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29 août 2020 6 29 /08 /août /2020 13:06

 

Consultez, sur la Plateforme ouverte du patrimoine (POP) du ministère de la culture, une série de photographies sur les badauds du marché de Pont-de-l’Arche. 

En effet, une série de photographies de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine (de Saint-Cyr) y a été versée. 

Cette série a été réalisée par Jean Pottier, né en 1932, dans le cadre de la construction de Val-de-Reuil, qu’on appelait alors la ville nouvelle du Vaudreuil. Elle est humblement nommée “les habitants des communes alentours”.

Cette série est un peu éparpillée parmi les résultats de la base POP et quelques photographies semblent issues d’un autre marché local. Quoi qu’il en soit, on y voit les badauds du dimanche 13 juillet 1970 au matin. Certaines têtes vous seront connues…  

Poursuivez la recherche dans la base POP où au moins 300 documents concernent Pont-de-l’Arche. Une belle série de clichés du même auteur est censée concerner les ouvriers en chaussures de chez Marco. Mais ils semblent plutôt issus de l’usine Labelle de Saint-Pierre-du-Vauvray… 

Nous reproduisons ci-dessous quelques photographies de la série portant sur le marché de Pont-de-l’Arche. Merci Jean Pottier ! 

 

Accédez à la base POP :  https://www.pop.culture.gouv.fr/

 

A lire aussi, sur le blog, l'article sur l'ancienne halle et le marché de Pont-de-l'Arche

 

 

Armand Launay

Pont-de-l'Arche ma ville

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Le marché de Pont-de-l'Arche en photographies en 1970 par Jean Pottier
Le marché de Pont-de-l'Arche en photographies en 1970 par Jean Pottier
Le marché de Pont-de-l'Arche en photographies en 1970 par Jean Pottier
Le marché de Pont-de-l'Arche en photographies en 1970 par Jean Pottier
Le marché de Pont-de-l'Arche en photographies en 1970 par Jean Pottier
Le marché de Pont-de-l'Arche en photographies en 1970 par Jean Pottier
Le marché de Pont-de-l'Arche en photographies en 1970 par Jean Pottier
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9 avril 2020 4 09 /04 /avril /2020 15:40
Sur la tombe familiale se trouve une plaque commémorative rappelant le décès en déportation de Jean Hazard. Elle se situe au cimetière de Pont-de-l'Arche, près de la croix hosannière, c'est-à-dire au centre (cliché Armand Launay, novembre 2017).

Sur la tombe familiale se trouve une plaque commémorative rappelant le décès en déportation de Jean Hazard. Elle se situe au cimetière de Pont-de-l'Arche, près de la croix hosannière, c'est-à-dire au centre (cliché Armand Launay, novembre 2017).

 

Endolories sûrement, certaines âmes cheminant dans le gravier du cimetière de Pont-de-l’Arche ont remarqué une tombe, sombre et sobre, au centre. Sur le monument funéraire de la famille Hazard-Bohu, elle dispute à l’oubli le nom de “Jean Hazard ‒ Né le 16 juin 1912”. Ce qu’elle a de notable, pour ceux qui n’ont pas connu cet homme, est la suite de l’inscription : Déporté à Flossenburg ‒ Mort pour la France ‒ Le 18 novembre 1944”. La barbarie nazie aura fait disparaitre son corps, mais pas son souvenir.

Une recherche sur Internet permet de retrouver sur Légifrance l’information suivante : Hazard (Jean, Albert, Ernest), né le 16 juin 1912 à Quatremare (Eure), décédé le 18 novembre 1944 à Flossenburg (Allemagne). C’est un extrait du Journal officiel n° 142 du 21 juin 1994 (page 8918) qui comporte l’arrêté du 6 mai 1994 portant apposition de la mention “Mort en déportation” sur les actes de décès de nombreux déportés. 

Sur l’acte de naissance de Jean Hazard, accessible sur le site des Archives départementales de l’Eure, figure André Hazard, son oncle, fruitier, demeurant à Pont-de-l’Arche et Henri Guérin, instituteur public, domicilié à Vernon, ami du père de Jean. On y apprend que Albert Maurice Raymond Hazard, père de Jean, s’est marié à Pont-de-l’Arche le 12 octobre 1907 avec Émilienne Louise Bohu. Albert Maurice Raymond Hazard est décrit comme instituteur public, né à Pont-de-l’Arche le 8 décembre 1884, “demeurant de fait à Quatremare et de droit à Pont-de-l’Arche”. On connait aussi un certain Louis Guérin, instituteur public socialiste à Pont-de-l’Arche et sûrement en lien avec les deux instituteurs cités ci-dessus. 

Sur le site de la Fondation pour la mémoire de la déportation se trouve la liste des 1700 déportés partis de Compiègne le 27 avril 1944 et arrivés trois jours plus tard à Auschwitz. On y apprend que leur funèbre convoi a été dénommé “convoi des tatoués”. Il comprit des personnes non juives et la raison de son existence continue d’interroger les spécialistes. Les prisons étaient-elles saturées et nécessitaient-elles donc de faire de la place ? Ces déportés étaient-ils des travailleurs ? L’énigme demeure. Nous apprenons que les Hazard ont ensuite été déportés à Buchenwald. Jean a ensuite été transféré à Flossenbürg, camp bavarois frontalier de la Tchéquie connu pour son activité métallurgique et ses carrières. Jean Hazard n’a pas survécu à sa déportation, comme 52 % des déportés du convoi des tatoués. Son père est revenu en Normandie. Il est décédé à Caudebec-lès-Elbeuf le 14 février 1953 comme l’indique la mention marginale de son acte de naissance. Mais c'est à Pont-de-l'Arche qu'il a été inhumé.

Grâce aux recherches de notre ami Nicolas Sovereto, notamment sur Filae, nous apprenons que Raymond Hazard fut fait chevalier de la Légion d'honneur par décret du 9 novembre 1930 ceci au regard de ses services militaires durant la Première guerre mondiale. Il fut blessé à la fesse droite par un éclat d'obus le 11 octobre 1915.

Le site MyHeritage nous apprend que Jean Hazard était instituteur, athée et militant républicain radical de gauche. Ceci n'est pas étonnant car de très nombreux enseignants, appelés hussards de la République, défendaient ce genre d'opinions. C'est sûrement à ce titre qu'il rejoignit un réseau de résistance et se retrouva, comme nous en informe le site cité, à la prison de Rouen.

Les archives en ligne du site Arolsen, dévolues aux victimes des camps nazis, produisent des copies de différents documents établis par les autorités nationales-socialistes sur Jean et Raymond Hazard ; documents que nous reproduisons ci-dessous avec l'aimable concours de Nicolas Sovereto.

Enfin le site Mémoire des hommes nous apprend que Jean Hazard était membre d'un réseau de résistance appelé "Action M". Il correspond, selon la fiche Wikipédia, à la région du Mans et une partie de la Normandie. Dirigé par Valentin Abeille, il participa aux préparatifs du Débarquement de Normandie et paya un lourd tribut à l'ennemi.

 

 

 

Malgré cette apparence de détails, nous ignorons énormément de faits. Nous sommes preneurs de toute information les concernant, notamment photographique.

 

Différents documents établis par les autorités nazies sur Jean et Raymond Hazard en tant que prisonniers politiques puis déportés vers les camps de concentration (The Arolsen archive online).
Différents documents établis par les autorités nazies sur Jean et Raymond Hazard en tant que prisonniers politiques puis déportés vers les camps de concentration (The Arolsen archive online).
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Différents documents établis par les autorités nazies sur Jean et Raymond Hazard en tant que prisonniers politiques puis déportés vers les camps de concentration (The Arolsen archive online).
Différents documents établis par les autorités nazies sur Jean et Raymond Hazard en tant que prisonniers politiques puis déportés vers les camps de concentration (The Arolsen archive online).

Différents documents établis par les autorités nazies sur Jean et Raymond Hazard en tant que prisonniers politiques puis déportés vers les camps de concentration (The Arolsen archive online).

Autres vues sur le monument funéraire de la famille Hazard-Bohu (clichés Frédéric Ménissier, mai 2020).
Autres vues sur le monument funéraire de la famille Hazard-Bohu (clichés Frédéric Ménissier, mai 2020).

Autres vues sur le monument funéraire de la famille Hazard-Bohu (clichés Frédéric Ménissier, mai 2020).

Armand Launay

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8 avril 2020 3 08 /04 /avril /2020 19:15

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8 avril 2020 3 08 /04 /avril /2020 17:07
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29 février 2020 6 29 /02 /février /2020 12:13
L'ancienne salle du conseil municipal (cliché Armand Launay).

L'ancienne salle du conseil municipal (cliché Armand Launay).

 

Commentaire après le premier et unique tour (publié le 27 mars 2020)

 

Sans avancer de résultats fantaisistes ‒ tirés du chapeau ‒ nous avions émis dans notre commentaire du 29 février dernier (ci-dessous), la forte probabilité qu’un seul tour suffise à élire les conseillers municipaux de Pont-de-l’Arche. C’est ce qui s’est produit le dimanche 15 mars où la liste de Questions d’avenir, dirigée par le maire sortant Richard Jacquet, a été élue avec 52,9 % des suffrages exprimés. Ce sont 42 voix qui ont permis à Questions d’avenir de dépasser la majorité absolue (c’est-à-dire plus de 50 %).

La deuxième liste est ‒ sans surprise ‒ celle de Démocratie archépontaine de Patrick Bellamy qui arrive cependant bien après celle du maire sortant avec 20,9 % des voix. Puis, la liste Pont-de-l’Arche ensemble d’Hervé Lour cumule 17,4 % des voix et, enfin, le Rassemblement national autour de William Bertrand obtient 8,7 % des suffrages exprimés. 

 

Résultat du vote réparti par bureaux et en pourcentages.

 

Bureau 1

Bureau 2

Bureau 3

Totaux (nombre)

Totaux %

R. Jacquet

51,5

52,6

54,7

766

52,90 %

H. Lour

21,6

17,3

13,2

252

17,40 %

W. Bertrand

7,3

10,8

8

127

8,77 %

P. Bellamy

19,6

19,3

24,1

303

20,93 %

 

100

100

100

1448

 

 

Une analyse par bureau confirme que le bureau 1, celui du centre-ville, est le plus conservateur de la ville qui a donné à Hervé Lour son meilleur pourcentage. Mais nous sommes loin du temps où ce bureau plaçait en tête des candidats de droite. Il n’est plus spécialement ni bourgeois ni conservateur comme lorsque Pont-de-l’Arche était un centre-bourg commerçant, avec son marché dominical et, qui plus est, siège d’un chef-lieu de canton. C’était encore le cas du temps de Roland Levillain (dans les années 1970). 

Le RN national obtient un résultat relativement plus fort dans le bureau 2, celui du Pont-de-l’Arche du sud-Est (collège, rue Charles-Cacheleux...). Le bureau 3, traditionnellement plus à gauche, offre de meilleurs résultats aux listes plutôt de gauche. Quoi qu’il en soit, il n’y a que 10 % de différence entre le résultat de droite du bureau 1 et du bureau 3, ce qui signifie que le choix des citoyens, lors du scrutin municipal, est avant tout fondé sur les forces citoyennes en présence et non sur une orientation idéologique forte, l’ensemble des listes se revendiquant de valeurs républicaines. Le RN traduit cependant un désaveu quant aux listes et partis traditionnels et un manque de confiance dans les candidats dits de l'"establishment", c'est-à-dire issus d'élites, de groupes établis qui se maintiendraient au pouvoir et confisqueraient le pouvoir démocratique.    

 

Des pourcentages qui masquent une abstention record

Les pourcentages ne sont que des proportions. Ils masquent une abstention forte. Si elle était prévisible, l’abstention a cependant atteint un niveau record dans l’histoire de la commune. En effet, sur 3 024 inscrits sur les listes électorales, 1 529 personnes (50,56 %) ne se sont pas déplacées en 2020. Cela fait donc 550 voix de moins qu’en 2014, le nombre d’inscrits ayant ‒ il est vrai ‒ baissé de 46. Ce sont donc près de 500 électeurs qui ont manqué, soit un électeur sur six.

Les résultats n’engagent donc que 49,44 % des inscrits, ce qui s’explique notamment par la panique et l’appel gouvernemental au confinement afin de limiter la propagation du coronavirus, pandémie venue de Chine. L’abstention est cependant moins forte à Pont-de-l’Arche qu'au niveau national (55,25 %). Cette abstention exprime-t-elle un désaveu local pour l’offre de service politique proposée par les candidats ? C’est possible étant donné le travail des élus “lanceurs d’alertes” depuis 2018 qui s’est soldé par l’éviction de leur propre fer de lance, Angélique Chassy. Nombre d’électeurs auront retenu du travail de Démocratie archépontaine l’idée que Questions d’avenir n’est pas si efficace et honnête qu’elle l’annonce mais que Démocratie archépontaine n’a pas été en mesure d’être plus ouverte et prompte au dialogue que le maire en place. 

