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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 16:54

Bien caché dans une propriété agricole du n° 25 de la rue de la Résistance, se trouve un très beau manoir. De ce que nous pouvons en voir depuis le chemin de la Garde-Châtel, ses murs gouttereaux sont réalisés en pans de bois et ses murs pignons sont maçonnés avec du moellon calcaire.

Nous tenons peut-être ici le manoir de Bigards, du nom d’une des grandes familles nobles de Montaure et, plus particulièrement, d’Ecrosville.

D’après les recherches de Françoise Guilluy, on trouve un Guillaume de Bigards qui rendit un aveu à Charles VII en 1457 pour son fief d’Ecrosville (page 46). En 1582, ces terres appartenaient à Antoine de Bigards, seigneur de La Londe, et étaient élevées en baronnie. Il possédait un moulin à Louviers, certainement à l’emplacement de l’actuel jardin de Bigards. En 1618, le fief de la Londe devint un marquisat. En 1673, François Le Cordier de Bigards, marquis de la Londe, rendit aveu au roi de son fief d’Ecrosville : « manoir seigneurial, bâti d’un grand bâtiment à usage de demeure, couvert de tuiles […] pressoir banal, grange, étable, four. La porte principale du manoir regarde le midi, devant laquelle est ma chapelle sous l’invocation de Saint Jean Baptiste… […] J’ai des fourneaux à faire pot et brique dont me sont payés les droits coutumiers par ceux qui y travaillent et prennent la terre sur mon fief. » (page 47). Il comptait parmi les personnalités les plus influentes de Normandie : conseiller au parlement, maire de Rouen depuis 1701. Les sépultures des Bigards se trouvaient dans Notre-Dame de Montaure où ils avaient une chapelle (la première à droite en entrant) placée sous l’invocation de saint Eloi et de saint Vincent.

 

Source

Guilluy Françoise, Tuiliers et potiers de l’Eure : La Haye-Malherbe et Montaure, Association pour la sauvegarde du patrimoine malherbois, 1995, 192 pages.

 

A lire aussi sur la toile...

Les Le Cordier de Bigards sur le blog de Suzanne Morillon-Vilatte consacré à Bourgtheroulde (rubrique : "Les Le Roux d'Infreville")

 

A lire aussi sur ce blog... 

Aux origines de Montaure et de son nom

Vues lointaines sur ce qui pourrait bien être le manoir d'Ecrosville (clichés Armand Launay, été 2013)
Vues lointaines sur ce qui pourrait bien être le manoir d'Ecrosville (clichés Armand Launay, été 2013)

Vues lointaines sur ce qui pourrait bien être le manoir d'Ecrosville (clichés Armand Launay, été 2013)

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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 16:34

L'ancienne ferme de Blacquetuit comprend un ensemble de bâtiments dans un enclos comprenant un logis, une remise, une étable et – surtout – une grange aux dimes. Cet ensemble se trouve près des Fosses de Montaure, derrière le cimetière communal. C'était autrefois une propriété des moines de l'ancienne abbaye de Bonport.

Le logis et la grange dimière sont les bâtiments les plus intéressants d'un point de vue patrimonial. Ils semblent dater du XVe siècle avec quelques éléments antérieurs qui vont attirer notre attention ci-dessous.   

Concernant le logis, son mur gouttereau nord comprend en son milieu une partie en pierres de taille de différentes dimensions et, certainement, de différentes périodes remontant peut-être au XIIIe siècle. Nous établissons cette date à partir de comparaison des appareillages de l'ancienne abbaye de Bonport et des remparts de Pont-de-l'Arche. Dans cette même partie du mur se voient nettement deux voutes (en arc brisé) couronnant une porte murée avec de petits blocs de silex noir. Cette porte jouxte un impressionnant contrefort.

Plus vers l'Ouest, se trouvent deux autres voutes en pierres de taille. Bien plus hautes, elles attestent l'existence d'une autre porte dévolue aux charrettes.

Sur le mur pignon donnant sur la rue (Est), se trouvent deux puissants contreforts irréguliers et, peut-être, quelques vestiges d'une petite ouverture à quelques mètres au-dessus du sol, sous une partie charpentée plus récente. Nous n'avons vu que ces parties du bâtiment. Le reste est composé de blocs de silex noir et d'une partie à pans de bois située sous le toit. Cette partie semble correspondre à la hauteur maximum du bâtiment fabriqué avec des pierres de taille dont témoigne la partie du mur nord. Il semblerait donc que les parties en pierres de taille ne soient pas que de simples reconstructions faites à partir de pierres achetées ailleurs et recomposées en ce lieu. De quoi était faite la charpente auparavant, reposait-elle sur des entraits ?  

Quant à la grange dimière, la pente de ses deux pans est caractéristique du Moyen-âge. Son mur pignon nord constitue l'entrée de ce bâtiment agricole. Cette entrée est couronnée par une voute en pierres de taille (en arc brisé surbaissé). Ses arêtes sont chanfreinées. Une petite ouverture montre qu'un étage offrait un espace de stockage supplémentaire. Tout comme le logis, ce bâtiment a été largement remanié et la plus grande partie du remplissage de ses murs a été refaite avec de petits blocs de silex noir. 

