Spéciale dédicace à Guy Murvil
Arromanches est une ville normande où les Alliés construisirent un port artificiel en juin 1944 suite au Débarquement de Normandie.
Les Archépontains ont donné ce nom au pont enjambant l’Eure car il est fait avec un ponton issu du démantèlement du port d’Arromanches.
Puisque le pont de la ville avait été bombardé, les Canadiens qui ont pénétré dans le Pont-de-l’Arche libéré de ses ennemis et contrôlé par la Résistance ont dû construire très rapidement, vers aout, un pont pour passer l’Eure et la Seine. La partie franchissant la Seine fut supportée par des barges flottantes.
Cependant le système de barges rendait difficile la navigation fluviale. Les barges du milieu du fleuve furent remplacées en octobre 1944 par un bac motorisé. Ce pont au-dessus de la Seine fut remplacé en 1946 par un ouvrage métallique construit sous la direction des ingénieurs des Ponts & chaussées Jacques Lizée, Albert Long-Depaquit et Roger Tardy. Ils réemployèrent 503 pieux du pont de bois construit à Pont-de-l’Arche durant la guerre, les passerelles centrales furent récupérées sur l’ancien pont de barges canadien[1]et les passerelles latérales furent réalisées avec des voies flottantes du port d’Arromanches, appelée Whales (baleines) à cause de leur forme en fuseau.
Ces pontons métalliques furent conçus par M. Beckett. Ils étaient longs de 24 m et pesaient 28 tonnes. Ils reposaient sur des flotteurs en béton de 19 tonnes. Près de 180 pontons Whales, aussi connus sous le nom de ponts d’Arromanches, furent réemployées après la guerre pour remplacer des ponts détruits. Citons par exemple Saint-Denis-de-Méré (Calvados), Manicamp (Aisne), Horbourg-Wihr (Haut-Rhin), Vacherauville (Meuse), Cattenom (Moselle), Foussemagne (Territoire de Belfort), Vierville-sur-Mer (Calvados)...
Pour revenir à Pont-de-l’Arche, la partie du pont surplombant la Seine fut démontée après 1955 quand l’actuel pont de la ville fut ouvert à la circulation. Le 5 janvier 1955, le Conseil municipal demanda à l’Etat le maintien du « pont provisoire » sur l'Eure pour l’accès aux jardins ouvriers, à la décharge et pour le confort des pêcheurs. Il s’engagea à l’entretenir par la suite, mais la suite ne vint pas...
Derrière deux chars abandonnés durant la débâcle allemande, le pont d'Arromanches vraisemblablement vers aout 1944 (photo famille Jouvin).
Source
Brisson, Charles, Hostalier, A., « Le sixième pont de Pont-de-l’Arche – II.– Quatre ponts en cent ans », 11 mars 1952, 1 p., archives d’Elbeuf : Fonds Brisson, dossier 188 C 329.
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