« Au Grand Saint-Éloi » était le nom d’une enseigne bien connue à Pont-de-l’Arche avant sa fermeture en 2012. Son histoire recèle quelques surprises bien moins connues.
Les façades de cet ancien restaurant de qualité ont été bâties en brique dans la seconde moitié du XIXe siècle. L'intérieur présente encore une structure à pans de bois d'au moins deux petites maisons accolées. L’une des particularités de cet édifice, sa surélévation par rapport à la place Aristide-Briand, a été notée dans le langage populaire où l’on nommait le Grand Saint-Éloi « les marches » ou bien encore « les deux marches ». Une marche désignait alors un escalier dans son entier.
La première destination commerciale que nous connaissons à ces lieux est le café d’Achille Niaux. Celui-ci proposait aussi des chambres aux gens de passage. En tant qu’hôtelier il n’y a aucun doute sur le fait qu’il cuisinait déjà un peu. Nous notons que l’établissement était alors appelé « Au Grand Saint-Éloi » alors que par la suite il fut plutôt appelé « Le Grand Saint-Éloi ».
Ce n’est qu’entre 1910 et 1920, avec un changement de propriétaire, que le Grand Saint-Éloi connut des changements qui lui ont donné l’aspect que nous lui connaissions il y a peu (façade ravalée et peinte).
La petite boutique « L’omnium électrique de Rouen », qui se trouvait dans la partie gauche du bâtiment quand nous sommes face à lui, fut rattachée au Grand Saint-Éloi. Cet établissement, repris par M. Fouray, se tourna alors principalement vers la bonne cuisine tout en poursuivant ses services de bar et d’hôtellerie comme l’indiquait son nom : « Hostellerie du Grand Saint-Eloi ».
La façade fut alors ravalée avec un enduit sur lequel furent peints des pans de bois en trompe-l’œil. L’écriture de l’enseigne, gothique, achève de démontrer que le nouveau propriétaire voulait mettre en avant le prestige de son établissement en jouant sur la tradition normande et en se revendiquant de l’authenticité.
Pendant la Seconde Guerre mondiale l’on sait que le tenancier, M. Fouache, faisait partie du réseau local de Résistance sous le commandement de M. Tardy. Ils cachèrent et aidèrent à s’évader des pilotes alliés, des évadés, des réfractaires au Service du travail obligatoire.
Ce n’est donc pas tout à fait étonnant si le général de Gaulle gravit les marches de ce restaurant le 8 octobre 1944 lors de son passage éclair à Pont-de-l’Arche. Pas étonnant non plus que le PCF établit un temps son quartier général au Grand Saint-Éloi vu son implication dans la Résistance.
L'intérieur d'une des salles du premier étage montre des pans de bois qui rattachent la bâtiment du Au grand Saint-Eloi aux faubourgs du Pont-de-l'Arche médiéval (cliché Armand Launay, mars 2014).
Photographies des années 1930 où l'on aperçoit la pompe à essence proposée par les propriétaires dont les noms figurent sur l'enseigne.
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