 

Blacquetuit, une terre disputée

Un lieu appelé Tostes apparut en 1255 dans une archive où le pape Alexandre IV autorisa les moines de Bonport à construire un autel dans leur "grange de Tostes". A la demande de Louis Colbert, abbé commendataire de Bonport – et surtout fils du célèbre homme d’État – le hameau de Tostes fut retiré du giron montaurois et érigé en paroisse le 14 janvier 1687. Or, de nombreuses terres agricoles ou boisées de Montaure se retrouvèrent peu à peu dans le terrier de Bonport : Treize Livres, La Corbillère et Blacquetuit… 

L’intérêt de Louis Colbert était d'obtenir une mainmise complète sur la paroisse de Tostes, forte de près de 300 hectares de bois et 300 hectares de terre, et de dimes...

En 1791, l'administration révolutionnaire attribua tout de même à Montaure la ferme de Blacquetuit étant donnée sa proximité avec ce chef-lieu de commune.

 

A lire aussi...

Aux origines de Montaure et de son nom

L'église Sainte-Anne de Tostes

Tostes et son histoire

 

 

La ferme de Blacquetuit en arrivant depuis la route des Fosses de Montaure (cliché Armand Launay, été 2013)

La ferme de Blacquetuit en arrivant depuis la route des Fosses de Montaure (cliché Armand Launay, été 2013)

Le logis de la ferme de Blacquetuit, zoom sur la partie plus ancienne en pierres de taille qui comprend une porte murée et couronnée par deux voutes (cliché Armand Launay, été 2013)

Le logis de la ferme de Blacquetuit, zoom sur la partie plus ancienne en pierres de taille qui comprend une porte murée et couronnée par deux voutes (cliché Armand Launay, été 2013)

Le logis de la ferme de Blacquetuit, vue plus générale où l'on aperçoit, plus à droite, une autre double voute en pierres de taille (cliché Armand Launay, été 2013).

Le logis de la ferme de Blacquetuit, vue plus générale où l'on aperçoit, plus à droite, une autre double voute en pierres de taille (cliché Armand Launay, été 2013).

La grange dimière de la ferme de Blacquetuit, vue mur pignon nord (cliché Armand Launay, été 2013).

La grange dimière de la ferme de Blacquetuit, vue mur pignon nord (cliché Armand Launay, été 2013).

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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 16:22

L’exploitation d’un filon d’argile de qualité du Deffend à Ecrosville a occupé les artisans puis entrepreneurs de La Haye-Malherbe et, dans une moindre mesure, de Montaure. C’est ce qu’a mis en relief Françoise Guilluy dans son ouvrage Tuiliers et potiers de l’Eure : La Haye-Malherbe et Montaure.

  

De la ferme du Deffend à Ecrosville, un important filon d'argile de qualité a donné aux habitants de La Haye-Malherbe et Montaure une activité artisanale et industrielle depuis au moins le XVIe siècle jusqu'à 1955 (carte d'état major IGN 1/25 000e). .

De la ferme du Deffend à Ecrosville, un important filon d'argile de qualité a donné aux habitants de La Haye-Malherbe et Montaure une activité artisanale et industrielle depuis au moins le XVIe siècle jusqu'à 1955 (carte d'état major IGN 1/25 000e). .

L’origine de l'exploitation de l'argile locale reste indéterminée. Françoise Guilluy cite (pages 68 et 71) les travaux de Joseph Drouet qui avança en 1883, que certains objets en céramique trouvés dans les fouilles de sites gallo-romains à Caudebec-lès-Elbeuf proviendraient de Montaure ou de La Haye-Malherbe. Joseph Drouet a dû être influencé dans son interprétation par le fait, qu’au XIXe siècle, les tuiles de La Haye-Malherbe étaient embarquées sur bateaux au quai aux tuiliers, à Caudebec-lès-Elbeuf. Cependant, il n’a pu fournir de preuves scientifiques sur la nature de l’argile ou sur le travail des poteries attestant l’origine malherboise.

Quelques traces apparaissent, çà-et-là, sur cette activité comme en 1253 où une charte de Bonport mentionne une vente par Robert Tuillier (tegularius) d'une rente de 5 sous à prendre par les moines de Bonport sur une terre près de la léproserie de Montaure (Jules Andrieux, page 202). La profession de tuillier fournit un nom à ce personnage. 

Il faut attendre le XVIIe siècle pour lire des références explicites au travail de l’argile à Montaure. En 1673, François Le Cordier de Bigards, marquis de la Londe, rendit aveu au roi de son fief d’Ecrosville : « J’ai des fourneaux à faire pot et brique dont me sont payés les droits coutumiers par ceux qui y travaillent et prennent la terre sur mon fief. » (page 47).