Quant aux votes blancs et nuls, la loi les exclut des suffrages exprimés. Les bulletins blancs et nuls étaient 108 en 2014 et 47 en 2020. À croire que la peur du virus a dissuadé des électeurs de se déplacer pour glisser un bulletin non comptabilisé parmi les exprimés.

 

Au-delà des pourcentages : qui a gagné de l’audience ? 

Quant aux suffrages exprimés, ils étaient 1 998 en 2014 (soit 65 % des inscrits) et 1 448 en 2020 (soit 47,9 %). Il y a donc une baisse de 27,5 % entre ces deux élections. Une liste a-t-elle été plus touchée ? 

Oui, il s’agit de cette d’Hervé Lour qui est passé de 561 voix (28,1 %) en 2014 à 252 suffrages en 2020 (17,4 %) soit une baisse de 55,1 %.

Celle de Richard Jacquet est passée de 1 437 électeurs en 2014 (71,9 %) à 766 en 2020 (52,9 %) soit une perte de 46,7 %. 

Ces deux listes ont perdu la moitié , ou presque, de leur électorat, donc de leur représentativité et, quelque part, de leur légitimité. 

 

Quant à la répartition des voix en 2020, on mesure aisément que ces pourcentages sont presque remplacés par ceux des deux nouvelles listes : les 19 % de perte du maire sortant se retrouvent dans les 20,9 % de Démocratie archépontaine. La perte de 10,7 % d’Hervé Lour semble s’expliquer par le résultat du RN et ses 8,8 %. Ce serait caricatural de penser qu’il y a eu un parfait report de voix de chacune de ces listes vers les nouvelles équipes, mais une logique existe puisque le RN incarne une droite contestataire et populaire, ce qui est le profil d’Hervé Lour, et Démocratie archépontaine est un peu plus marquée à gauche que Questions d’avenir. C’est ce dont témoignent les déclarations des listes faites en préfecture où Questions d’avenir n’apparait désormais qu’en tant que “divers” et non plus “divers gauche”, voire “socialiste”. Cela traduit le rapprochement de Richard Jacquet et ses proches avec La République en marche. La déclaration en préfecture classe, cependant, Démocratie archépontaine comme “divers gauche”, bien que certains de ses membres n’aient rien à voir avec les tendances de gauche et bien que l’on ne sache pas pour quelles étiquettes les membres de Démocratie archépontaine eussent appelé leurs coéquipiers grands électeurs (maire et adjoints) à voter aux sénatoriales. 

 

La répartition des sièges

Les calculs offrent la moitié des sièges à la liste majoritaire soit 14 élus pour Questions d’avenir. Les sièges restant, 13 donc, sont répartis proportionnellement entre les quatre listes. Ainsi Questions d’avenir glane 6 sièges en sus, Démocratie archépontaine 3 sièges, 2 sièges pour Pont-de-l’Arche ensemble et, enfin, 1 siège pour le Rassemblement national. 

Questions d’avenir a, conformément à la finalité de la loi, une large majorité de 21 sièges sur 27, soit plus des ¾ des conseillers. Elle perd cependant 3 sièges par rapport à la précédente mandature.

 

Quelle conduite à prévoir au Conseil municipal ? 

Une opposition de trois élus de Démocratie archépontaine, soutenus par une dynamique associative, doit traverser une longue nouvelle période de vaches maigres et exploiter d’éventuelles erreurs du maire et son équipe. Ils devront battre le pavé et faire le tour des boites aux lettres pour espérer maintenir et grossir une dynamique critique et citoyenne face au maire et son équipe. C’est ce qui explique sûrement le renoncement de 7 colistiers (!), annoncé dans La Dépêche de Louviers le 26 mars, qui ont démissionné à la simple annonce de devoir siéger au conseil municipal. 

Ce constat est pire encore du côté de Pont-de-l’Arche ensemble qui, hormis Hervé Lour, n’a pas réussi durant le précédent mandat à trouver des personnes suffisamment motivées et pertinentes pour tenir longtemps leur rôle d’élu d’opposition au Conseil municipal. Cela s’est traduit par un certain rapprochement d’Hervé Lour avec l’équipe majoritaire de Questions d’avenir... tant il est difficile de s’opposer intellectuellement et émotionnellement seul face aux idées d’un groupe majoritaire, qu’on ait tort ou raison. 

La nouveauté est l’entrée officielle du RN au conseil municipal. Officielle car durant la précédente mandature avait siégé un temps Doris Perreaux, élue de Pont-de-l’Arche ensemble, et qui était adhérente à titre personnel au RN. Le RN aura donc une voix locale si elle est utilisée. Mais il sera difficile de faire passer un programme national pour une participation pertinente aux questions communales. L’élu RN devra surtout démontrer qu’il est une force de proposition communale pour être crédible à la table des débats. C’est peut-être seulement à ce titre qu’il sera rétrospectivement le gagnant de ce scrutin.

Les élus d’opposition auront la difficulté de se trouver face à un maire expérimenté, qui a construit tout un organigramme autour de lui et rodé sa manière de travailler. Il a conservé un tremplin municipal pour réussir, peut-être enfin, aux élections départementales, régionales voire législatives. Ce sont des horizons qu’il vise depuis près de 20 ans et qui le placent dans le piège des grands projets qui le coupent peu à peu des préoccupations des habitants. 

Richard Jacquet rejoint quoi qu’il en soit Roland Levillain au rang de maire réélus deux fois et réalisant trois mandats. C’est un des deux gagnants, presque par défaut d’opposition et de vitalité citoyenne, de ces élections.

 

Quel positionnement politique et idéologique à venir dans la commune ? 

Le maire s’est bâti un espace politique centriste, se faisant passer pour non partisan, neutre, au-delà des idéologies comme si cela était possible. Il a contribué à la dilution du message de gauche à l’échelle communale. Déjà entre 2008 et 2014 le courant communiste s’est éteint après le départ d’Arnaud Levitre qui contribua à l’élection de Richard Jacquet en 2008, devenant adjoint à la culture avant de démissionner et de devenir, plus tard encore, maire d’Alizay. Qui plus est, depuis 2014, c’est la fin du courant socialiste, qui n’a jamais été ni vindicatif ni formateur de l’opinion publique locale, qui se produit avec la fin du seul et simple affichage de gauche aux élections puis le siphonnage de ses cadres et nombre de ses militants par La République en marche d’Emmanuel Macron, ceci entre la fin de l’année 2016 et le début de 2017. 

Or, à Pont-de-l’Arche, aucune mouvance politique d’extrême-gauche, ni même de gauche gouvernementale n’a perduré. Une mouvance n’est pas qu’une idéologie, un parti national désincarné autant que lointain, mais une sociabilité militante, appelant à la réflexion et à la mobilisation. 

Le vote contestataire est donc réapparu dans la ville du côté du Rassemblement national. La mauvaise gestion budgétaire du maire et sa volonté manifeste de cacher la réalité des finances communales, doublée de la stratégie modérée de Démocratie archépontaine, marchant sur les plates-bandes de Questions d’avenir, ont dégagé localement un petit espace au Rassemblement national. 

 

Enfin le maire, Richard Jacquet, se sort bien de ce mandat calamiteux. Après avoir perdu une grande minorité de ses élus par la scission de 2018 ; à cause d'un lourd déséquilibre, la gestion du budget communal a été déléguée à la demande du maire, pendant quelques mois, par le service financier de la CASE (une première dans l’histoire de la ville, le maire ayant même souhaité donner un chèque-cadeau de 100 € pour chaque agent de la CASE ayant travaillé au budget archépontain, avant une invalidation de ce chèque par la préfecture) ; après la promesse de bâtir un centre culturel surdimensionné et engendrant une hausse, à venir, des impôts locaux ; après tout cela... le maire se faire réélire avec l’apparence d’un assentiment populaire alors que le peuple décroche.

Commentaire du 29 février 2020 avant la tenue du scrutin.

 

Les élections municipales auront lieu les 15 et 22 mars... Tout du moins s’il y a besoin d’un second tour. En effet si, dès le premier tour, une liste obtenait la majorité des suffrages, elle bénéficierait de la moitié des sièges à pourvoir. Dans une commune de la strate de Pont-de-l’Arche, 27 personnes sont à élire. La liste gagnante aurait d’office 14 sièges. Le reste des sièges serait distribué proportionnellement au nombre des suffrages exprimés, du moins pour les listes réalisant plus de 5 % des suffrages exprimés. Ceci est clairement favorable à la liste vainqueuse afin de lui dégager une majorité nette facilitant son exercice du pouvoir. La liste majoritaire se choisira des représentants à l'intercommunalité.

S’il n’y avait pas de liste obtenant plus de 50 % des suffrages au premier tour, un second tour serait organisé. Y participeraient les listes ayant obtenu plus de 10 % des suffrages exprimés au premier tour. Ceci laisserait la possibilité d’un appel au report des voix d’une liste vers une autre. Les listes encore en lice pourraient fusionner si elles le souhaitaient et s’y entendaient. 

 

Pour se rafraichir la mémoire concernant les élections municipales de 2014, cliquez ici.

 

 

La situation politique locale de 2014 à 2020 (pour approfondir ce sujet, cliquez ici)

Il s’agit du second mandat de Richard Jacquet (PS), élu avec 71,92 %, dès le premier tour, en 2014. Il rassembla sur son nom plutôt les suffrages de gauche, étant donné qu’il fut le rassembleur de plusieurs partis et différentes opinions de gauche en 2008. Ceci n’empêcha pas que des personnalités plus conservatrices ou libérales s’allient au maire sortant. Face à Richard Jacquet et sa liste, baptisée Questions d’avenir, dans la lignée de l’équipe élue en 2008, s’est trouvée la liste d’Hervé Lour dénommée Pont-de-l’Arche ensemble. Cette dernière n’obtint en vertu ‒ ou vice ‒ des calculs électoraux, que trois sièges. 

Durant ce mandat, des réalisations ont eu lieu telles que l’agrandissement de la mairie, la rénovation de la rue Général-de-Gaulle ; des réalisations assez cantonnées sur la construction d’édifices et infrastructures neufs, faisant appel à la commande publique. Mais ce mandat laisse une impression mitigée par rapport au mandat précédant. En effet, les services publics municipaux ont plutôt été maintenus que développés, exception faite de la municipalisation de la maison de retraite “Les Pins” dont la gestion par une association avait été jugée défaillante. Ce bilan modéré s’est produit dans une période de fermeture des services publics de l’État qui s’est soldée, dans la ville, par la disparition du Trésor public. De plus, un recrutement à un poste de direction a été effectué en 2015. D’après l’élu d’opposition Hervé Lour, il aurait été réalisé sur la base de réseaux de connaissances au sein du Parti socialiste local et non sur les seules compétences et la seule notion d’intérêt général.

Bien des électeurs ont eu l’impression de perte de vitalité associative au sein de Questions d’avenir et d’institutionnalisation de ses principaux élus. Questions d’avenir a commencé à se scinder en 2017 entre partisans et sympathisants de la République en marche (LREM) ou fidèles aux partis antérieurs, c’est-à-dire de gauche gouvernementale. Des élus de la liste Questions d’avenir n’ont jamais trouvé leur place dans l’analyse de dossiers ou en tant que relais des opinions archépontaines au sein du Conseil municipal. Pis, lors des élections législatives, l’adjointe à l’urbanisme et le Directeur général des services ont fait campagne pour le candidat LREM, Bruno Questel, face au maire Richard Jacquet. Bien loin d’être en rupture, il semble que ce fait ait trahi le positionnement devenu plus ouvert ‒ pour ne pas dire opportuniste ‒ du maire en matière partisane. 

L'institutionnalisation des principaux élus s’est manifestée aussi dans des actions : le passage en force sur la création d’une bande cyclable dans le cadre de la réhabilitation de la rue Roger-Bonnet, par la CASE, et sans prendre en compte l’avis des riverains ; des choix d’économies assez révélatrices comme la réduction des décorations de Noël, la fermeture de la piscine de l’Accueil de loisirs un été, la limitation du Banquet des anciens en reportant l’âge des convives de 60 à 67 ans et l’âge des récipiendaires du colis des anciens de 60 à 80 ans, le projet de fusionner avec Montaure et Tostes sans autre finalité que de prétendues économies ; la fermeture de l’accueil du public en mairie le matin...

Enfin, un autre point de rupture s’est dessiné autour de ce qui peut apparaitre comme un reniement. Nous traitons de la construction projetée de la crèche intercommunale sur un terrain municipal proche de l’entrée de l’ancienne abbaye de Bonport. C’est pourtant en partie sur l’opposition au projet de lotir ce terrain que Richard Jacquet et ses colistiers ont été élus en 2008 face à Dominique Jachimiak, maire qui avait prévu ‒ un temps ‒ d’y faire construire un supermarché. De plus, après avoir promis la valorisation du centre ville comme lieu de sociabilité, la logique consumériste domine désormais chez les élus majoritaires autour de la construction d’édifices neufs, accessibles aux voitures, et de la consommation d’espaces non bâtis. On peut adjoindre ici l’acceptation par les élus du projet ‒ privé ‒ de déplacer le centre médical des Tilleuls en haut de la rue Charles-Michels, près de la maison forestière.  

