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20 septembre 2019 5 20 /09 /septembre /2019 12:13

 

Nous proposons ici un début de description d’un bâtiment disparu : le manoir du roi. Nous avons forgé ce nom à partir de son appellation de manoir, au XIXe siècle, et du fait qu’il était la propriété directe du roi. 

 

Détail de la vue de E. Cagniard, inspiré d'Hyacinthe Langlois qui représenta, avant 1816, cette portion des remparts de Pont-de-l'Arche. Le manoir du roi est le vaste bâtiment situé derrière le rempart. (photographie de Jean Mesqui d'après l'original conservé aux archives de l'Eure).

Détail de la vue de E. Cagniard, inspiré d'Hyacinthe Langlois qui représenta, avant 1816, cette portion des remparts de Pont-de-l'Arche. Le manoir du roi est le vaste bâtiment situé derrière le rempart. (photographie de Jean Mesqui d'après l'original conservé aux archives de l'Eure).

 

Les documents les plus explicites de l’existence de ce bâtiment sont des gravures. La première est signée E. Cagniard, artiste de Rouen. Il doit s’agir de Jean-Baptiste Espérance Cagniard, né en 1825 et décédé en 1891. Cette vue peut se consulter aux archives départementales de l’Eure sous la cote 1 Fi 838. Elle servit d’illustration à l’ouvrage de Léon de Duranville : Essai historique et archéologique sur la ville du Pont-de-l’Arche. Documents supplémentaires (1870). Elle fut réalisée d’après un croquis d’Hyacinthe Langlois, artiste né à Pont-de-l’Arche. Elle doit dater d’avant 1816, date où les remparts jouxtant l’église furent arasés comme nous l’apprend une délibération du Conseil municipal du 2 mai 1816.

On y voit encore les remparts dans ce qui semble être leur hauteur d’origine. Ils sont percés d’une série d’archères à moins qu’il s’agisse de passages pour les solives des hourds. La tour de Crosne est nettement visible. 

Immédiatement derrière les remparts se trouve un immense bâtiment : c’est le manoir du roi. Ses dimensions sont impressionnantes et c’est par cette vue que l’on prend le plus aisément conscience de son existence. La forte inclination du toit nous fait songer à une architecture médiévale. 

 

 

Vue de E. Cagniard dans son intégralité (photographie de Jean Mesqui d'après l'original conservé aux archives de l'Eure).

Vue de E. Cagniard dans son intégralité (photographie de Jean Mesqui d'après l'original conservé aux archives de l'Eure).

Une autre vue, celle de Garneray en 1790, illustre ce que fut ce bâtiment. On le retrouve proche de la tour de Crosne mais un peu plus distant. Ses dimensions sont plus réalistes, semble-t-il, mais le dessinateur fut aussi frappé par sa hauteur émergeant des remparts. Il ne semble pas qu’il fut parallèle aux remparts longeant la Seine. Il doit au contraire avoir formé une diagonale barrant l’angle-droit où se trouve la tour de Crosne. En somme, il devait avoir une orientation nord-est‒sud-ouest.    

En 1790, Aubin-Louis Millin présenta à l’Assemblée constituante une œuvre recensant le patrimoine national. Dans le chapitre 43 de ses désormais célèbres Antiquités nationales l’auteur accorde quelques belles pages à Pont-de-l’Arche. Il aborde notamment « … le château de Pont-de-l’Arche, actuellement démoli, et que j’ai fait dessiner au moment de la destruction… ». Il s’agit d’une vue sur le châtelet de Limaie, alors en démantèlement. On y voit, en arrière plan, la tour de Crosne et le manoir du roi. Reproduite ci-dessus, elle fut dessinée par Garneray et sculptée par Desmaisons.

En 1790, Aubin-Louis Millin présenta à l’Assemblée constituante une œuvre recensant le patrimoine national. Dans le chapitre 43 de ses désormais célèbres Antiquités nationales l’auteur accorde quelques belles pages à Pont-de-l’Arche. Il aborde notamment « … le château de Pont-de-l’Arche, actuellement démoli, et que j’ai fait dessiner au moment de la destruction… ». Il s’agit d’une vue sur le châtelet de Limaie, alors en démantèlement. On y voit, en arrière plan, la tour de Crosne et le manoir du roi. Reproduite ci-dessus, elle fut dessinée par Garneray et sculptée par Desmaisons.

 

 

Les vues précédentes correspondent à un élément du patrimoine bâti existant aujourd’hui : la cave de la tour de Crosne. Nous l’avons visitée en 2010 grâce à son propriétaire : William Bertrand. Si le rempart forme presque un angle-droit au niveau de la tour Crosne, cette cave serait orientée à 45° de la tour. Son entrée actuelle ne semble pas d’origine. Elle est faite en brique et moellons de silex et commence à s’engager dans la terre le long du rempart, depuis l’est de la tour. Après un premier escalier, un virage se fait sur la gauche, vers le centre de la ville et la voute diffère. Il s’agit alors d’une voute médiévale, avec des arcs en tiers-point chanfreinés, qui devait, selon toute vraisemblance, permettre d’entrer depuis la tour de Crosne. Un second escalier permet de prendre de la profondeur et d’aboutir à une nef principale d’une dizaine de mètres de long sur deux de large, avec des alcôves de part et d’autre. Ces alcôves ont été partiellement murées. Cette cave aurait bien pu être la cave du manoir du roi. Elle en aurait formé la ligne coupant symétriquement le bâtiment et le reliant à la tour de Crosne.

 

 

Différentes vues de la cave de la tour de Crosne (clichés Armand Launay, mai 2010). Il se peut qu'elle ait servi de cave au manoir du roi et, même, de passage entre celui-ci et la tour.
Différentes vues de la cave de la tour de Crosne (clichés Armand Launay, mai 2010). Il se peut qu'elle ait servi de cave au manoir du roi et, même, de passage entre celui-ci et la tour.
Différentes vues de la cave de la tour de Crosne (clichés Armand Launay, mai 2010). Il se peut qu'elle ait servi de cave au manoir du roi et, même, de passage entre celui-ci et la tour.
Différentes vues de la cave de la tour de Crosne (clichés Armand Launay, mai 2010). Il se peut qu'elle ait servi de cave au manoir du roi et, même, de passage entre celui-ci et la tour.
Différentes vues de la cave de la tour de Crosne (clichés Armand Launay, mai 2010). Il se peut qu'elle ait servi de cave au manoir du roi et, même, de passage entre celui-ci et la tour.
Différentes vues de la cave de la tour de Crosne (clichés Armand Launay, mai 2010). Il se peut qu'elle ait servi de cave au manoir du roi et, même, de passage entre celui-ci et la tour.

Différentes vues de la cave de la tour de Crosne (clichés Armand Launay, mai 2010). Il se peut qu'elle ait servi de cave au manoir du roi et, même, de passage entre celui-ci et la tour.

 

Une autre référence se trouve aux pages 74 et 75 de l’étude de Paul Goujon intitulée “L’Hôtel-Dieu et les pénitents du Pont-de-l’Arche”. Elle fut publié dans la revue La Normandie dans le n° 3 de mars (pages 66-76) et n° 4 d’avril (pages 105-115) de l’année 1897. Paul Goujon y écrivit que Les pénitents étant trop à l’étroit dans l’hôtel-Dieu [au-dessus de la Salle d’Armes], ils voulurent fonder un couvent. Avec l’aide de Richard Cyrot [curé de la paroisse] qui leur donna 1 500 livres, ils acquirent « un vieux manoir avec cour et jardin, dépendant du domaine du roi, habité autrefois par Charles le Sergent, vicomte et receveur du domaine du Pont-de-l’Arche, décédé en 1647, et situé entre la rue et les remparts, près de la porte appelée anciennement Saint-Jean [la porte de Crosne], qui avait été murée. Le terrain, avec plusieurs bâtiments en ruine, avait une longueur de quarante toises, de la propriété Durant, eslu au Pont-de-l’Arche, le plus proche voisin, jusques aux remparts de la ville et à la tour du côté de Bonport [qu’on n’appelait donc pas encore tour de Crosne], et une largeur de trente et une toises de la muraille bordant la rue aux remparts de la Seine ; il occupait en partie l’emplacement de la propriété actuelle de M. L’abbé de Lanterie.” 

La description correspond aux vues précédentes : il s’agit de l’encoignure de la tour de Crosne, entre la porte de Crosne et les remparts. Nous apprenons que le lieu était déjà devenu inutile aux vicomtes, remplacés depuis par des lieutenants du bailli. Qui plus est, la propriété de l’abbé de Lanterie nous est connue. Il l’acquit de son père, Marie-Auguste de Subtil de Lanterie (1789-1875). Celui-ci s’établit à Pont-de-l’Arche avant 1825 et fit rehausser la tour de Crosne avant 1854 comme le montre l’observation des gravures anciennes.    

Il semble que ce manoir royal fût le siège des vicomtes qui étaient, au départ, ses fonctionnaires. Ils habitaient donc non loin de la vicomté qui est devenue le bailliage. Ce manoir constituait donc une propriété à part dans la ville. Résidence du pouvoir, il était bâti sur un terrain vaste. La démolition du manoir a donc laissé un espace étonnamment vide pour le centre-ville intramuros aux maisons le plus souvent blotties les unes contre les autres. 

 

Armand Launay

Pont-de-l'Arche ma ville

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24 octobre 2015 6 24 /10 /octobre /2015 11:45
Difficile de croire, même après des recherches dans les archives, qu'un couvent de bénédictines occupait la moitié ouest (à gauche, ici) de l'espace Jacques-Henri-Lartigue avant 1738... (cliché Armand Launay, mars 2014).

Difficile de croire, même après des recherches dans les archives, qu'un couvent de bénédictines occupait la moitié ouest (à gauche, ici) de l'espace Jacques-Henri-Lartigue avant 1738... (cliché Armand Launay, mars 2014).

 

Souvent, quelques vieilles pierres indiquent des évènements passés ; le patrimoine visible motive alors la recherche historique. Parfois, ce ne sont que quelques archives qui témoignent de faits et de lieux complètement disparus. C’est le cas du couvent Saint-Antoine de Pont-de-l’Arche qui exista de 1635 à 1738. Nous utilisons, ici, les recherches d’Albert Lepage réalisées vers 1900 à partir des archives départementales. Nous les avons vulgarisées et nous avons localisé précisément ce couvent disparu.  

 

 

1634, le projet d’une famille noble : les de Montenay

Le travail spirituel doit reposer sur des assises temporelles. C’est ainsi que le projet de fonder un monastère naquit dans l’esprit d’un couple de nobles de la région de Saint-André-de-l’Eure : Antoine de Montenay, chevalier, baron de Garencières, conseiller du roi au parlement de Rouen, et sa femme Marguerite Dugué. Ils se marièrent en 1599.

Le 6 décembre 1634, ils officialisèrent auprès du tabellion (notaire) de Garencières un acte de fondation précisant les conditions de création d’un monastère de religieuses à Pont-de-l’Arche. Ce couvent catholique était créé en honneur de Dieu, de la Vierge et de saint Antoine le grand. On pourrait trouver orgueilleux de créer un couvent de Saint-Antoine quand on se prénomme, soi-même, Antoine… mais il s’agit ici autant de piété que de volonté d’immortaliser un nom de famille. Ceci est renforcé par la date de décès d’Antoine de Montenay, 1637, montrant que trois ans auparavant il devait avoir conscience qu’il était temps de s’assurer du salut de son âme.

Qui plus est, tous les nobles un minimum aisés offraient, en ce temps, aux paroisses des dons souvent mis en valeur dans les gisants, les dédicaces et les vitraux des églises. Selon l’évangile de Matthieu (19:24), Jésus dit, avec une image cocasse, qu’il est “plus facile de faire passer un chameau par le chas d’une aiguille que de faire entrer un riche au Paradis.” Alors, quand on est un bon catholique, mieux vaut transformer quelque bien terrestre en passeport spirituel pour soi et les siens.

Le choix des Montenay pour un monastère de femmes est très cohérent. La sœur d’Antoine de Montenay, Marguerite, était religieuse en l’abbaye du Val de Notre-Dame du Gif, dans le diocèse de Paris. Elle en fut même l’abbesse de 1610 à 1612. Albert Lepage écrit qu’elle était connue, en religion, sous le prénom de Madeleine. Or, Madeleine de Montenay est précisément le nom de la fille d’Antoine de Montenay, elle aussi religieuse en l’abbaye bénédictine du Gif où elle prononça ses vœux le 6 avril 1625. Ceci explique assurément le fait que le couvent archépontain se donna pour règle à la fois spirituelle et matérielle (organisation, tâches quotidiennes) celle de saint Benoit, souvent appelé le “père des moines”. Nous avons donc affaire ici à des bénédictines.

Les Montenay mobilisèrent une importante somme, 6 000 livres, pour acheter un bâtiment à Pont-de-l’Arche. Ils donnèrent au couvent une ferme à Mousseaux (près de Gisors) afin d’aider les sœurs à subvenir à leurs besoins. Dans l’acte de fondation du couvent, les Montenay stipulèrent que la fonction de prieure (la cheffe des sœurs) devaient revenir prioritairement aux membres de la famille de Montenay. Ils précisèrent aussi que quelques prières devaient leur être adressées et qu’ils pourraient faire graver ou suspendre leurs armoiries dans le monastère. Enfin, les Montenay nommèrent des procureurs chargés d’obtenir les permissions nécessaires à cette pieuse fondation. Le 7 mars 1635, l’évêque d’Évreux donna son aval au projet. Le 13 mai 1635, ce fut au tour des notables de Pont-de-l’Arche. En septembre, le roi Louis XIII en fit de même. En 1641, le Pape concéda des indulgences aux sœurs, ce qui témoigne de son aval à une date antérieure qui nous échappe.  

 

 

Pourquoi choisir Pont-de-l’Arche ?