Le plan terrier des « terres et seigneurie de Montaure » de 1763 nomment les longères d’Ecrosville « masures au bout à potiers ». L’actuelle « rue aux Potiers » semble en être un vestige. Ici se trouve un bâtiment industriel du XIXe siècle en brique, moellons et pans de bois, juste derrière le n° 10 de la rue de la Résistance. Nous n’avons pu visiter les lieux et vérifier éventuellement la présence de fours mais ce bâtiment doit être le témoin d’un des deux potiers montaurois cités par Louis-Etienne Charpillon en 1868. Françoise Guilluy cite l’atelier de François Lécuyé (page 61) et précise qu’en 1896 il n’y avait plus de potiers dans la commune.

La rue Aux potiers témoigne de l'existence passée de l'exploitation de l'argile à Ecrosville-Montaure. Quant à ce bâtiment situé dans la rue Aux potiers et derrière le n° 10 de la rue de la Résistance, il pourrait bien avoir accueilli une poterie au XIXe siècle (clichés Armand Launay, été 2013)
La rue Aux potiers témoigne de l'existence passée de l'exploitation de l'argile à Ecrosville-Montaure. Quant à ce bâtiment situé dans la rue Aux potiers et derrière le n° 10 de la rue de la Résistance, il pourrait bien avoir accueilli une poterie au XIXe siècle (clichés Armand Launay, été 2013)

La rue Aux potiers témoigne de l'existence passée de l'exploitation de l'argile à Ecrosville-Montaure. Quant à ce bâtiment situé dans la rue Aux potiers et derrière le n° 10 de la rue de la Résistance, il pourrait bien avoir accueilli une poterie au XIXe siècle (clichés Armand Launay, été 2013)

Quant à l’activité tuilière, elle apparait dans le plan terrier de la seigneurie de Saint-Saire, datée de 1742 et conservée à la mairie de La Haye-Malherbe. Il mentionne à Montaure un « triège de la thuillerie au Cherre ou Buisson Pelgas », près de la rue à la Boudine. Le nom de « cherre » était aussi donné à la rue de la poste, à La Haye-Malherbe. Peut-être était-ce un nom de famille, disparue depuis, ou un mot du parler local.

Le plan terrier de Montaure, cité ci-dessus, désigne le « triège de la thuillerie au cherre » situé entre le triège des Forrières et le château. Or, ces trièges étaient séparés par « la rue venant de la Haye Malherbe à Montaure et tendant au chemin des forières ». C’est-à-dire précisément l'actuelle rue à la Boudine. La Boudine est une terre meuble que l’on peut boudiner, poteler. Il dût y avoir une activité propre à l’argile ici.

La rue A la boudine, dans le centre-bourg de Montaure, témoigne assurément de l'activité tuilière dans l'ancien "triège de la thuillerie" (cliché Armand Launay, septembre 2013)

La rue A la boudine, dans le centre-bourg de Montaure, témoigne assurément de l'activité tuilière dans l'ancien "triège de la thuillerie" (cliché Armand Launay, septembre 2013)

Autres traces locales de l’exploitation de l’argile, les tuiles de certains bâtiments, les pavés comme les tomettes d’une partie du chœur de l’église Notre-Dame (cliché Armand Launay, été 2013).

Autres traces locales de l’exploitation de l’argile, les tuiles de certains bâtiments, les pavés comme les tomettes d’une partie du chœur de l’église Notre-Dame (cliché Armand Launay, été 2013).

Comment mesurer l’importance de l’exploitation locale de l’argile ? Il faut savoir que, vers 1870, La Haye-Malherbe et Montaure rassemblaient la moitié des poteries de l’Eure. Et pour cause, en 1868, Louis-Etienne Charpillon dénombrait un tuilier à La Haye-Malherbe mais surtout 31 potiers. La terre était puisée aux Puchaux, de « pucher » qui signifie puiser en Normand. Une rue des Tuiliers existe toujours à La Haye-Malherbe. Vers 1870, il existait une tuilerie montauroise, citée par Françoise Guilluy (page 159), dont la trace est perdue en 1891. Peut-être s’agit-il de la même tuilerie que le plan terrier situe aux alentours de la rue à la Boudine.

Françoise Guilluy précise et confirme cette quantité de potiers et tuiliers malherbois : 27 tuiliers-potiers en 1801 (page 131) ; 44 tuiliers en 1825 dont 3 au Mont-Honnier (page 132) ; 14 tuiliers en 1891 ; 9 tuiliers en 1901 (page 133) et 6 tuiliers en 1911. La même auteure reprend (page 122) une délibération du Conseil municipal de La Haye-Malherbe : datée de 1865, elle demande des arrêts plus fréquents à gare car l’industrie locale produit 6 000 tonnes de tuiles, pavés et poteries par an. Elles sont exportées dans les 30 km.

Françoise Guilluy nous apprend la date ultime de toute exploitation de l’argile locale. Il s’agit de 1955 avec la fermeture de la poterie Leroux, près du Deffend.