L’élément le plus sombre de ce mandat se situe au niveau des finances et de la transparence du maire envers ses concitoyens et ses propres élus. En 2018, un contrôle de la Chambre régionale des comptes a révélé quelques irrégularités (des subventions non versées comme celle allant au CDIS, c’est-à-dire à la caserne des sapeurs-pompiers). Celles-ci ont permis à certains élus de la majorité d’apprendre que le budget communal était déficitaire, en cessation de paiement, avec des factures non déclarées et en retard de plusieurs années. Il faut adjoindre à cela quelques dépenses semble-t-il indues. Ceci a été révélé par des agents et des élus entre le départ de l’ancien directeur général des services et le nouveau. Le maire a reproché aux élus lanceurs d’alertes d’avoir révélé ces informations à la population. Il leur a demandé de signer une charte de bonne conduite stipulant qu’ils devaient se taire après débats internes. Neuf élus ont été exclus du groupe Questions d’avenir ou l’ont quitté. C’est ainsi que 6 élus ont fondé une association d’opposition : Démocratie archépontaine. 

Jusqu’en 2018, la politique locale se lisait, sans les conversations et sous la plume des journalistes locaux, principalement Thomas Guilbert pour La Dépêche de Louviers, à travers l’action du maire Richard Jacquet. Depuis lors, c’est plutôt à travers les questions des membres de Démocratie archépontaine que le débat politique local s’est tenu.  

 

Affichage suivant les élections de mars 2014 (cliché Armand Launay).

Affichage suivant les élections de mars 2014 (cliché Armand Launay).

 

Les listes en lice...

 

Démocratie archépontaine…

Cette liste est née de ces deux oppositions décrites ci-dessus : celle des six élus Lanceurs d’alertes à partir de 2018 et celle d’une partie de la population qui ne se retrouve pas ‒ ou plus ‒ dans l’action du maire sortant Richard Jacquet. 

Cette liste est née d’une dynamique associative, avec une consultation citoyenne large réalisée en 2019 et ayant obtenu la réponse de 300 Archépontains. Elle représente plutôt un gage de renouvellement du personnel politique et de ses relations, ses accointances. Cependant elle comporte en elle une partie de l’équipe municipale élue entre 2001 et 2008 autour de Patrick Bellamy, qui fut adjoint au maire Dominique Jachimiak. Renouveau, expérience et/ou ancien temps. 

Cette liste se revendique du bon sens, notamment en limitant les dépenses de la commune, principalement le couteux ‒ et peut-être illusoire ‒ projet de centre culturel prévu sur la place Aristide-Briand. Elle se revendique aussi de la transparence en matière de décision et de finances. 

Mais cette liste s’est sabordée en janvier 2020. Quelques membres du bureau de Démocratie archépontaine ont reproché à leur tête de liste Angélique Chassy, première adjointe aux finances jusqu’en 2018, d’être à la fois non-malléable mais aussi fragile. À 8 semaines du premier scrutin, ce choix peut laisser perplexe : si la tête de liste ne satisfaisait pas tous les membres du bureau, pourquoi ne pas l’avoir écartée et, surtout, rétrogradée dans la liste auparavant et ce avec concertation ? Si elle était fragile, pourquoi était-elle le fer de lance de cette association ? Si elle n’était pas malléable, pourquoi s’était-elle entourée de personnes issus d’horizons divers : actuels élus, citoyens désireux de se présenter pour la première fois, anciens élus d’avant 2008 ? Deux chefs d’accusation antinomiques qui ‒ qu’on nous pardonne cette analogie ‒ comme pour Socrate, accusé d’être athée et de créer de nouveau dieux, semblent être des prétextes plus que des raisons. L’exclusion d’Angélique Chassy n’a, à ce propos, fait l’objet d’aucun vote, d’aucun débat argumentatif au sein de l’association Démocratie archépontaine et de ses colistiers. Il semble que des ambitions individuelles se soient déclarées ‒ certes tardivement ‒ bien qu’Angélique Chassy ait diplomatiquement annoncé à la population qu’elle se retirait pour une raison professionnelle. Des membres de cette association ont aussi perdu confiance envers Angélique Chassy qui aurait menacé, en décembre, de se démettre de la tête de la liste. Le manque de confiance réciproque s'est donc installé entre les colistiers. Démocratie archépontaine a d’ores-et-déjà montré une limite entre ses prétentions démocratiques et sa capacité d’écoute et de décider selon des critères de raison et non de rapports arbitraires et individualistes. Cela rappelle un étrange procédé qui eut lieu aux élections de 2001 où, entre les deux tours, la tête de liste Claude Blot fut remplacée par Dominique Jachimiak, mieux placé dans les résultats alors par tête et non par liste, et ce malgré l'avis du premier intéressé et malgré la surprise de l'électorat.   

Quid de ce sabordage donc ? Les membres du bureau de Démocratie archépontaine se surestiment-ils quand ils croient pouvoir être élus sans Angélique Chassy qui a regroupé autour d’elle de nombreux membres de Démocratie archépontaine et des sympathisants appréciant à la fois son investissement depuis 2008 et son relationnel sincère et dynamique ? Angélique Chassy est une figure qui incarnait une opposition au maire par son expérience et son absence de calcul partisan. Depuis lors, le débat public semble être de nouveau issu des initiatives du maire sortant, bien relayé par La Dépêche de Louviers.  

Si elle possède une vitalité citoyenne, Démocratie archépontaine ne se distingue pas, en apparence et sur les documents à l’attention du public, par une philosophie politique différente de celle de Questions d’avenir. Elle risque d’en payer les frais d’autant plus que de nombreux habitants préfèrent la certitude d’avoir un maire connaisseur, même s’il a failli sur des points cruciaux et qu’il s’est institutionnalisé, que des moins-connus, voire méconnus, qui tiennent un discours proche du maire, mais avec des promesses de meilleure moralité et de sobriété budgétaire. 

 

 

Bandeau de la page Facebook de la liste Démocratie archépontaine au 29 février 2020.

Bandeau de la page Facebook de la liste Démocratie archépontaine au 29 février 2020.

 

“Pont-de-l’Arche ensemble” avec le maire sortant ? 

Cette liste existait déjà en 2014 autour d’Hervé Lour, un ancien sapeur-pompier de la Ville ayant évolué depuis en grade en dehors de Pont-de-l’Arche. Pont-de-l’Arche ensemble a obtenu trois élus suite aux élections de 2014. Démissions officielles et démobilisation officieuse caractérisent ses élus sauf Hervé Lour qui est demeuré fidèle à son siège. De sensibilité de droite, ce groupe n’a pas eu de vie associative réelle durant le mandat. La vigilance et la force de proposition des élus de Pont-de-l’Arche ensemble ont été rares et faibles durant les conseils municipaux de la mandature. Plus étonnant, les votes d’Hervé Lour, ces derniers mois, ont été en accord avec ceux de Questions d’avenir. Ce comportement est d’autant plus déroutant qu’Hervé Lour a préféré rejeter les élus qui ont fait scission de Questions d’avenir à cause de la gestion défaillante et de la communication insincère du maire sortant. Il lui était pourtant possible de brandir-là la preuve du manque de rigueur et d’efficacité du maire sortant sur ces points. Au lieu d’exploiter la faille, il a préféré la minimiser et viser plutôt le challenger que le leader, à croire qu’il n’espère qu’une deuxième place. 

Il n’y a pas eu de formation de nouveaux citoyens à la politique locale durant le mandat mais l’inclusion de personnes durant les mois précédant les élections afin de dresser la liste des candidats. 

Ayant réalisé 28 % des voix en 2014 avec pour colistier un ancien maire de la ville, Dominique Jachimiak, peut-on envisager un meilleur résultat en 2020 étant donné les déçus du maire sortant ? C’est peu probable car il risque d’y avoir une dispersion des voix entre les trois listes d’opposition ainsi qu’une hausse de l’abstention. 

 

Bandeau de la page Facebook de la liste Pont-de-l'Arche ensemble au 29 février 2020.

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Le “Rassemblement national” peut-il être un Rassemblement local ? 

William Bertrand est un entrepreneur à la retraite, habitant Pont-de-l’Arche depuis plus de 25 ans. Son étiquette partisane ne doit pas tromper : le Rassemblement national fait sa promotion durant des scrutins locaux en vue des scrutins nationaux où ce parti glane bien plus de suffrages. Il est difficile pour ce parti, brocardé de tous côtés et ayant souvent des élus avérés malhonnêtes, de recruter pour ses listes des citoyens crédibles dans un rôle représentatif. Ne voulant pas être incisif, nous nous contentons de mesurer que la majeure partie des candidats locaux du RN prêtent leurs noms et apportent leur caution à un ensemble de revendications nationales bien plus qu’ils ne veulent ‒ et peuvent, souvent ‒ s’investir pour l’intérêt général. Le Rassemblement national pourra-t-il réunir 27 Archépontains, surtout des personnes crédibles dans cette mission ? C’est une première interrogation. Si tel était le cas, combien de suffrages pourrait-il rassembler sur son étiquette ? Un scrutin national permet au RN d’espérer de nombreuses voix à Pont-de-l’Arche, comme dans tant de communes. Marine Le Pen fit 29,33 % des suffrages exprimés au premier tour en 2017, la plaçant en tête de tous les candidats. Mais le scrutin local se décide surtout sur les noms des candidats, leur crédibilité, leur investissement dans la vie locale. Cela ne s’improvise pas et le fait que la tête de liste soit habituée aux scrutins locaux ne lui donne pas meilleure publicité qu’un investissement ‒ plein et entier ‒ dans le tissu associatif ou la vie culturelle et politique locale. 

 

William Bertrand, en haut et à l'extrême-droite du cliché, et des représentants locaux et régionaux du Rassemblement national, dans sa propriété (capture d'écran en date du 29 février 2020 de la page Facebook du RN en Normandie).

William Bertrand, en haut et à l'extrême-droite du cliché, et des représentants locaux et régionaux du Rassemblement national, dans sa propriété (capture d'écran en date du 29 février 2020 de la page Facebook du RN en Normandie).

 

La campagne de Questions d’avenir

La campagne de Questions d’avenir repose sur une expérience datant de 25 ans. Richard Jacquet fut élu avec Paulette Lecureux (PS) entre 1995 et 2001, puis opposant associatif entre 2001 et 2008, et maire depuis. Dans le privé ‒ si l’on ose dire ainsi ‒ il est “chargé de mission” à la mairie PS de Grand-Quevilly. La communication de Questions d’avenir est donc rodée et réfléchie. Les supports de communication de cette liste et de la mairie sont travaillés par le même graphiste professionnel et se situent ‒ à défaut d’être identiques ‒ dans une esthétique semblable. Ils confèrent donc un caractère officiel et professionnel à la liste de Questions d’avenir. La communication de Questions d’avenir est d’autant plus efficace que les équipes concurrentes se sont cantonnées à des documents amateurs, bricolés, ne mettant pas en lumière le contenu, voire le desservant. 

Le discours de Questions d’avenir repose sur l’argument ex-cathedra, c’’est-à-dire celui du maire qui parle depuis son siège. C’est lui qui a choisi ses colistiers et non un groupe de citoyens actifs réunis en association. La vie associative de Questions d’avenir a été quasi-inexistante durant le mandat. La vitalité de l’équipe majoritaire, nous l’avons montré, a surtout résidé dans les heurts nés de la division du groupe entre partisans de LREM et de la gauche gouvernementale et entre ceux qui admettaient de se taire sur le déficit budgétaire de la commune et la volonté du maire de la cacher aux administrés. Le maire a commencé à réanimer le groupe de Questions d’avenir durant l’été 2019 autour d’élus minoritaires ‒ étant donné les défections, les abandons et les exclusions ‒ qui ont continué à le suivre. Puis, il s’est adjoint des personnes motivées et impliquées dans la vie publique, notamment un transfuge de Démocratie archépontaine ayant repris l’idée de Conseil consultatif de citoyens, sous un autre nom. Ce sont donc des personnes nouvelles mais ayant déjà admis de siéger autour d’un chef et d’un débat encadré. 

