononcent /chone/, presque comme le normand /chon/. C’est pourquoi les linguistes distinguent tous l’Ancien anglais, avant 1066, du Moyen anglais qui a coexisté avec l’anglo-normand. Les Normands ont ouvert la langue anglaise aux langues romanes en plus du latin déjà connu par les élites et l’Eglise. Ainsi, près de 10 000 mots d’origine latine sont passés en anglais entre 1150 et 1400 (dont 90 % après 1250)[7]. Si l’anglo-normand n’a survécu que dans les iles Anglo-normandes où il est la langue officielle, les linguistes s’accordent à dire que l’anglais s’est enrichi de plus de 25 % de mots d’origine latine. Certains disent même que l’anglais est une langue hybride[8] ! Il est vrai que cette ouverture sur une autre langue est presque unique au monde. L’ensemble des mots importés est tellement vaste qu’il est même possible de distinguer les mots normands des mots français…

 Armoiries

 

Les armoiries de la couronne britannique portent la devise officielle : « Dieu et mon droit » ainsi que la devise de l’ordre de la Jarretière, le plus élevé des ordres de chevalerie : « Honi soit qui mal y pense » (avec un seul « n »). Ces deux devises témoignent de la place autrefois occupée par le normand puis le français au sein du pouvoir royal anglais.

 

Distinguer le normand du français ?

Le normand et le français sont des dialectes issus du latin parlé en Gaule romaine suite à la domination romaine. C’est pourquoi les linguistes les classent parmi les langues romanes. Leurs similitudes sont importantes. Ainsi, de nombreux mots passés en anglais ne peuvent pas être attribués au normand ou au français. Par exemple, veil (voile), leisure (loisir), prey (proie)… Le son « oi » du français actuel se prononçait « ei » au Moyen Âge et se prononce toujours ainsi en normand… Cependant, depuis la fin de l’Antiquité, plusieurs siècles d’évolution séparée ont fait émerger de nettes différences de prononciation et de vocabulaire entre le normand et le français. Avec le picard et le wallon, le normand fait partie des dialectes du nord de la ligne Joret, ligne identifiée en 1833 par le philologue Charles Joret (1829-1914). En Normandie, elle passe par Granville, Vire, Evreux et Les Andelys. Voici quelques différences de prononciation entre les dialectes du nord et du sud de la ligne Joret :

 - au nord le son /k/ du latin s’est maintenu alors qu’au sud il est devenu /ch/. Exemple : le mot latin calidum devenu « caud » en normand et « chaud » en français ;

 - au nord le /w/ de certains mots germaniques est devenu /v/ alors qu’au sud il est devenu /gu/. Exemple : « viquet » en normand et « guichet » en français ; 

 les sons /s/ et /ch/ sont intervertis. Exemple : « cauchure » en normand et « chaussure » en français.

 

C’est ainsi qu’avec ces différences de prononciation nous pouvons identifier certains mots d’origine normande. Notre outil de travail a été l’édition de 1966 de The Oxford dictionary of English etymology. Ce dictionnaire étymologique est le fruit de plusieurs décennies d’études. Le 4e éditeur de ce dictionnaire a été le grammairien et lexicographe Charles Talbut Onions (1873-1965). Avec beaucoup de précaution, celui-ci a distingué les mots du latin et de l’ancien français et, ce n’est pas tout, de l’ancien français (Old French) et de l’ancien français du nord (Old Northern French). Ce sont ces derniers mots que nous avons commencé à répertorier afin d’illustrer les différences de prononciation entre le normand et le français citées ci-dessus.