 

Sources

- Andrieux Jules, Cartulaire de l'abbaye royale de Notre-Dame de Bon-Port de l'ordre de Citeaux au diocèse d'Evreux, Evreux, Auguste Hérissey, 1862, 434 pages ;

- Guilluy Françoise, Tuiliers et potiers de l’Eure : La Haye-Malherbe et Montaure, Association pour la sauvegarde du patrimoine malherbois, 1995, 192 pages ;

Guilluy Françoise, "Les potiers de Montaure et de La Haye-Malherbe", pages 35 à 41, Collectif, Monuments et sites de l'Eure, Brionne, Amis des monuments et sites de l'Eure, n° 149, décembre 2013, 48 pages. 

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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 15:44

Taillée dans de la pierre calcaire, la croix monumentale de Montaure date du XVe siècle ou du XVIe siècle. Cette propriété communale a été inscrite sur l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 3 décembre 1954.

Vu son emplacement, elle doit être le dernier vestige de l’ancien cimetière, situé autour de l’église, dont elle était la croix hosannière. C’est ce que prouverait la sculpture du Christ en croix, d’un côté, et de la Vierge à l’Enfant, de l’autre côté.

Cette croix hosannière a été déplacée car le Christ est le premier à recevoir la lumière et donc situé à l’Est d’où naissent les rayons solaires.

Or, il est aujourd’hui à l’Ouest, c’est-à-dire tourné vers le visiteur de l’église. La disparition du cimetière a créé la place Jean-Baptiste-Charcot qui donne au cœur de Montaure un aspect très pittoresque.

 

Source

Ministère de la culture, Base Mérimée, www.culture.gouv.fr.

 

A lire aussi...

L'église Notre-Dame de Montaure et le prieuré de bénédictins

La croix hosannière du cimetière de Pont-de-l'Arche

La croix hosannière de Montaure (cliché Armand Launay, été 2013)
La croix hosannière de Montaure (cliché Armand Launay, été 2013)
La croix hosannière de Montaure (cliché Armand Launay, été 2013)

La croix hosannière de Montaure (cliché Armand Launay, été 2013)

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20 septembre 2013 5 20 /09 /septembre /2013 14:11

Dimanche 6 octobre, l’ASPEM* vous invite à vous (re)plonger dans l’histoire et le patrimoine de Montaure : monuments, personnalités, modes de vie...

         

Au programme

  • visite commentée par Armand Launay (environ 1h30) : 14h30, départ de la mairie.
  • projection de 200 vues anciennes et contemporaines par Armand Launay : 16h30, à la mairie.
  • pot de l’amitié : 18h, à la mairie.

 

Possibilité de venir uniquement à la projection.

 

En sus, un concours photos est ouvert aux enfants (- de 16 ans) : pendant la visite commentée, les enfants pourront photographier des monuments qu’ils découvriront sous forme de charades, cartes postales anciennes… Nombreux récompenses pour les participants. Frais d’inscription : 5 € par famille.

 

Date limite d'inscription mardi 2 octobre.

 

Inscriptions

Francis Freulon : 06 07 21 93 95

Pascal Leloup : 02 32 25 95 50

 

 

* L’Association de sauvegarde du patrimoine et de l’environnement de Montaure

Montaure, une commune au riche patrimoine serti dans un écrin de verdure. Le clocher de Notre-Dame (XIe siècle) est une des plus belles réalisations romanes de la région de Louviers.

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 15:14

Biographie de cet homme qui fut directeur du groupe scolaire de Pont-de-l'Arche, qui porte aujourd'hui son nom

Né le 16 février 1911 à Montaure et mort le 15 mars 1962 près d’Alger, Maxime Marchand est un humaniste, pédagogue et martyr du fascisme français.

 

Portrait Max Marchand

 

Le 10 mars 1987, le conseiller municipal Robert Redon proposa au Conseil de la ville présidé par Roger Leroux, de donner le nom de Maxime Marchand au groupe scolaire de Pont-de-l'Arche

Les élus acceptèrent d'honorer celui qui avait été directeur d'école à la Libération et qui fut assassiné durant la guerre d'Algérie.

La première marque d’attention publique, à Pont-de-l'Arche, à l’égard de Maxime Marchand revint à Marceau Lavallée. Ce directeur d’école et conseiller municipal proposa au Conseil municipal du 2 décembre 1964, alors présidé par Roland Levillain, de baptiser la salle du 1er étage du préau et d'apposer une plaque commémorative en hommage à Maxime Marchand.

Mais qui était cet homme ? 

Celui qui l’on appelle le plus souvent Max Marchand est né dans une famille modeste, à Montaure, le 16 février 1911. Élève boursier du fait de son mérite, il devint instituteur en 1930. Malgré son service militaire en Algérie en 1931-1932, puis une mobilisation en tant que lieutenant en 1939 et un emprisonnement en Allemagne (1939-1945), Maxime Marchand gravit rapidement les échelons de l'Education nationale.

Il devint directeur d’école à Pont-de-l’Arche (1er octobre 1945-2 mai 1946), puis professeur à l’école normale de Rouen et inspecteur de l’école primaire (1948).

