Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 mai 2021 6 15 /05 /mai /2021 14:09

Avec nos remerciements à notre ami Frédéric Ménissier

pour son excellente collection de photographies printanières.

 

À cinq kilomètres du centre de Louviers mais sur le plateau du Neubourg, Le Mesnil-Jourdain a une position singulière dans le paysage local. 

Le Mesnil-Jourdain photographié par Frédéric Ménissier en avril 2021.

Le Mesnil-Jourdain photographié par Frédéric Ménissier en avril 2021.

Le ravin de Damneville ou de Becdal

Un ravin a une position centrale dans la commune : le “ravin de Damneville”, à l’ouest dans la commune de Quatremare, appelé ensuite “ravin de Becdal”, en aval. L’ensemble des hameaux mesniljourdanais et leurs 234 habitants (en 2018) se situent autour de ce ravin. En effet, s’il est question de Mesnil-Jourdain au singulier, ce rebord du plateau est occupé par plusieurs hameaux dans ce qui devait ressembler à un bocage le long des bois couvrant les coteaux, sur des sols argileux avec silex. C’est ce qu’entretient le domaine des Vergers du Mesnil-Jourdain dont les haies habillent le chef-lieu de commune autant qu’elles font barrage aux vents balayant le plateau. Ces vergers s’inscrivent dans une activité qui, en 1879, était notée par MM. Charpillon et Caresme signalant, dans la commune, près de “4 000 arbres à cidre”.

Les vergers du Mesnil-Jourdain par Frédéric Ménissier en avril 2021. Les vergers du Mesnil-Jourdain par Frédéric Ménissier en avril 2021.
Les vergers du Mesnil-Jourdain par Frédéric Ménissier en avril 2021.

Les vergers du Mesnil-Jourdain par Frédéric Ménissier en avril 2021.

Ainsi, de part et d’autre du ravin, on compte le village de Caillouet, le château de la Croix-Richard, la ferme du Petit-Mesnil, Sainte-Barbe, La Coquetière, Cavoville, Le Mesnil-Jourdain et, plus récemment, le hameau du Perray. Le ravin de Becdal permettait un passage plus aisé de la vallée au plateau à une circulation non motorisée et donc soucieuse d’amoindrir le dénivelé des parcours. Ainsi, Le Mesnil-Jourdain est une voie directe entre Acquigny et Pinterville, c’est-à-dire la vallée de l’Eure, et Quatremare, un point central du plateau du Neubourg. Mais s’il est question de ravin et non simplement de vallée, c’est que le relief est ici abrupt et l’on perd rapidement 100 mètres d’altitude du plateau à la vallée. Il est possible d’imaginer que Le Mesnil-Jourdain eut une fonction défensive à 5 km des portes de Louviers. C’est ce que l’on pourrait faire avec la lecture des vestiges appelés Le Fort-aux-Anglais dans le bois du Mesnil-Jourdain. Nous lui avons consacré une étude dans laquelle nous affirmons qu’il s’agit d’un enclos pour les animaux nécessaires à l’exploitation des ressources forestières. Mais Léon Coutil, archéologue normand de renom, y voit des fortifications antiques. Le nom de Caillouet nous étonne aussi. Il évoque le mot normand de caillou, passé en langue française, et le village se trouve au-dessus de carrières sises dans le ravin, comme le montre la carte géologique accessible sur le site Géoportail. C’est en effet ici que débute un affleurement de roches calcaires dites maastrichtiennes et campaniennes (classées C5 et C6 et datées de 83,6 à 68,2 millions d’années) et, à partir de la Croix-Richard des roches santoniennes plus anciennes et plus solides (classées C4 et datées de 83,6 à 86,3 millions d’années). Il est très probable que ces roches aient servi à constituer le moellon, voire les pierres de taille des constructions locales.

Vues sur le ravin de Becdal par Frédéric Ménissier en mai 2021.Vues sur le ravin de Becdal par Frédéric Ménissier en mai 2021.Vues sur le ravin de Becdal par Frédéric Ménissier en mai 2021.

Vues sur le ravin de Becdal par Frédéric Ménissier en mai 2021.

La Croix-Richard désigne une croix de chemin qui devait marquer l’entrée dans la paroisse du Mesnil-Jourdain. Son nom doit provenir du “bois Richard” dont il est question plus bas dans ce texte dans une charte datant environ de 1192. Les cartes postales illustrées montrent un bel édifice de style néo-Louis XVI. Il fut bâti peu avant la Première guerre mondiale par l’architecte ébroïcien Henri Jacquelin (1872-1940) d’après sa fiche parue dans Wikimonde. Peu documentée, son histoire est à écrire. Dans les recensements de population accessible sur le site des Archives de l'Eure on mesure que personne ne résidait en ce lieu en 1911 alors qu'en 1926 sont inscrits Joseph Levitre, né en 1842, et surtout son fils Joseph Claude et son épouse Emma, tous deux nés en 1871. Cette demeure a été inscrite sur la liste supplémentaire des Monuments historiques le 18 janvier 2021, plus précisément ses “façades et toitures du chalet à la Suisse, le mur d'enceinte et les sols du domaine.”  

La Croix-Richard par Frédéric Ménissier en avril 2021 : la socle de l'ancienne croix, l'allée d'entrée du château, la croix récente en béton et le portail du château.
La Croix-Richard par Frédéric Ménissier en avril 2021 : la socle de l'ancienne croix, l'allée d'entrée du château, la croix récente en béton et le portail du château.La Croix-Richard par Frédéric Ménissier en avril 2021 : la socle de l'ancienne croix, l'allée d'entrée du château, la croix récente en béton et le portail du château.La Croix-Richard par Frédéric Ménissier en avril 2021 : la socle de l'ancienne croix, l'allée d'entrée du château, la croix récente en béton et le portail du château.

La Croix-Richard par Frédéric Ménissier en avril 2021 : la socle de l'ancienne croix, l'allée d'entrée du château, la croix récente en béton et le portail du château.

Cartes postales des années 1910 du château de la Croix-Richard, la seconde étant issue des collections en ligne des Archives de l'Eure. Cartes postales des années 1910 du château de la Croix-Richard, la seconde étant issue des collections en ligne des Archives de l'Eure.

Cartes postales des années 1910 du château de la Croix-Richard, la seconde étant issue des collections en ligne des Archives de l'Eure.

Becdal et Cavoville comme preuves d’une colonisation scandinave ?