Le programme est bien travaillé et relayé, au moins dans la forme, par les personnes pressenties pour être adjointes : nature, sérieux budgétaire, intercommunalité, emploi, bienêtre des habitants, écoute des citoyens. Ce sont les promesses attendues de citoyens bienveillants et positifs ; des promesses attendues chez toutes les listes si bien qu’il est difficile de les départager à l’aune des promesses. Le programme de Questions d’avenir comporte toujours le projet de centre culturel. Pourtant c’est un dossier qui parait irréaliste tant les finances de la Ville sont faibles ‒ quoique tout juste équilibrées en 2020 ‒ le maire répétant à l’envi que l’État se désengage des dotations aux collectivités territoriales. Ce dernier propos étant juste, on imagine mal comment la Ville trouverait un budget de fonctionnement permettant d’ouvrir et animer un centre culturel (budget évalué à 200 000 € supplémentaires par an). Une intercommunalisation de services et la vente de bâtiments communaux ne parait pas équilibrer financièrement ce projet. Une hausse des impôts locaux, plus forte que celle votée en 2015 par l’équipe de Questions d’avenir, parait donc nécessaire à ce projet, même si elle n’est pas mise en évidence dans les programmes. Quand bien même, puisque la baisse des dotations d’État grève de plus en plus le budget archépontain, entre autres, aucune équipe d'élus ne pourra se permettre de maintenir les taux d’impositions.

Bandeau de la page Facebook de la liste Questions d'avenir au 29 février 2020.

Bandeau de la page Facebook de la liste Questions d'avenir au 29 février 2020.

Y aura-t-il un second tour ? 

C’est probable, mais pas certain. Qu’il y ait une érosion de la liste de Questions d’avenir et de son meneur Richard Jacquet est une évidence. Malgré la prime au maire sortant et les voix des familles et proches des nouveaux candidats, il y aura une perte de voix par rapport à 2014 et ses 71,92 %. Mais la liste de Démocratie archépontaine s’est sabordée 8 semaines avant le scrutin et a perdu une partie de sa crédibilité et des soutiens d’Angélique Chassy. La liste d’Hervé Lour a-t-elle apporté une vitalité ou un débat éclairant sur la vie politique municipale ces dernières années ? Le RN saura-t-il monter une liste crédible et, quand bien même, un scrutin municipal n’est pas le lieu ou le moment de l’expression de ce type de votes protestant contre des actions politiques nationales et internationales (souverainisme, immigration, antiparlementarisme...). 

Chance est donnée au maire sortant et sa liste d’être en tête devant deux listes récupérant les voix des déçus. Il ne serait pas étonnant que 50 %, et plus, des suffrages exprimés se portent sur Questions d’avenir, dans quel cas le second tour n’aurait pas lieu. Démocratie archépontaine et Pont-de-l’Arche ensemble auraient donc leurs groupes d’élus. 

L’abstention augmentera traduisant, d’une part, le désaveu national du peuple dans des élites déconnectées de ce qui fait l’intérêt général et, d’autre part, le fait que des électeurs attendaient la candidature d’Angélique Chassy ou ne voient pas de liste convaincante. 

 

Enfin, notre tableau est peu réjouissant et peut démotiver au vote. Ce n’en est pas l’objectif mais il nous a semblé intolérable de cacher la réalité. L’écueil politique local se trouve, à notre sens, dans le fait que c’est essentiellement tous les 6 ans que les habitants sont sollicités et, pour certains, s’intéressent à la vie municipale et locale. lls n’en connaissent que le relief et laissent le champ libre aux élus. Il conviendrait que chacun s’investisse régulièrement, ne serait-ce qu’en se tenant au courant et en sollicitant ses élus, afin que la démocratie représentative ne soit pas que la représentation d’une partie des citoyens et d’un clientélisme de ceux-ci auprès des autres. 

 

 

 

 

 

Ajout du 12 mars 2020 :

 

Liste des candidats de Démocratie archépontaine :

Patrick Bellamy, Myriam Rasse, Laurent Montlaurd, Marion Steer, Christophe Otero, Anita Hervieux, Guy Cottrez, Mélanie Hamon, Sébastien Da Costa, Sandrine Dolla, Olivier Molho, Karine Demarest, François Hagen, Charlotte Ricouard, Michel Lacombe, Sandrine Vandensteen, Éric Barillé, Sophie Rabl, Stéphane Bréham, Géraldine Sublet, Fabrice Fuzeau, Marlène Schneider, Romain Boitelle, Estelle Duriez, Geoffroy Bosquillon de Jenlis, Nicole Cliville, Gérard Demarest.

 

Liste des candidats de Pont-de-l’Arche ensemble :

Sébastien Berrenger, François Biquillon, Rodolphe Cariou, Mélanie Carré, Midried Charpentier, Marie-José Gonord, Hervé Dehame, Marc-Antoine Deloire, Sigrid Demon, Angélique Duhamel, Véronique Fort, Béatrice Galliot, Roland Garreau, Adrien Henry, Chantal Infray, René Infray, Jérémy Jacob, Déborah Lair, Marc Lévy, François Loison, Valérie Louchel, Hervé Lour, Maria Mendes de Brito, Reynald Mentré, Julie Morisse, Françoise Picard, Jean-François Roussel.

Liste des candidats du Rassemblement national

William Bertrand, Sylviane Defresne, Sylvain Forfait, Claudine Lefevre, Patrick Leroy, Jeanne Leroy, Yannick Leroy, Mylène Lémery, Philippe Devillers, Laëtitia Flambard, Pascal Renard, Muriel Brunet, Jérôme Libercé, Danièle Launay, Sylvain Flambart, Katia Boucher, Pierre Calle, Evelyne Damesne, Jacky Desmonts, Reine Guérin, Jean-Pierre Lendormy, Jocelyne Deshais, Pierre Dffacis, Hélène Girard, Louis Boulnois, Adrienne Lesueur, Patrice Jacquot.

 

Liste des candidats de Questions d’avenir : 

Mourad Afif-Hassani, Danielle Bertre, Karine Botté, Daniel Breiner, Arnaud Damien, Maryvonne Davot, Anne-sophie de Besses, Nadine Deschamps, Manuella Ferreira, Pascal Ferreira, Ludovic Guiot, Carole Hervagault, Monique Infray, Richard Jacquet, Marie-Claude Lauret, Anthony Le Pennec, Corentin Lecomte, Hélène Lepresle, Majo Maire, Pascal Marie, Philippe Mauger, Albert Naniyoula, Aurélie Philippe, Mikaël Polard, Jessica Pousset, Léon Taisne, Cédric Viguerard.

 

 

Armand Launay

Pont-de-l'Arche ma ville

http://pontdelarche.over-blog.com

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15 décembre 2019 7 15 /12 /décembre /2019 13:06

Pour lire l'ouvrage, cliquez sur l'illustration ci-dessous. 

 

 

Armand Launay

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10 novembre 2019 7 10 /11 /novembre /2019 10:13

 

Élégie publiée en 1822 dans le Recueil de la société libre d’émulation de Rouen.

 

Aux mânes de ma mère

 

Sous ce triste gazon, pâle et défigurée, 

Tu dors, sensible mère, objet de mon amour. 

Pénétrez, pleurs brûlants, dans sa tombe sacrée ;

Réchauffez-y le sein qui me donna le jour. 

 

Tombez, perles du Ciel, pure et douce rosée, 

Darde, brillant soleil, tes rayons créateurs ; 

Et que ma tendre mère, à mes pieds déposée, 

S'élance encor vers moi sous l'image des fleurs. 

 

La froide mort, hélas ! a-t-elle éteint la flamme

Que ton cœur, ô ma mère, alimentait pour moi ? 

Non, quand même aux humains Dieu n'eût pas donné l'âme, 

De ce don immortel il eût payé ta foi. 

 

Tu fournis dans les maux ton utile carrière, 

En faisant des heureux, étrangère au bonheur. 

Ah ! puisses-tu goûter, dans cette humble poussière, 

Un calme à qui le monde avait fermé ton cœur !

Portrait de Marie Germaine Le Breton, mère d'Hyacinthe Langlois, dessiné par son fils. Elle naquit vers 1755 et se maria vers 1775 à André Gérard Langlois.

Portrait de Marie Germaine Le Breton, mère d'Hyacinthe Langlois, dessiné par son fils. Elle naquit vers 1755 et se maria vers 1775 à André Gérard Langlois.

L'élégie est extraite de Album de dessins de E.-H. Langlois du Pont de l'Arche…, d’Alfred Dieusy, page 20. De cet ouvrage est aussi extrait le portrait de la mère d’Hyacinthe Langlois. 

L'élégie est aussi publié à la page 36 de la notice biographique rédigée par Charles Victor Richard sur Hyacinthe Langlois précédant l’étude d’Hyacinthe Langlois sur les Stalles de la cathédrale de Rouen, 1838.

 

 

Armand Launay

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20 septembre 2019 5 20 /09 /septembre /2019 12:13

 

Nous proposons ici un début de description d’un bâtiment disparu : le manoir du roi. Nous avons forgé ce nom à partir de son appellation de manoir, au XIXe siècle, et du fait qu’il était la propriété directe du roi. 

 

Détail de la vue de E. Cagniard, inspiré d'Hyacinthe Langlois qui représenta, avant 1816, cette portion des remparts de Pont-de-l'Arche. Le manoir du roi est le vaste bâtiment situé derrière le rempart. (photographie de Jean Mesqui d'après l'original conservé aux archives de l'Eure).

Détail de la vue de E. Cagniard, inspiré d'Hyacinthe Langlois qui représenta, avant 1816, cette portion des remparts de Pont-de-l'Arche. Le manoir du roi est le vaste bâtiment situé derrière le rempart. (photographie de Jean Mesqui d'après l'original conservé aux archives de l'Eure).

 

Les documents les plus explicites de l’existence de ce bâtiment sont des gravures. La première est signée E. Cagniard, artiste de Rouen. Il doit s’agir de Jean-Baptiste Espérance Cagniard, né en 1825 et décédé en 1891. Cette vue peut se consulter aux archives départementales de l’Eure sous la cote 1 Fi 838. Elle servit d’illustration à l’ouvrage de Léon de Duranville : Essai historique et archéologique sur la ville du Pont-de-l’Arche. Documents supplémentaires (1870). Elle fut réalisée d’après un croquis d’Hyacinthe Langlois, artiste né à Pont-de-l’Arche. Elle doit dater d’avant 1816, date où les remparts jouxtant l’église furent arasés comme nous l’apprend une délibération du Conseil municipal du 2 mai 1816.

On y voit encore les remparts dans ce qui semble être leur hauteur d’origine. Ils sont percés d’une série d’archères à moins qu’il s’agisse de passages pour les solives des hourds. La tour de Crosne est nettement visible. 

Immédiatement derrière les remparts se trouve un immense bâtiment : c’est le manoir du roi. Ses dimensions sont impressionnantes et c’est par cette vue que l’on prend le plus aisément conscience de son existence. La forte inclination du toit nous fait songer à une architecture médiévale. 

 

 

Vue de E. Cagniard dans son intégralité (photographie de Jean Mesqui d'après l'original conservé aux archives de l'Eure).

Vue de E. Cagniard dans son intégralité (photographie de Jean Mesqui d'après l'original conservé aux archives de l'Eure).

Une autre vue, celle de Garneray en 1790, illustre ce que fut ce bâtiment. On le retrouve proche de la tour de Crosne mais un peu plus distant. Ses dimensions sont plus réalistes, semble-t-il, mais le dessinateur fut aussi frappé par sa hauteur émergeant des remparts. Il ne semble pas qu’il fut parallèle aux remparts longeant la Seine. Il doit au contraire avoir formé une diagonale barrant l’angle-droit où se trouve la tour de Crosne. En somme, il devait avoir une orientation nord-est‒sud-ouest.    

En 1790, Aubin-Louis Millin présenta à l’Assemblée constituante une œuvre recensant le patrimoine national. Dans le chapitre 43 de ses désormais célèbres Antiquités nationales l’auteur accorde quelques belles pages à Pont-de-l’Arche. Il aborde notamment « … le château de Pont-de-l’Arche, actuellement démoli, et que j’ai fait dessiner au moment de la destruction… ». Il s’agit d’une vue sur le châtelet de Limaie, alors en démantèlement. On y voit, en arrière plan, la tour de Crosne et le manoir du roi. Reproduite ci-dessus, elle fut dessinée par Garneray et sculptée par Desmaisons.

En 1790, Aubin-Louis Millin présenta à l’Assemblée constituante une œuvre recensant le patrimoine national. Dans le chapitre 43 de ses désormais célèbres Antiquités nationales l’auteur accorde quelques belles pages à Pont-de-l’Arche. Il aborde notamment « … le château de Pont-de-l’Arche, actuellement démoli, et que j’ai fait dessiner au moment de la destruction… ». Il s’agit d’une vue sur le châtelet de Limaie, alors en démantèlement. On y voit, en arrière plan, la tour de Crosne et le manoir du roi. Reproduite ci-dessus, elle fut dessinée par Garneray et sculptée par Desmaisons.