Il reçut sa mutation en Algérie française où, grâce à ses qualités relationnelles, humanistes, il forma les instituteurs afin d’améliorer les pratiques pédagogiques. Il devint inspecteur de l’Académie de Bône, puis d’Alger (1961) avant d’assumer les fonctions de directeur des centres sociaux éducatifs d’Algérie (1962). Ces centres avaient pour fonction de former des cadres spécialisés dans la formation des adultes que ce soit dans l'alphabétisation ou le partage de connaissances pratiques, notamment agricoles.

L’humanisme de Maxime Marchand se traduisit aussi par son militantisme : républicain, laïque, socialiste, franc-maçon et syndicaliste, il lutta contre les extrémistes et chercha à sauvegarder la paix dans une Algérie de plus en plus en proie à la violence. Il militait pour l’accès à la pleine citoyenneté des Français de souche algérienne afin qu’ils soient égaux aux métropolitains. Il dénonçait une « caricature de démocratie et de suffrage universel » où les Droits de l’Homme étaient bafoués.

Avec ses proches, il devint un symbole à abattre pour les ligues d’extrême-droite. Bien qu’il reçût des menaces de mort et que sa maison fût dynamitée, le ministère tarda à lui accorder une mutation en métropole. Des activistes de l’Organisation de l’armée secrète (OAS) le fusillèrent avec ses collègues lors d’une réunion des professionnels des Centres sociaux éducatifs.

Ainsi, moururent avec lui le 15 mars 1962 : Mouloud Feraoun (chef du service des Centres sociaux d’Algérie), Robert Aymard, Marcel Basset, Ali Hamoutène, Salah Ould Aoudia  (inspecteur des Centres sociaux).

Comme beaucoup d’autres, ces hommes ont payé du prix de leur vie leur volonté de vivre fraternellement, au sein d'une même république, vers le progrès.

Le nom de Maxime Marchand a été donné à divers établissements scolaires (Pont-de-l’Arche, Évreux, Louviers, Vernon, Le Loroux-Bottereau (44), Alger, Bône, Oran, Souk-Ahras, Theniet-el-Had…), rues (Montaure, Alger), salles (au ministère de l’Éducation nationale), diverses plaques commémoratives...

 

Sources

Jouin Serge, Le Destin tragique de Maxime Marchand et l’Algérie, Saint-Nazaire : chez l'auteur, 1986, 138 pages ; 

Le site Internet des Amis de Max Marchand, Mouloud Feraoun et leurs compagnons

Plaque apposée sur la maison natale de Maxime Marchand au n° 5 de la rue Abbé-Toussaint, à Montaure (cliché Armand Launay, juillet 2013).

Plaque apposée sur la maison natale de Maxime Marchand au n° 5 de la rue Abbé-Toussaint, à Montaure (cliché Armand Launay, juillet 2013).

Maison natale de Maxime Marchand (cliché Armand Launay, mai 2013).

Maison natale de Maxime Marchand (cliché Armand Launay, mai 2013).

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19 juillet 2011 2 19 /07 /juillet /2011 17:42
Vue sur Montaure depuis Ecrosville (cliché Armand Launay, 2012).

Vue sur Montaure depuis Ecrosville (cliché Armand Launay, 2012).

Charpillon Louis-Etienne, Caresme Anatole, Dictionnaire historique de toutes les communes du département de l’Eure, Les Andelys : Delcroix, 1868, 960 p., t. II, p. 541-543.

 

MONTAURE 

 

Paroisse des : Doy. de Louviers. – Baill. Vic. et Élec. de Pont-de-l’Arche. – Dioc. Parl. et Gén. de Rouen.

Montaure de Mons aureus, montagne d’or à cause de sa situation et de la fertilité du sol.

L’église dédiée à Notre-Dame, fut octroyée au XIe siècle à l’abbaye de Saint-Ouen, par Odon Stigand, maître d’hôtel de Guillaume, duc de Normandie, mais le patronage honoraire fut conservé par les seigneurs du fief de la paroisse.  

Nous trouvons mentionnés dans l’histoire de 1080 à 1258, les noms de Roger, Raoul, Thomas, Renaud et Romain de Montaure.  

Jean Le Mire fut mis en prison en 1334, pendant 93 jours, pour avoir navré un homme en péril de mort à la foire de la Toussaint, à Montaure.  

En 1450, Loys de Fontaine, obtint de rentrer dans la seigneurie de Criquetot, il épousa vers cette époque, Jeanne de Jeucourt, dame d’Épreville à Incarville, le 14 novembre 1480, Louis de Fontaine, sieur de Criquetot et Montaure, consentit un contrat de fief à Jean Leclaire[1]. Marie de Fontaine, sa fille, épousa en 1490, Thibaut d’Amfreville, qui devint ainsi seigneur de Criquetot et de Montaure, dont il rendit aveu en 1497.  

 

Jean d’Amfreville, fils aîné de Thibaut ne laissa qu’une fille, Guillemette, mariée à Christophe de Serviac, avant 1527 ; ce seigneur vivait encore en 1537 ; il n’avait pas le titre de seigneur de Montaure mais seulement de Criquetot, Villettes et Ecquetot en partie ; il laissa 3 filles, Diane, Louise et Marie.  