Le choix d’installer un couvent dans la ville de Pont-de-l’Arche n’a été expliqué dans l’acte de fondation. Cependant, Albert Lepage nous apprend que, peu après la signature de cet acte, Marguerite de Montenay quitta le Gif pour devenir la première prieure du couvent de Pont-de-l’Arche. Elle y fut rejointe par Marthe Cousin, fille de Jean Cousin, seigneur de Martot, lieutenant général de la vicomté de Pont-de-l’Arche (c’est-à-dire le représentant du bailli de Rouen au bailliage secondaire de la ville : le premier homme de Pont-de-l’Arche donc, une sorte de sous-préfet de l’époque...). Qui plus est, l’évêque d’Évreux semblait motivé par l’ouverture du couvent comme le démontre la réprimande qu’il adressa à la prieure à cause du retard des travaux d’aménagement du bâtiment acquis à Pont-de-l’Arche. Il faut dire que celui-ci menaçait ruine. L’évêque fit de Nicolas Hays, avocat, le procureur des religieuses, c’est-à-dire le responsable de leurs biens. La famille Hays était une des familles d’officiers royaux établis au bailliage de Pont-de-l’Arche qui compta, plus tard, un de ses membres parmi les sœurs du couvent Saint-Antoine. Rappelons, comme précisé au début de cet article, qu’Antoine de Montenay était conseiller du roi au parlement de Rouen, c’est-à-dire confrère des officiers de Pont-de-l’Arche. Nous concluons que le couvent de Pont-de-l’Arche put se réaliser dans la mesure où il était destiné aux filles de nobles familles locales dont les ainés étaient des seigneurs et, bien souvent, des officiers du roi. Si les de Montenay se sont le plus investis à Pont-de-l’Arche, ce couvent concerna plusieurs grandes familles présentes dans la ville grâce au bailliage. Était-ce pour autant une bonne nouvelle pour les habitants ?

 

 

1635, un accueil très réservé des Archépontains. 1640, idem chez Richelieu

Le dimanche 13 mai 1635, les officiers royaux, bourgeois et habitants de Pont-de-l’Arche étaient assemblés au prétoire (la salle du tribunal au bailliage) pour s’exprimer sur la fondation du couvent dans la ville. Cette réunion était présidée par Jean Cousin, le lieutenant général de la vicomté comme vu ci-dessus. L’avocat Jean Vitrecocq présenta la demande des de Montenay. Le sieur Dubosc, échevin en charge (sorte de maire) et aussi conseiller du roi, contrôleur du grenier à sel, et le syndic (les “conseillers municipaux”) étaient chargés de présenter l’accord et les restrictions ; les religieuses ne pourraient posséder ni plus d’un demi-acre de terre dans la ville et ni plus de trois acres de terres alentour. Il n’y aurait jamais plus de douze religieuses. En fait, les habitants, déjà peu fortunés, n’admettaient pas que les autorités placent de nouveaux propriétaires, de nouvelles bouches à nourrir ‒ fussent-elles bénies du ciel. Cette opposition fut encore plus forte, comme le nota Paul Goujon (lire les sources) quand en 1649 des frères pénitents s’installèrent dans la ville, certainement inspirés par ce précédent cas d’installation d’un établissement religieux dans la ville royale de Pont-de-l’Arche.

En 1640, le cardinal de Richelieu, gouverneur de Pont-de-l’Arche (responsable des “forces de gendarmerie”), écrivait à son lieutenant en place dans la ville : « Monsieur de Saint-Georges, je trouve un peu estrange que vous ne m’ayez pas averty qu’on veult establir un couvent de religieuses dans une maison qui est si proche du Pont de l’Arche [c’est-à-dire le pont en lui-même] qu’il est impossible sans que le chasteau et forteresse en reçoivent du préjudice. Mandez-moi parment ce que c’est et cependant empeschez qu’on ne face aucun establissement en ladite maison, lequel je ne puis en aucune façon consentir, si la chose est comme on me l’a représentée. J’attendray donc vostre response sur ce sujet, et vous asseureray cependant que je suis le meilleur de vos amis. Le card. de Richelieu. » Jean de Lonlay, seigneur de Saint-Georges, rassura son gouverneur ; le couvent ne gênait pas les défenses militaires du pont. Mais où était situé ce couvent pour qu’il y ait doute sur son potentiel de nuisance ?

 

 

Où s’installèrent les sœurs ?

Albert Lepage doit être à l’origine d’une légende urbaine : le nom de la rue et de l’impasse de l’Abbaye-sans-toile serait une déformation du nom du couvent Saint-Antoine. C’est ce qu’il indique déjà dans le titre de l’article qui nous instruit tant ici. Nous avons déjà rejeté cette interprétation dans un autre article où nous soulignons qu’au Moyen-âge on appelait cette voie la “basse sentelle”, c’est-à-dire la petite sente du bas. Dans le parler local, cela se prononçait la “bassontelle”. On l’aura francisé en “L’abba[ye] sans telle”, la telle signifiant la toile en normand.  

Partant sur une fausse piste, Albert Lepage décida de localiser le couvent au fond de l’impasse de l’Abbaye-sans-toile. Nous étions en train de le suivre au fond de l’impasse quand la lecture de son article nous indiqua que le couvent se situait entre les rues Fichet, de Montalent (actuelle rue Jean-Prieur), et Sainte-Marie (citées dans la vente de 1840). Il n’y a qu’à consulter le plan cadastral (ci-dessous) pour retrouver assez facilement l’appréciable étendue foncière finale du couvent. Celui-ci comprenait au sud une importante partie verte pour le jardin et le potager… Il devait comprendre deux bâtiments principaux et quelques édicules. Quant aux maisons situées au nord-est, elles devaient appartenir à des particuliers tant elles semblent isolées de la cour intérieure du couvent et tournées vers la rue. Albert Lepage précisa même que l’espace du couvent était occupé de son temps, vers 1900 donc, par la propriété de “Monsieur Thomas” (voir nos cartes postales ci-dessous). Selon notre auteur les archives rapportent que le bâtiment acheté pour placer le couvent était une maison “dite du Roy”, ce qui expliquerait la grande étendue verte à l’intérieur même des remparts de la ville, ce qui était l’apanage d’illustres propriétaires. Albert Lepage cite, parmi les aménagements du couvent, l’installation d’une niche “sur le pignon ensoleillé à midi afin d’y loger la statuette de saint Antoine”. Il cite aussi “des fenêtres ouvertes sur la cour intérieure” et celles de l’extérieur qui ont été murées afin d’isoler le couvent du monde extérieur. On apprend encore que l’église des bénédictines était située le long de la rue Jean-Prieur

 
Grâce au plan cadastral de 1834, signé Le Fébure (Archives de l’Eure), on localise l’assise foncière du couvent Saint-Antoine entre la rue de Montalent (au nord, le haut), la rue Fichet (à l’ouest) et la rue Sainte-Marie.

Grâce au plan cadastral de 1834, signé Le Fébure (Archives de l’Eure), on localise l’assise foncière du couvent Saint-Antoine entre la rue de Montalent (au nord, le haut), la rue Fichet (à l’ouest) et la rue Sainte-Marie.

 

Devenir prieure du couvent Saint-Antoine

Limité à douze personnes, ce couvent fut actif plus de 100 ans et ordonna de nouvelles sœurs le plus souvent parmi les familles nobles. Les nominations des prieures montrent que la direction du couvent intéressait les nobles et les religieux souhaitant, par là, favoriser leur candidate. Le 28 février 1641, le roi Louis XIII écrivit à son cousin le cardinal Anthoine pour nommer Madeleine de Montenay à la suite de sa tante Marguerite de Montenay. En 1647, l’évêque d’Évreux, monseigneur Boutaut, défendait Marie de Clinchamps de Bellegarde face à Marie de la Faye soutenue par la prieure Madeleine de Montenay. Marie de la Faye fut envoyée par l’évêque à Verneuil en 1651. En 1663, une bulle papale installa Anne Antoinette de Moy ce qui mécontenta M. de Montenay, conseiller au Parlement de Rouen. Il en référa au chancelier le 18 mai 1664 en se fondant sur l’acte de fondation favorisant les membres de sa famille mais n’obtint pas gain de cause. On apprend d’Albert Lepage qu’en 1679 le couvent Saint-Antoine reçut des lettres d’affiliation à l’ordre des chartreux (page 61) sans que nous ne puissions interpréter cette information.

 

 

Les raisons de la fermeture (1738)

Cette mélodie n’a guère changé ; il semble que les moyens financiers aient causé la perte de cet établissement qui se voulait retranché du monde matériel. Les revenus provenaient de la ferme de Mousseaux, des dons (sous forme de rentes notamment) et de pensions payées par des religieuses. Or, celles-ci n’ont jamais été très nombreuses. Au plus, il semble que le couvent ait compté 19 religieuses ; 15 étant des sœurs, 4 étant converses (c’est-à-dire qu’elles vivaient comme les sœurs sans avoir prononcé leurs vœux). Malgré la limite de 12 religieuses autrefois imposée par les Archépontains, 19 personnes au mieux constituaient ce qui n’était pas une grande communauté. Des religieuses s’entretenaient par leur travail autant que possible. Seule la nourriture leur était fournie sur place. Albert Lepage nota que les recettes excédaient très rarement les dépenses durant les 10 dernières années d’activités du couvent (1728-1738). On ne sait si l’argent explique seul la fermeture du couvent en 1738.

 

 

La postérité des bâtiments conventuels

Monseigneur de Rochechouart, évêque d’Évreux, donna les biens de cet établissement au couvent Saint-Nicolas de Verneuil-sur-Avre. Les religieuses entretinrent ces possessions et décidèrent de les faire fieffer. C’est Jean-Martin Le Brasseur, employé au grenier à sel du roi (Pont-de-l’Arche), qui les acheta comme le prouve le contrat passé devant un notaire de Verneuil-sur-Avre le 23 aout 1780. En plus du prix d’achat des locaux, il devait verser des rentes à la fabrique de l’église Saint-Vigor, aux chanoines de la Saussaie, aux religieuses de Verneuil et quelques autres personnes. En 1782, ce nouveau propriétaire concéda l’ancienne église à la ville afin d’y tenir une petite école, la première de la ville, nous semble-t-il.

Les autres bâtiments claustraux demeurèrent la propriété d’Anne-Marie Colombel, veuve de Le Brasseur, jusqu’en 1824. C’est sa fille, Marie-Madeleine Le Brasseur, épouse de Jacques-François Cirot, père (peintre et vitrier de la ville), qui les vendit en 1840. En état de vétusté, ces bâtiments furent aussitôt détruits. Ils laissèrent place à la propriété qui appartenait, au moins à la fin du siècle, à Monsieur Thomas (voir les copies de cartes postales ci-dessous). Il s’agit, semble-t-il, d’Adolphe Thomas qui fut maire de 1892 à 1894. Puis, cette propriété laissa place à l’imposante usine de chaussons puis de chaussures de Paul Nion… qui laissa elle-même place à l’espace Jacques-Henri-Lartigue. Le couvent Saint-Antoine a donc bel et bien disparu matériellement.

 
Sur cette copie de carte postale des années 1910, on voit une maison bourgeoise (qui doit dater des années 1840) ressemblant à l'hôtel de Ville, de la même époque. Son expéditeur indique qu'il s'agissait alors de la maison de Monsieur Thomas. Albert Lepage indiqua que les bâtiments du couvent furent rasés en 1840 et se situaient à cet emplacement, c'est-à-dire à l'angle de la rue Jean-Prieur et de la rue Fichet (voir la photographie ci-dessous).

Sur cette copie de carte postale des années 1910, on voit une maison bourgeoise (qui doit dater des années 1840) ressemblant à l'hôtel de Ville, de la même époque. Son expéditeur indique qu'il s'agissait alors de la maison de Monsieur Thomas. Albert Lepage indiqua que les bâtiments du couvent furent rasés en 1840 et se situaient à cet emplacement, c'est-à-dire à l'angle de la rue Jean-Prieur et de la rue Fichet (voir la photographie ci-dessous).

Cette autre copie de carte postale des années 1910 montre une photographie de la rue Jean-Prieur. Après les premières maisons à pans de bois à gauche, se trouve un mur en moellon calcaire, en remplissage, et en brique de chainage. Il délimite la propriété de Monsieur Thomas, dont on voit le portail d'entrée, visible sur la photographie précédente. Il délimite assurément l'ancienne assise foncière du couvent Saint-Antoine. Cette partie de la ville a ensuite été rasée par Paul Nion afin d'y construire son immense usine de chaussons puis de chaussures. Puis, dans les années 1990 fut construite la résidence Jacques-Henri-Lartigue dont la photographie sert de première illustration à cet article.

Cette autre copie de carte postale des années 1910 montre une photographie de la rue Jean-Prieur. Après les premières maisons à pans de bois à gauche, se trouve un mur en moellon calcaire, en remplissage, et en brique de chainage. Il délimite la propriété de Monsieur Thomas, dont on voit le portail d'entrée, visible sur la photographie précédente. Il délimite assurément l'ancienne assise foncière du couvent Saint-Antoine. Cette partie de la ville a ensuite été rasée par Paul Nion afin d'y construire son immense usine de chaussons puis de chaussures. Puis, dans les années 1990 fut construite la résidence Jacques-Henri-Lartigue dont la photographie sert de première illustration à cet article.

 

Sources

- Archives municipales de Pont-de-l’Arche ;

- Archives départementales de l’Eure ;

- Goujon Paul, « L'hôtel-Dieu et les pénitents du Pont-de-l’Arche », La Normandie, 1897, n° 3 de mars (pages 66-76), n° 4 d’avril (pages 105-115) ;

- Lepage Albert, « Essai historique sur le prieuré de Saint-Antoine du Pont-de-l’Arche vulgairement désigné sous le nom d'abbaye sans toile », in Bulletins de la Société d’études diverses de l’arrondissement de Louviers, tome V, année 1898, 439 pages, voir les pages 25-28 (chapitre 1) ; tome IX, année 1905, 76 pages, voir les pages 48-67 (chapitres 2-6). Albert Lepage, amateur de lettres et d’histoire de la région de Louviers, a rédigé un autre article sur Pont-de-l’Arche portant sur le commerce et l’industrie ;

- Pattou Étienne, Famille de Montenay, arbre généalogique, consulté le 23 octobre 2015 sur http://racineshistoire.free.fr/LGN

Armand Launay

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4 décembre 2013 3 04 /12 /décembre /2013 13:57
Le four à pain de Pont-de-l'Arche en septembre 2013 (cliché Armand Launay).

Le four à pain de Pont-de-l'Arche en septembre 2013 (cliché Armand Launay).

Au fond d’une cour intérieure située au numéro 21 de la rue Julien-Blin, se trouve un petit four à pain qui a été récemment sauvé de la ruine par une campagne de restauration impulsée par son propriétaire : la Ville de Pont-de-l’Arche. De quand date-il ? Quel est son intérêt architectural ?