Étonnamment, nous n’avons pas trouvé mention de vestiges archéologiques dans le territoire communal. Il est possible que les vestiges aient été dispersés par les engins agricoles ou recouverts par les habitations actuelles. Quoi qu’il en soit, il semble que des défrichements aient eu lieu avant l’an mil car on voit apparaitre dans la toponymie des noms scandinaves. Le ravin de Becdal en est le nom le plus patent. Il provient, d’après l’article “Toponymie normande” de Wikipédia, de “dal” qui signifie vallée en vieux norrois (comme dans l’Allemand thal) et de “bec” qui désigne le ruisseau en vieux norrois itou. La “vallée du ruisseau” est le nom norrois de ce ravin ce qui semble indiquer la présence de scandinaves dans la région. On pourrait penser que le ravin tient son nom d’une personne dénommée ainsi. Après tout, il existe bien un manoir du XVIIe siècle, partiellement inscrit aux Monuments historiques depuis 1978, en bas de la vallée, à Acquigny. Mais c’est plutôt ce manoir qui tire son nom de la vallée car il fut construit plus tard par un certain Denis Le Roux, semble-t-il seigneur d’Acquigny au XVe siècle. De même, Le Mesnil-Jourdain comprend le hameau de Cavoville, où se trouve la mairie et qui dut être le plus peuplé des hameaux de la commune. Cavoville fut même une commune de 1790 à 1826 où elle fut rattachée au Mesnil-Jourdain. Le nom de Cavoville n’a cependant pas été traité par les toponymistes, à notre connaissance. Deux chartes accessibles par le site Scripta, dirigé par Pierre Bauduin, indiquent les formes anciennes de ce nom. Entre 1180 et 1192,  Adam de Kavalvilla (Cavoville) donna à l’église Saint-Taurin d’Évreux 12 acres de terre sise au Bois-Richard qu’il tenait du fief de Gautier de Houlme (acte 5591). Un acte du 11 octobre 1281 montre que Jean Le Veneur, chevalier, fit échange avec Renaud Leschamps, écuyer, de plusieurs rentes qu’il possédait dans différentes paroisses dont la “parrochia de Mesnillio Jordani” distincte de la “parrochia Beate Marie de Cavavilla” (acte 2129). Notons que la paroisse du Mesnil-Jourdain fut aussi placée sous le vocable de Notre-Dame (Beate Marie) et dépendait du chapitre de la cathédrale d’Évreux, selon la fiche de la base POP du Ministère de la culture. Quant à savoir où était l’église de Cavoville ? Cette même fiche annonce qu’elle fut mentionnée en 1220, détruite “après 1823” et qu’elle est “visible sur le cadastre napoléonien”. Nous ne l’avons pas retrouvée en parcourant ce document sur le site des Archives de l’Eure. Quoi qu’il en soit, nous notons cette forme de “Kaval” ou “Cava” pour Cavoville. Il nous fait penser à la forme de nom très courante dans la région où le nom d’un seigneur scandinave précède le suffixe “villa”, désignant le domaine rural. Ainsi Surtauville, Surville, Crasville… Il est probable, sous une forme très modifiée, que “Kaval” soit un nom scandinave. 

Comparaison de deux vues aériennes sur Le Mesnil-Jourdain et ses hameaux, l'une de 2019 et l'autre des années 1950 (captures d'écrans réalisées à partir du site Géoportail).
Comparaison de deux vues aériennes sur Le Mesnil-Jourdain et ses hameaux, l'une de 2019 et l'autre des années 1950 (captures d'écrans réalisées à partir du site Géoportail).

Comparaison de deux vues aériennes sur Le Mesnil-Jourdain et ses hameaux, l'une de 2019 et l'autre des années 1950 (captures d'écrans réalisées à partir du site Géoportail).

 

L’émergence du fief du Mesnil-Jourdain  

Située sur le plateau, au sud du ravin de Becdal, une motte féodale existe toujours un peu au nord de l’église Notre-Dame au chef-lieu de commune, ancien domaine agricole du Mesnil-Jourdain. Un mesnil, en français médiéval, est un diminutif de maison. On retrouve le terme de “mansionile” qui provient du latin ma[n]sionem. Il s’agit donc d’un petit domaine. Le terme de Jourdain est tout aussi intéressant. Il fait référence au fleuve du Proche-Orient, cité dans la Bible, mais qui semble avoir influencé le choix de noms de baptêmes masculins au temps des croisades du XIIe siècle. Citons, par exemple, Jourdain du Hommet (décédé en 1192), seigneur de Cléville et de Sheringham, connétable de Richard Cœur de Lion durant la troisième croisade. Cet homme était évêque de Lisieux. Citons aussi un certain Jourdain de Canteloup qui donna en 1203 aux frères du prieuré des Deux-amants un moulin installé sur la Seine (cité par André Pilet, à la page 20 de son ouvrage intitulé Amfreville-sous-les-Monts : son histoire, des silex taillés à l'ordinateur). En ce qui concerne notre paroisse, c’est Louis-Étienne Charpillon et Anatole Caresme qui nous fournissent matière à réfléchir et peut-être comprendre dans le tome II de leur monumental Dictionnaire historique de toutes les communes de l’Eure, paru en 1879. Un généreux article sur Le Mesnil-Jourdain, de la page 526 à la page 529, nous apprend la présence d’un certain Geoffroy du Mesnil en 1190 et un certain Jourdain du Mesnil vers 1200. C’est à cette époque que Le Mesnil va prendre le nom d’un seigneur appelé Jourdain. Celui-ci était propriétaire d’un moulin sur le “pont aux moulins” de Louviers, pont appelé Esperlène d’après MM. Charpillon et Caresme et qui semble correspondre à Épervier d’après la toponymie lovérienne (un bras de l’Eure porte ce nom ainsi qu’un champ, appelé Éprevier, entre Louviers et Le Petit-Mesnil). En 1201, “Étienne du Mesnil, chevalier, confirme à l’archevêque Robert Poulain la vente faite par Guillaume de Foleville à l’archevêque Gautier, de l’ile Jourdain et de la petite ile entre le moulin de la Lande et le pont Esperlène. C’est lui qui vendit à l’archevêque un moulin à foulon près le moulin Jourdain, moyennant 30 livres. Sa fille Jeanne, épouse de Pierre Lhuissier, vendit au même prélat 13 livres 14 sous que son frère Jourdain du Mesnil lui avait assignés en dot sur le moulin dit Jourdain. À la même date Étienne du Mesnil délaisse à l’archevêque le moulin Jourdain, assis sur le pont Esperlène, avec toutes les moutes” (la moute du Parc et de Beauvais, celle du fief de La Vacherie et du fief Saint-Taurin à Louviers).

Un Jourdain du Mesnil était présent à Louviers et au Mesnil qui semble avoir pris de l’importance. Selon MM. Charpillon et Caresme, en 1237, “Jourdain du Mesnil siégea aux assises du Pont-de-l’Arche” et en 1243 “Jourdain du Mesnil fit don d’un moulin aux moines de Bonport.” En 1276, il était question d’un certain “Étienne du Mesnil-Jourdain”. Le nom de la paroisse s’est donc forgé à partir du nom d’un noble ayant pris une importance particulière dans la région, comme le démontre sa présence à Pont-de-l’Arche, ville royale et ville de l’administration royale. 

Nous pensons que les revenus de la famille Jourdain se sont en partie faits grâce à l’Eure, le droit de moute au moulin de Louviers et, pourquoi pas, l’utilisation du ravin de Becdal. En effet, jusqu’à plus ample informé, nous ne connaissons pas de moulin dans cette partie du plateau du Neubourg. Il est possible que le grain fût transporté par Becdal à Louviers, peut-être en embarquant sur l’Eure. Le nom de Jourdain serait-il un sobriquet pour une personne tirant ses revenus de la rivière ?    

Quoi qu’il en soit, ce nom est limpide car la création de la paroisse est relativement tardive par rapport aux paroisses de la région et leurs toponymes normands des IXe et Xe siècles. 

Un bonjour de Mesnil-Jourdain ! Carte postale des années 1910.

Un bonjour de Mesnil-Jourdain ! Carte postale des années 1910.