 

 

Les vues précédentes correspondent à un élément du patrimoine bâti existant aujourd’hui : la cave de la tour de Crosne. Nous l’avons visitée en 2010 grâce à son propriétaire : William Bertrand. Si le rempart forme presque un angle-droit au niveau de la tour Crosne, cette cave serait orientée à 45° de la tour. Son entrée actuelle ne semble pas d’origine. Elle est faite en brique et moellons de silex et commence à s’engager dans la terre le long du rempart, depuis l’est de la tour. Après un premier escalier, un virage se fait sur la gauche, vers le centre de la ville et la voute diffère. Il s’agit alors d’une voute médiévale, avec des arcs en tiers-point chanfreinés, qui devait, selon toute vraisemblance, permettre d’entrer depuis la tour de Crosne. Un second escalier permet de prendre de la profondeur et d’aboutir à une nef principale d’une dizaine de mètres de long sur deux de large, avec des alcôves de part et d’autre. Ces alcôves ont été partiellement murées. Cette cave aurait bien pu être la cave du manoir du roi. Elle en aurait formé la ligne coupant symétriquement le bâtiment et le reliant à la tour de Crosne.

 

 

Différentes vues de la cave de la tour de Crosne (clichés Armand Launay, mai 2010). Il se peut qu'elle ait servi de cave au manoir du roi et, même, de passage entre celui-ci et la tour.
Différentes vues de la cave de la tour de Crosne (clichés Armand Launay, mai 2010). Il se peut qu'elle ait servi de cave au manoir du roi et, même, de passage entre celui-ci et la tour.
Différentes vues de la cave de la tour de Crosne (clichés Armand Launay, mai 2010). Il se peut qu'elle ait servi de cave au manoir du roi et, même, de passage entre celui-ci et la tour.
Différentes vues de la cave de la tour de Crosne (clichés Armand Launay, mai 2010). Il se peut qu'elle ait servi de cave au manoir du roi et, même, de passage entre celui-ci et la tour.
Différentes vues de la cave de la tour de Crosne (clichés Armand Launay, mai 2010). Il se peut qu'elle ait servi de cave au manoir du roi et, même, de passage entre celui-ci et la tour.
Différentes vues de la cave de la tour de Crosne (clichés Armand Launay, mai 2010). Il se peut qu'elle ait servi de cave au manoir du roi et, même, de passage entre celui-ci et la tour.

Différentes vues de la cave de la tour de Crosne (clichés Armand Launay, mai 2010). Il se peut qu'elle ait servi de cave au manoir du roi et, même, de passage entre celui-ci et la tour.

 

Une autre référence se trouve aux pages 74 et 75 de l’étude de Paul Goujon intitulée “L’Hôtel-Dieu et les pénitents du Pont-de-l’Arche”. Elle fut publié dans la revue La Normandie dans le n° 3 de mars (pages 66-76) et n° 4 d’avril (pages 105-115) de l’année 1897. Paul Goujon y écrivit que Les pénitents étant trop à l’étroit dans l’hôtel-Dieu [au-dessus de la Salle d’Armes], ils voulurent fonder un couvent. Avec l’aide de Richard Cyrot [curé de la paroisse] qui leur donna 1 500 livres, ils acquirent « un vieux manoir avec cour et jardin, dépendant du domaine du roi, habité autrefois par Charles le Sergent, vicomte et receveur du domaine du Pont-de-l’Arche, décédé en 1647, et situé entre la rue et les remparts, près de la porte appelée anciennement Saint-Jean [la porte de Crosne], qui avait été murée. Le terrain, avec plusieurs bâtiments en ruine, avait une longueur de quarante toises, de la propriété Durant, eslu au Pont-de-l’Arche, le plus proche voisin, jusques aux remparts de la ville et à la tour du côté de Bonport [qu’on n’appelait donc pas encore tour de Crosne], et une largeur de trente et une toises de la muraille bordant la rue aux remparts de la Seine ; il occupait en partie l’emplacement de la propriété actuelle de M. L’abbé de Lanterie.” 

La description correspond aux vues précédentes : il s’agit de l’encoignure de la tour de Crosne, entre la porte de Crosne et les remparts. Nous apprenons que le lieu était déjà devenu inutile aux vicomtes, remplacés depuis par des lieutenants du bailli. Qui plus est, la propriété de l’abbé de Lanterie nous est connue. Il l’acquit de son père, Marie-Auguste de Subtil de Lanterie (1789-1875). Celui-ci s’établit à Pont-de-l’Arche avant 1825 et fit rehausser la tour de Crosne avant 1854 comme le montre l’observation des gravures anciennes.    

Il semble que ce manoir royal fût le siège des vicomtes qui étaient, au départ, ses fonctionnaires. Ils habitaient donc non loin de la vicomté qui est devenue le bailliage. Ce manoir constituait donc une propriété à part dans la ville. Résidence du pouvoir, il était bâti sur un terrain vaste. La démolition du manoir a donc laissé un espace étonnamment vide pour le centre-ville intramuros aux maisons le plus souvent blotties les unes contre les autres. 

 

Armand Launay

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8 septembre 2019 7 08 /09 /septembre /2019 15:38

 

Quand on les nomme, on les appelle “les poternes”, faute de savoir précisément à quoi on a affaire. Il s’agit des deux alcôves situées en contrebas du pont Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, là où les escaliers penchent drôlement. Une poterne désigne une porte piétonne perçant l’enceinte de fortifications médiévales. Mais, cette appellation elle-même est problématique : pourquoi mettre deux portes côte-à-côte ? Quelle fut leur utilité, si proches de l’ancienne porte de Pons, une des quatre grandes entrées de la ville, qui se trouvait à l’entrée de la rue Jean-Prieur (rue du marché) ? De plus, pourquoi faire entrer des passants dans l’espace non bâti d’une propriété privée située à contremont ? 
 

 

 

Les mystérieuses alcôves en mars 2010 (cliché Armand Launay) le long du pont du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, du côté des Damps.

Les mystérieuses alcôves en mars 2010 (cliché Armand Launay) le long du pont du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, du côté des Damps.

 

Observons le rempart, oh oui !

Le rempart qui nous intéresse ici se trouve entre la rue Jean-Prieur (rue du marché) et le quai de Verdun (les berges de l’Eure, où s’installe la fête foraine de la Sainte-Anne). Il est longé par le pont et deux volées d’escaliers ne possédant aucun nom officiel. Cette partie des remparts de la ville a été inscrite sur l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 15 juin 1939.

Les escaliers déformés par un tassement de terrain (juillet 2018, cliché Armand Launay).

Les escaliers déformés par un tassement de terrain (juillet 2018, cliché Armand Launay).

 

Dans sa partie haute, seul demeure le tracé des anciens remparts. Ce tracé est aujourd’hui occupé par un mur d’enceinte en brique et moellon calcaire et, aussi, par une petite maison qui servait, naguère, de cabinet de feu le docteur Attal. Ce mur se poursuit jusqu’au dessus du rempart du quai de Verdun. Il repose sur une élévation de terre retenue par les anciens remparts. De ces anciennes fortifications, il reste l’épaisseur d’un mur longeant les escaliers sans nom dont nous traitons. Les escaliers cachent, en partie, les vestiges des remparts. 

Dans sa partie la plus basse, au nord, ce mur comporte toujours quelques belles pierres de taille qui semblent dater des XVIIe et XVIIIe siècles et qui servaient de parement aux murs d’enceinte. Remaniées depuis, elles se situent de part et d’autre des alcôves qui nous intéressent. Les autres pierres sont des moellons calcaires qui servaient au remplissage des murs. L’état général de ce mur est sain. Il semble donc avoir fait l’objet de restaurations assez récentes, peut-être au XIXe siècle et après 1952 pour les jointures (comme le démontre une vue de 1952 reproduite plus bas). 

Vue sur les alcôves en juin 2010 (cliché Armand Launay).

Vue sur les alcôves en juin 2010 (cliché Armand Launay).

 

En contrebas, sur le quai de Verdun, on peut voir et mesurer l’épaisseur de ce mur. On comprend que ces quelques parties du rempart ont été préservées car elles avaient toujours une utilité : celle de retenir la masse de terre de la propriété sise plus haut, intramuros. 

L'épaisseur du rempart à l'angle des escaliers des alcôves et du quai de Verdun (2008 et 2010, clichés Armand Launay).
L'épaisseur du rempart à l'angle des escaliers des alcôves et du quai de Verdun (2008 et 2010, clichés Armand Launay).

L'épaisseur du rempart à l'angle des escaliers des alcôves et du quai de Verdun (2008 et 2010, clichés Armand Launay).

 

L’épaisseur du rempart ?

Elle va bien merci. Dans sa partie haute, le mur du rempart laisse apparaitre quelques pierres alignées les unes au-dessus des autres. Elles sont légèrement décalées vers l’Est (vers Les Damps, à gauche de notre photographie) par rapport au mur sur lesquelles elles reposent. Il semble qu’on ait affaire au départ d’un mur de parement de l’ancienne tour d’angle qui se trouvait ici et qui fut représentée par le cartographe Nicolas Magin, vers 1702, dans un plan des fortifications de la ville conservé à la Bibliothèque nationale de France et accessible sur Gallica. 

Plan de la ville et de ses fortifications vers 1702 par le cartographe Nicolas Magin. On y voit, au nord-Est, une vaste tour d'angle.

Plan de la ville et de ses fortifications vers 1702 par le cartographe Nicolas Magin. On y voit, au nord-Est, une vaste tour d'angle.

 

Les pierres des voutes, hum ?

La comparaison avec une photographie de 1952 (plus bas) montre que des grilles ont été apposées depuis et, sûrement, de petits murets au niveau du sol ; ceci pour éviter les intrusions et sécuriser ainsi les passants, voire les importuns. On peut imaginer que ces légers aménagements ont fait suite à l’inauguration du pont (1955) et des escaliers contigus.

Cette vue de 1952 montre aussi une alvéole, sur la partie gauche, ressemblant à un petit espace de stockage.

Les clés des deux voutes, en pierres de taille de moyen appareil, composent deux arcs surbaissés. Ces pierres ressemblent à celles du rempart que nous datons volontiers des XVIIe et XVIIIe siècles.  

Sur cette photographie de septembre 1952, issue des studios Henry (Louviers), les ouvriers travaillant à la culée de la rive gauche du nouveau pont s'étonnent devant ces vestiges de maçonneries. Au second plan se voit une des deux alcôves qui forment ici notre sujet. A gauche, on voit aussi une alvéole.

Sur cette photographie de septembre 1952, issue des studios Henry (Louviers), les ouvriers travaillant à la culée de la rive gauche du nouveau pont s'étonnent devant ces vestiges de maçonneries. Au second plan se voit une des deux alcôves qui forment ici notre sujet. A gauche, on voit aussi une alvéole.

Et les pierres du fond des alcôves ? 

Le fond des alcôves est composé de moellons calcaires réemployés et cimentés grossièrement, sans lit et sans appareillage. Dans l’alcôve du sud (du côté du marché), une pierre taillée montre le dessin d’une nervure. Elle dût être utilisée pour une nervure de croisées d’ogives, sûrement celle de la tour d’angle ayant disparu. Nous écrivons cela car la tour de Crosne possède encore les départs des croisées d’ogives de son rez-de-place (le niveau de la place forte).

Dans l’alcôve du nord, il existe d’autres voussures, plus profondes et plus basses. Elles témoignent d’une profondeur de vaisseau légèrement plus grande.

 

Quant aux vestiges de fondations en bois ?

Notre ami Frédéric Ménissier a observé que les vestiges de fondations en bois sur le cliché ci-dessus sont sûrement à relier à l'ancienne tour d'angle. En effet, celle-ci fut érigée dans la partie la plus basse des fortifications, au bord de la Seine qui était alors plus haute et moins profonde avant les travaux des années 1930. Or le bois est un bon matériau pour constituer des assises fiables en milieu humide. Les ouvriers des années 1950 ont dû exhumer ces pièces anciennes (que nous ne datons pas) lors du creusement de la roche en vue de la construction des fondations de la culée de la rive gauche. Nécessairement, selon cette hypothèse ménissière, ces pièces de bois n'étaient pas sous le rempart qui nous intéressent. Elles devaient assoir la tour d'angle, légèrement sortie du rempart.

 

Vue sur les pierres du fond de l'alcôve du nord, du côté des berges de l'Eure (cliché Armand Launay, juin 2010).

Vue sur les pierres du fond de l'alcôve du nord, du côté des berges de l'Eure (cliché Armand Launay, juin 2010).

Le plan cadastral de 1834.

Le plan cadastral ne nous apprend pas grand chose, ici. Dessiné en 1834, il ne montre pas d’aménagements particuliers en ce lieu ; si ce n’est que la tour d’angle et la porte de Pons avaient déjà complètement disparu.

Extrait du plan cadastral de 1834 (Archives départementales de l'Eure, accessibles en ligne).

Extrait du plan cadastral de 1834 (Archives départementales de l'Eure, accessibles en ligne).

 

Bons baisers des cartes postales de 1910.