 

Une propriété communale ?

La Ville de Pont-de-l’Arche a possédé le bailliage jusqu’en 1968 où le maire Roland Levillain le vendit au privé. En 1998, le maire Paulette Lecureux le fit racheter par l’Etablissement public foncier de Normandie (EPFN) considérant qu’il faisait partie des joyaux patrimoniaux de Pont-de-l’Arche et qu’il avait vocation à être un lieu public. La Ville avait 5 ans pour le racheter à l’EPFN. Du théâtre et des expositions l’animèrent pendant quelques temps. Cependant, une nouvelle municipalité présidée par Dominique Jachimiak craignit pour le budget communal et fit racheter le bailliage à l’EPFN par l’agglomération Seine Eure en 2007. Cette vente exclut une cour contigüe au bailliage qui servait de parking au nouveau Relai des assistantes maternelles (RAM). Le four à pain délabré situé au fond de cette cour se restait donc dans le domaine communal.

 

Le four à pain du bailliage ?

De prime abord, il est étonnant de trouver ce four à pain au fond d’une cour intérieure et blotti contre les remparts sud de la ville médiévale. Une venelle longeait ces remparts depuis le bailliage jusqu’aux environs de la cour du Cerf, près de la rue Président-Roosevelt de nos jours, et plus précisément le bar Le Balto. Comme nous l’apprend une délibération du Conseil municipal de l’Ancien régime, en date du 30 novembre 1699 : l’assemblée des habitants a protesté auprès du roi à l’encontre des pénitents qui souhaitent allonger leurs jardins jusqu’aux remparts ce qui amènerait la suppression de la ruelle qui va de la porte des Champs à la porte de la Geôle qui conduit au Prétoire (archives municipales : BB1). Cette aliénation eut tout de même lieu à une date indéterminée.

La forte pente de son toit, ses pans de bois – même avec des pièces de réemploi – font songer à un édicule de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe siècle. Ces datent rapprochent le four des bâtiments à pans de bois du bailliage. Le cul du four avait entièrement disparu et les quelques éléments de la gueule du four montraient un outil de faibles dimensions. Ceci laissait entendre qu’il ne s’agissait pas d’un four de boulangerie mais d’un outil destiné à une petite communauté, une famille peut-être. Cependant, la localisation du four, adossé aux remparts tout comme le bailliage, donne peut-être des indices quant à son emploi. Peut-être était-il utilisé par le personnel du bailliage pour les besoins quotidiens de ce lieu, son personnel, ses prisonniers.

 

La restauration : 2009-2013

La restauration n’a pas visé la simple préservation du patrimoine. A l’initiative de Nicolas Bouillon, adjoint à l’éducation, la municipalité présidée par Richard Jacquet a travaillé sur l’insertion de jeunes. De 2009 à 2010, le chantier a été confié à l’association Chantier histoire et architecture médiévales (CHAM), présidée par Christian Piffet. Avec du personnel du service Médiation-prévention et des encadrants techniques du CHAM, de jeunes bénévoles issus d’horizons et continents divers ont travaillé deux ans de suite avec des jeunes Archépontains. Ils ont démonté une bonne partie du four, les tuiles, des pans de bois, réalisé des sondages au sol pour retrouver les bases du four et réalisé un diagnostic sur l’état originel du four. Ils ont aussi remonté des murs en pierre et quelques pans de bois autour d’un ancien puits contigu au four. Ils ont aussi assaini le mur bahut sud du bâtiment qui prenait l’eau.

En 2012, la Ville de Pont-de-l’Arche a fait restaurer la charpente par un professionnel : Gougeon frères.

En 2013, la dernière campagne de restauration a repris. Encadrés par le CHAM et le Service jeunesse, 6 jeunes employés par la Ville en contrat civique ont nettoyé les abords du bâtiment et restauré la maçonnerie du muret de soutènement. Ils ont posé les tuiles sur la charpente et posé le torchis entre les pans de bois. Les moellons des maçonneries ont été rejointoyés à la chaux. Le sol a été proprement dallé à la place d’une terre battue. Quant au four en lui-même, les jeunes l’ont reconstitué d’après les quelques éléments dont disposait le CHAM. Réalisé en tuileaux, il a été agrandi par rapport au petit four qui préexistait. Le four a été renforcé de manière à résister à un usage ponctuel, faisant varier brusquement la température. Cette dernière campagne a été soutenue par la Ville, la Fondation du patrimoine et le mécénat.

Le four à pain a été largement mis en valeur lors des Journées européennes du patrimoine où les premiers petits pains sont sortis du four grâce aux bénévoles du four à pain de La Haye-de-Routot.

 

A lire aussi... 

L'ancien bailliage de Pont-de-l'Arche

 

 

La renaissance du four à pain en photos... 

Le four à pain en 2009 en état de délabrement avancé (cliché Armand Launay).

Le four à pain en 2009 en état de délabrement avancé (cliché Armand Launay).

Durant la première campagne de restauration, le CHAM et les jeunes bénévoles en pleine action (cliché Armand Launay, 2009).

Durant la première campagne de restauration, le CHAM et les jeunes bénévoles en pleine action (cliché Armand Launay, 2009).

Quelques tuileaux comme derniers vestiges du four à pain (cliché Armand Launay, 2009).

Quelques tuileaux comme derniers vestiges du four à pain (cliché Armand Launay, 2009).

Photo-étape de la restauration par le CHAM (cliché Armand Launay, 2010).

Photo-étape de la restauration par le CHAM (cliché Armand Launay, 2010).

Souvenir de la dernière étape de restauration (cliché Armand Launay, 2013).

Souvenir de la dernière étape de restauration (cliché Armand Launay, 2013).

Discours du maire entouré des représentants des organismes partenaires à l'occasion de la fin des travaux (cliché Armand Launay, 2013).

Discours du maire entouré des représentants des organismes partenaires à l'occasion de la fin des travaux (cliché Armand Launay, 2013).

Les premiers petits pains sortent du four à l'occasion des Journées européennes du patrimoine et sous le blason de la corporation des boulangers de Pont-de-l'Arche, blason ressuscité par Jacqueline Nalet et Sylviane Bouquet (cliché Armand Launay, 2013).

Les premiers petits pains sortent du four à l'occasion des Journées européennes du patrimoine et sous le blason de la corporation des boulangers de Pont-de-l'Arche, blason ressuscité par Jacqueline Nalet et Sylviane Bouquet (cliché Armand Launay, 2013).

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16 juillet 2013 2 16 /07 /juillet /2013 12:12

Sous l’Ancien régime, le roi pouvait concéder une charte de franchises ou de commune à une ville. Il concédait ainsi les revenus de la vicomté, moyennant le versement annuel d'une somme fixe. La municipalité rassemblait des notables nommés, les échevins, et était chargée des impôts, des finances, des problèmes entre les particuliers. Elle assurait la liaison entre les différents pouvoirs locaux, généraux et royaux. En quelque sorte, elle fournissait des interlocuteurs privilégiés aux autorités. 

Il semble que ce soit au XVIe siècle que Pont-de-l’Arche fût dotée de ses premiers représentants officiels. C’est ce qu’avance S. Beck qui note que la ville « reprit en 1587 le droit de nommer un receveur des deniers communs, droit enlevé sans doute par l’édit d’octobre 1581 ». Le même historien note que, jusqu’à plus ample informé, la première mention officielle d’échevin date de 1633. En 1634, l’échevin en charge est le « sieur Dubosc », par ailleurs contrôleur du grenier à sel. Avec le « syndic » il est chargé de trouver un accord sur l’implantation du couvent Saint-Antoine.

Un arrêt du Conseil du 26 juillet 1681, portant sur le règlement des dettes de la communauté, inscrit les gages de deux échevins, du procureur syndic et du Greffier. Un édit de 1692 y ajouta un maire. D'ailleurs, la plus ancienne délibération du conseil municipal conservée de nos jours aux archives municipales date de 1693. Cependant, S. Beck note, d’après une archive (AD27, E 1817) qu’à la fin du XVIIe siècle les cinq offices de la municipalité sont la plupart du temps vacants hormis le « Procureur du Roi et [le] greffier exerçant ». Cela démontre le peu de pouvoir – et donc d’attrait – de cette municipalité qui peine à se démarquer du cadre des quatre tribunaux royaux présents dans la ville dont étaient issus les officiers de justice siégeant traditionnellement dans la municipalité.

Ce mélange se lisait jusque dans l’emplacement de « l’hostel de ville ». En effet, les assemblées générales se tenaient dans la salle du prétoire (au bailliage). Quant aux réunions du conseil de la ville, elles devaient se tenir chez le maire. Certains documents laissés par cette ancienne municipalité se trouvent aux Archives municipales. Elles traitent de finances et d’impôts, de gestion des biens immobiliers tels que les remparts cédés par le roi en 1779, de retrait des boues et d’entretien des voiries, de litiges, de police, de logement des gens de guerre, des assemblées générales de trois quartiers de la ville, de bienfaisance, d’école, de foires, d’activités professionnelles, d’urbanisme… et de la convocation des Etats généraux, en 1789, qui ont conduit à la création de municipalités égales entre toutes les communes et avec élections. Ainsi finit la municipalité d’Ancien régime…

 

A lire...

Les maires de Pont-de-l'Arche

Le bailliage de Pont-de-l'Arche

 

Sources

Beck S., « Les municipalités en Haute-Normandie – IV. Municipalités secondaires (XVIe-XVIIIe siècles) », pages 213-234, Annales de Normandie, 12e année, n° 4, décembre 1962, Caen.

Lepage Albert, « Essai historique sur le prieuré de Saint-Antoine du Pont-de-l’Arche vulgairement désigné sous le nom d’Abbaye sans toile », in Bulletins de la Société d’études diverses de l’arrondissement de Louviers, t. V, année 1898, 439 pages, cf. pages 25-28 (ch. I), t. IX, année 1905, 76 pages, cf. pages 48-67 (ch. 2-6).

Archives municipales de Pont-de-l'Arche

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Les escaliers allant de la salle du prétoire aux bureaux des officiers du bailliage : un espace qui accueillait à la fois le bailliage et l'Hôtel de Ville d''Ancien régime (photo A. Launay, 2009)

Les escaliers allant de la salle du prétoire aux bureaux des officiers du bailliage : un espace qui accueillait à la fois le bailliage et l'Hôtel de Ville d''Ancien régime (photo A. Launay, 2009)

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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 22:50

Donner un nom de personne à une rue démontre l’envie de disputer à l’oubli les mérites d’un individu estimé. Mais la mémoire doit s’entretenir car le nom de « rue Blin », par exemple, n’évoque plus dans les esprits qui fut Julien Blin, ancien maire et bienfaiteur de Pont-de-l’Arche.

 

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La rue Julien-Blin en 2012 (photo Armand Launay)

 

Julien Robert Alexandre Blin naquit le 1er octobre 1738 et mourut le 29 novembre 1826. Nous n’avons pas trouvé de lien généalogique avec la famille Blin d’Elbeuf. Il était ingénieur des ponts et chaussées, Pont-de-l’Arche étant un point stratégique sur la Seine.

 

Nommé maire en période de crise

Avec le retour de la monarchie, l’Etat, par le biais de la Préfecture de l’Eure, nomma Julien Blin à la fonction de premier magistrat de Pont-de-l’Arche, ce qu’il assuma jusqu’à sa mort. Son mandat est caractérisé par un assainissement des comptes de la ville. Déficitaires en 1815, les comptes étaient excédentaires en 1826 notamment grâce aux réclamations systématiques de sommes indument payées par la Ville à la Préfecture ou, tout simplement, dues par la Préfecture.

 

Un bienfaiteur durant son mandat

Julien Blin fit don de nombreux biens immobiliers (et les rentes sur ces biens) qui donnèrent à la ville quelques moyens d’action dans une période noire. En effet, après les guerres, la perte des tribunaux royaux en 1790, la fin du montage des bateaux en 1813… et avant l’arrivée de l’industrie du chausson, Pont-de-l’Arche était très pauvre. Il semble que Julien Blin ait acquis ses biens en les achetant à des particuliers s’étant enrichis durant la Révolution. En effet, ses propriétés sont souvent d’anciens biens religieux réquisitionnées par l’Etat à la Révolution avant d’être revendus comme biens nationaux.

Lorsqu’il fit démolir partiellement les remparts de sa propriété (très certainement l’actuel presbytère), il finança aussi l’abaissement des remparts derrière l’église, une bonne chose en ce temps. Le Conseil municipal lui fit part de ses remerciements.

Le 2 mai 1816. Julien Blin donna les bases de la première école de la ville. En 1818, il fit construire de nouveaux locaux au-dessus de la salle d’Armes afin de servir de logements pour l’instituteur et les deux sœurs enseignant aux filles.

Lors du conseil municipal du 5 février 1822, il fit don à la commune de trois maisons, dont l’actuel presbytère, contre la promesse du Conseil de payer le logement du vicaire, en plus de son traitement annuel, mais aussi de célébrer une messe basse mensuelle en son honneur. Le curé devait aussi être logé dans cette demeure.

 

Bienfaiteur à l’origine de l’hôpital local

Le 25 aout 1827, le Conseil municipal rapporta les termes du don testamentaire de Julien Blin. Sans descendance, il donna à la commune des biens immobiliers estimés à 236 450 francs (les recettes de la ville étant de 6 000 francs cette année-là). Ces biens comprenaient l’ancien couvent des pénitents à condition qu’il serve d’hôpital destiné à l’accueil des « indigents malades et inférieurs », de la ville et de bonne moralité.

Julien Blin offrit aussi quatre maisons rue de la Municipalité, où il mourut, et qui porte aujourd’hui son nom ; trois petites maisons rue de Crosne et place de l’église ; diverses terres cultivables aux Damps, Léry, la Haye-Malherbe. Ces dernières terres devant fournir de quoi financer en partie le Bureau de bienfaisance de la commune, en charge du fonctionnement de l’hôpital.

Les élus écrivirent que ce « legs fait honneur aux sentiments généreux de M. Blin pour la ville où il a voulu finir ses jours [et] sera un très grand secours pour cette même ville, à raison de la quantité d’indigents malades et infirmes qui s’y trouvent, et du peu de ressources qu’elle possède pour y subvenir. »

 

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Une des parties anciennes de l'EHPAD (ex-hôpital local)

fondé grâce aux dons de Julien Blin (photo Armand Launay, 2010). 