L’imposant patrimoine bâti du Mesnil-Jourdain

Autour de l’église Notre-Dame se trouve un imposant patrimoine bâti en pierre de taille calcaire et à pans de bois qui campe une admirable carte postale normande, une des plus belles vues de la région de Pont-de-l’Arche grâce aux champs situés au sud et permettant d’avoir cette belle vue. Il faut mesurer avant toute chose que la commune se compose, comme les autres, de corps de fermes plus ou moins imposants et bien conservés. Comme les communes proches de vallons, les fermes se sont installées le plus souvent entre les terres argileuses des vallons, propices aux vergers et à l’élevage, et les terres limoneuses du plateau, propices à la culture en champs ouverts. Le domaine du Mesnil-Jourdain est le principal corps de ferme de la paroisse, situé entre ces deux types d’espaces, et doté d’une grande mare un peu à l’ouest. La Conservation régionale des Monuments historiques a inscrit le 25 octobre 1961 sur la liste supplémentaire des monuments protégés la motte féodale, la façade et les toitures du “bâtiment en pierres et silex attenant à l’église et des bâtiments en pans de bois à sa suite” et les “façades et toitures du bâtiment adossé à la motte féodale”. L’église paroissiale a été classée Monument historique le 14 juin 1961 et la croix de cimetière a été classée le 20 juin 1952.

Localisation des différents bâtiments notables du domaine du Mesnil-Jourdain (vue légendée réalisée sur le site Géoportail).

Localisation des différents bâtiments notables du domaine du Mesnil-Jourdain (vue légendée réalisée sur le site Géoportail).

Vue éloignée, côté sud, sur le domaine du Mesnil-Jourdain d'après une photographie de Frédéric Ménissier prise en avril 2021.

Vue éloignée, côté sud, sur le domaine du Mesnil-Jourdain d'après une photographie de Frédéric Ménissier prise en avril 2021.

La motte castrale des Jourdains

L’élément de patrimoine le plus ancien est la motte castrale sans douves, invisible depuis la rue, surmontée de nos jours par la base d’un bâtiment en silex, semble-t-il, recouvert de végétation. On le confondrait volontiers avec un colombier à l’abandon s’il n’y avait cette motte caractéristique du Moyen Âge dont la fondation est estimée au XIIe siècle. Cette motte témoigne des Jourdains qui étaient des nobles d’épée. MM. Charpillon et Caresme nous apprennent qu’en 1370 Michel du Mesnil-Jourdain, alors capitaine de Louviers, reçut l’ordre de Charles V de prendre 20 hommes pour la défense de Louviers, alors menacée. De même, vers 1350, l’héritière du Mesnil-Jourdain se maria à Jean de La Héruppe, gouverneur de Pont-de-l’Arche et, en 1395, “Pierre de La Héruppe, avait des quarts de fiefs au Vieux-Rouen, La Villette de Louviers, Montpoignant de Léry et Baignard de Criquebeuf”. Il devait, à ce titre, fournir des hommes au Pont-de-l’Arche en cas de bataille. On mesure que, bien que la ferme du Mesnil-Jourdain ne fut pas située dans un lieu propice aux défenses militaires, les Jourdains ont eu des fonctions martiales sûrement grâce à la proximité de la place forte de Louviers. La motte castrale semble avoir été située au milieu d’une propriété bien plus vaste, aujourd’hui partiellement occupée par des constructions plus récentes. 

La motte castrale (photographie de Jean-Charles Juillard, 2014, avec nos remerciements).

La motte castrale (photographie de Jean-Charles Juillard, 2014, avec nos remerciements).

Les manoirs des Hellenvilliers

Puis, le bâtiment le plus ancien semble se situer le long de la rue de l’église. On attribue ce manoir à la famille de Hellenvilliers. En effet, d’après MM. Charpillon et Caresme, Guillaume de la Champagne, seigneur du Mesnil, fut le dernier des Jourdains. Peu après 1408, semble-t-il, sa fille Agnès se maria à Roger de Hellenvilliers. 

Le manoir est composé au-rez-de-chaussée d’une alternance de silex, de pierre de taille au niveau de la voute de la porte cochère et du contrefort, et de moellon calcaire. Largement remanié, il témoigne tout de même du XVe siècle par ses ouvertures étroites et les quelques assises en silex, au-dessus de la porte piétonne, qui nous rappellent le moulin de la Couture de Tostes et autres propriétés de ce même siècle des moines de Bonport. L’étage à pans de bois et les ouvertures à meneaux (les formes de croix) évoquent le XVIe siècle et le débit de la Renaissance.  

Entre ce manoir et l’église se trouve un beau bâtiment du XVIe siècle avec de beaux chainages en pierre de taille et un remplissage de petits moellons calcaires ponctués de blocs de silex. Ce réemploi de matériaux plus anciens est élégant. Il est probable que ce bâtiment ait servi d’écuries, comme le laissent entendre les petites ouvertures hautes, et qu’il ait remplacé une ancienne grange dimière. En effet, les seigneurs du Mesnil-Jourdain présentaient à la cure, c’est-à-dire qu’ils dirigeaient la paroisse.  

Orienté nord-sud, un imposant manoir à pans de bois est aussi attribué aux Hellenvilliers et estimé du XVIIe siècle. Il présente de riches décorations avec des croix de saint-André, un escalier dans une tourelle hors du corps principal, une galerie au-dessus de la porte d’entrée. 

Le premier manoir des Hellenvilliers (XVe siècle), côté rue, d'après une capture d'écran réalisée à partir du site Google maps et une photographie de Frédéric Ménissier datant d'avril 2021.Le premier manoir des Hellenvilliers (XVe siècle), côté rue, d'après une capture d'écran réalisée à partir du site Google maps et une photographie de Frédéric Ménissier datant d'avril 2021.

Le premier manoir des Hellenvilliers (XVe siècle), côté rue, d'après une capture d'écran réalisée à partir du site Google maps et une photographie de Frédéric Ménissier datant d'avril 2021.

Le second manoir des Hellenvilliers (XVIIe siècle), côté cour, d'après une aquarelle signée Dubourg (avec nos remerciements à Jean-Charles Juillard).

Le second manoir des Hellenvilliers (XVIIe siècle), côté cour, d'après une aquarelle signée Dubourg (avec nos remerciements à Jean-Charles Juillard).

Le second manoir des Hellenvilliers (XVIIe siècle), côté cour, d'après une photographie de Gabriel Ruprich-Robert (1859-1953) et disponible dans la base POP du Ministère de la culture.

Le second manoir des Hellenvilliers (XVIIe siècle), côté cour, d'après une photographie de Gabriel Ruprich-Robert (1859-1953) et disponible dans la base POP du Ministère de la culture.

Le manoir des De Roux

Un dernier manoir doit retenir notre intention. Invisible depuis la route, ce manoir se situe près de la motte castrale. Il semble avoir été bâti pour les Le Roux, seigneurs d’Acquigny devenus seigneurs du Mesnil-Jourdain depuis 1605 où Robin Le Roux, président aux requêtes puis conseiller au parlement, la reçut par décret. Selon MM. Charpillon et Caresme, toujours, vers 1879 la comtesse du Mesnil-Jourdain, héritière des Le Roux, possédait encore la plus grande partie des terres du Mesnil-Jourdain. 

Ce bâtiment est aussi austère qu’harmonieux. Il est austère par ses angles saillants, notamment dans deux corps de bâtiments carrés aux ailes, et par ses ouvertures somme toute réduites, surtout au rez-de-jardin. On peut présumer qu’il servait de stockage à l’étage et de bergerie au rez-de-cour. Il est harmonieux par la blancheur du calcaire de ses moellons et des pierres de taille aux angles et aux chainage. La couleur sable des maçonneries, en remplissage, apportent une appréciable couleur chaude. Les toits à croupe évoquent, romantiquement, les bastides et l’ambiance du sud-ouest. Moins joyeux, on peut regretter avec Jean-Charles Juillard la construction d’un nouveau bâtiment entre la motte castrale, qu’il entaille, et le manoir des Le Roux ; construction sûrement autorisée dans la mesure où il est peu visible. 