Exemples de mots anglais empruntés au normand

Mot anglais

(et sa signification)

Son origine normande

Son équivalent en français

Origine plus lointaine

brush (to) (brosser)

brocher

brosser

de "brosse"

bushel (boisseau)

boichel

boissel

mot gaulois

cabbage (chou)

caboche

chou

latin populaire : caulis

caitif (chétif)

caitif

chétif

latin populaire : cactivus

candle (chandelle)

candelle

chandelle

bas latin : candela

canvas (canevas)

canevas

chanvre

latin : cannabis

capon

capon

chapon

latin : capulare (couper)

captain (capitaine)

capitaine

chevetain

latin : caput (la tête)

car (voiture)

carre

char

latin : carrus

carpenter (charpentier)

carpentier

charpentier

latin : carpentarius

carry (to)

(porter)

carrier

charrier

de "charrrier"

castle (château)

castel (câté, aujourd'hui)

château

latin : castellum

catch (to) (attraper)

cacher

chasser

latin : captare

cater (to) (approvisionner)

acater

acheter

latin : ad captare

caterpillar (chenille)

cateplose

chateplose

latin : catta pilosa (chatte poilue)

cattle (bétail)

catel

cheptel

latin : capitale (propriété)

cauldron (chaudron)

caudron

chaudron

latin : caldaria

causeway (chaussée)

cauchie

chaussée

latin : calcia viata (voie renforcée de chaux)

chair (chaise)

chair

chaise

latin : cathedra

chalice (calice)

chalice

calice

latin : calicem

cherry (cerise)

cherise

cerise

latin : ceresium

crocket (crochet)

croquet

crochet

francique : krok

cushion (coussin)

couchin

coussin

latin : coxinus

decay (to) (déchoir)

décair

déchoir

latin : decadere

fashion (mode)

faichon

façon

latin : factio

fork (fourche)

fourque

fourche

latin : furca

garden (jardin)

gardin

jardin

latin populaire : gardinus

kennel (chenil)

quenile

chenil

latin : canile

lavish (prodigue)

laviche

lavis

latin : lavare

launch (lance)

lanche

lance

latin : lancea

leash (laisse)

laiche

laisse

de "laisser" (latin : laxare)

March (mars)

Marche

Mars

latin : Martius

mushroom (champignon)

moucheron

mousseron

de "mousse" (francique : mosa)

parosh (paroisse)

paroiche

paroisse

latin : parochia

pocket (poche)

pouquette

pochette

francique : pokka

poniard (dague)

poniard

poignard

latin : pugnatis

poor (pauvre)

paur

pauvre

latin : pauper

push (to) (pousser)

poucher

pousser

latin : pulsar

rock (roche)

roque

roche

latin : rocca

search (to) (chercher)

cercher

chercher

latin : circare

sorrel (oseille)

surelle

oseille

francique : sur

surgeon (chirurgien)

sérugien

chirurgien

latin : chirurgia

trick (triche)

trique

triche

de "tricher" (latin : tricari)

truncheon (bâton matraque)

tronchon

tronçon

latin populaire : trunceus

usher (huissier)

huichier

huissier

de "huis" (latin : ostium)

wage (gage)

wage

gage

francique : watha

wardrobe (garderobe)

warderobe

garderobe

de "garde" (francique : warden)

warranty (garantie)

warantie

garantie

francique : warjan

warren (garenne)

varenne

garenne

germanique : wardon

 

En guise de conclusion… 

L’anglais a mémorisé de très nombreux mots d’ancien français. Avec quelques éléments linguistiques identifiés par le philologue Charles Joret, nous avons dressé une liste de 50 mots issus de l’aire dialectale du nord de la France. Si les sources écrites sont rares dans les premiers siècles après la conquête de l’Angleterre par les Normands, il nous semble néanmoins possible de rattacher ces mots à l’influence culturelle normande qui a précédé l’arrivée du français d’ile de France parmi les élites anglaises. Une histoire de la langue normande serait la bienvenue pour identifier les caractéristiques et l’évolution de cette langue romane au cours des siècles. Elle permettrait d’approfondir cet article qui est une introduction à cet aspect de l’histoire qui unit les peuples de part et d’autre de la Manche et au-delà.   