 

Le 30 juillet 1612, le fief de Montaure, quart de haubert surnommé de Criquetot, parce qu’il avait appartenu au sieur de Criquetot, fut décrété sur les héritiers de Jean d’Amfreville, au profit de Pierre Vigor, conseiller du roi au Parlement de Normandie.  

 

Par arrêt du 16 mai 1616, Pierre Vigor fut envoyé en possession du fief de Criquetot à Montaure, au préjudice de Jacques d’Amfreville, qui prétendait le retirer à droit de sang.  

Vers cette même date, décharge de la taille fut accordée aux habitants de Montaure, dont un orage avait détruit les maisons.  

 

Le 31 décembre 1646, Messire Pierre Vigor, esc. seigneur de Montaure, étant en son manoir seigneurial de Montaure etc., achète de Pierre Le Bourg, laboureur à Montaure, un demi acre de terre en présence de Nicolas Papelard, curé de la paroisse.  

 

Vers 1650, St-Vincent-de-Paul présentait à la cure de Montaure. 

 

En 1651 à 1655, le sieur de Vigor, maître particulier des Eaux et Forêts, avait reçu pour son office, 2100  héritiers reçurent 2100 mesures de bûches ; ses héritiers reçurent 2100 l. pour pareille quantité de mesures de bûches.  

 

Vigor : d’argent, à aigle éployé de sable, au chef d’azur, chargé de trois étoiles d’argent.  

Les Familles Poirier d’Amfreville, Belot, Le Camus, et Le Cordier de Bigards, possédèrent ensuite la seigneurie de Montaure.  

 

M. Jean-Baptiste Le Cordier de Bigards, Président au Parlement de Normandie, obtint, en 1782, l’érection des seigneuries de Bourgthéroulde et de Montaure en marquisat de la Londe.  

 

Fief

 

Écroville. Jean d’Écroville fut en 1205, témoin d’une charte pour Bonport.  

De 1551 jusqu’à la Révolution nous signalerons parmi les seigneurs d’Écroville, Loys de Bigards, François de Bigards et Jean Baptiste François Le Cordier de Bigards. 

 

Établissements Religieux

 

Prieuré de Montaure [p. 542-543]  

 

Du temps de Richard II, duc de Normandie, Stigand dit le Vieux, fonda le Prieuré de Montaure. En

1018, le duc Richard confirma la donation de son sénéchal, et donna lui-même une rente de : 1 muid de froment, 1 muid de seigle, 2 muids d’avoine. 8 setiers d’orge et 4 setiers de pois[2]... Odon Stigaud, fils du précédent, maître d’hôtel du duc Guillaume, eut deux fils, Maurice et Robert, ce dernier voyagea en Orient, et revint en Normandie avec des reliques de Ste-Barbe. Maurice frère de Robert, pour recevoir et conserver dignement ce précieux trésor, détruisit le château de ses pères, dans sa terre d’Écajeul, pour y fonder une collégiale connue sous le nom de Ste-Barbe-en-Auge.  

Il eut deux fils, Maurice et Robert , qu’il perdit de son vivant. Après leur mort, il fonda, en 1063, à côté de l’église de Montaure, avec le concours de l'abbaye de St-Ouen, un prieuré  également dédié à Notre-Dame, auquel il donna tout ce qu’il possédait à Criquebeuf-sur-Seine avec l’eau, l’église St-Etienne-des-Tonneliers, à Rouen, 3 maisons dans la même ville, où demeuraient les potiers et enfin la terre de Turquetil de Limesy.

Le duc Richard II, confirma cette donation et donna lui-même au prieuré, une rente de: 1 muid de froment, 1 muid de seigle, 2 muids d’avoine, 8 setiers d’orge et 4 setiers de pois, sur le domaine du Vaudreuil, avec 2 charretées de foin dans la prairie de Vaudreuil.

La construction de l’église et de la tour de Montaure suivit de près ; l’église, qui subsiste encore, est bâtie dans le style roman du XIe ou du XIIe siècle.

En 1184, les religieux avaient une rente de 10 l. qu’ils tenaient de la générosité du Roi.

Au milieu du XIIIe siècle, l’archevêque Eudes Rigaud, visita le prieuré de Montaure à différentes fois. La première eut lieu le 15 mai 1250. Le Prélat constata la présence de 4 moines, tous prêtres... Il leur ordonna d’observer les jeûnes. Ils ont 160 l. de revenu... Nous avons prescrit de donner plus largement l'aumône aux pauvres…

Cinq ans plus tard, nouvelle visite. L’archevêque constate qu’il n’y a plus que deux religieux, alors qu’il devrait y en avoir au moins trois. Il défend de laisser les femmes manger dans la maison.