Les cartes postales des années 1910 montrent un environnement différent de celui que nous connaissons. Le pont du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny n’existait pas encore. Si les anciens fossés n’étaient toujours pas comblés en aval de la rue Jean-Prieur, ils étaient, cependant, désormais bâtis. Le long de la rue Jean-Prieur, la rue du marché, fut construite une maison en brique (du côté de la rue) et en moellon calcaire (au moins sur les murs pignons). Un vaste bâtiment, aligné dans le sens nord-sud, fut bâti qui servait d’espace de stockage. Un mur en moellon calcaire enceignait cet espace qui prolongeait le boulevard des Marronniers (aujourd’hui dit de la Marne) jusqu’à l’Eure en passant derrière le bâtiment de l’ancien bureau de poste. Une autre voie allait du quai de la Grande chaussée (aujourd’hui dit de Verdun) et remontait vers le boulevard des Marronniers. Ce mur défendait l’accès aux alcôves qui nous intéressent. Si celles-ci existaient, alors elles eussent une fonction privée.

La lecture précise des cartes postales, laisse entrevoir une différence entre le mur situé immédiatement en aval des alcôves et le reste du mur d’enceinte de la propriété. 

Il est possible qu’un propriétaire des lieux ait aménagé, un temps durant, une communication entre ses alcôves et les berges. Dans quel cas, les alcôves nous intéressant servissent d’espaces de stockage en vue de l’embarquement sur la Seine, ou après le débarquement, de matériaux divers.

Sur cette carte postale des années 1910, on aperçoit les vestiges de remparts à l'angle nord-Est de la ville. On y voit aussi le mur d'une propriété privée qui comprenait un bâtiment de stockage et une maison d'habitation accessible par la rue Jean-Prieur.

Sur cette carte postale des années 1910, on aperçoit les vestiges de remparts à l'angle nord-Est de la ville. On y voit aussi le mur d'une propriété privée qui comprenait un bâtiment de stockage et une maison d'habitation accessible par la rue Jean-Prieur.

Sur cette carte postale des années 1910, on aperçoit la maison du haut de la propriété où se trouvaient les alcôves qui nous intéressent.

Sur cette carte postale des années 1910, on aperçoit la maison du haut de la propriété où se trouvaient les alcôves qui nous intéressent.

 

 

En guise de conclusion, nous nous orientons vers l’hypothèse suivante : cette partie des remparts était particulièrement ruinée à la fin de l’Ancien Régime. Lorsque l’intendant de Rouen, Louis Thiroux de Crosne d’Arconville, autorisa en 1782 les habitants à démolir les remparts et permit à la municipalité de créer des boulevards, les pierres de cette partie des fortifications furent vite réemployées. La porte de Pons, rue Jean-Prieur, disparut ainsi que la tour de l’angle nord-Est. En 1834, il ne restait des remparts que leur tracé et quelques pierres à l’angle nord-Est de la ville. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, un propriétaire investit ce bout de fossé de la ville. À contremont, il fit construire sa maison et un bâtiment de stockage. En contrebas, il semble qu’il ait fait restaurer un bout de rempart, avec du matériau de réemploi, afin d’en faire un espace de stockage ; le tout étant protégé de murs d’enceinte. Comme le démontrent les recherches de Jean Mesqui, les alcôves semblent se situer à l'endroit de l'ancienne tour d'angle. La démolition de cette tour a dû laisser vacant un espace. Afin de maintenir la terre, il semble que des voutes ont été bâties avec du matériau de récupération et ce dans le prolongement des murs d'enceinte, permettant ainsi d'économiser de la pierre et, répétons-le, de créer un espace de stockage.

Le mystère des alcôves provient, semble-t-il, de la difficulté de faire la distinction nette entre des parties médiévales du rempart et des réemplois de matériaux des XVIIe et XVIIIe siècles et, sûrement, de siècles précédents. La difficulté se trouve aussi dans le mélange entre la fonction militaire des lieux, dont témoigne le tracé des remparts, et la réutilisation pragmatique de la seconde moitié du XIXe siècle (le soutènement, le stockage), seule période où les lieux furent à la fois privatisés et habités. Enfin, la difficulté se trouve dans une évolution plus forte et riche qu’on ne l’aurait imaginé pour un simple bout de rempart à la marge de la ville ancienne.  

 

 


Armand Launay

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10 juillet 2019 3 10 /07 /juillet /2019 12:42

 

À la mémoire de Serge Petit, parti trop tôt avec son sourire et sa courtoisie.
 

Nous tenons à remercier pour leur aide Yvette Petit-Decroix ainsi que Renée et Pierre Roussel

 

Sa position sur une montagne élevée de trois cents cinquante pieds environ au-dessus des vallons que parcourent la Seine, d’une part, et l’Andelle, rivière du Pont Saint-Pierre, de l’autre, lui donne une des vues les plus agréables de France, surtout au printemps ; les pommiers qui couvrent ces vallons étant alors en fleurs.”

   

Aubin-Louis Millin de Grandmaison, Antiquités nationales ou Recueil de monumens…, 1791.

 

 

La côte des Deux-amants, avec au premier plan le barrage de Poses, vue depuis la rive gauche de la Seine (cliché Armand Launay, mars 2012).

La côte des Deux-amants, avec au premier plan le barrage de Poses, vue depuis la rive gauche de la Seine (cliché Armand Launay, mars 2012).

 

Pyramide verte émergeant du paysage de la vallée de la Seine, la côte des Deux-amants est un lieu de rêveries. Comme nous l’avons précédemment étudié dans un article, on lui attache depuis au moins le XIIe siècle la légende de deux amants, cousins d’infortune de Roméo et Juliette, aux amours interdites et empêchées par les obligations à eux imposées par leurs ainés. 

Dans une autre étude, nous nous sommes penchés sur l’origine du nom de la côte des Deux-amants : populaire, littéraire, chrétienne ou pratique ? La réponse n’est pas simple qui mérite d’associer les différentes thèses. Mais il semble, à minima, que l’existence d’un prieuré au sommet de la côte a entretenu les discussions et le besoin de répéter la légende des deux amants. Que savons-nous de ce prieuré, aussi appelé Madeleine des Deux-amants ? Ses bâtiments ? Son histoire ? Sa fondation ? Des documents existent, passim, sur le Net. Nous en compilons et commentons ici afin de donner quelques repères chronologiques, architecturaux et politiques.  

 

Pour respirer pleinement les images et les sensations, le mieux est de commencer la balade en marchant sur les eaux de la chute du barrage de Poses. La côte des Deux-amants se profile alors entre le vert sombre du bois du contrebas et le vert clair des herbages à contrehaut, parfois couronnés de bleu. Puis, il est bon de longer un peu la Seine et ses remous avant d’apercevoir, derrière sa haie, le manoir de Canteloup. La balade se fait ensuite en sous-bois par les premières pentes du coteau. L’air y est vif, les senteurs varient au fil des saisons et sont toujours au rendez-vous. Le cœur bat plus fort, on existe, on sort plus de soi à mesure que l’on fait l’effort de gagner en altitude. Puis, quelques pas remplacent le sous-bois par les tiges folles des herbages fouettés par les vents. Les échappées sur le paysage épousent la vallée de la Seine, la forêt de Bord et le bois de Longboël. On approche de l’ancien prieuré, rehaussé de fait par son cadre et devenant symboliquement un horizon mystérieux à notre balade. En 1791, Louis-Aubin Millin de Grandmaison écrivit en ce lieu que Le Prieuré est entouré d’un joli jardin, on y jouit de la vue la plus vaste et la plus étendue ; on y découvre une grande partie du département de l’Eure, de la Seine inférieure [...], les villes du Pont-de-l’Arche et de Louviers ; la Seine qui serpente aux pieds, rend ce site le plus agréable qu’il soit possible de voir.” La côte des Deux-amants appelle l’élévation du regard vers ses hauteurs autant que le recul sur nos existences dans la vallée. 

Presque arrivé à la table d’orientation, l’impression d’être devant une fortification se fait. Derrière le mur de la table d’orientation se trouve en effet une vaste propriété privée dont on aperçoit un imposant monument, surtout depuis deux ans où maints arbres ont été abattus. 

 

 

Le dortoir des chanoines émergeant du bois sommital (cliché Armand Launay, juillet 2017).

Le dortoir des chanoines émergeant du bois sommital (cliché Armand Launay, juillet 2017).

 

Un édifice du prieuré subsiste ! Le dortoir de 1685. 

Après le début de la révolution de 1789, les élus de la Convention missionnèrent Aubin-Louis Millin de Grandmaison. Il devait répertorier le patrimoine français. C’était la première recherche encyclopédique, à l’échelle nationale, de l’histoire perçue à travers le patrimoine matériel et littéraire. Les députés révolutionnaires tournaient des pages d’histoire et prenaient conscience de l’intérêt d’immortaliser les plus notables des chapitres précédents, aux pages tournées trop vite, sûrement, tant nous nous sentons et sommes emportés par l’action quotidienne, ses tracas et ses divertissements.  

Dans son ouvrage Antiquités nationales ou Recueil de monumens.., Aubin-Louis Millin accorda au prieuré des Deux-amants, en spécialiste du patrimoine, de belles pages au côté des plus beaux monuments de Paris et de France. Il décrivit le dortoir des chanoines, aussi appelé logis : Le bâtiment est composé d’un rez-de-chaussée, d’un étage et d’une mansarde, avec deux pavillons : il y a neuf croisées de front au corps-de-logis du milieu, et deux à chaque pavillon, ce qui fait treize à chaque étage, avec la porte du milieu, en tout trente croisées. Ce bâtiment a été construit en 1685, ainsi que l’indique l’inscription en brique, fig. 1.” Notre auteur semble fidèle à la réalité qu’il observa alors que son dessinateur se trompa en ajoutant deux croisées imaginaires. Imaginons-le, dépêché dans des lieux nombreux, griffonnant de rapides croquis, pour après, peut-être rentré à Paris, créer ses documents finaux destinés à la reproduction (du sculpteur Ransonnette). La réalité du fait a cédé à la beauté du trait. 

Les analogies entre le bâtiment dessiné pour Aubin-Louis Millin, celui des cartes postales des années 1910 et celui de la photographie de Wikimedia commons sont frappantes. Depuis lors, on appelle ce bâtiment “château des Deux-amants”, tant il est vrai que son architecture est bien plus caractéristique d’une résidence aristocratique, aux larges ouvertures, que d’un modeste et sobre dortoir monacal. Les constructions de l’aile ouest (“à gauche” ; mes excuses aux géographes) ont été remplacées par de nouveaux édifices témoignant que les lieux servirent de maison de retraite, privée, de 1975 à 2007. Les résidents devaient y trouver la paisible retraite des chanoines, retirés du monde ; un peu trop peut-être s’ils n’en avaient fait le vœu.

Quoi qu’il en soit, ce logis est recensé dans la base Mérimée du patrimoine national depuis 1986. Les bâtiments du prieuré n’ont donc pas tous disparu. 

Mais quels étaient les autres bâtiments prioraux ? 

 

Le dortoir des chanoines et l'église en 1791 tels que représentés dans Les Antiquités nationales d'Aubin-Louis Millin.

Le dortoir des chanoines et l'église en 1791 tels que représentés dans Les Antiquités nationales d'Aubin-Louis Millin.

Le dortoir des chanoines dans une carte postale illustrée des années 1910.

Le dortoir des chanoines dans une carte postale illustrée des années 1910.

Le dortoir des chanoines vers 2015 (Source Wikimedia commons).

Le dortoir des chanoines vers 2015 (Source Wikimedia commons).

 

L’église priorale de 1723 : disparue mais partiellement connue...

L’église priorale a entièrement disparu. Il nous en reste néanmoins la représentation demandée par Aubin-Louis Millin pour illustrer ses Antiquités nationales. Notre chercheur en a donné une description textuelle ainsi tissée : “À côté [du logis central, le dortoir] est l’église qui a été entièrement réparée, à l’exception du pan de muraille du côté de l’ancien portail dont on a conservé la rosette. Ce portail n’existe plus, et on n’entre dans l’église que par l'intérieur de la maison. Elle est d’un assez mauvais goût, le bâton de la croix étant plus court que le croisillon. Cette église a été dédiée le 22 septembre 1726, par M. Jean Gaulet, évêque de Grenoble. L’autel est dans le milieu : sous cet autel est un vase, fig. 5 , qui, selon la tradition, renferme les cendres des deux amans : il est de bois peint, et très-moderne. Il contient, en effet, quelques portions d’os, mais ce sont ceux de quelques Saints dont on ignore le nom, parce qu’on a perdu l’étiquette. Dans cette église on remarque trois tombes plates : les gens du pays assurent que ce sont celles des deux Amans et du barbare Banneret.”