 

 

Sources 

Bartlett Robert, England under the Norman and Angevin kings : 1075-1225, Oxford : Clarendon press, 2000, 772 pages ; 

Hughes Geoffrey, A History of English words, Oxford : Blackwell publishers, 2000, 430 pages ; 

Millward, C. M., A Biography of the English language, Fort Worth : Harcourt Brace college publishers, 1996, 441 pages ; 

Minkowa Donka, Stockwell Robert, English words : history and structure, Cambridge : Cambridge university press, 2009, 219 pages ; 

Onions Charles Talbut, The Oxford dictionary of English etymology, Oxford : Clarendon press, 1966, 1024 pages ; 

Walter Henriette, Honni soit qui mal y pense : l’incroyable histoire d’amour entre le français et l’anglais, Paris : Robert Laffont, 2001, 364 pages. 

  

 

Notes

[1] Estimation établie grâce au Domesday book (1086).

[2] C’est-à-dire de la même famille que le néerlandais, le danois et l’allemand de nos jours.

[3] Minkowa Donka, Stockwell Robert, English words : history and structure, page 43. 

[4] Bartlett Robert, England under the Norman and Angevin kings, page 489.

[5] Marié en 1152 avec Aliénor d’Aquitaine.

[6] Marié en 1445 avec Marguerite d’Anjou.

[7] Minkowa Donka, Stockwell Robert, English words : history and structure, page 43.

[8] Minkowa Donka, Stockwell Robert, English words : history and structure, page 40.

 

Armand Launay

Pont-de-l'Arche ma ville

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Mes activités

Armand Launay. Né à Pont-de-l'Arche en 1980, j'ai étudié l'histoire et la sociologie à l'université du Havre (Licence) avant d'obtenir un DUT information-communication qui m'a permis de devenir agent des bibliothèques. J'ai acquis, depuis, un Master des Métiers de l'éducation et de la formation, mention Lettres modernes. Depuis 2002, je mets en valeur le patrimoine et l'histoire de Pont-de-l'Arche à travers :

- des visites commentées de la ville depuis 2004 ;

- des publications, dont fait partie ce blog :

Bibliographie

- 20 numéros de La Fouine magazine (2003-2007) et des articles dans la presse régionale normande : "Conviviale et médiévale, Pont-de-l'Arche vous accueille", Patrimoine normand n° 75 ; "Pont-de-l'Arche, berceau de l'infanterie française ?", Patrimoine normand n° 76 ; "Bonport : l'ancienne abbaye dévoile son histoire", Patrimoine normand n° 79 ; "Chaussures Marco : deux siècles de savoir-plaire normand !", Pays de Normandie n° 75.

- L'Histoire des Damps et des prémices de Pont-de-l'Arche (éditions Charles-Corlet, 2007, 240 pages) ;

- Pont-de-l'Arche (éditions Alan-Sutton, collection "Mémoire en images", 2008, 117 pages) ;

- De 2008 à 2014, j'ai été conseiller municipal délégué à la communication et rédacteur en chef de "Pont-de-l'Arche magazine" ;

- Pont-de-l'Arche, cité de la chaussure : étude sur un patrimoine industriel normand depuis le XVIIIe siècle (mairie de Pont-de-l'Arche, 2009, 52 pages) ;

- Pont-de-l'Arche, un joyau médiéval au cœur de la Normandie : guide touristique et patrimonial (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 40 pages) ;

- Pont-de-l'Arche 1911 I 2011 : l'évolution urbaine en 62 photographies (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 32 pages) ;

- Mieux connaitre Pont-de-l'Arche à travers 150 noms de rues et de lieux ! (Autoédité, 2019, 64 pages) ; 

- Déconfiner le regard sur Pont-de-l'Arche et ses alentours (Autoédité avec Frédéric Ménissier, 2021, 64 pages) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (publié en ligne, 2022) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (version mise en page du précédent ouvrage, édité par la mairie de Terres-de-Bord, 2023).

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