Vue sur l'église Notre-Dame du Mesnil-Jourdain, côté sud, d'après une photographie de 1939 prise par Emmanuel-Louis Mas (1891-1979) et disponible dans la base POP du Ministère de la culture.

Vue sur l'église Notre-Dame du Mesnil-Jourdain, côté sud, d'après une photographie de 1939 prise par Emmanuel-Louis Mas (1891-1979) et disponible dans la base POP du Ministère de la culture.

Vue sur l'église Notre-Dame du Mesnil-Jourdain, côté nord, dans le domaine, d'après une photographie de Gabriel Ruprich-Robert (1859-1953) et disponible dans la base POP du Ministère de la culture.

Vue sur l'église Notre-Dame du Mesnil-Jourdain, côté nord, dans le domaine, d'après une photographie de Gabriel Ruprich-Robert (1859-1953) et disponible dans la base POP du Ministère de la culture.

Notre-Dame du Mesnil-Jourdain (XVe siècle)

Les Hellenvilliers étaient les patrons de la paroisse. Ils ont fait édifier le temple actuel vers 1455 à la place de leur chapelle privée, mais ouverte sur l’espace public, vers les quelques habitations d’alors du Mesnil-Jourdain. C’est ainsi qu’elle est adossée au bâtiment du XVe siècle, à l’ouest, qui contraint à placer l’entrée par le sud de la tour-clocher, comme à Pont-de-l’Arche. 

La tour-clocher s’élève sur quatre niveaux, fait rarissime dans la campagne alentour. Elle est massive, avec contreforts, mais non austère comme à Notre-Dame de Freneuse. Sa hauteur la rend élégante, élégance renforcée par la finesse des décorations gothiques des remplages du vitrail de l’entrée, des gargouilles et de sa balustrade en claire-voie qui couronne la tour. Le clocher est constitué d’une harmonieuse flèche pyramidale qui poursuit l’effort d’élévation de Notre-Dame. De ce point de vue, elle ressemble à un temple citadin et démontre à la fois les revenus et la volonté de puissance des Hellenvilliers. Le portail, avec ses voussures en arc brisé, son trumeau et son tympan à remplages gothiques flamboyants fait songer à Notre-Dame-des-arts, à Pont-de-l’Arche, plus tardive de quelques décennies. 

Vue sur le portail de l'église Notre-Dame du Mesnil-Jourdain, côté sud, d'après une photographie de 1939 prise par Emmanuel-Louis Mas (1891-1979) et disponible dans la base POP du Ministère de la culture.

Vue sur le portail de l'église Notre-Dame du Mesnil-Jourdain, côté sud, d'après une photographie de 1939 prise par Emmanuel-Louis Mas (1891-1979) et disponible dans la base POP du Ministère de la culture.

Détail sur une statue et sur les décors floraux des frises de l'encadrement de la porte principale d'après une photographie de Frédéric Ménissier en avril 2021.

Détail sur une statue et sur les décors floraux des frises de l'encadrement de la porte principale d'après une photographie de Frédéric Ménissier en avril 2021.

Plus modeste est la première et unique travée de la nef qui présente des baies gothiques aux dimensions appréciables et laissant passer largement la lumière à l’intérieur du temple. Puis, les autres travées, celles du chœur, sont bien plus modestes, le gros des dépenses ayant déjà été consenti pour la tour-clocher et la nef. Le temple retrouve une taille commune aux églises du plateau du Neubourg et le chœur bénéficie d’une lumière plus mesurée, plus intime et propice au recueillement. Il en résulte une disproportion entre les deux parties de l’édifice mais elle n’entame pas la beauté et l’harmonie d’ensemble de Notre-Dame.     

C’est ainsi que l’église paroissiale a obtenu son classement aux Monuments historiques le 14 juin 1961. Quant à son mobilier, ce sont un peu plus de 20 objets qui sont recensés, et dont les fiches sont accessibles dans la base POP du Ministère de la culture. Plusieurs objets datant du milieu du XVIIIe siècle sont classés sur la liste des Monuments historiques : 

- le 3 février 1958, au chœur du sanctuaire de Notre-Dame, une statue grandeur nature de la Vierge à l’Enfant en calcaire peint polychromé, l’ensemble du maitre-autel (l’autel, le tabernacle, le tabor (pupitre d’autel) et le tableau d’autel représentant la Descente de croix) et une statue grandeur nature de Saint-Nicolas ;

La Vierge à l'Enfant-Jésus, cœur du sanctuaire de Notre-Dame, par Frédéric Ménissier datant de mai 2021.

La Vierge à l'Enfant-Jésus, cœur du sanctuaire de Notre-Dame, par Frédéric Ménissier datant de mai 2021.

Le maitre-autel de Notre-Dame par Frédéric Ménissier datant de mai 2021.

Le maitre-autel de Notre-Dame par Frédéric Ménissier datant de mai 2021.

Saint-Nicolas par Frédéric Ménissier datant de mai 2021.

Saint-Nicolas par Frédéric Ménissier datant de mai 2021.

La Descente de la croix, détail du maitre-autel. On dit que les hermines du rideau couronnant le tableau seraient une référence aux fonctions de justice des Le Roux, ce qui est probable (potographie de Frédéric Ménissier, mai 2021).

La Descente de la croix, détail du maitre-autel. On dit que les hermines du rideau couronnant le tableau seraient une référence aux fonctions de justice des Le Roux, ce qui est probable (potographie de Frédéric Ménissier, mai 2021).

- le 24 mars 1972, le retable partiellement peint en trompe-l'œil sur le mur ; 

- un calice en cuivre et argent classé le 21 janvier 1974. 

En sus, le 4 juillet 1903 ont été classées au titre d’objets trois statues en marbre représentant des angelots nus et ailés. Elles font partie d’un style appelé putto ; putti dans son pluriel italien. Elles proviennent du tombeau de Robert Le Roux de Tilly, conseiller au Parlement de Normandie, mort en 1638, et de son épouse Marie de Bellièvre morte en 1642. Le tombeau a été transféré à l'église paroissiale d'Acquigny en 1779, où il a été saccagé à la Révolution.” La fiche du Ministère de la culture nous apprend que “Ces statues ont été exécutées par Jacques Sarrazin. Elles sont rehaussées par une imposante fresque représentant les défunts. L'angelot central chevauche un crâne comme pour signifier que la vie est plus forte, que cela soit au Paradis tout comme aujourd'hui où les naissances perpétuent la vie.

Vues sur la fresque en hommage à Robert Le Roux de Tilly et son épouse Marie de Bellièvre (XVIIe siècle) (Frédéric Ménissier, mai 2021). Vues sur la fresque en hommage à Robert Le Roux de Tilly et son épouse Marie de Bellièvre (XVIIe siècle) (Frédéric Ménissier, mai 2021).

Vues sur la fresque en hommage à Robert Le Roux de Tilly et son épouse Marie de Bellièvre (XVIIe siècle) (Frédéric Ménissier, mai 2021).

Vue sur le cimetière, le portail et deux bâtiments des Hellenvilliers par Frédéric Ménissier en avril 2021.

Vue sur le cimetière, le portail et deux bâtiments des Hellenvilliers par Frédéric Ménissier en avril 2021.