Le 26 août 1258, nous avons, dit le  prélat, été hébergé à Montaure. Le lendemain 27, nous avons procédé à notre visite. Ils étaient trois moines. Il n’existait qu’un seul calice, tant pour les moines que pour le prêtre de la paroisse ; leurs revenus sont de VIIIxx livres. Frère Roger d’Andely était alors prieur du lieu, nous avons trouvé toutes choses en bon état.

Le 7 juillet de la même année, Eudes Rigaud célébra dans le prieuré de Montaure, le mariage de Guillaume de Prémery, son panetier, avec Jeanne, sa femme.

La dernière visite de l’infatigable archevêque au prieuré de Montaure, est du 13 mai 1269. Il n’y avait que deux moines au lieu de trois, Eudes Rigaud leur défendit de laisser les femmes entrer dans leur maison, etc.

Le 7 décembre 1339, Guillaume Saoul, prieur de Montaure, assistait aux derniers moments du célèbre Jean Roussel, dit Marc-d’Argent.

En 1397, Jean d’Oynel esc. et un certain nombre de bourgeois, s’étant rendus coupables d’injures et de voies de fait envers les religieux de Montaure, et ayant commis de grands dégâts dans le Prieuré, furent condamnés par l’Échiquier à faire amende honorable.

" C’était un jour de fête de Notre-Dame, la foire se tenant à Montaure... Ils s’étaient rendus au prieuré, (d’Oynel et ses complices), là, publiquement en présence de nombre de gens, ils s’agenouillèrent devant Dom Naguet, prieur, lui amendèrent les dits excès et maléfices, lui requérant humblement qu’il leur pardonnât ce qu’il fit, se relevant alors, on les vit entrer dans l’église du prieuré, y offrir leurs cierges, payer enfin, au prieur, 200 l. d’amende profitable.

Pendant les guerres de Religion le prieuré de Montaure fut pris par un sieur de la Personne, des mains duquel le retira Dom Alexis Durand, dernier prieur en règle.

Montaure tomba plus tard dans les mains de Baltazard Poidevin, qui porta le titre d’abbé de St.-Ouen, de 1620 à 1638.

Parmi les prieurs de Montaure, nous citerons encore :

Dom Jean le Cauf, Dom Laurent Alorge, Pierre de Godefroy, Jean Philippe.

 

Carmes déchaussés.

Au moment où le prieuré de Montaure s’éteignait, une autre fondation pieuse lui succéda.

La 5e garde de la forêt de Bord, appelée du Chastel, fut donnée par Louis XIV, aux Carmes-Déchaussés de Rouen, qui y construisirent une maison de leur ordre sous le nom du Désert de Notre-Dame du Secours.

La première pierre fut posée le 20 juillet 1663, par Messire Guy du Val, seigneur de Bonneval, chevalier, Président à Mortier au Parlement de Rouen.

En 1791, les capucins d’Andely furent envoyés à Montaure.

Le domaine de la Garde Châtel composé de 203 hectares dont un parc de 135 hectares, appartient actuellement à la veuve de M. Le Prou.

 

Léproserie.

On signale à Montaure en 1253, une léproserie qui avait une chapelle dédiée à St-Blaise.

 

MONTAURE. cant. de Pont-de-l’Arche à 140 m. d’alt. – sol : alluvium et craie. – Ch. de gr. com. n° 4, de Pont-de-l’Arche à la R. dép. n° 13. – Surf. terr. 1016 hect. – Pop. 1203 hab. – 4 cont. 9,235 fr. en ppal. – Rec. ord. budg. 5,347 fr . – * de Louviers. – Percep. et Rec, Cont. ind. de Pont-de-l’Arche. – Paroisse. – Presbyt. – Écoles spéc. de 82 garc. et de 80 filles. – 1 maison d’école. – 5 déb. de boissons. – 14 per. de chasse. – Dist. en kil. au ch.-l. de dép. 29 ; d’arr. 8 ; de cant. 9.

 

Dépendances, Blaquetuit, Écrosville, Les Fosses, La Vallée.

Agriculture, céréales, forêt.

Industrie, 2 fab. de poterie, – 1 tuilerie, tissage de draps chez les particuliers.

31 patentés.

 

 

[1] Arch. Seine-Inf.

[2] Ordéric Vital.

 

 

 

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Armand Launay

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8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 17:36

[Caresme, Anatole], " Le prieuré de Montaure ", 7 p., in Mélanges historiques, ch. XII, Louviers : imprimerie de Mlle HOUSSARD et frère, [document conservé à la] médiathèque de Louviers [sous la cote] inv 9/454.

 

 

Le voyageur que nos omnibus de Louviers emportent rapidement vers Elbeuf, aperçoit bientôt, au sortir de la forêt, la belle tour romane qui sert de clocher à l’église de Montaure. C’est un monument de forme carrée, d’une élévation médiocre, dont la construction remonte aux Anglo-Normands. Debout, depuis sept ou huit siècles, au milieu de celle vaste plaine, l’église jadis priorale de Montaure, doit son existence à un grand malheur domestique, à la juste douleur d’un père, frappé dans ses plus chères affections. Voici ce que nous avons recueilli sur l’origine et l’histoire du prieuré de Montaure. 