 

L’hommage de la Ville

En 1830, les élus votèrent l’érection d’une « pierre tumulaire » sur la tombe de Julien Blin, dans le cimetière communal. En 1865, sous la présidence de Jean-Baptiste Delaporte, les élus décidèrent de donner le nom de « Blin » à la rue de la Municipalité, ancienne rue de la Geôle, ancienne rue Royale). Il entérina en fait l’usage populaire qui nommait la rue du nom du notable qu’était Julien Blin. Dans sa délibération, ce même Conseil ne retint de cet homme que son legs testamentaire, passant sous silence – ou ignorant – l’ensemble des ses actes et surtout son attention pour la Ville. La mémoire doit s’entretenir.

 

Monument Blin 1

La stèle érigée par la Ville dans le cimetière communal en 1830

en hommage à Julien Blin (photo Armand Launay, 2012)

 

Sources

Délibérations du Conseil municipal

 

 

A lire aussi... 

Les maires de Pont-de-l'Arche

 

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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 22:50

Jean Kerbrat, né en 1939 à Mayenne et décédé le 15 novembre 2013, fut propriétaire du bailliage de 1969 à 1976. La grandeur des lieux permit à ce sculpteur de renom d’installer son atelier et de préparer l’exposition au musée du Havre (1970), des œuvres comme l'hommage à Fernand Léger (aujourd’hui dans le collège du même nom au Petit-Quevilly), les sculptures monumentales de Creil (1972-1976)... Quant au bailliage, il en assura l’entretien, notamment en remplaçant des clés de pierre, en curant le puits pour l’écoulement des eaux diluviennes. Il conserva les graffitis de la cour intérieure et des murs des prisons. La présence de cet artiste attira à Pont-de-l’Arche le graveur Jacques Ramondot (1928-1999), le peintre Robert Savary (1920-2000)[1], le sculpteur René Leleu (1911-1984), l’universitaire et écrivain René Etiemble (1909-2002). Si, malheureusement, Jean Kerbrat dut quitter notre ville pour des raisons familiales, il laissa trois empreintes dans la ville.

 

 

Au bailliage : l’hommage à Antoine Bourdelle

 

Autour de l’entrée du prétoire, se trouve une sculpture qui s’étend sur tout le premier niveau du mur pignon. Sur une forme de grillage céramique, Jean Kerbrat sculpta dans du plâtre quatre allégories marchant sur le soubassement en pierre de taille et épousant admirablement les rares espaces entre la porte et deux ouvertures : architecture, danse, musique et sculpture. Il s’agit d’un hommage à Antoine Bourdelle (1861-1929), incontournable sculpteur versé dans les œuvres monumentales. L’œuvre de Jean Kerbrat au bailliage démontre qu’il souhaitait y vivre longtemps, si ce n’est toute sa vie.

Bailliage

 

 

A l’école maternelle Les Lutins : 14 ardoises sculptées

 

Les 14 ardoises qui décorent l’agrandissement de l’école maternelle sont de Jean Kerbrat. Cet agrandissement date de 1984 où Roger Leroux, maire, inaugura la troisième classe et la salle d’activités. Si l’on retrouve l’univers des personnages, souvent graves et robustes, de l’œuvre de Jean Kerbrat de cette époque, les thèmes traités y sont plus légers qu’ailleurs.  Comme l’écrit l’artiste lui-même, dans une commande « l’œuvre doit impliquer tous les publics ». Jean Kerbrat s’est donc conformé aux attentes de l’Atelier des deux anges, cabinet d’architectes de Val-de-Reuil qui avait la maitrise d’œuvre des travaux pour le compte de la Ville de Pont-de-l’Arche. Parmi les thèmes, l’on retrouve la musique « chanson dolente de l’accordéoniste », la danse « la noce à Gonesse », la poésie « Elégie aux grands arbres du Morvan », la fantaisie « La grenouille bleu » (sic), le cheminement « puisqu’il faut partir toujours »…

 

Les Lutins

 

Ardoise

 

A la salle des fêtes : ciment et éclats d’ardoises

La salle des fêtes de Pont-de-l’Arche a été inaugurée en 1954 par le maire Alix Duchemin. Lors de sa réhabilitation en 1987, le maitre d’œuvre l’Atelier des deux anges (Val-de-Reuil) a fait poser une décoration toute contemporaine pour le compte de la Ville de Pont-de-l’Arche représentée par son maire Roger Leroux. Ainsi, l’entrée située dans la rue Maurice-Delamare est ornée de quatre rectangles de ciment encadrant la porte principale et ses deux ouvertures de part et d’autre. Ces rectangles présentent des couches de ciment sur lesquelles ont été projetées des gouttes de ciment et un demi carré d’ardoise. Quelque part, on peut voir dans les projections de ciment une expression de la créativité. Quant aux ardoises cassées en deux, elles peuvent symboliser ce qui est séparé, à l’extérieur de la salle des fêtes qui est le lieu de réunion par excellence.

 

Salle des fêtes

 

Détail salle des fêtes


Plus d’infos sur www.kerbratjean.fr 

 

 

 

[1]Qui réalisa en 1976 une lithographie de l’église vue du pont dont on trouve une copie à l’accueil de la mairie. 

Armand Launay

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 12:27

Article mis à jour ICI

 

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23 août 2011 2 23 /08 /août /2011 12:33

Le procès de l’ordre du Temple, organisation religieuse composée de chevaliers, a largement inspiré la littérature et le cinéma (Les rois maudits de Maurice Druon)... La torture des chevaliers du Temple revêtant la cotte d’armes blanche à croix rouge capte l’attention d’un vaste public. La ville de Pont-de-l’Arche n’est pas en reste, elle qui compte dans les annales de son bailliage les procès de 7 templiers qu’on a appelé parfois « Concile de Rouen »… l’occasion pour nous de relier l’histoire nationale à l’histoire locale…

 

Templiers

Dernier passage de templiers à Pont-de-l'Arche durant

la fête en hommage à Richard Coeur de Lion (Bonport, 25 septembre 2011).

 

 

Le roi de France et l’ordre du Temple

Philippe le Bel (1268-1314) devint roi de France de 1285 à 1314 sous le nom de Philippe IV. Son règne fut notamment marqué par des troubles monétaires. Le monarque peinait à financer sa politique militaire, territoriale et sa volonté d’accroitre le pouvoir royal. Il recourut alors largement à l’imposition et spolia les juifs et les Lombards en 1306. 

 Cela ne suffit pas. Le roi lorgna sur les prétendues richesses de l’ordre du Temple qui faisait valoir ses propriétés françaises depuis l’expulsion des templiers de Palestine en 1291. N’étant pas désargentés, les templiers avaient géré le Trésor royal durant le XIIIe siècle. Or en 1295 le roi se passa de leur service au profit des banquiers florentins, censés accorder des crédits. Cela ne marcha pas suffisamment car en 1303 le roi confia de nouveau son Trésor aux templiers.

Mais Philippe le Bel voulut s’affranchir de la tutelle financière du Temple, ordre international soumis au pape mais indépendant de fait. Les évènements lui permirent de réaliser son vœu. En effet, les templiers étant accusés d’hérésie, ils demandèrent une enquête au pape afin de laver leur Ordre de tout soupçon. Le roi de France lança alors sa propre enquête. Le 13 octobre 1307, suite à l’arrêt royal du 14 septembre, les baillis et sénéchaux arrêtèrent presque tous les templiers et placèrent sous séquestre leurs biens et ce sans l’accord du pape. Torturés, nombre de templiers avouèrent les crimes dont ils étaient accusés : hérésie, simonie, sodomie, idolâtrie… Ils offrirent ainsi une parfaite victoire à Philippe le Bel.

Le pape Clément V ne voulut pas perdre la face vis-à-vis du roi et surenchérit en ordonnant, le 22 novembre, l’arrestation de tous les templiers d’Europe pour procès en hérésie. Le diocèse de Sens déclara hérétiques 54 templiers le 10 mai 1310 ce qui les conduisit droit au bucher. Le procès des templiers se poursuivit avec pour point d’orgue le 18 mars 1314 où Jacques de Molay (responsable du Temple en France) et Geoffroy de Charney (responsable de Normandie) furent brulés à Paris. C’est ainsi que le Temple fut supprimé. Philippe le Bel récupéra l’essentiel de leurs biens. En 1317, le Pape Jean XXII répartit les derniers biens entre divers ordres de chevalerie.

 

Edouard 1er hommage à Philippe le Bel

Edouard 1er rendant hommage à Philippe le Bel

(BnF - www.histoire-france.net).

 

Les templiers de la région de Pont-de-l’Arche

La Normandie ne comptait qu’une trentaine de templiers à la veille de leur procès. La plus grande des 17 propriétés templières, appelées préceptories puis commanderies après le XIVe siècle, était située à Renneville (Sainte-Colombe-la-commanderie, près du Neubourg). Elle était donc située dans la juridiction du bailliage de Pont-de-l’Arche. Elle ne comptait que cinq frères dont aucun n’était chevalier. Ces quelques frères étaient gestionnaires de cette vaste exploitation agricole et ses nombreux domestiques. Dans le même temps, deux autres templiers travaillaient dans la commanderie de Sainte-Vaubourg, entre le Val-de-la-Haye et Hautot-sur-Seine (76). Ils rejoignirent leurs frères dans les prisons de Pont-de-l’Arche alors qu’ils dépendaient du bailliage de Rouen.  

 

7 templiers incarcérés et jugés à Pont-de-l’Arche

Michel Miguet, historien spécialiste des templiers en Normandie, a analysé les procès-verbaux des interrogatoires qui eurent eut lieu le 18 octobre 1307 (voir annexe ci-dessous). Il a noté que les procès de Caen et surtout de Pont-de-l’Arche ont été menés « tambour battant ».

 

dscf0576.jpg

Le bailliage de Pont-de-l'Arche, situé derrière le rempart,

était le siège d'un tribunal mais aussi de prisons. 

 

Frère Guillaume Bouchel

Commandeur de Renneville, sergent, 34 ans environ. Fait templier vers 1299 à Renneville par Philippe Agate, preceptor de Normandie. Avoue lors de son interrogatoire. En février 1310, il est emprisonné au Temple de Paris où il accepte de défendre l’Ordre jusqu’à l’exécution de 54 de ses frères déclarés hérétiques. En mars 1311, il reconnait devant la commission pontificale le reniement et le crachat sur la croix.

 

Frère Thomas Quentin

Renneville, sergent, 40 ans environs. Reçu vers 1301 à Bretteville-le-Rabet par Philippe Agate, alors commandeur de la baillie de Normandie. Avoue lors de l’interrogatoire de Pont-de-l’Arche. Même cas que le précédent au Temple de Paris. Dans sa déposition, en 16 février 1311, il ne reconnaît que le triple reniement et le triple crachat sur la croix.

 

Frère Raoul Louvel

Renneville, sergent. 30 ans environ. Reçu en juin 1307 à Renneville par Philippe Agate. Reconnait le crachat sur la croix et le reniement devant la commission pontificale. Ne désire pas défendre l’Ordre.

 

Frère Jean Barbe

Renneville, sergent, 60 ans environs. Déclare avoir été reçu par frère Robert Paiart, preceptor des maisons de Normandie. Il confesse tous les crimes imputés à l’Ordre.

 

Frère Guillaume Hardouin

Renneville, sergent. Avoue. Se désiste à défendre l’Ordre le 18 mai 1310, au Temple. Ne dépose pas devant la commission pontificale.

 

Frère Thomas

Sainte-Vaubourg, chevalier. Avoue à Pont-de-l’Arche.

 

Frère Philippe Agate

Commandeur de Sainte-Vaubourg, sergent. Environs 60 ans. Reçu dans la chapelle du Temple de Bourgoult vers 1281. Avoue le reniement et le crachat sur la croix et prétend qu’on lui a montré « une image » (l’idole ?) lors de sa réception. Refuse de défendre l’Ordre en février 1310.

 

Michel Miguet note enfin que trois frères se montrèrent héroïques en refusant de réitérer leurs aveux. Ils moururent brulés.

 

Templiers au bucher

Templiers au bucher, manuscrit anonyme (1384). Source Wikipédia. 

 

Après le procès

Les procès tenus à Pont-de-l’Arche ne nous montrent que le fonctionnement normal de la justice royale. Les biens du Temple à Renneville ont été repris par l’Ordre de l’Hôpital. En 1373, seuls trois hospitaliers gèrent cette commanderie. Frère Simon Clignet, commandeur, a aussi la charge de la commanderie de Sainte-Vaubourg (et Bourgoult). 

 Enfin Eugène Mannier (voir les sources) cite un cueilloir de rente de 1501 mentionnant une maison appartenant à la commanderie de Renneville :

« Au Pont de Larche, Jehan de la Salle, pour une masure et héritage nommée la Masure de Renneville, assise audit Pont de Larche en la Basse Sentelle, joignant d’un costé la rivière de Saine, XX sols. »

La Basse Sentelle est l’ancien nom de la rue Abbaye-sans-toile. La maison s’y trouvant devait tout simplement être un relai, un espace de stockage pour le grain chargé sur la Seine qui longeait cette rue.

 

 

Sources

Demurger (Alain), Les ordres religieux-militaires au Moyen-Âge (XIe-XVIe siècles), Paris, Le Seuil, 2002, 407 p.

Mannier (Eugène), Les Commanderies du Grand-Prieuré de France, Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 cité par www.templiers.net (visité le 22 septembre 2011)

Miguet (Michel), Templiers et hospitaliers en Normandie, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, 1994, 511 p.

Miguet (Michel), in Luttrell (Anthony), Pressouyre (Léon), La commanderie. Institutions des ordres militaires dans l’occident médiéval, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, 2002, 360 p.

 

 

 

Annexe

Interrogatoire des Templiers de Renneville à Pont-de-l'Arche et de frère Philippe Agate, commandeur de Sainte-Vaubourg, au château de la Roche d'Orival (Archives nationales J 4136, n° 23, 18 octobre 1307).

 

C'est la confession que les Templiers de Saint Estienne de Rainneville qui sont em prison au Pont de l'Arche ont feite devant monseigneur Doisneval, monseigneur Johan de Tonneville, monseigneur Guillaume Doisneval, monseigneur Raoul du Pleisseis, monseigneur Guillaume de Hondetot chevaliers, le baillif de Rouen, le viconte du Pont de l' Arche, Johan Larchevesque vallet le Roy et plusieurs autres, le jour de la Saint Just et Saint Luc, l'an de grace mil CCC et Sept.

