Si je n’ai pas eu – ou pris – le temps de lire les archives d’Igoville, on m’a souvent questionné sur le « château » de La Sahatte qui hante les cartes postales de 1910 et qui, manifestement, a disparu depuis.
Je rassemble donc quelques éléments, notamment ces fameuses cartes postales de 1910, afin de donner un début de réponse aux curieux. Ces éléments sont parfois le fruit d’entretiens réalisés avec nos anciens depuis 2002.
L’observation des cartes postales, ci-dessous, laisse entrevoir qu’il s’agit d’une maison bourgeoise de la première moitié du XIXe siècle. En effet, une étude de Guy Arbellot (voir les sources) nous apprend que 4 personnes habitaient le « château de la Sahatte » en 1847.
Munie de deux tours de part et d’autre de la façade, et richement décorée, cette demeure se voulait un « château ».
Le nom de Sahatte nous échappe, a-t-il préexisté ? Provient-il du nom d’un propriétaire ?
Le « château » a été occupé durant la Seconde guerre mondiale. L’armée allemande l’occupait en aout 1944 quand les Canadiens libéraient notre région. Il semble que trois soldats canadiens aient été tués par des Allemands en approchant La Sahatte.
Yves Fache, habitant des Authieux-sur-le-Port-saint-Ouen, a publié un article dans le journal Paris-Normandie du 26 aout 1988. On y apprend que La Sahatte a appartenu à la famille Nibelle, député de Rouen en 1914 et qu'il y accueillit de jeunes réfugiés serbes. Yves Fache continue : "Une de ses magnifiques allées de hêtres avait été vendue pendant la dernière guerre pour l'industrie de la chaussure à Pont-de-l'Arche avec des semelles articulées en bois ! Lors de la Libération, le château avait bien pris deux ou trois obus, tirés de la forêt de Bord par les Canadiens. Il ne fut jamais réparé. Au contraire, il fut pillé..."
En effet, des gens de la région récupérèrent peu à peu ses pierres, comme il advint à la maison Becq de Fouquières, aux Damps. Aujourd’hui, seules ses fondations sont encore visibles, au milieu d’un bois privé à droite de la rue des Canadiens – juste hommage – sur la route des Authieux-sur-le-Port-saint-Ouen. Des écuries en ruine sont visibles à l’orée du bois qui borde cette rue.
La légende raconte qu’une galerie souterraine partait non loin de ce château et arrivait à l’ancienne abbaye de Bonport en passant sous la Seine et par la maladrerie d’Igoville. D’après des riverains, une zone située à 50 mètres des dernières maisons serait souvent dégagée par temps brumeux ce qui serait l’indicatif du passage d’un souterrain.
Sources
- Arbellot Guy, Dictionnaire des lieux habités de l'Eure, pages 9-247, « Annales de Normandie », 50e année, n° 1, 2000, cf. page 191.
- Site de la commune d’Igoville : www.ville-igoville.com/INFORMATIONS-BLASON-53.htm
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