Massives porte charretière et porte piétonne triplement voutées en plein-cintre le long de la rue de l'église, vers Cavoville. La première vue est une aquarelle de Dubourg (merci à Jean-Charles Juillard) et la seconde une photographie de Frédéric Ménissier prise en avril 2021. Elles semblent dater au moins du XVe siècle, à en croire les assises alternées de silex et de pierre de taille, et témoignent de l'entrée d'une imposante propriété nobiliaire.
Massives porte charretière et porte piétonne triplement voutées en plein-cintre le long de la rue de l'église, vers Cavoville. La première vue est une aquarelle de Dubourg (merci à Jean-Charles Juillard) et la seconde une photographie de Frédéric Ménissier prise en avril 2021. Elles semblent dater au moins du XVe siècle, à en croire les assises alternées de silex et de pierre de taille, et témoignent de l'entrée d'une imposante propriété nobiliaire.

Massives porte charretière et porte piétonne triplement voutées en plein-cintre le long de la rue de l'église, vers Cavoville. La première vue est une aquarelle de Dubourg (merci à Jean-Charles Juillard) et la seconde une photographie de Frédéric Ménissier prise en avril 2021. Elles semblent dater au moins du XVe siècle, à en croire les assises alternées de silex et de pierre de taille, et témoignent de l'entrée d'une imposante propriété nobiliaire.

Le couvent de Sainte-Barbe

Nous avons vu que la paroisse était liée à Louviers par la famille Jourdain. Cela se traduit dans la découpe des limites communales qui descendent jusqu’aux rives et de l’Eure et au sud de la boucle fossile de La Haye-le-comte où l’on trouve l’ancien couvent de Sainte-Barbe. Les archives de l’Eure en ligne font état d’une liasse (cotée H1209) où se trouvent des documents allant de 1470 à 1668. On y apprend qu’Artus de Hellenvillier, écuyer, seigneur du Mesnil-Jourdain, fit don en 1470 à frère “Jehan Berthon, prêtre, religieux de la tierce ordre Saint-François” et à ses successeurs, d'une “place et lieu assis ès bois de la dite seigneurie du Mesnil-Jourdain, nommé l'Ermitage.” 

Les bâtiments du couvent Sainte-Barbe sur une carte postale illustrée des années 1910 et vue sur la ferme Sainte-Barbe par Frédéric Ménissier en avril 2021.Les bâtiments du couvent Sainte-Barbe sur une carte postale illustrée des années 1910 et vue sur la ferme Sainte-Barbe par Frédéric Ménissier en avril 2021.

Les bâtiments du couvent Sainte-Barbe sur une carte postale illustrée des années 1910 et vue sur la ferme Sainte-Barbe par Frédéric Ménissier en avril 2021.

 

Petite par le nombre de ses habitants, Le Mesnil-Jourdain s’avère être une des communes les plus riches en patrimoine bâti et paysager de la région. Saluons le travail des élus et de plusieurs habitants, réunis en association, investis dans la protection et la restauration du patrimoine. En lien avec la Fondation du patrimoine, qui collecte des fonds, ils se sont attelés à un vaste travail de restauration de Notre-Dame dont les gargouilles ont été récemment restaurées. Nous invitons nos lecteurs à se joindre aux dons sur le site de la Fondation du patrimoine.

 

Armand Launay

Pont-de-l'Arche ma ville

http://pontdelarche.over-blog.com

Bando 13x9 (1)

 

Partager cet article
Repost0
2 février 2021 2 02 /02 /février /2021 12:30
Comparaison entre la carte d'état major des années 1840 et la carte topographique contemporaines (captures d'écrans du site Géoportail, consulté le 2 février de l'an de grâce 2021).
Comparaison entre la carte d'état major des années 1840 et la carte topographique contemporaines (captures d'écrans du site Géoportail, consulté le 2 février de l'an de grâce 2021).

Comparaison entre la carte d'état major des années 1840 et la carte topographique contemporaines (captures d'écrans du site Géoportail, consulté le 2 février de l'an de grâce 2021).

 

Pinterville se trouve aujourd’hui dans le prolongement de Louviers, tel un de ses quartiers, le long de beaux coteaux dirigeant le regard vers Pacy-sur-Eure. En ce sens, Pinterville est la porte d’entrée vers les charmants villages de pierre qui s’égrènent le long de la rivière d’Eure. Se promener dans les rues pintervillaises permet de mesurer combien nous avons affaire à un paisible village de la vallée. Il ne lui manque que le vignoble que l’on imagine aisément sur ses doux coteaux. 

Avec seulement 752 habitants en 2018, notre commune est augmentée d’un hameau, Le Hamelet, que l’on voit sur la carte d’état major de 1840. Il est depuis largement devenu le nom d’un quartier et collège de Louviers, hormis une résidence pavillonnaire située dans le territoire pintervillais. 

Il existait aussi, sur les lointaines hauteurs exposées au vent, le Moulin Lequeux, sur le plateau vers Vironvay. On le voit encore sur la carte de 1840 qui démontre, s’il le fallait, l’importance de la culture céréalière sur les hauts. Dans la vallée, au moins un autre moulin devait être exploité sur l’Eure. 

 

Extrait de la carte de Cassini (de la fin du XVIIIe siècle) où se voit très nettement la ferme appelée Le Parc (capture d'écran du site Géoportail, consulté le 2 février 2021).

Extrait de la carte de Cassini (de la fin du XVIIIe siècle) où se voit très nettement la ferme appelée Le Parc (capture d'écran du site Géoportail, consulté le 2 février 2021).

 

Pinterville est aussi constituée par Le Parc de la Garenne, dénommée “ferme de Pinterville” sur la carte de Cassini de la fin du XVIIIe siècle. Un château, sur lequel nous n’avons pas d’information, l’accompagne de nos jours, non loin de la Croix du Buis-Morieux (XVIIe siècle). Plus au sud de cette ferme, se trouve l’étonnante vallée de la porte blanche, couleur de la craie qui y affleure. Mystérieuse et tortueuse, entre Acquigny et Heudebouville, elle est cachée par un beau couvert forestier. Elle dût être en eau naguère et donc propice à l’installation humaine comme en témoigne l’allée couverte… découverte en 1942 et classée Monument historique trois ans plus tard. Cette allée couverte était le tombeau collectif d’une trentaine de personnes. Sa présence témoigne de l’implantation d’une communauté, c’est-à-dire d’un processus de sédentarisation. Cette allée couverte est classée dans la civilisation Seine-Oise-Marne et datée dans une fourchette allant de 3 400 à 2 700 ans avant Jésus-Christ. Avec l’enceinte préhistorique de Cambremont, à Acquigny, elle témoigne d’un peuplement précoce mais aussi d’une riche exploitation de ces lieux qui tranche avec la relative désertification, depuis le XIXe siècle, de ces espaces intermédiaires entre vallée et plateaux. 

L’étymologie de Pinterville est incertaine. Elle évoque néanmoins le domaine d’un seigneur au nom d’origine franque. Selon MM. Charpillon et Caresme, cette paroisse fait partie du domaine royal à partir, au moins, de Philippe Auguste. Malgré des changements de propriétaires, on retrouve quelques principales familles fieffées en ce lieu. En 1248, Guillaume d’Aubergenville, seigneur, avait des droits sur le bois pour refaire son manoir et son port. En 1260, c’est le célèbre Eudes Rigaud, zélé archevêque de Rouen, qui acheta le fief de Pinterville. En 1601, un archevêque vendit son bien à Gabriel Le Page, receveur de la cour des aides (un impôt d’alors). 