Frere Thomas Quentin dit premierement que il vit quant il fu receu devant le mestre et li requist le pain et l'eaue et les dras et la compengnie des freres ; après cen que on li out otroié on li fist vouer casté, obedience et vivre sans propre, presens les freres et puis le mena chi! qui le vest derrier l'autel et li monstra la crois et li fist trois foiz renier Dieu et escopir sur et dit que il n'i escopi que une foiz et dit qu'ille fist despoullier tout nu et le baisa en bout de l'eschine et puis en nombril et puis en la bouche et puis on ii fist vouer se uns frere vouloit gesir a luy qu'il ne le refuseroit pas. Requis se il le fist onques et se on li requist onques, dit que non et dit que après tantost chil qui le vesti li monstra un tablel, la ou il avoit un ymage painte, quant il fu vestus tant seulement nonques plus ne la vit et ne set ou elle est et dit que frere Philippe, commandeeur de Saint Evaubourc, quj adonc estoit mestres de Saint Estienne le vesti et dit que il croit que une corde qu'il a chainte dessus sa chemise i fu atouchié entour l'image.

Frere Guillaume Bouchel commandeeur de Saint Estiene ensieut de toutes choses frere Thomas Quentin.

Frere Raoul Louvel ensieut frere Guillaume Bouchel en toutes choses et sans contrainte.

Frere Johan Barbe ensieut frere Raoul Louvel en toutes choses et dit plus que un frere templier vint une foiz pour gesir a lui mes ledit frere Johan ne li vout souffrir et fu vestuz par frere Robert Paiart.

Frere Guillaume Hardouin ensieut frere Thomas Quentin en toutes choses.

 

C'est la confession que frere Philippe commandeeur de Saint Evaubourc fist au chastel de la Roche d'Orival devant monseigneur Robert Doisneval, monseigneur Johan de Tonneville, monseigneur Raoul du Pleisseis, chevaliers et Pierres de Hangest, baillif de Rouen, eulz presenz.

Premierement, il dit que quant on le vesti, il requist avant que il fust vestus le pain, l'eaue, les povres dras et la compengnie des freres de l'ostel ; après on li dit que bien se garde qu'il requiert quar il requiert fort chose pour les vol entés du monde et pour sa volenté qu'il li convendra lessier après cen que l'on li a monstré ces choses et on le rechoit et j'en baisa frere Auvré commandeeur de Normendie, qui le vesti, en la bouche et après lidiz mestres Philippe ala baisier touz les freres qui i estoient present en la bouche et après cen frere Auvré li vesti le mantel et li mist au col et puis le me(n)a derriere l'autel et li monstra la crois et li fist renoier et puis escopir sus une foiz sans plus et puis le fist despoullier et le baisa en la bouche et dist que onques ne fu baisiez en autre lieu sus le cors a lui que en la bouche si li ait Diex et li saint. Et après cen on li monstra un ymage et fu une cordele atouchié à l'imaget laquele li fu commandee a cheindre par dessus sa chemise. Ne ne set ou l'imaget est. Et ainssi la il fet feire a touz ceus qu'il a vestus et l'ont fait. Et si dist lidiz mestre Philippe que touz prestres qui entrent en la religion du Temple i entrent et font tout en icele maniere et an tel chose et non autre que les lais font qui en la religion entrent.

Armand Launay

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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 15:48

A Pont-de-l’Arche, le « procès de la truie » est un fait du Moyen Âge qui délie toujours les langues. Il faut dire qu’entre temps, des historiens se sont penchés sur cette anecdote aussi étonnante que populaire… 

  

P1100387.JPG

La cour intérieure du bailliage, à gauche les prisons pour femmes, à droite celles des hommes.

L'histoire ne dit pas dans quelle cellule nos coupables cochons ont été incarcérés avant leur exécution:). 

 

 

Léon Braquehais (voir sources) dénombre deux procès de cochons meurtriers qui se sont tenus au bailliage de Pont-de-l’Arche, sorte de tribunal d’instance de l’Ancien Régime :

 « En 1349 (…) on donna dix sous au bourreau de Louviers et à celui de Pont-de-l'Arche pour ardoir [bruler] deux porcs, qui avaient étranglé deux enfants. (Actes normands de la Chambre des Comptes. 1328-1350) ».

Puis « En 1408, le geôlier des prisons de Pont-de-l'Arche donna quittance de 4 sous 2 deniers pour avoir nourri pendant 24 jours un porc qui avait muldry et tué un petit enfant et qui, en expiation de ce crime fut pendu à un des poteaux de la justice du Vaudreuil (Eure) » [1]. Emile Agnel (voir sources) précise la date du procès, le 13 juillet 1408, et l’exécution au Vaudreuil de la sentence, le 17 juillet.

 

Faire un procès à un animal, voici une drôle de pratique – pour nous – qui n’était pas exceptionnelle au Moyen Âge. Le jugement à mort de cochons tuant de jeunes enfants se retrouve dans les archives comme, par exemples, en 1266 à Fontenay-aux-Roses, 1334 à Durval, 1386, 1356, 1480 à Caen, 1386 à Falaise, 1394 à Mortain, 1403 à Meulan, 1404 à Rouvres (Bourgogne), 1414, 1418 et 1479 à Abbeville, Savigny en 1457, Fresne-l'Archevêque en 1499.

Les animaux, quels qu’ils soient et y compris des essaims d’abeilles, étaient jugés par les autorités royales selon les mêmes procédures que les hommes. C’est ainsi que les jugements ont été consignés dans des procès verbaux et dans les comptes de dépenses de différentes prisons qui ont nourris les animaux avant leur exécution.

On retrouve ces pratiques principalement entre le XIIIe et le XVIe siècle comme le note Emile Agnel. Elles avaient un double objectif : attirer l’attention des propriétaires d’animaux sur leur responsabilité en les privant de leur bien ; attirer aussi l’attention des parents sur la surveillance de leurs petits en les exposant publiquement. Il semble que ce genre de procès ait marqué les esprits car, comme le note Léon de Duranville (voir sources), les Archépontains avaient encore en mémoire ces procès au XIXe siècle !

Un être humain étant concerné, les juges estimaient qu’un procès en bonne et due forme devait avoir lieu et, comme le note Emile Laignel, ils se fondaient sur le verset 21 du chapitre 28 de l’Exode (Ancien testament) disposant que « si un bœuf encorne un homme ou une femme et cause sa mort, le bœuf sera lapidé et l’on n’en mangera pas la viande ».     

 

[1] Emile Laignel précise dans une note que "Dans une quittance délivrée le 10 octobre 1408 par un tabellion de la vicomté de Pont de l’Arche au geôlier des prisons de cette ville, les frais de nourriture journalière d’un pourceau, incarcéré pour cause de meurtre d’un enfant, sont portés au même taux que ceux indiqués dans le compte pour la nourriture individuelle de chaque homme alors détenu dans la même prison." 

 

Sources

- Agnel, Emile, Curiosités judiciaires et historiques du moyen âge. Procès contre les animaux, Paris : J. Dumoulin, 1858, 47 p. ;

- Braquehais, Léon, Curieuses exécutions en Normandie au Moyen-âge, Rouen, E. Marguery et Cie, 1892 ;

- Duranville, Léon Levaillant de, "Deux anecdotes relatives au Pont-de-l'Arche", 13 pages, in Revue de la Normandie, juillet 1867, Rouen, Cagniard.

 

Voir aussi notre étude sur l'origine, l'évolution et l'intérêt architectural du bailliage

 

Armand Launay

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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 10:42

-E.Charpillon, Louis-Étienne, Caresme, Anatole, Dictionnaire historique de toutes les communes du département de l’Eure, Les Andelys : Delcroix, 1868, 960 p., t. II, p. 662-674.       

 

PONT-DE-L'ARCHE

 

Paroisse : ch.-lieu de Baill., Vic. et Elec. – Dioc. d’Évreux. – Parl. et gén. de Rouen.

       Pont-de-ma-Citadelle, Pons arcis meae, d’où Pont-de-l’Arche, telle paraît être la véritable étymologie de cette localité[1].

         « Vers 860, Charles le Chauve convoqua les grands de l’Empire, à son palais de Pîtres, et obtint d’eux des subsides pour faire construite une fortification et un barrage assez fort pour arrêter les barques normandes qui remontaient la Seine. Pour établir ce pont, on choisit l’endroit où la marée cesse de se faire sentir ; deux châteaux-forts furent élevés aux deux extrémités, sous la direction de l’archevêque Hincmar.

 

         Vers 1020, le duc Richard II, duc de Normandie, donna aux moines de Jumièges l’église et le tonlieu de Pont-de-l’Arche, avec trois moulins qui existaient sous le pont, deux acres de près et un moulin vers les Damps, avec trois fermiers.

         Guillaume de Pont-de-l’Arche fut un des cinq enquêteurs chargés, par Henri 1er, en 1127, de la rédaction du rôle de Winchester.

         Vers 1180, l’impératrice Mathilde et son fils Henri II donnèrent à N.-Dame-du-Pré, 4 l. de rente à prendre sur les pêcheries de Pont-de-l’Arche.

         Richard Cœur-de-Lion échangea, en 1198, avec les seigneurs de Jumièges, le domaine de Pont-de-l’Arche contre celui de Conteville ; après la mort de son frère, Jean sans Terre ne pouvant défendre Pont-de-l’Arche, voulut démanteler le château ; Philippe Auguste ne lui en laissa pas le temps et s’en empara en 1203.

         Dans le traité fait avec les habitants de Rouen, le 1er juin 1204, il est dit que Philippe-Auguste leur accorde les mêmes libertés et coutumes que celles dont jouissaient les bourgeois de Pont-de-l’Arche ; il leur accorda, de plus, la franchise de péage à Pont-de-l’Arche.

        Pont-de-l’Arche a servi dans tous les sièges de Rouen de dépôt d’approvisionnements militaires ; cette ville, qui pouvait empêcher le trafic entre Paris et Rouen, a été pendant bien longtemps considérée comme la clef de la Haute-Normandie  ; aussi, Philippe-Auguste et ses successeurs y vinrent-ils souvent. Si la situation de cette ville était importante, au point de vue stratégique, elle ne l’était pas moins du point de vue fiscal ; le point extrême de la marée montante servait de ligne de démarcation pour les droits à percevoir par la vicomté de l’Eau.

      En 1211, Alexandre, abbé, et les religieux de Jumièges, abandonnèrent à Philippe-Auguste ce qu’ils avaient à Pont-de-l’Arche et reçurent Conteville en échange.

      On dressa, en 1213, un état des nefs appartenant au châtelain de Pont-de-l’Arche, Simon de Montfort étant à Pont-de-l’Arche ; fit hommage au roi des États de Raymond VII, comte de Toulouse, qui avait été déclaré hérétique (sic).

         Des actes nombreux de Philippe-Auguste sont datés de Pont-de-l’Arche.

         En 1222, le roi étant dans cette ville, donne aux bourgeois de Poitiers la liberté du commerce, excepté à Pacy et à Pont-de-l’Arche.

        Louis VIII se trouvant à Pont-de-l’Arche, le 4 janvier 1224, s’engage à faire venir à Rouen les débiteurs des bourgeois de cette ville[2] ; il autorisa les religieux de Bonport à faire venir chaque année 100 tonneaux de vin, francs de péage et de droits de coutume.

         Dans une charte de Guillaume de Tourville, pour Jumièges, en 1228, il est fait mention de la voie publique qui conduit du port d’Oissel à Pont-de-l’Arche[3], Me André était alors curé de cette ville.

         A la date de 1237, Pierre de Meulan était châtelain de Pont-de-l’Arche ; Me Robert était curé.

         Les assises tenues à Pont-de-l’Arche, en 1240, furent présidées par Jean des Vignes et Renault d’Alisay, vicomte de Pont-de-l’Arche.

         Jean Ansgaut qui avait pris part à la croisade, reçut du roi, en 1251, une rente de 3 d. sur la prévôté de Pont-de-l’Arche ; Robert Le Maçon, Abraham, Robert et Eudes du Pont-de-l’Arche, sont cités dans différentes chartes de cette époque.

         Pont-de-l’Arche faisait alors partie du domaine royal, et dans le compte des vins du roi, cette ville figure, en 1247, pour 88 muids 11 setiers ½ [4]. On y percevait un droit de péage de 10 d. par muid sur les vins qui passaient sous le pont, de même que les chevaux, bestiaux, voitures, traversant le pont, acquittaient un droit.

         Barthélemy Fergant était, en 1256, vicomte de Pont-de-l’Arche ; Guillaume des Gades-Renicourt l’avait remplacé trois ans après.

         Eudes Rigaut le vigilant, archevêque de Rouen, visita Pont-de-l’Arche cinquante-quatre fois ; il donna deux fois l’ordination dans la chapelle du château, et deux fois il assista à des ordinations faites par l’archevêque d’Évreux.

         En 1271, Robert du Pont-de-l’Arche vendit au Bec, pour 7** l. de rente des maisons qui lui rapportaient 12 d. de rente.

       Un arrêt du Parlement de la Toussaint 1288, décida que l’abbaye du Bec n’avait pas le privilège de libre circulation à Pont-de-l’Arche.

         Me Guillaume était, en 1288, recteur des économies de Pont-de-l’Arche ; Mgr Gohier, vicomte, fut choisi comme arbitre en 1289 ; il était remplacé deux ans plus tard par Robert d’Auvilliers.

         Une inondation emporta tous les ponts de la Seine , en 1296, à l’exception toutefois de celui de Pont-de-l’Arche.

         Pendant le XIIIe siècle on faisait, à Pont-de-l’Arche, un grand commerce d’huile de noix et d’huile de pavot, que l’on extrayait dans le pays.

         Le bailli de Rouen voulant soustraire au sieur Nicolas Le Tonnelier un privilège de la Fierte , l’envoya, en 1302, aux prisons de Pont-de-l’Arche.

         En 1306, Jean de Préaux vendit aux religieux de Saint-Ouen une arche du pont de Pont-de-l’Arche avec la pêche de cette arche, qui étaient de son propre héritage[5].