 

On lit ici que la nouvelle église n’est pas du gout d’Aubin-Louis Millin qui la trouve disproportionnée et, surtout, sans rapport avec la rareté et l’ancienneté des monuments qu’il devait localiser et décrire. L’église remplaçait un précédent édifice puisqu’elle conservait un “pan de muraille du côté de l’ancien portail.” L’ancien portail est représenté. Il est orienté vers le sud. L’église était donc orientée vers le nord, ce qui est assez rare ; les églises étant traditionnellement tournées vers la renaissance, à l’Est, du soleil et ce afin de symboliser la renaissance du Christ. Un accès public était auparavant possible, surement par la porte perçant le mur d’enceinte visible sur la représentation. Les fidèles étaient donc plutôt attendus depuis les villages du plateau du Vexin. On peut imaginer les personnes les plus pieuses, empreintes de crainte et de respect pour ces lieux mystérieux ; mystérieux car on y entend le chant des chanoines, assis dans leurs stalles, derrière le jubé et la grille qui séparent le chœur de la nef. On ne voit pas les chanoines durant l’office, mais on est baigné de leurs voix, de leur place singulière, peut-être, entre soi et le chemin sublime qui mène aux cieux. Qui sait si, pour les humbles fidèles, les voix des chanoines n’étaient pas comme les rais de lumière traversant les rosaces et vitraux, les sculptures baroques illustrant le souffle divin qui s’en viendra, les joues gonflées des angelots, leurs ailes comme un élan vers le Paradis et la cessation des souffrances… 

Or, la reconstruction de l’église n’a prévu qu’un accès aux chanoines depuis le dortoir ; signe autant que cause, peut-être, de la perte de vitalité et d’idéal du prieuré.  

 

Une autre représentation, non signée et non datée, fut reproduite sur des cartes postales illustrées des années 1910. Elle montre le même corps de logis et date ‒ de ce fait et vraisemblablement ‒ d’après 1685. Cette représentation montre aussi intacte l’église priorale, celle d’avant 1723, semble-t-il, car le portail sud est ouvert et couronné d’un arc en plein cintre ; ce qui n’existait plus dans la nouvelle église. Jusqu’à plus ample informé, le premier à avoir publié une description de l’ancienne église est Charles de Stabenrath, en 1836. Comment le put-il 45 ans après le passage d’Aubin-Louis Millin ? Il consulta puis cita un document, un “état très curieux, rédigé et signé le 11 janvier 1723” rédigé par le prieur et ses frères eux-mêmes. Notre auteur retira de ce document que l’église “avait cent pieds d'élévation depuis le sol jusqu'au sommet du clocher [environ 32 m], et cent-douze pieds de longueur [environ 36 m]. Elle était éclairée par sept croisées ; on y entrait par une porte à plein cintre. Sur les arcs-boutans de l'entrée et de chaque côté, on voyait deux statues en pierre de Saint-Leu : l'une était celle de Jésus-Christ, l'autre celle de Madeleine, tombée quelques années avant. Les contre-forts étaient très peu prononcés, comme dans les anciens édifices.” 

Mais pourquoi refaire cette église, semble-t-il d’architecture rurale ? Charles de Stabenrath le précise : “Dès l'année 1722, le clocher de l'église, qui était carré, construit en pierre, surmonté d'une galerie et d'une flèche couverte d'ardoises, avait été abattu, et l'on songeait à renverser totalement un édifice menaçant probablement ruine.” L’auteur estimait que cette église était romane et datait sa construction du XIIe siècle ; siècle de la fondation du prieuré. Elle avait subi beaucoup de dommages. L’auteur le plus précis sur ces questions est François Blanquart qui, en 1926, publia un article inspiré de celui de Charles de Stabenrath mais plus détaillé et sourcé (les annexes reproduisant les textes originaux). François Blanquart cita les dégâts causés aux bâtiments claustraux par la Guerre de Cent ans et la domination anglaise (page 10). Il cita aussi les lettres d’indulgences accordées en 1454 par le Pape au cardinal de Rouen, Guillaume d’Estouteville, afin d’inciter des fidèles à financer la réparation du prieuré deuxamantin. Le même auteur cita les dégâts causés par la guerre de religions : en 1593, des protestants furent délogés manu militari du prieuré où un incendie ruina de nombreuses parties.   

Mais tout a-t-il réellement disparu de l’église ? 

 

L'église bâtie en 1724 selon un détail la représentation demandée par Aubin-Louis Millin (1791).

L'église bâtie en 1724 selon un détail la représentation demandée par Aubin-Louis Millin (1791).

Gravure non signée et non datée mais qui remonte à la période comprise entre 1685 et 1723. On y voit l'ancienne église et son portail sud.

Gravure non signée et non datée mais qui remonte à la période comprise entre 1685 et 1723. On y voit l'ancienne église et son portail sud.

 

Des vestiges de l’église priorale à Amfreville-sous-les-monts ?

Des vestiges de l’église priorale nous sont parvenus. Selon Charles de Stabenrath : “Parmi les ornemens remarquables qui décoraient cette petite église, il faut citer le retable du grand autel, en pierres sculptées, et représentant l'histoire de sainte Madeleine. Le curé d'Amfreville-sous-Ies-Monts, sans doute plus artiste et plus amateur de l'antiquité que les chanoines ses voisins, ayant appris la démolition de l'église du prieuré, demanda avec instances et obtint pour la sienne ce précieux retable, et, probablement, un tabernacle en pierre, quelques statues devenues inutiles pour l'édifice qu'on allait construire. Le chœur comprenait vingt stalles en bois, précédées par un jubé de même matière, très délicatement sculpté.”

 En consultant des photographies de l’intérieur de l’église Saint-Michel d’Amfreville-sous-les-monts, on retrouve autour du chœur la vingtaine de stalles et des panneaux de bois caractéristiques d’un prieuré. Ce sont les sièges où s’installaient les chanoines durant les offices. Nous avons vu ce même type de stalles à Pont-de-l’Arche, Criquebeuf-sur-Seine et Montaure

L’église est orientée, c’est-à-dire tournée vers l’orient. Son chœur est clôt par un mur plat, sans baies. Celui-ci est orné par un retable, sculpté en pierre semble-t-il, de style baroque. On contemple, c’est-à-dire qu’on est “avec un temple” de la Rome antique, avec ses frontons et ses colonnes. C’est ce que souhaitait symboliser artistiquement la Contre-réforme de 1630 rappelant que le christianisme était catholique et romain et non prétendument réformé, que ce soit par Jean Calvin ou Martin Luther. Le maitre-retable est enrichi d’une statue du Sacré-cœur de la Vierge-Marie. Sur sa droite, se trouve une statue du Sacré-cœur de Jésus-Christ. Sur sa gauche se trouve Saint-Joseph portant l’enfant Jésus. Sur le mur nord du chœur se trouve Saint-Michel, patron des lieux. En vis-à-vis, sur le mur sud du chœur, se trouve Sainte-Madeleine portant un vase de parfum, la myrrhe, qu’elle apporta au tombeau du Christ. Quid des écrits de Charles de Stabenrath ? On retrouve sainte Madeleine dans l’église d’Amfreville mais pas sous la forme d’une histoire illustrée. Quant au maitre-autel, il semble dater du XVIIe siècle. Il serait étonnant qu’il fût délaissé par les chanoines qui construisirent une église en 1723. À tout prendre, nous avons peut-être affaire, ici, à des récupérations d’éléments du monastère lors de la nationalisation des biens de l’église à la Révolution. 

Nous retrouvons en revanche, des éléments concordant : un tabernacle en pierre et une riche statuaire dont une Sainte-Madeleine et un Sacré-cœur de Jésus rappellent l’importance de l’amour et semblent issus de l’église priorale.  

 

 

Le choeur de l'église Saint-Michel d'Amfreville-sous-les-monts (cliché de Pierre Roussel, février 2006).

Le choeur de l'église Saint-Michel d'Amfreville-sous-les-monts (cliché de Pierre Roussel, février 2006).

Le maitre-autel de l'église Saint-Michel d'Amfreville-sous-les-monts (cliché de Pierre Roussel, février 2006).

Le maitre-autel de l'église Saint-Michel d'Amfreville-sous-les-monts (cliché de Pierre Roussel, février 2006).

La statue de sainte Madeleine de l'église Saint-Michel d'Amfreville-sous-les-monts (cliché de Pierre Roussel, février 2006).

La statue de sainte Madeleine de l'église Saint-Michel d'Amfreville-sous-les-monts (cliché de Pierre Roussel, février 2006).

 

Le dortoir des chanoines et l’église de 1723 sont-ils des témoignages des changements d’ordres religieux ?

Charles de Stabenrath livra quelques informations sur les chanoines et leur temporel, c’est-à-dire leurs biens matériels. Il ne restait que trois frères à la Révolution. On ne sait ce qu’ils devinrent à la nationalisation de leurs biens par les Députés. Notre auteur avança qu’ils étaient neuf à se vouer à Dieu en ces lieux, en 1746, et qu’ils disposaient d’un revenu modeste : “le revenu des chanoines du prieuré des Deux-Amans n'était pas considérable, en 1746. Ils possédaient en tout un revenu annuel de 3 655 livres et 13 deniers.” L’auteur compara cette somme aux 12 250 livres qu’avait couté la démolition de l’ancienne église et la construction de la nouvelle maison de Dieu.

Différentes sources montrent que le monastère était passé dans la mouvance des jésuites, c’est-à-dire un ordre de moines fondé en 1539 par Ignace de Loyola afin de lutter contre la Réforme protestante et donc de renforcer les pouvoirs du Saint-Siège. Jean-Michel Bouvris avance, archives en main, la date de 1617 où le monastère devint une dépendance du collège des jésuites de Rouen. Aubin-Louis Millin l’exprima en ces termes : “La mense prieurale a été unie au collège des Jésuites de Rouen, par Paul V, dont les lettres sont datées des années 1607 et 1608, et par des lettres-patentes de l’année 1649. La mense conventuelle fut donnée, en 1652, aux réformés de la congrégation de France. Ce sont eux qui ont rebâti à neuf l’église et tous les lieux réguliers.” Cela signifie que le revenu du monastère (la mense) était réparti en deux sommes : la première, celle du prieur, renforça les revenus des jésuites de Rouen ; la seconde, celle du couvent en lui-même, donc des frères, alla à des frères réformés. Mais réformés de quoi ?   

Charles de Stabenrath nous l’apprend : “les chanoines avaient embrassé la réforme le 24 mai 1648 (...) ils avaient pris le costume de France, et cessé de porter l'aumusse noire sur la tête...” Cette réforme est celle de la Congrégation de France, un ordre de chanoines fondé vers 1619 par François de la Rochefoucauld, abbé de Sainte-Geneviève, à Paris. La finalité était de renforcer l’observance des règles monacales et ce dans la lignée de la Contre-réforme du concile de Trente. En quelques mots, c’était un projet analogue à celui des jésuites que rejoignit, à ce propos, François La Rochefoucauld à la fin de sa vie. C’est sûrement pour cela qu’Aubin-Louis Millin regroupa l’arrivée des génovéfains (adjectif de Sainte-Geneviève) et des jésuites dans le même ensemble chronologique, quitte à la rendre peu compréhensible ‒ voire vétilleuse ‒ pour nous aujourd’hui. Il semble que ce nouvel élan génovéfain soit à l’origine du dortoir des chanoines visible de nos jours. Ce mouvement de contre-réforme génovéfain eut son siècle de gloire, à la fin du XVIIe siècle, où il gagna plus d’une centaine de monastères et prieurés de France. Les religieux devaient attendre de nouveaux frères animés par un renouveau de la foi. 

La réforme génovéfaine a-t-elle été une révolution dans la croyance et la pratique des frères ? Dans la croyance, il semble que non puisque cette réforme se fondait sur une observance accrue de la règle de Saint-Augustin ; règle déjà censée régir le prieuré des Deux-amants depuis 1192, au moins. C’est ce que Jean-Michel Bouvris montre en commentant une bulle originale par laquelle le pape Célestin II accorda aux “augustins” des Deux-amants certains privilèges. 

Mais dans la pratique il semble que les chanoines deuxamantins n’étaient pas tous disciplinés.

 

 

Frère des Deux-amants portant l'aumusse de chanoine d'après une gravure prévue pour les Antiquités nationales d'Aubin-Louis Millin.

Frère des Deux-amants portant l'aumusse de chanoine d'après une gravure prévue pour les Antiquités nationales d'Aubin-Louis Millin.

 

Peut-on expliquer les changements d’ordres religieux ?

Il est facile de lire les passages du prieuré d’un ordre à un autre avec un œil anticlérical. Alors on sourit en songeant aux religieux nobles ‒ à défaut de nobles religieux ‒ s’octroyant une partie des revenus prioraux. C’est partiellement vrai, comme nous l’avons plus haut, et faisait partie de la légalité la plus stricte. Le pape, et même le roi de France, pouvaient nommer des abbés commendataires percevant une partie des revenus afin de gérer les abbayes mais ce dans l’intérêt de celles-ci et non du leur propre. Un prieur, religieux présent parmi les moines, dirigeait réellement l’abbaye. Or, des abus furent commis et maints établissements servirent de rentes à des abbés peu scrupuleux, au grand dam de prieurs. C’est ce comportement illégitime que les nouveaux ordres religieux voulaient extirper de cette hydre à deux têtes qu’on appelle une religion d’État. 