 

Couleurs d'hiver sur Pinterville par Frédéric Ménissier (janvier 2021).
Couleurs d'hiver sur Pinterville par Frédéric Ménissier (janvier 2021).

Couleurs d'hiver sur Pinterville par Frédéric Ménissier (janvier 2021).

 

Le château de l’économiste Pierre de Boisguilbert

C'est en 1677 que l’écrivain et économiste normand Pierre Le Pesant de Boisguilbert (1646-1714) lia sa vie à Pinterville en se mariant avec Suzanne Le Page, descendante de Gabriel Le Page. Pierre de Boisguilbert compte parmi les grands précurseurs de la science économique. En effet, ses études sur la justice sociale se firent à travers le prisme de la fiscalité et des échanges marchands. De Boisguilbert souhaitait assoir une meilleure égalité devant l'impôt à hauteur de 10 % des revenus, devant aider les plus pauvres à consommer et donc à accroitre la production. Il établit, le premier, une théorie des échanges marchands et promut une certaine liberté du commerce. 

C’est en 1680 qu’il fit bâtir le corps principal du château, qui existe de nos jours au sud du village, dans un pur style classique français, aussi symétrique qu'harmonieux. Situé dans un parc arboré caressé par le cours de l’Eure, le château fut construit avec de la brique, en chainage, et du moellon calcaire en remplissage. Il remplaça un ancien manoir du XIIIe siècle, peut-être celui de Guillaume d’Aubergenville. Au XVIIIe siècle, les descendants de De Boisguilbert érigèrent les galeries, les pavillons d'angle et les ailes. Le pavillon central fut rehaussé en 1840. Ce château fut acquis par Jean-Luc et Édith de Feuardent en 1997 qui œuvrent depuis à sa restauration et son rayonnement. En 2015, le domaine fut classé Monument historique. 

 

Carte postale des années 1910 représentant le château de De Boisguilbert et vue actuelle de Frédéric Ménissier (janvier 2021).
Carte postale des années 1910 représentant le château de De Boisguilbert et vue actuelle de Frédéric Ménissier (janvier 2021).

Carte postale des années 1910 représentant le château de De Boisguilbert et vue actuelle de Frédéric Ménissier (janvier 2021).

 

L’église de la Sainte-Trinité

L’église est plus proche de l’Eure que le cœur du village. Cela témoigne assurément des activités anciennes de Pinterville autour de son port et du franchissement de l’Eure vers la rive gauche. L’église est située à la limite des zones inondables. Placée sous le patronage de la Sainte-Trinité, elle est constituée d’un vaisseau rectangulaire protégé de deux pans de toit couverts de tuile plate et d’un petit clocher couvert d’ardoise. L’essentiel de ce bâtiment date du XVIe siècle comme en témoignent les régulières ouvertures gothiques perçant des murs en belle pierre de taille calcaire. Une tourelle menant au clocher rompt l’harmonie générale mais présente la beauté de ses pans de bois. La sacristie fut construite au XVIIIe siècle. Le mobilier, particulièrement riche, retient l’attention quand on entre dans la Sainte-Trinité qui fut classée Monument historique en 1927. Ce mobilier est décrit dans la base POP du Ministère de la culture et comprend plusieurs dizaines d’objets classés ou inscrits sur la liste supplémentaire des Monuments historiques. Un presbytère de la moitié du XVIIIe siècle enrichit le tout qui fut inscrit Monument historique en 1975.

 

L'église de la Sainte-Trinité de Pinterville sur une carte postale des années 1910.

L'église de la Sainte-Trinité de Pinterville sur une carte postale des années 1910.

 

Les immenses Charpillon et Caresme

Deux monuments ‒ intellectuels ‒ de l’Eure sont attachés à la commune de Pinterville : MM. Charpillon et Caresme, auteurs, avec l’aide de Stéphane de Merval, du Dictionnaire historique de toutes les communes du département de l'Eure ‒ histoire, géographie, statistique. Cette somme de connaissances fut rédigée par le bourguignon Louis-Étienne Charpillon (1817-1894), juge de paix à Gisors. Inspirée des travaux Louis-Léon Gadebled (1840) et d'Auguste Le Prévost (1864), elle fut publiée en deux volumes en 1868 et 1879 et bénéficia d’une préface du célèbre écrivain Alexandre Dumas, ami de Louis-Étienne Charpillon.

Sans qu’on en sache précisément la cause Louis-Étienne Charpillon s’installa à Pinterville où il s’associa à son curé, le lovérien Anatole Caresme (1815-1876), qui lui apporta la richesse de ses notes (accumulées durant près de 30 années de lecture des archives) ainsi qu’une solide connaissance de l’administration religieuse et civile de l’Ancien Régime. Il est resté connu sous le nom d’abbé Caresme, comme en témoigne une rue de Louviers.  

 

La paroisse du père Laval 

Un autre curé, déjà cité par MM. Charpillon et Caresme, a honoré la paroisse de Pinterville : il s’agit du père Désiré Laval. Ce docteur en médecine s’est fait aimer pour son dévouement à la santé des Mauriciens de 1847 à 1849. En héritier de Saint-Luc, il a curé les corps et les âmes. Il participa à l’évangélisation de cette ile de l’Océan indien, ancienne colonie française, où l’on pratique toujours avec ferveur le catholicisme et où le père Laval y est honoré. La présence d’une communauté mauricienne, en France, a impulsé et animé un pèlerinage annuel, début septembre, à Pinterville pour honorer, par sa paroisse d’origine, le père Laval. Cet homme a été béatifié en 1979 par le pape Jean-Paul II.

 

Quelle riche histoire pintervillaise que nous ne faisons qu’entrevoir ! 

 

Armand Launay

Pont-de-l'Arche ma ville

http://pontdelarche.over-blog.com

Bando 13x9 (1)

Partager cet article
Repost0
8 décembre 2020 2 08 /12 /décembre /2020 08:30
La Haye-le-comte, hameau de Louviers et commune à part entière, d'après un détail d'une vue panoramique et printanière de Frédéric Ménissier, que nous remercions, en avril 2021.

La Haye-le-comte, hameau de Louviers et commune à part entière, d'après un détail d'une vue panoramique et printanière de Frédéric Ménissier, que nous remercions, en avril 2021.

Carte postale des années 1910 (Archives départementales de l'Eure, en ligne).

Carte postale des années 1910 (Archives départementales de l'Eure, en ligne).

 

La Haye-le-comte est un village de 135 habitants situé dans la continuité des quartiers sud de Louviers. Si la majeure partie de ses maisons se trouvent à Louviers, quelques bâtisses à pans de bois, brique et moellon calcaire évoquent la campagne autour de deux ou trois rues bel et bien situées dans la commune de La Haye-le-comte. Alors La Haye-le-comte est la fois le nom d’une commune et d’un quartier de Louviers. 

 

Extrait du tableau d'assemblage du plan cadastral de la commune (Archives départementales de l'Eure, en ligne).

Extrait du tableau d'assemblage du plan cadastral de la commune (Archives départementales de l'Eure, en ligne).

 

Un lieu de transition paysagère. 