         Un sieur Jean Larchevêque tenait en fief-ferme, à la date de 1308, les moulins du roi de Pont-de-l’Arche ; l’année suivante, le roi confirma une vente, consentie par Laurent Thiart, vicomte de Pont-de-l’Arche, au cardinal Jean Le Moine[6].

         C’est à Pont-de-l’Arche que fut tenu, en 1310, le concile dans lequel les Templiers furent condamnés à mort.

         Aux assises tenues dans cette ville en 1313, on confirma les arrangements entre le Bec et le seigneur du Neubourg pour les Novales ; d’autres assises furent tenues, en 1313, où fut jugé un différend entre l’abbaye du Bec et Guillaume de Maulévrier, seigneur de Combon.

         Des lettres de Louis le Hutin, du mois de juillet 1315, fixèrent le tarif des droits à payer sur les marchandises voiturées par eau, de Paris à Pont-de-l’Arche, et de cette dernière ville jusqu’à la mer, tant en montant qu’en descendant ; il en résulte que le roi percevait 10 d. par tonneau de cidre remontant la Seine jusqu’à Pont-de-l’Arche[7].

         Une ordonnance de Philippe le Long, du 12 mars 1316, chargea le bailli de Rouen « d’établir ès ville de Pont-de-l’Arche un capitaine… qui fasse serment de maintenir et garder loyaument icelle ville, païs et peuple ».

         En 1317, Pierre Lhôpital, prêtre, était garde du scel aux obligations de Pont-de-l’Arche[8]. Jean de Neufchâtel était vicomte.

         Jean Gougeul obtint du roi Charles le Bel, en 1321, que le moulins Aux Dames, à Pont-de-l’Arche, serait tenu du roi à seule foi. En 1335, Robert Garin, vicomte de Pont-de-l’Arche, résista aux injonctions du roi, relatives à l’exécution d’une sentence rendue par la Chambre des Comptes de Paris, au sujet de biens situés à Léry.

         Jean du Bosc, vicomte de Pont-de-l’Arche, assistait à l’échiquier de 1344 ; il épousa Catherine de la Luzerne , dont il eut quatre enfants.

         Par quittance passé devant Pierre Martel, garde du scel aux obligations de la vicomté de Pont-de-l’Arche ; le 6 novembre 1350, Jehan le Fer déclara avoir reçu du roi par les mains de N.H. Bachelet, vicomte, 20 s. pour le terme de Saint-Michel passé.

         Au commencement du mois d’août 1346, les Anglais, appelés par Charles le Mauvais, débarquèrent en France sous la conduite de leur roi Edouard, et vinrent à Pont-de-l’Arche qu’ils brûlèrent ainsi que tout le pays voisin[9].

         L’année suivante, Richard du Mesnil, chevalier, était capitaine du château de Pont-de-l’Arche.

         Des lettres royales, du 13 avril 1350, constatent que le comte d’Harcourt devait au roi Jean le Bon, 220 l., 8 s. payables au vicomte de Pont-de-l’Arche. A cette date, le vicomte était Jean de Baigneux, qui eut pour successeur Richard de Bitot.

         En 1356 « se partit le roi Jean de Rouen, et alla au Pont-de-l’Arche, et la vient à lui le prévôt des marchands de Paris, à 500 hommes d’armes »[10].

         Au mois d’août de l’année suivante, Charles, duc de Normandie, était à Pont-de-l’Arche. Après la paix de Brétigny, en 1360, le roi Édouard fit passer la Seine à ses troupes, à Pont-de-l’Arche, d’où il les envoya en Angleterre[11].

         De grandes réparations furent faites au XIVe siècle, au château de Pont-de-l’Arche, à la chambre du roi, au colombier et à la petite chapelle.

         La veille de la bataille de Cocherel, le 15 mai 1364, du Guesclin était à Pont-de-l’Arche, où ses troupes se reposèrent et où il les passa en revue ; le même jour, le captal de Buch mal averti des mouvements de son adversaire, se dirigea vers Pont-de-l’Arche pour s’opposer au passage de la Seine[12].

         Le soir de la bataille, l’armée française, victorieuse, arriva à Pont-de-l’Arche, ramenant Jean Joël et Pierre Sacquainville, prisonniers ; ils mouraient de faim et même les plus vantés.

         En 1369, Robert Hallé était vicomte de Pont-de-l’Arche ; Jean de Jeucourt était capitaine ; on assigna, à ce dernier, un revenu de 400 l. ; il était remplacé l’année suivante par Henri de Ferrières, seigneur de Gisors.

         Un impôt sur les vins fut mis à Pont-de-l’Arche, en 1375 ; vers cette époque, Hue de Neaufles était garde du scel de la vicomté, Jean de la Heruppe , huissier d’armes, était capitaine du Pont-de-l’Arche.

         Le 11 juillet 1382, Jehan Auber, vicomte de Pont-de-l’Arche, avait pour lieutenant Guillaume Ango ; l’année suivante, il avait un conflit avec la juridiction de l’archevêque de Rouen, à Louviers ; Colard d’Estouteville était capitaine.

         En janvier 1387 eut lieu, à Pont-de-l’Arche, la vente du manoir de messire Bonneau de Jeucourt, chevalier.

         Le 25 mars 1381, Charles VI étant à Pont-de-l’Arche, après son sacre, fit grâce à Jehan Pesquez, qui fit mis en liberté le carême et en partit le samedi saint, pour aller à Rouen.

         Les assises tenues à Pont-de-l’Arche, en 1388, furent présidées par Richard de Houdetot, bailli de Rouen.

         Moradas de Rouville était, en 1390, capitaine du château de Pont-de-l’Arche : Jehan de la Mare , vicomte ; ce dernier était remplacé, en 1398, par Jean de Saint-Ouen ; Isembart Ravenel, garde des sceaux des obligations de la vicomté, figure dans les contrats, en 1397.

         À la fin du XIVe siècle, Guillaume Blanc-Baston, lieutenant général de la Thuille , bailli de Rouen et de Gisors, présida les assises de Pont-de-l’Arche.

         En 1406, Guillaume Le Diacre, vicomte de Pont-de-l’Arche, acheta de Jean Grouchy, seigneur de Monterolier, le fief Duredent.

         Jean Monnet était vicomte, en 1408, lorsque le bailli de Rouen, aux assises de Pont-de-l’Arche, condamna un porc à être pendu pour avoir tué un enfant ; la même année, Jean de Villeneuve était lieutenant général auprès du bailli de Rouen.

         Après le meurtre de Raoul de Gaucourt, bailli de Rouen, en 1417, « le dauphin partant de Paris, atout 2,000 combatants, ala au Pont-de-l’Arche, duquel lieu il envoya l’arcevesque, Louis de haucourt, pour exhorter les bourgeois de Rouen à obeir au dit daulphin »[13].

         Au mois de juin 1418, le roi Henri d’Angleterre quitta Lisors pour venir assiéger Pont-de-l’Arche.

         « En ce temps estoit le roy d’Engleterre tenant le siége de Pont-de-l’Arche, que tenoient les Armignacs, et en estoit le seigneur de Graville, cappitaine, lequel ne tint pas longuement, mais le rendy par traictié aus Engloix, et s’en party saulvement »[14].

         Le siège avait duré trois semaines.

         Peu de jours après la prise de la ville, le roi de France envoya des ambassadeurs qui vinrent au Pont-de-l’Arche pour traiter des conditions de la paix. « Et s’en partirent sans rien faire ».

En 1419, alors que les Anglais étaient maîtres de la ville, Ouin Huchère était vicomte, Maurice Brun, capitaine ; Robinet Grouys, marinier au Pont-de-l’Arche, avait l’office d’amener et de ramener toutes les nefs dessous le pont, que tenait Amaury-le-Coq.

Le roi d’Angleterre se trouvant à Pont-de-l’Arche, 1419, accorda au prieur de Bonport des lettres de sauf-conduit ; l’année suivante, il ordonna la restitution du temporel au couvent.

Le 26 février 1421, Thomas Maisterson était capitaine de Pont-de-l’Arche ; mais l’année suivante, il avait pour successeur Jean Beauchamp, qui fut passé en revue avec sa troupe, par les commissaires du roi d’Angleterre. Cette même année, le 8 octobre, une ordonnance contre les soldats qui avaient déserté leur corps, fut adressé au chevalier Jean Kigley, bailli de Rouen, et à Guillaume Crafford, esc., lieutenant du même bailli et capitaine de Pont-de-l’Arche ; au mois d’avril précédent, Maurice Brun avait été nommé capitaine du château et de la ville de Pont-de-l’Arche.

Après la prise de Verneuil, en 1424, le régent revint en Normandie, et ramena ses prisonniers à Pont-de-l’Arche : Philippe Le Baube était alors receveur des quatrièmes.

En 1424, Jean Falstaff, grand-maître d’hôtel du roi d’Angleterre, fut nommé gouverneur de Pont-de-l’Arche, Caen etc.

Guillaume du Fay, esc., époux de Jeanne de Recuchon était, en 1426, vicomte de Pont-de-l’Arche ; Jean Aubert l’avait remplacé dans cette fonction en 1428 ; la même année, la garde du scel des obligations de la vicomté appartenaient à Constant Pinchon[15] ; Jean Delestre, clerc, était tabellion juré.

Au mois de juillet 1429, après une inspection au château de Pont-de-l’Arche, on renforça la garnison ; en 1430, le sire de Willughby était capitaine de ce château ; il eut pour successeur, en 1435, Bérard ou Bertrand de Montferrand.

Les États de Normandie furent tenus à Pont-de-l’Arche en 1432, 1437, 1438 et 1439.

En 1435, le pont était en fort mauvais état, et les Anglais furent obligés de le réparer.

           Richard de Tharnes était, en 1437, lieutenant de la ville de Pont-de-l’Arche ; aux Etats tenus à Rouen, cette même année, Brunet de Longchamp, chevalier, représentait la noblesse de la vicomté de Pont-de-l’Arche.

Le 30 novembre 1440, Henri IV réunit à Pont-de-l’Arche une assemblée des notables habitants de la ville et des environs, pour viser au moyen d’arrêter les entreprises des ennemis (les Français), qui s’étaient déjà emparés de Louviers. Adam Hilton était alors lieutenant au Pont-de-l’Arche, de l’archevêque de Rouen ; il était capitaine en 1412.

Au mois de septembre 1441, le roi Charles VII fit expédier des titres de noblesse à Jean Bocquet, né à Rouen, et habitué à Pont-de-l’Arche, pour avoir fait des actions d’éclat au siège de Pontoise, et être monté le premier à l’assaut ; il lui donna pour armoiries : d’or à trois tours d’azur.

Deux bourgeois, Pierre Mordret et Jean Roisse, représentaient Pont-de-l’Arche aux Etats de Rouen, du 20 avril 1447 ; Jean Hamon donna quittance le 12 décembre 1448 à Jean Lancelin, vicomte de Pont-de-l’Arche.

Cependant, Pierre de Brézé, capitaine de Louviers, Robert de Flocques et d’autres capitaines français, résolurent de s’emparer de Pont-de-l’Arche ; un marchand de Louviers, que son commerce appelait à Rouen et que tout le monde connaissait, leur en ouvrit les portes, pendant la nuit du 13 mai 1449. Les Anglais, surpris dans leur sommeil, furent presque tous faits prisonniers.

Le butin des vainqueurs fut considérable. C’était un premier échec à la puissance des Anglais, qui allaient bientôt disparaître du royaume de France.

Guillaume de Bailleul, seigneur de Beauvais, vint aussitôt trouver Charles VII à Pont-de-l’Arche pour lui prêter serment de fidélité. Il y eut la même année des conférences pour traiter de la paix ; le roi de France offrit de rendre Pont-de-l’Arche, Conches et Gerberoy aux Anglais, si l’on rendait Fougères au duc de Bretagne. Les ambassadeurs ne purent s’entendre[16].

Jean Langlois était, en 1450, lieutenant en la vicomté de Pont-de-l’Arche. Le 1er mai 1461, quittance fut donnée à Pierre Bachelet, vicomte.

En 1462, le roi Louis XI étant en Normandie, imposa un droit sur les vins qui passaient sous le pont de Pont-de-l’Arche et descendaient à Rouen.

Charles, frère de Louis XI, ayant reçu, en 1465, la Normandie en apanage, voulut aller en prendre possession ; mais arrivé à Pont-de-l’Arche, il y fut retenu par les intrigues et les artifices des Bretons, qui voulurent s’emparer de sa personne, lors de son entrée à Rouen ; mais leurs projets furent déjoués par le comte Jean d’Harcourt[17].

Louviers, qui était entré dans la Ligue du Bien Public, vint mettre le siège devant Pont-de-l’Arche qui lui fermait le passage pour aller à Rouen ; après un siège de quelques jours, le château capitula, le 11 janvier 1466. Le 3 février suivant, Gauvain Mauviel, lieutenant général du bailli de Rouen, ayant été fait prisonnier, fut amené à Pont-de-l’Arche ; on dressa un échafaud sur le pont, le sieur Mauvel fut décapité, sa tête fut mise au bout d’une pique et son corps jeté à l’eau[18].

Sur les ordres du roi, un camp pour 20,000 hommes, entouré de fosses et de palissades, fut formé dans la vallée entre Pont-de-l’Arche et Pont-Saint-Pierre ; pour en payer les frais il imposa une taille très lourde ; Guillaume Picard, bailli de Rouen, commandait ce camp.

Un matelot ayant été tué à Pont-de-l’Arche, en 1467, par Guillaume Beslatre, celui-ci eut la vie sauve en levant la fierté.

Par contrat passé devant les tabellions au siège de Léry, en 1471, Pierre Martel, garde des scel des obligations de la vicomté de Pont-de-l’Arche, donna à fief 3 vergées de terre pour 3 s. de rente.

Le 28 octobre 1472, Louis XI rétablit, au profit des manants et habitants de la vicomté de Pont-de-l’Arche, le grenier à sel établi à Pont-de-l’Arche par Charles VII, qui l’avait ensuite abolit.

Le 15 mars 1475, Richard Bachelet était lieutenant général de N.H. du Gué, vicomte de Pont-de-l’Arche du bailli de Rouen ; Guillaume Gautier et Pierre Ducloz étaient, en 1483, tabellions royaux.

Des lettres de Charles VIII, données à Pont-de-l’Arche le 14 avril 1483, octroyent congé général à tous les français ayant cause et procès à l’Échiquier, d’appointer sans amende.