Qui plus est, une crise des vocations religieuses touchaient les monastères parmi lesquels celui des Deux-amants. MM. Charpillon et Caresme citèrent les écrits de Monseigneur Eudes Rigaud, archevêque de Rouen, qui visita plusieurs fois le prieuré qui nous intéresse : “Sous la date du 9 février 1258 on trouve : “ils sont XV chanoines.” C’est à comparer aux 9 chanoines du début du XVIIIe siècle et aux trois derniers tondus de 1789. Il semble que le prieuré n’ait jamais attiré énormément de frères et qu’il fut en perte de vitalité après le Moyen Âge. 

La discipline a aussi inspiré et justifié le renouvèlement des ordres religieux. En sus des écrits d’Eudes Rigaud au XIIIe siècle, MM. Charpillon et Caresme relatent les procès intentés de 1620 à 1649 par le prieur Jacques de la Ferté (par ailleurs récipiendaire de nombreuses commendes et terres, notamment au Québec) à l’encontre de deux de ses frères accusés de “manque absolu de discipline et d’esprit religieux” et de “violences commises contre ceux que l’on avait tenté d’introduire pour donner le bon exemple”. 

Face aux abus d’une part, de nobles avides d’argent et de pouvoir et, d’autre part, de la crise des vocations et du relâchement de la piété chez certains frères, la Réforme protestante séduisit de nombreux croyants. À défaut de réformer par l’intérieur l’Église, les protestants tentèrent de réformer les croyances et pratiques des hommes. Ceci excita plutôt l’hostilité et la haine entre croyants et nourrit l’agnosticisme et l’anticléricalisme. Le prieuré des Deux-amants fut incendié en 1593 lors d’un combat entre les Ligueurs, des protestants militairement en rébellion contre le roi, qui avaient trouvé refuge dans le prieuré. Ils en furent délogés par les garnisons royales des Andelys et de Louviers parmi lesquelles des assaillants mirent “le feu à la porte principale, l'incendie gagnant ensuite tout le cloître” écrivent MM. Charpillon et Caresme. Outre les nécessaires réparations puis reconstructions des locaux en 1685 et 1723, c’est la remise en cause de l’autorité du roi qui explique en partie la nécessité de mieux contrôler les confessions et les ordres religieux. Le roi dut se défendre des protestants en renouvelant la spiritualité et l’organisation de l’église catholique de France. Il dut aussi diriger cette religion afin qu’elle ne soit plus la stricte propriété d’un État étranger comme elle le fut, durant le Moyen Âge, sous l’emprise du Saint-Siège. C’est ce que l’on nomma l’Église gallicane.

Nous avons vu ici un prieuré de taille et revenus modestes ; qui plus est en perte de vitesse. Qu’en était-il de ses revenus et de sa vitalité durant la période précédente ?

 

 

Vue aérienne du dortoir des chanoines et de la propriété contigüe qui servit, longtemps, de ferme aux frères puis aux propriétaires particuliers après la Révolution française (capture d'écran sur le site Géoportail, juin 2019).

Vue aérienne du dortoir des chanoines et de la propriété contigüe qui servit, longtemps, de ferme aux frères puis aux propriétaires particuliers après la Révolution française (capture d'écran sur le site Géoportail, juin 2019).

 

La constitution du terrier prioral du XIIe siècle au XIIIe siècle. 

Se consacrer à Dieu doit être une vocation, pas une profession. Mais cette vocation nécessite des revenus pour entretenir la santé des hommes et la solidité des locaux conventuels. C’est pourquoi les religieux vivaient des dons des croyants, que ceux-ci soient inspirés par une foi sincère ou par l’intérêt d’une bonne réputation. Les grands donateurs étaient donc, nécessairement, des nobles. Les actes anciens permettent de jalonner les années où émergea le prieuré deuxamantin : entre le XIIe siècle et le XIIIe siècle. 

Un article a été rédigé par Jean-Michel Bouvris, archiviste de l'Orne, qui relate la constitution du terrier du prieuré deuxamantin, c’est-à-dire les actes attestant les droits permanents des religieux sur des terres, des redevances, des services... Les actes prioraux sont principalement conservés aux Archives de la Seine-Maritime, dans le fonds du Collège des Jésuites de Rouen qui en recolle une douzaine pour la période choisie. Sans surprise, les droits des chanoines étaient situés dans le Vexin (Bacqueville, Gaillardbois), son pays naturel, mais aussi le long de la Seine (Tournedos), sur le plateau du Neubourg (Crasville) et, plus surprenant, en France, à Triel-sur-Seine. Jean-Michel Bouvris cite ce qui est, pour lui, “La pièce la plus précieuse (D 109) (...) diplôme original, daté de 1175, concernant des libéralités effectuées par le roi Louis VII à Authie, sur le terroir de Triel-sur-Seine (Yvelines). Les Deux-Amants furent, au cours du Xlle siècle, l'un des rares établissements religieux normands en faveur duquel le roi de France effectua une donation.” 

On peut relier cette rare connexion entre la Normandie et la France à ce qui se produisit à l’endroit de l’ancienne abbaye de Bonport, à Pont-de-l’Arche, cofondée en 1189 par Richard-cœur-de-Lion, roi d’Angleterre, et Philippe Auguste, roi de France. En étudiant cette abbaye cistercienne, nous avons trouvé des mentions du prieuré des Deux-amants dans deux de ses actes (à lire ici). Le 31 juillet 1205, une charte fut signée par les religieux du prieuré des Deux-amants afin de céder à leurs frères de la jeune abbaye de Bonport la chapelle de Saint-Martin de Maresdans, avec toutes ses appartenances et dépendances entre Pont-de-l’Arche et Criquebeuf. Ces droits avaient été en partie cédés en 1198 mais semblaient trop peu précis. Les chanoines des deux communautés durent se concurrencer et s’opposer sur l’exploitation des lieux, d’où la précision de 1205. 

Les religieux étaient aussi, en toute logique, possessionnés alentour. Le prieur était patron de la paroisse de Flipou et, depuis 1208, de celle d’Amfreville-sous-les-monts grâce au don de l'archevêque de Rouen (André Pilet, page 37). Une partie des revenus de ces paroisses leur revenaient donc. En 1203, Jourdain de Canteloup donna aux frères un moulin installé sur la Seine (André Pilet, page 20). Les chanoines possédaient à Amfreville la ferme du Plessis et “la ferme des Deux Amants”, jouxtant le prieuré (André Pilet, page 87). Ils possédaient des terres à Romilly-sur-Andelle, qu’ils fieffaient contre des rentes et redevances. Ils accaparèrent 12 hectares de pâturages à Pîtres et Romilly. Les habitants de ces paroisses leur intentèrent un procès en 1507 qui ne fut jugé qu’en 1583 en faveur des habitants spoliés. Les chanoines possédaient aussi un hôtel à Rouen, rue Martainville (André Pilet, page 43), sûrement pour la résidence temporaire du prieur et de frères et la vente de productions locales comme le vin dont on voit le vignoble sur la représentation ancienne plus haut. 

Mais de quand date précisément ce prieuré ? 

 

 

Représentation du gisant de Jean Farceau (selon Nicolas Bertin) dont la tombe était située dans l'église priorale. Il compte parmi les donateurs nobles qui ont constitué le temporel des chanoines.

Représentation du gisant de Jean Farceau (selon Nicolas Bertin) dont la tombe était située dans l'église priorale. Il compte parmi les donateurs nobles qui ont constitué le temporel des chanoines.

 

Vers 1145 apparait le prieuré des Deux-amants. 

Ernest de Blosseville cita le chartrier deuxamantin dans le fonds du collège des jésuites de Rouen. Il le consulta partiellement. À la page 16 de son article, il écrivit que “Le plus ancien [acte], croyons-nous, est un acte de Louis-le-Gros, donnant au prieuré des Deux-Amants 56 arpents de terre. L'origine de l'établissement religieux est donc au moins contemporaine du règne de ce prince, monté sur le trône en 1108.” Louis VI, dit le gros, régna sur les Francs de 1108 à 1137. MM. Charpillon et Caresme citèrent la même donation mais la datèrent de 1175. Le document doit être peu lisible mais la date de 1175 est plus réaliste et rejoint la lecture de Jean-Michel Bouvris abordée ci-dessus. 

MM. Charpillon et Caresme datent les premiers actes du chartrier de 1143 sans toutefois les détailler. 

Jean-Michel Bouvris cite, page 450, une charte d’”Hugues d'Amiens, archevêque de Rouen, délivrée peu avant 1150, par laquelle le prélat prend sous sa protection l'établissement, dont le patrimoine apparait encore à l'état embryonnaire.” Ceci pose assez précisément la naissance du prieuré quelques années auparavant, soit vers 1143. Le même auteur cite une bulle du pape Alexandre III, datée de 1165, qui intégra officiellement le prieuré deuxamantin dans le giron du Saint-Siège. Jean-Michel Bouvris est parvenu à faire le lien entre l'archevêque de Rouen, Gautier de Coutances (1184-1207), et le prieuré des Deux-amants envers lequel il fut généreux : son aumônier, frère Guillaume, était en 1207 un moine deuxamantin. L’impulsion religieuse est établie : le prieuré dépendait d’un groupe de frères appelés chanoines, eux-mêmes soumis à l’archevêché. 

Une famille parait avoir particulièrement enrichi le temporel du prieuré au point de passer pour sa fondatrice : les Malesmains. Les armes de cette famille étaient celles du prieuré comme le démontre le document des chanoines, daté de 1723, et reproduit par François Blanquart (page 28) : “Au fond, contre le pignon, etoit un autel et, au dessus, un retable representant l'Annonciation, au bas duquel etoit, d'un coté, les armoiries du prieuré, qui sont trois mains gauches de sable sur un fond d'azur, representant le dessus de la main à la vüe de l'autre coté etoit un ecusson dont le fond etoit aussi d'azur, en ovale, de meme que le precedent, avec un cheveron doré, au hault duquel et entre la pointe etoient deux roses sans queue et au bas dudit cheveron, dans le milieu, un croissant doré.

On retrouve cette famille dans les chartes attestant les donations de terres et de droits. C’est le cas des dons de Roger de Berville qui donna des droits sur huit églises qui du pays de Caux qui du Calvados. Nous étudions plus précisément cette famille dans un article consacré à la datation du lai de Marie de France sur les Deux-amants et son lien avec des nobles originaires de Pîtres attachés au pouvoir des rois normands d’Angleterre. 

 

 

Armes de la famille de Rouville, apparentée, vraisemblablement, aux Malesmains qui passent pour les fondateurs du temporel des chanoines. Leurs armes sont devenues celles du prieuré des Deux-amants (source : Pierre Palliot et Louvan Géliot, Science des Armoiries, 1660).

Armes de la famille de Rouville, apparentée, vraisemblablement, aux Malesmains qui passent pour les fondateurs du temporel des chanoines. Leurs armes sont devenues celles du prieuré des Deux-amants (source : Pierre Palliot et Louvan Géliot, Science des Armoiries, 1660).

 

Résumer pour conclure !

Nous avons étudié un prieuré de chanoines réguliers soumis à la règle de saint Augustin. Il exista de 1143, environ, à 1790. Il fut possessionné par de nobles familles normandes, au premier rang desquelles les Malesmains. Le roi de France Louis VII fit un don assez faible géographiquement mais fort symboliquement, ceci dans une des rares périodes de paix entre la France et la Normandie. 

Sans jamais croitre énormément (15 frères), le prieuré deuxamantin perdit de sa vitalité durant l’Ancien Régime. C’est ce dont témoignent les changements d’ordres religieux au XVIIe siècle (il fut jésuite puis génovéfain). Il reste de ces tentatives de vitaliser le prieuré le bâtiment du dortoir des chanoines, bâtiment datant de 1685, et des documents sur l’église bâtie vers 1724 et qui dut disparaitre sous les pics d’une carrière de pierres durant et après la Révolution. 

La Madeleine des Deux-amants fut, somme toute, un petit prieuré d’origine religieuse mais il attira les regards par son nom énigmatique autant que poétique : les deux amants. Nous consacrons une étude à ce nom. Il attira aussi les regard par la beauté de son cadre, c’est-à-dire son élévation qui rend sa vue incontournable. La légende ainsi que la géographie ont achevé de magnifier ce lieu au point qu’il est entré dans la liste des monuments nationaux établie par Aubin-Louis Millin. Avec le lai de Marie de France, la côte des Deux-amants et un petit joyau géographique et littéraire, au cœur de la culture française. Le prieuré n’a pas eu d’incidence notable dans l’histoire régionale mais il a largement contribué à bâtir le rayonnement poétique et spirituel de la côte des Deux-amants. 

 

Aujourd’hui, les appétits capitalistes s’apprêtent à ternir et salir l’environnement de la côte deuxamantine : en effet les lobbies du pétrole et de la construction ont prévu de construire une nouvelle autoroute contournant l’Est de Rouen depuis Val-de-Reuil. Une longue saignée de bitume environnera autant qu’elle polluera nos forêts, villages et poumons. Pour quel gain ? La richesse matérielle et très ponctuelle de quelques hommes.