Le paysage de la Haye-le-comte est une boucle témoignant d’un méandre fossile de l'Eure. Cette boucle entame le plateau du Neubourg par de sévères pentes comme l’exprime excellemment la “côte de Crève-cœur”. Au milieu de cette boucle se trouve la “côte de la Justice”, évoquant par la dureté des lois la raideur de sa pente culminant à 72 m, à moins que ce ne soit une référence à un éventuel gibet installé ici pour supplicier des gens, selon la fiche Mérimée du Ministère de la culture. La Haye-le-comte est à la fois dans la vallée agricole, vers 35 m d’altitude, et sur le plateau du Neubourg avec La Neuville, un de ses hameaux, à proximité de Surville. Ainsi des bois et des vallons, dont celui au nom étonnant et mystérieux de Trifondouille, font partie de la richesse de la commune, qu’elle soit naturelle ou lexicale. C’est ce beau cadre que viennent chercher les résidents des quelques nouvelles rues pavillonnaires longeant les voies d’antan.   

 

Carte d'état-major consultée sur le site Géoportail.

Carte d'état-major consultée sur le site Géoportail.

 

Le château des comtes de Meulan

C’est avec surprise que La Haye-le-comte est devenue une commune, à la Révolution, car elle était peu peuplée ‒ 46 habitants en 1800 ‒ et semblait se résumer à une propriété seigneuriale, près de la ferme des Herbages. Pour preuve, sa petite mairie semble être une annexe du château seigneurial. 

Exprimant sûrement la conquête de la Normandie par le roi de France, en 1204, c’est le Français Roger, comte de Meulan, qui fit construire le château de “Hayam comitis” dans la paroisse de Louviers. Peut-être devait-il être l’œil du roi, se méfiant des Normands, sur la ville de Louviers ? Si nous ne savons rien de ce château, nous pouvons affirmer que le nom de la paroisse vient de celui-ci : la haie du comte de Meulan, que ce soit Roger et ses descendants. La haie peut désigner un clos défensif constitué de végétaux denses et de fossés. Nous savons aussi que ce château était situé à côté de la ferme des Herbages. Après les comtes de Meulan, au XIVe siècle, les seigneurs de La Haye ont été les Le Métayer. Vers 1647, Anne Le Métayer fit construire une demeure, remaniée au XIXe siècle, ainsi qu’un pigeonnier vraisemblablement daté, lui aussi, du XVIIe siècle. 

 

Le château de La Haye-le-comte derrière et à côté de beaux éléments architecturaux agricoles (photographie de Frédéric Ménissier, avril 2021).

Le château de La Haye-le-comte derrière et à côté de beaux éléments architecturaux agricoles (photographie de Frédéric Ménissier, avril 2021).

Cartes postales des années 1910 (Archives départementales de l'Eure, en ligne).
Cartes postales des années 1910 (Archives départementales de l'Eure, en ligne). Cartes postales des années 1910 (Archives départementales de l'Eure, en ligne).

Cartes postales des années 1910 (Archives départementales de l'Eure, en ligne).

 

La difficile église de La Haye

Après la construction du château par Roger, son fils Amaury fit ériger une petite église en 1225 devant sa propriété. Sa charge fut conférée aux chanoines réguliers de prémontrés d’Abbécourt, à Orgeval, dans les Yvelines. Richard de Saint-Léger, évêque d'Évreux, la consacra en 1226 du nom de Notre-Dame. En 1330, une chapelle dédiée à Saint-Thibault fut construite à côté de l’église, séparée ou unie par un mur mitoyen. En 1645, l’église était en ruine. François de Péricard, évêque d’Évreux, insista pour qu’elle soit restaurée principalement par le seigneur Le Métayer, puis le prieur Jean Blondeau. Le 6 juin 1645 le même évêque la consacra à Notre-Dame et Saint-Thibault. Elle fut érigée en cure et les prémontrés partirent.  

 

Carte postale des années 1910 (Archives départementales de l'Eure, en ligne).

Carte postale des années 1910 (Archives départementales de l'Eure, en ligne).

 

Devenue ruine dans une paroisse peu peuplée, l’église disparut et, à la Révolution pas plus qu’en 1905, La Haye-le-comte n’avait d’église. Ce n’est qu’en 1922 qu’une chapelle fut bâtie. C’est Émile et Léonie Auger qui achetèrent les terres et firent construire l’édifice pour remercier le Ciel de la survie de leur fils Jean durant la Première Guerre mondiale. Depuis, le culte catholique reprit et, le 24 avril 2015, la chapelle fut donnée à la commune par les héritiers Auger. La mairie a entrepris des travaux notamment avec l’atelier Cursus et la Fondation du patrimoine grâce à laquelle nous avons eu ces dernières informations et une photographie. Un appel aux dons est ouvert sur le site de l’association. Du patrimoine ancien, il reste une statue de la Vierge à l’Enfant Jésus du XIIe siècle, un buste reliquaire de Saint-Thibaut offert, semble-t-il, au XVIIe siècle par François de Péricard et une vasque calcaire des fonts baptismaux du XVIe siècle.

Notre-Dame de La Haye-le-comte. Photographie issue du site de la Fondation du patrimoine.

Notre-Dame de La Haye-le-comte. Photographie issue du site de la Fondation du patrimoine.

Longtemps dépeuplée, la Raye l’conte, comme on disait en parler normand, semble retrouver une vitalité qui lui va bien ! 

 

Armand Launay

Pont-de-l'Arche ma ville

http://pontdelarche.over-blog.com

Bando 13x9 (1)

Partager cet article
Repost0
22 novembre 2020 7 22 /11 /novembre /2020 07:50
Vue générale depuis la falaise est sur une carte postale des années 1910 conservée aux Archives départementales de l'Eure (10 NUM 3612).

Vue générale depuis la falaise est sur une carte postale des années 1910 conservée aux Archives départementales de l'Eure (10 NUM 3612).

 

Le riche patrimoine d’Acquigny est bien mis en valeur et protégé. On le parcourt avec un évident fil conducteur : l’eau. 

Un ru tailla le Val Noël qui sépare un éperon du plateau de Madrie. Sur cet éperon, appelé Cambremont, une enceinte préhistorique, classée Monument historique en 1945, a été identifiée par Léon Coutil. Avec l’allée couverte de Pinterville elle atteste l’occupation humaine depuis le Néolithique récent du Bassin parisien, c’est-à-dire entre 2000 et 3000 avant Jésus-Christ. La défense d’Acquigny se mesure aussi par le “château Robert”, daté du XIIe siècle, au même lieu mais en ruine et, probablement, un camp romain dans le bois de Mesnil-Jourdain. Acquigny a, semble-t-il, été un verrou défensif de l’entrée du méandre de Louviers. 

La présence humaine a été continue comme le reflète son nom romain : Acinius iacum, le domaine d’Acinius, surnom désignant la baie (le fruit). Un propriétaire chauve, rougeaud ou rondouillard a peut-être été affublé de ce sobriquet comme Cicéron fut dénommé d’après son crâne chauve rappelant le “pois chiche” (“cicero”). 

Acquigny est le lieu où confluent l’Eure et l’Iton. Le premier confluent était naturel, à l’est des Planches, et fut remplacé par la base de loisirs nautiques. Le second confluent se lit sur la carte de Cassini, au XVIIIe siècle. Il se trouve à Acquigny même et est alimenté par un bras de l’Iton remontant artificiellement vers le nord, peut-être dans un ancien bras de l’Eure, jusqu’au château d’Acquigny en arrosant le moulin-Potel. Ceci explique peut-être partiellement le culte voué à saint Mauxe (abréviation et prononciation normande de Max) et saint Vénérand depuis le haut Moyen Âge. Au-delà d’un type de légende commun ‒ où des saints donnent leur vie pour démontrer leur foi dans une vie après la mort ‒ nous notons que les deux confluents sont dévolus au culte des saints martyrs. Une chapelle Saint-Mauxe, vestige du prieuré, se trouve près du confluent aval. Un clos Saint-Mauxe se trouve au confluent amont, à la limite de la paroisse d’Heudreville. Saint-Mauxe semble informer des limites d’une propriété foncière ancienne autour de ce lieu de passage. 