Le 7 octobre 1500, Jehan Chalenge, vicomte de Pont-de-l’Arche, avait pour lieutenant général Guillaume Becquet ; il fut remplacé, en 1518, par son fils Jacques, devant lequel eut lieu, le 12 juin 1524, le traité de mariage de Hector Vipart avec Marguerite d’Amfreville.

A ce moment, Me Roger Le Mercier était procureur substitut du roi en la vicomté.

Deux ans après, en 1526, Me Martin d’Escambosc, advocat du roi à Louviers, était vicomte de Pont-de-l’Arche.

La succession de Simon de Baigneux, vicomte de Pont-de-l’Arche, en 1531, passa à la famille royale de Dreux.

En 1534, Pierre de la Faye , grainetier du Pont-de-l’Arche, demanda délai pour vérifier sa noblesse.

Une sentence du 26 juin 1537, rendue par Jean Sergent, vicomte de Pont-de-l’Arche, adjuge une pièce de terre, sise au Bec-Thomas, à Robert Le Comte de la Harangère ; Robert de Pommereuil était alors capitaine de cette ville ; le scel de la vicomté était tenu par Binot d’Arthois.

En 1540, François 1er étant à Pont-de-l’Arche, donne les injonctions au Parlement de Rouen.

Un aveu rendu au roi, pour la baronnie d’Elbeuf, le 6 août 1542, contient cette mention : « Nous appartient la rivière de Saine, depuis l’ombre du pont de Pont-de-l’Arche à l’heure du soleil de midy, jusqu’au gravier au-dessous d’Orival »[19].

Adam de la Basoge , haut justicier de Heuqueville, avait droit de pêche depuis le Blanc-Saulx jusqu’au talus de Pont-de-l’Arche, par moitié avec l’abbaye de Bonport et autres ayant-droit.

Quelques années après, en 1546, les États de Normandie se réunirent à Pont-de-l’Arche, à cause de la peste qui sévissait à Rouen.

Thomas Cyroie était, en 1555, avocat du roi aux juridictions de Pont-de-l’Arche ; en 1561, Loys de la Faye , esc., licencié ès-lois, était lieutenant du bailli de Rouen.

Les protestants venus de Rouen au nombre de 1,500 avec 6 pièces d’artillerie, se présentèrent devant Pont-de-l’Arche, en 1562, espérant y faire un grand butin ; mais ils ne purent y pénétrer ; les capitaines Guyon et Maze les repoussèrent vivement, en leur faisant subir des pertes cruelles ; 40 soldats furent rués ou blessés[20].

Par lettres patentes datées de Plessis-les-Tours, le 10 octobre 1569, le roi Charles IX donna à Catherine de Médicis, sa mère, la vicomté de Pont-de-l’Arche. A cette époque, Jean de Carvoisin, seigneur d’Achey, gouverneur de Pont-de-l’Arche, épousa Marguerite de l’Isle.

Guillaume Jobin vendit, en 1580, à Charles Routier, grenetier du grenier à sel de la vicomté, par contrat passé devant Louis Trencheur, notaire royal, une vergée de vigne au Val-au-Queu, à Amfreville.

Vers cette date, Nicolas Hesbert, advocat, avait la garde du scel aux obligations de la vicomté.

Dans un aveu de 1581, le seigneur du Portpinché déclarait posséder quatre arches du pont, avec un droit de pêche de tous le poisson. Le droit de bac de Pont-de-l’Arche à Lormaye appartenait à l’abbaye de Bonport.

Aux États de Normandie tenus à Rouen, en 1582, Me Nicolas Le Blanc, advocat de Pont-de-l’Arche, représentait la justice de la vicomté ; Jean Hays était son lieutenant ; Jean Fournière, Guillaume Hays et Pierre Morlet, advocats, y comparurent également.

La coutume locale de Pont-de-l’Arche concernant l’apport en mariage de la femme, fut abrogée le 5 janvier 1583, par le président du Parlement assisté d’un conseiller et d’un avocat du roi, en présence et du consentement des gens des trois États, à ce convoqués[21].

Deux ans après, en 1589, Le Blanc du Rollet, gouverneur de Pont-de-l’Arche, en ouvrit les portes à Henri IV et l’on assure qu’à dater de cette époque, les armes de cette ville s’enrichirent de trois fleurs de lys d’or.

Pont-de-l’Arche portait : de sable au pont d’argent maçonné de sable, au chef cousu d’azur chargé de trois fleurs de lys d’or.

En 1592, Henri IV établit son quartier général à Louviers et cantonna une partie de ses troupes à Pont-de-l’Arche ; c’est là qu’il envoya les canons qu’il avait employés au siège de Rouen, lorsqu’il fut forcé de le lever[1]. Rouen était défendu par l’amiral de Brancas, lieutenant général pour le roi aux bailliage de Rouen, de Caen et de Pont-de-l’Arche.

Chicot, le fou de Henri IV, que la plume de notre ami, le grand romancier Alex. Dumas, a rendu célèbre, ayant été blessé dans une escarmouche, mourut à Pont-de-l’Arche où il fut inhumé.

En 1594, M.Claude des Hays était curé de Pont-de-l’Arche, Claude Boullenger et Jean Lemercier, avocats du roi en la vicomté. La même année, Jacques Bachelier, receveur des tailles, obtint la remise de 8,000 écus des deniers de sa recette, et don de 6,000 écus pour la perte de ses meilleurs meubles, le tout volé sur le chemin de Louviers où il les envoyait après la surprise de Pont-de-l’Arche.

Des travaux de charpente à l’arche du Diguet, au pont de Pont-de-l’Arche, furent entrepris en 1596, par Geofroy Gigault, maître charpentier de Rouen. La même année, le marquis de Rosny prescrivit d’informer les excès et outrages commis sur la personne de Jacques Le Brasseur, maître serrurier adjudicataire des travaux à faire à ce pont. Une assiette de 1,000 écus dut mise sur Pont-de-l’Arche, pour fournir l’indemnité due au propriétaire de deux maisons du faubourg, démolies par ordre du gouverneur du Rollet.

En 1597, décharge fut accordée à Pont-de-l’Arche où la peste régnait depuis 1595. Le roi ne voulut pas accueillir la supplique des Etats de Normandie, assemblés en 1598, qui demandaient la démolition du château de Pont-de-l’Arche.

En 1599, Villars était gouverneur du Hâvre et de Pont-de-l’Arche.

Au commencement du XVIIe siècle, les principaux fonctionnaires civils et militaires de la vicomté de Pont-de-l’Arche étaient : David Cabeuil, lieutenant particulier du bailli de Rouen ; Charles de la Vache, receveur du roi ; Tannaguy, baron de Chambray, gouverneur ; Jehan Le Sergent, vicomte ; Noel Pappeil et Thomas Liard, tabellions.

Vers 1615, Jacques Routier fut nommé assesseur criminel en la vicomté de Pont-de-l’Arche. L’année suivante, le maréchal d’Ancre se fit donner le gouvernement de cette ville dont il augmenta les fortifications ; après sa port, le duc de Luynes lui succéda à Pont-de-l’Arche.

Pierre Perrier, avocat au Parlement et lieutenant général en la vicomté, rendit aveu, en 1616, pour une île nommée la Haye Auberée.

La même année, Charles Duval, conseiller au Pont-de-l’Arche, fournit aveu pour 100 perches de terre en l’île Dehors ; David Cabeuil avait la charge de lieutenant général du bailli de Rouen.

Le roi accorda, en 1619, à la garnison de Pont-de-l’Arche, son chauffage à prendre dans la forêt de Bord.

La même année, Me Langlois était président à l’élection de Rouen.

En 1620, Jean-Baptiste d’Ornano, maréchal de France, avait pour lieutenant colonel et commandant en son absence à Pont-de-l’Arche, un capitaine du nom de Francesque.

A partir de son entrée au conseil en 1623, le pouvoir de Richelieu n’eut plus de bornes. Le cardinal se fit bientôt accorder le gouvernement de Pont-de-l’Arche ; son lieutenant, dans cette ville, était en 1624, François de Rotundy, sieur de Cahusac. La même année, Jean Bachelet fut nommé maître des ouvrages à voyer pour le roi, en la vicomté, et on répara les couvertures des logis du roi, ainsi que la chapelle du château.

De 1628 à 1630, Pierre-Claude Behote et Jean-Baptiste des Marets étaient élus en l’élection de Pont-de-l’Arche ; Routier en était président ; Charles Le Sergent, esc., sieur de la Coudraye, était garde hérédital du scel ; Adrien Guéroult, procureur du roi aux eaux et forêts de Pont-de-l’Arche.

Jean de Lonlay, sieur de St-Georges, commandait la ville et le château de Pont-de-l’Arche pour le cardinal de Richelieu, de 1636 à 1640. Dans ce laps de temps, messire Charles Pinel était élu assesseur ; Jean Langlois, lieutenant général criminel ; Pierre Maille, conseiller du roi, élu, puis commis à la recette des tailles en l’élection ; Charles Maille, contrôleur héréditaire ; Samson Gilles, contrôleur, et Groult, procureur du roi aux eaux et forêts de la vicomté ; Pierre du Bosc, contrôleur du grenier à sel.

Le 1er janvier 1640, le chancelier Seguier visita le château de Pont-de-l’Arche et se rendit compte des réparations à y faire ; la même années, les sieurs Fleury Perrot, maître maçon, et Adrien Petit, architecte du duc d’Orléans, se rendirent adjudicataires des travaux du pont, et ils employèrent à cet ouvrage les matériaux provenant de la démolition de l’ancien.

Richelieu ayant appris que de nombreuses exactions étaient commises sur les vins qui passaient à Pont-de-l’Arche, destitua le gouverneur Jean de Lonlay qui y avait pris part, et le remplaça par le sieur Le Normand, sire de Beaumont.

Le 21 mai 1643, Me Antoine Routier était lieutenant général criminel au siège de Pont-de-l’Arche.

Pendant les troubles de la Fronde, le duc d’Harcourt qui tenait le parti du roi, n’ayant pas pu s’emparer de Rouen, se retira au Pont-de-l’Arche où le sire de Beaumont le reçut à bras ouverts.

Harcourt qui vint au Pont-de-l’Arche,

Monté sur un cheval rouan

Sans avoir entré dans Rouen.

Lors des conférences de St-Germain, le prince de Condé exigea que Pont-de-l’Arche fût remis au duc de Longueville comme place de sûreté ; le duc la mit aussitôt en état de soutenir un siège et lui donna pour capitaine de baron de Chamboy, lieutenant de ses gendarmes.

A ce moment, Pierre Maille, Etienne du Boullé étaient élus en l’Election. Jehan Langlois était président, il fut remplacé, en 1651, par son fils Pierre Robert.

Louis Cousin avait été reçu, en 1650, lieutenant particulier au bailliage. De nombreuses démarches furent faites, à cette époque, pour obtenir la démolition du château de Pont-de-l’Arche ; mais ce fut sans aucun résultat.

Le 17 mai 1656, un arrêt du conseil d’état, exempte l’abbaye de Jumièges de tous droits pour le passage des vins et autres provisions passant par la Seine et villes de Pont-de-l’Arche, Rouen, etc. en conséquence de l’échange fait avec le roi Philippe-Auguste.

En 1659, Nicolas de la Croix était lieutenant criminel en la vicomté ; François Bréant était procureur du roi. Quelques années après, en 1688, S.A. Emmanuel Théodore de la Tour d’Auvergne, duc d’Albret, abbé de St-Ouen, donna aux Jésuites de Rouen, un moulin à blé, sous une des arches du Pont-de-l’Arche ; Jean-Baptiste Vallée, sieur du Parc, était alors lieutenant particulier, ancien civil et criminel du bailli de Rouen au Pont-de-l’Arche, il était lieutenant général du bailliage, en 1675.

En 1671, André Druel avait remplacé Charles de Tesson, esc., comme gouverneur de Pont-de-l’Arche, Jean-Baptiste du Parc était lieutenant général en la vicomté.

En 1674, Vallée, conseiller du roi, avait la charge de lieutenant général particulier ancien civil au siège royal du Pont-de-l’Arche ; Nicolas Langlois fut nommé, en 1676, lieutenant général, ancien au même siège. Quelques années après, Michel Leforestier était lieutenant général de Police ; François Bréant était substitut du procureur du roi.

Le 3 février 1687, les plaids de la vicomté furent tenus par Jean Routier, conseiller du roi, vicomte ; Charles Le Camus était avocat aux saisies réelles.

En 1600, MM. Jacques et Thomas Bourdon ayant essayé d’établir une manufacture de draps, les drapiers de Louviers y firent une vive opposition.

Charles Auzou était, en 1674, élu en l’Election. Me Claude Lobras était chapelain de la chapelle St-Etienne au château de Pont-de-l’Arche ; Jean Le Cordier était receveur des tailles.

Th. Corneille fait de Pont-de-l’Arche, au début du XVIIIe, la description suivante : « Vicomté, bailliage, élection, grenier à sel, maîtrise des eaux et forêts, et un bon château de l’autre côté de son pont de pierre, qui est le plus beau, le long, le mieux bâti qui soit sur la Seine.

« Son château, bâti dans une petite île, est de figure carrée, bien entretenu, bien logeable, flanqué de quatre tours ; au-dedans, il y en a une fort haute qui sert de donjon. Ce château est séparé de la prairie par deux petits ponts.

Cependant un procès-verbal, dressé en 1712, constatait que ce pont si bien bâti menaçait ruine, que la navigation était entravée par les pêcheurs et les gords.

Le 30 mars 1719, ce qu’on appelait les petits domaines de Pont-de-l’Arche consistant en droits de halle, minage, droits de travers qui se paient par les bateaux et charrette passant sur le pont, droit de vieil acquis payé par les bateaux sous le pont, le gord, et le bas de Léry furent donnés à titre d’engagement à Julien Langlois de Villeneuve, qui donna le tout à bail, moyennant 8,300 l. par an.

Malgré l’opposition des gens de Louviers, la manufacture de draps avait prospéré, Piganiol de la Force écrivait en 1722 : « La manufacture du Pont-de-l’Arche où il se fabrique des draps très-fins, façon d’Angleterre, est très estimée ; mais elle n’est composée que de six ou sept métiers. Les filages sont conduits par des fileurs et des fileuses de Hollande ».