Acquigny a été colonisée par les Vikings, comme en atteste la toponymie : “Le Hom” désignant une ile en norrois, “La Londe” désignant un bois, “Becdal” au nord de la commune désignant semble-t-il le champ de la rivière. Un imposant manoir du XVIIe siècle, classé Monument historique en 1978, se trouve en ce lieu. De cette implantation sont issus les barons du duché normand. Un Roger Ier de Tosny, propriétaire à Conches, donna ici en 1035 des terres à l’abbaye de Conches pour y fonder le prieuré Saint-Mauxe. À n’en pas douter, le confluent nécessita une présence humaine pour s’assurer du respect des droits de passage. Après tout, l’Iton donne accès à Évreux puis Conches par la route et l’Eure donne accès à Chartres, d’un côté, et à la Seine de l’autre côté.

 

Vestiges du château-Robert d'Acquigny par Frédéric Ménissier en avril 2021.
Vestiges du château-Robert d'Acquigny par Frédéric Ménissier en avril 2021. Vestiges du château-Robert d'Acquigny par Frédéric Ménissier en avril 2021. Vestiges du château-Robert d'Acquigny par Frédéric Ménissier en avril 2021.

Vestiges du château-Robert d'Acquigny par Frédéric Ménissier en avril 2021.

Vue sur la rive droite de l'Eure, à Acquigny, en janvier 2021 par le regard de Frédéric Ménissier, que nous remercions.

Vue sur la rive droite de l'Eure, à Acquigny, en janvier 2021 par le regard de Frédéric Ménissier, que nous remercions.

Il n’est donc pas étonnant que l’église et le château seigneurial fussent bâtis entre l’Eure et l’Iton, quelque peu protégés. Un temps possédé par les contes de Laval, le château actuel, classé Monument historique en 1946, fut édifié à partir de 1557 par Anne de Laval. Cette veuve de Louis de Silly, était cousine du roi de France et première dame d’honneur de Catherine de Médicis. Par bonheur, Acquigny est toujours rehaussée par ce château et son parc, sertis par les rivières. C’est même le château qui ‒ fait assez rare pour une commune de cette taille ‒ est plus notable que l’église paroissiale. Celle-ci, placée sous le patronage de Sainte-Cécile, a pourtant ‒ et à juste titre ‒ été classée Monument historique en 1975 et 2001. Elle est fortement marquée par sa rénovation du XVIIIe siècle ; rénovation due au président d’Acquigny : Pierre-Robert Le Roux d’Esneval, qui dirigeait une des chambres du parlement de Normandie. Le plus original dans la région, à défaut d’être plus ancien, est le fronton de la façade refait vers 1780 par l’architecte Charles Thibault ; un fronton qui évoque bien plus un temple classique que l’art roman ou gothique commun dans nos églises locales. 

Le long d’une ancienne voie qui servait sûrement à éviter les eaux de crue, c’est presque un second Acquigny qui s’est développé depuis quelques siècles le long de la route de Louviers, allant vers Évreux. Ce quartier contourne le cœur historique de la commune, préfigurant la voie rapide actuelle et traduisant le fait que le passage s’est détourné de l’eau. 

Enfin, la force de l’eau a alimenté les moulins, notamment pour battre la monnaie royale au XVIIe siècle. Une proto-industrialisation s’est développée au début du XIXe siècle. On voit encore les moulins à foulon puis les usines le long de l’Eure sur les différentes illustrations du XXe siècle. Avec les anciennes carrières, le long des falaises vers Pinterville, toute une histoire industrielle se lit qui a animé et fait vivre le peuple acquignicien.

 

Ajout d'avril 2021 : Les amateurs d'histoire pourront consulter sur Gallica l'œuvre intégrale de Pierre-François Lebeurier intitulée Notice historique sur la commune d'Acquigny avant 1790 et éditée en 1862.

 

Les illustrations ci-après sont issues de la Plateforme ouverte du patrimoine mise à disposition par le Ministère de la culture. 

Histoire d'Acquigny : petit survol...
Histoire d'Acquigny : petit survol...

Armand Launay

Pont-de-l'Arche ma ville

http://pontdelarche.over-blog.com

Bando 13x9 (1)

Partager cet article
Repost0

  • : Pont de l'Arche et sa région histoire, patrimoine et tourisme
  • : Bienvenue sur ce blog perso consacré à Pont-de-l'Arche et sa région (Normandie, Eure). Contactez-moi afin d'étudier ensemble, plus avant, l'histoire et donc de progresser vers la connaissance. Bonne lecture ! armand.launay@gmail.com
  • Contact

Mes activités

Armand Launay. Né à Pont-de-l'Arche en 1980, j'ai étudié l'histoire et la sociologie à l'université du Havre (Licence) avant d'obtenir un DUT information-communication qui m'a permis de devenir agent des bibliothèques. J'ai acquis, depuis, un Master des Métiers de l'éducation et de la formation, mention Lettres modernes. Depuis 2002, je mets en valeur le patrimoine et l'histoire de Pont-de-l'Arche à travers :

- des visites commentées de la ville depuis 2004 ;

- des publications, dont fait partie ce blog :

Bibliographie

- 20 numéros de La Fouine magazine (2003-2007) et des articles dans la presse régionale normande : "Conviviale et médiévale, Pont-de-l'Arche vous accueille", Patrimoine normand n° 75 ; "Pont-de-l'Arche, berceau de l'infanterie française ?", Patrimoine normand n° 76 ; "Bonport : l'ancienne abbaye dévoile son histoire", Patrimoine normand n° 79 ; "Chaussures Marco : deux siècles de savoir-plaire normand !", Pays de Normandie n° 75.

- L'Histoire des Damps et des prémices de Pont-de-l'Arche (éditions Charles-Corlet, 2007, 240 pages) ;

- Pont-de-l'Arche (éditions Alan-Sutton, collection "Mémoire en images", 2008, 117 pages) ;

- De 2008 à 2014, j'ai été conseiller municipal délégué à la communication et rédacteur en chef de "Pont-de-l'Arche magazine" ;

- Pont-de-l'Arche, cité de la chaussure : étude sur un patrimoine industriel normand depuis le XVIIIe siècle (mairie de Pont-de-l'Arche, 2009, 52 pages) ;

- Pont-de-l'Arche, un joyau médiéval au cœur de la Normandie : guide touristique et patrimonial (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 40 pages) ;

- Pont-de-l'Arche 1911 I 2011 : l'évolution urbaine en 62 photographies (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 32 pages) ;

- Mieux connaitre Pont-de-l'Arche à travers 150 noms de rues et de lieux ! (Autoédité, 2019, 64 pages) ; 

- Déconfiner le regard sur Pont-de-l'Arche et ses alentours (Autoédité avec Frédéric Ménissier, 2021, 64 pages) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (publié en ligne, 2022) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (version mise en page du précédent ouvrage, édité par la mairie de Terres-de-Bord, 2023).

Depuis 2014, je suis enseignant à Mayotte.

Accédez aux articles par Google maps