Pendant le XVIIIe siècle, nous trouvons à Pont-de-l’Arche les fonctionnaires civils et militaires ci-après : Farouil de Bondeville, le marquis de St-Pons, Charles-François de Campion, M. Routier et le baron Larchier de Courcelles, gouverneurs, Nicolas Langlois, seigneur de Criquebeuf-la-Campagne, Pierre Le Massif, Dagoumer, lieutenants généraux et particuliers civils et criminels du bailli de Rouen ; Nicolas Le Cornu, lieutenant particulier du bailli de Rouen, Jean Routier, Henri de la Couture du Chien, prêtre-curé de St-Vigor, vicomtes ; Clément Aubert, François Aubert, Housard de la Poterie, présidents en l’élection ; Claude Martin, François Bigot, Jacques Pétion, Adrien Longuet, élus ; Pierre Morin, procureur du roi en l’élection ; Louis de Tesson, contrôleur des grands entrées ; Ducroc de Biville, greffier en chef du bailliage ; Jacques Vallée, greffier en chef aux eaux et forêts ; Le Cordier de Bugenval, receveur des tailles ; Mathieu Cavelet, notaire, receveur au grenier à sel.

Par un édit de 1772, la vicomté fut réunie au bailliage.

En 1784, Pont-de-l’Arche payait 2,326 l. de taille, 1,380 l. d’accessoires et 1,489 l. de capitation.

Les droits de la vicomté de l’Eau de Rouen ayant été acquis en 1718, par le prince de Condé, à titre d’engagement, la famille de ce prince entretint à Pont-de-l’Arche, jusqu’à la Révolution, un agent chargé de la surveillance de ses intérêts dans cette ville.

L’ancien pont bâti du temps de Charles le Chauve, condamné par les ponts-et-chaussées, a disparu le 12 juillet 1856.

L’église de Pont-de-l’Arche remonte au XVe siècle, elle a été bâtie sur l’emplacement d’une plus ancienne, sur un petit mamelon ; elle est remarquable par ses pendentifs, ses fonts baptismaux dont les sculptures sont attribuées à Jean Goujon, par son orgue présent, dit-on, de Henri IV, par son retable à colonnes torses et enfin par ses magnifiques vitraux.

Léproserie. Cet établissement existait en 1259, et se trouve mentionné dans une charte de l’époque ; il est probable que c’est la même maison que le Bel-Air cité en 1265.

Prieuré. Il existait autrefois à Pont-de-l’Arche un prieuré dont les bâtiments ont été convertis en un hospice établi par lettres patentes de 1704.

Bernardines. Ce couvent fut fondé, le 6 décembre 1634, sous le nom de St-Antoine par Antoine de Montenay et Marguerite du Gué, sa femme, qui le dotèrent d’une ferme de 62 acres. Marguerite Cousin paraît en avoir été la première supérieure. Parmi les autres religieuses qui ont résidé dans cette maison, nous citerons : Madame de Bellemare, Marie et Charlotte de Clinchamp, Antoinette de Mornay et Marguerite du Four.

Vers le milieu du XVIIIe siècle, les Bénédictines ayant été transférées à Rouen, faubourg Bouvreuil, vendirent leurs bâtiments de Pont-de-l’Arche à sœur Maire des Anges d’Epinay, pour y établir des Ursulines.

 

Hommes remarquables

Un GUILLAUME DE PONT-DE-L’ARCHE avait été gardien du trésor de Westminster au moment de la mort de Guillaume le Conquérant.

Un autre GUILLAUME DE PONT-DE-L’ARCHE devint évêque de Lisieux ; c’est lui fonda les dominicains de cette ville. Se sentant vieux et infirme, il se démit de son évêché, le 6 mars 1250, entre les mains de l’archevêque de Rouen ; cinq mois plus tard, il rendait son âme à Dieu.

GUILLAUME DE PONT-DE-L’ARCHE, neveu du précédent, était, en 1261, doyen de Lisieux ; vers la fin de sa vie, il se retira dans l’abbaye de Bonport, où il mourut en 1338.

PIERRE MARTIN, moine de Bonport, se distingua dans les concours des Palinods.

PHILIPPE CAVELIER, moine de la même maison, est l’auteur du Tombeau d’Elisabeth de Bigards, abbesse de Fontaine-Guérard.

EUSTACHE-HYACINTHE LANGLOIS, né à Pont-de-l’Arche, le 13 août 1777, fut tout à la fois dessinateur, peintre, grand antiquaire et littérateur de mérite ; il mourut le 20 août 1837.

 

Fiefs :

1er LE BOSC. En 1180, Richard du Bosc devait 20 s. pour une transaction.

Au milieu du XVIIIe siècle, le Bosc était un plein fief, possédé par M. de Boncourt, président au bureau des finances de Rouen, qui l’avait transmis à son fils en 1780 ;

2e JEUCOURT appartenait au XIVe siècle, à une famille de ce nom ; messire Bonneau de Jeucourt, chevalier, vendit son manoir au mois de janvier 1387.

En 1780, M. Langlois de Criquebeuf était seigneur de Jeucourt.

3e LE PARC-ROYAL, appelé vulgairement le fief et manoir du Parc-Royal, relevant du roi, appartenant de 1676 à 1722 au sieur Sorel, dont le fils vendit le 30 juillet 1749 ;

4e SERGENTERIE DE BEDANNE. Ce fief était tombé en garde ès mains du roi, en 1499 ; il appartenait, en 1759, à un Bertrand de St-Jouen, maître des comptes de Rouen, aux droits de sa femme. En 1780, Louise de Boncourt l’avait transmis au sieur de Pontraincourt, son mari, et la même année il fut réuni à Martot.

5e SERGENTERIE DU PLAID-DE-L’EPEE. On a des lettres de Charles V, en date de 1321, pour Thomas de Bos-Guillaume, sergent fieffé du plaid de l’Epée à Pont-de-l’Arche.

Le 28 juillet 1418, Pierre Le Gay fut nommé sergent de Pont-de-l’Arche. Le même jour, le roi étant à Pont-de-l’Arche, accorda à ses chers Pierre Le Hay et David Hallebout, son frère, les héritages de Guillaume Brisquet, qualifié de rebelle, à cause de son attachement à Charles VII.

En 1679, Madeleine Labbé, héritière de Charles, donna aveu au roi de la châtellenie de Martot, de la châtellenie noble de Pont-de-l’Arche etc.

Nicolas Caresme était, en 1702, sergent royal ; il avait pour successeur, en 1712, Thomas Osmont.

Cette sergenterie dut achetée de Etienne Bosquier, par contrat du 23 août 1740, par Pierre Ferté, qui la vendit le 1er décembre 1780, moyennant 1,100 l. à Charles de la Vigne.

 

FORET DE BORD

Cette forêt mérite une mention spéciale, puisque c’est à cause d’elle qu’une maîtrise particulière des eaux et forêts avait été créée au Pont-de-l’Arche.

Vers 1230, Raoul de Criquebeuf et Richard du Val, tenaient dans la forêt de Bord, 3 vergées et ¾ de vergée pour 12 s. 9 d. de rente ; un sieur Gautier qui les mesura, eut un repas de 30 convives, qui coûta 30 s.

En 1327, Jean de Commeny, Jean de Vilaines, Jean de Guinemaut et Gaufroy Le Grieu étaient gardes en la forêt de Bord.

Le roi d’Angleterre étant à Pont-de-l’Arche, en 1418, donna l’office de verdier de la forêt de Bord, à Etienne Louvel, et nomma sergents de cette même forêt, Robin Le Tailleur, Jean Aubrée, Thomas Foucault et Simon de Daubeuf.

L’année suivante, Robert Donneux fut nommé par Henri V à une sergenterie de la forêt de Bord.

Le 20 novembre 1450, Jehan Farouil, esc., verdier, donna quittance de 20 l. 4 s.

Guillaume Adam fut nommé sergent de la forêt en 1471.

Vers 1508, le procureur du roi de Pont-de-l’Arche fit dresser une nouvelle carte de la forêt de Bord ; on lui présenta une demi douzaine de lapins, estimés 45 s. parce qu’il faisait un banquet. Le repas eut lieu à l’hôtel de la Tête noire.

En 1613, Jean Le Tellier, sieur des Hauguettes, était maître particulier aux Eaux et Forêts de Pont-de-l’Arche ; Louis de la Faye était lieutenant.

Me Jean Boquet, maître particulier des Eaux et Forêts de Pont-de-l’Arche, avait épousé une fille de Pierre Le Guerchois, avec lequel il plaidait au Parlement, en 1614.

Le 18 décembre 1641, le greffe de la maîtrise des Eaux et Forêts, et l’office du greffier alternatif, furent adjugés à Claude de Lux. Pierre de Marbeuf était maître des Eaux et Forêts. Le sieur Groult était procureur du roi.

En 1612, le duc d’Elbeuf et ses hoirs furent gratifiés par le roi, de la jouissance pendant 20 ans, de ce qui revenait à sa Majesté, dans les ventes et coupes ordinaires des forêts de la Londe, Pont-de-l’Arche, etc.

En 1679, la forêt de Bord se divisait en : garde de Criquebeuf, 3 triages, garde de Testeley, 2 triages, garde du Vaudreuil, 3 triages, garde du Béquet, 4 triages, et garde de Pont-de-l’Arche, etc.

Pendant la seconde moitié du XVIIe siècle, nous signalerons, parmi les officiers de la maîtrise, Nicolas Vallée, Bachelet de Lux, Pierre du Val, lieutenants particuliers ; Dorange, Cousin, et Sébastien Dubosc, lieutenants généraux ; le sieur de Maillé, contrôleur, Jean Routier et Louis Boursault, receveurs ; Pierre Marchand, Guyon du Hardel, sergents de la forêt.

Romain Boutry était, en 1730, garde général de la maîtrise des Eaux et Forêts de Pont-de-l’Arche ; Clude Pâris avait l’office de procureur du roi de la maîtrise ; Louis-Jean-Baptiste Lancelevé, occupait cette dernière fonction en 1776.

 

PONT-DE-L’ARCHE, ch.-l. de cant., arrond. de Louviers, sur la seine.- Sol : alluvions contemporaines, diluvium et craie blanche. – St. de ch. de fer de Paris à Rouen et de Gisors à Pont-de-l’Arche. – R. nat. n° 154 d’Orléans à Rouen, n° 182, de Mantes à Rouen. - R. dép. n° 12 de Bourgtheroulde à Gournay. – Ch. de gr. com. n° 4, de Pont-de-l’Arche au Neubourg. – Ch. d’int. com. n° 43 de Pont-de-l’Arche à N.D.-du-Vaudreuil. – 4 cont. 11,950 fr. en ppal. – Rec. ord. budg. 9,005 fr. – Surf. terr. 953 hect. – pop. 1,640 hab. - ? – Percep. – Rec. cont. ind. – Télég. – paroisse, cure, presbyt. – Ecole spéc. de 162 garç.- Ecole spéc. de 172 filles. – 2 maisons d’école. – 1 juge de paix avec son greffier. – 1 recev. d’enregist. – 1 notaire. – 2 huissiers. – 1 garde général des Eaux et Forêts. – Hospice de 22 lits. – Bur. de bienf. – 12 perm. de chasse. – 21 déb. de boisson. – Force pub., 1 brig. de gend. – 1 comp. de 43 sap.-pomp. – Dist. en kil. aux ch.-l. de dép. 33, d’arr. 9.

Dépendances : LE BON AIR, BONPORT, LA BORDE.

Agriculture : Céréales.

Industrie : 1 fabrique de chaussons.

Patentés : 112. 

 

Notes

Il était vicomte en 1646.

Notes Le Prévost, t. 2, p. 581, voir Lettres du cardinal.

Courrier de la Fronde.

Celui-ci fut condamné pour insulte à un fabricant de chandelle, à 1000 l. d’amende, réduite à 500 l..

Notes Le Prévost, t. 2, p. 587.

Léop. Delisle.

Ces offices avaient été créés par édit de 1639.

Armand Launay

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Mes activités

Armand Launay. Né à Pont-de-l'Arche en 1980, j'ai étudié l'histoire et la sociologie à l'université du Havre (Licence) avant d'obtenir un DUT information-communication qui m'a permis de devenir agent des bibliothèques. J'ai acquis, depuis, un Master des Métiers de l'éducation et de la formation, mention Lettres modernes. Depuis 2002, je mets en valeur le patrimoine et l'histoire de Pont-de-l'Arche à travers :

- des visites commentées de la ville depuis 2004 ;

- des publications, dont fait partie ce blog :

Bibliographie

- 20 numéros de La Fouine magazine (2003-2007) et des articles dans la presse régionale normande : "Conviviale et médiévale, Pont-de-l'Arche vous accueille", Patrimoine normand n° 75 ; "Pont-de-l'Arche, berceau de l'infanterie française ?", Patrimoine normand n° 76 ; "Bonport : l'ancienne abbaye dévoile son histoire", Patrimoine normand n° 79 ; "Chaussures Marco : deux siècles de savoir-plaire normand !", Pays de Normandie n° 75.

- L'Histoire des Damps et des prémices de Pont-de-l'Arche (éditions Charles-Corlet, 2007, 240 pages) ;

- Pont-de-l'Arche (éditions Alan-Sutton, collection "Mémoire en images", 2008, 117 pages) ;

- De 2008 à 2014, j'ai été conseiller municipal délégué à la communication et rédacteur en chef de "Pont-de-l'Arche magazine" ;

- Pont-de-l'Arche, cité de la chaussure : étude sur un patrimoine industriel normand depuis le XVIIIe siècle (mairie de Pont-de-l'Arche, 2009, 52 pages) ;

- Pont-de-l'Arche, un joyau médiéval au cœur de la Normandie : guide touristique et patrimonial (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 40 pages) ;

- Pont-de-l'Arche 1911 I 2011 : l'évolution urbaine en 62 photographies (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 32 pages) ;

- Mieux connaitre Pont-de-l'Arche à travers 150 noms de rues et de lieux ! (Autoédité, 2019, 64 pages) ; 

- Déconfiner le regard sur Pont-de-l'Arche et ses alentours (Autoédité avec Frédéric Ménissier, 2021, 64 pages) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (publié en ligne, 2022) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (version mise en page du précédent ouvrage, édité par la mairie de Terres-de-Bord, 2023).

Depuis 2014, je suis enseignant à Mayotte.

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