 

Dans les premières années du XIe siècle, vivait Odon Stigand Ier du nom, homme noble, riche et puissant, seigneur de Mésidon, des Authieux en Auge et de plusieurs autres terres. Il avait aussi un manoir à Montaurium, nommé depuis Montoire et ensuite Montaure, du latin Mons Aureus, montagne d’or, à cause, sans doute, de sa position sur une éminence et de la fertilité du sol.

        

Pieux et libéral envers les serviteurs de Dieu, le seigneur de Mésidon donna l’église de son domaine de Montaure à l’abbaye de Saint-Ouen de Rouen, où il avait choisi sa sépulture, et Richard II ratifia cette donation en 1018.

  

À ce père si religieux succéda un fils digne de lui, Odon Stigand IIe du nom. D’anciens titres nous disent que ce nouveau seigneur de Montaure fut chambellan des Empereurs Isaac Commène et Constantin Ducas. Il est constant du moins qu’il était maître d’hôtel du jeune duc Guillaume, surnommé depuis le Conquérant. Il eut deux fils, Maurice et Robert. Ce dernier voyagea en Orient et revint en Normandie avec des reliques de l’illustre sainte Barbe. Pour honorer un si précieux trésor, le père de Robert fonda dans sa terre d’Écajeul une collégiale connue sous le nom de Sainte.Barbe-en-Auge. Le pieux et célèbre Guillaume d’Évreux y introduisit plus tard des chanoines réguliers et en fut lui-même le premier prieur.

  

Il paraît qu’Odon Stigand perdit ses deux fils de son vivant, et qu’il ne lui restait qu’une fille, mariée à Rabel, baron de Tancarville. Dans la charte de fondation de Montaure, il nous apprend lui-même : " que se voyant privé de son fils unique, jeune gentilhomme de grande espérance, mort en la fleur de ses ans, il l’avait fait mettre dans la sépulture de son père et de sa mère ; que pour faire prier Dieu pour le repos de leurs âmes, il avait voulu faire l’Église son héritière en lui donnant ses biens. " Au nombre des biens, y mentionnés, se trouve, avec l’église Saint-Étienne-des-Tonneliers, à Rouen, le domaine de Montaure. Les religieux de Saint-Ouen établirent un prieuré à côté de l’église paroissiale, qui déjà leur appartenait. Cette fondation est de l’an 1063. Odon Stigaut survécut peu à cet acte religieux, il succomba sous le poids de sa douleur le 17 novembre 1065. La construction de l’église et de la tour de Montaure suivit de près. Celle-ci est entièrement bâtie dans le style roman du XIe ou XIIe siècle.

 

À partir de cette époque, l’histoire de Montaure et de son prieuré est inconnue. Il nous faudrait les archives de l’abbaye de Saint-Ouen pour savoir ce que devint la fondation du sénéchal de Guillaume le Conquérant. Nous avons pourtant recueilli un certain nombre de faits concernant cette localité qui, pour être plus rares, n’en auront que plus d’intérêt. En l’année 1250, Eude Rigaud, archevêque de Rouen, faisait, en sa qualité de métropolitain, la visite du diocèse d’Évreux. Son curieux. Journal va nous fournir d’intéressants détails sur la situation du prieuré dans le XIIIe siècle.

 

Le 15 mai, le prélat, venant de Daubeuf-la-Campagne, arrive à Montaure, où il est reçu avec sa suite aux dépens du prieuré. " Nous avons, dit-il, fait notre visite ce même jour. Il y a là quatre moines ; mais ils ne sont ordinairement que trois. Tous sont prêtres. Ils se servent de matelas. Quelques-uns ont des peaux de renard. Nous leur avons défendu d’accepter à boire dans le village, même d’y aller, et l’usage des matelas. Ils n’observent pas les jeûnes, nous leur avons ordonné d’observer les jeûnes suivant la Règle. Ils ont 160 livres de revenu. Le prieur ne présente pas des comptes à ses confrères, mais seulement à l’abbé ; nous lui avons enjoint de compter avec ses confrères au moins trois fois l’an. L’aumône est médiocre ; nous avons prescrit de donner plus largement l’aumône aux pauvres. Item, de ne pas sortir la porte de la cour sans la permission du prieur [sic]. Item, que le prieur fournisse à ses inférieurs le vêtement et les chaussures, selon son pouvoir. "

 

Le lendemain 16 mai, le métropolitain quittait Montaure pour se rendre à l’abbaye de Bon-Port.

 

Cinq ans après, l’archevêque de Rouen entreprit de nouveau la visite du diocèse de son suffragant. Le 14 juin 1255, il passait la journée à Gouy près du Port-Saint-Ouen.

 

" Le 15 juin, dit le prélat, nous sommes entrés dans le diocèse d’Évreux et nous avons passé la nuit à Montoire. La somme de la dépense a été de VII livres VII sous III deniers. Le 16 juin nous avons fait notre visite en ce lieu. Ils sont deux moines seulement mais ils doivent être au moins trois. Le prêtre de la paroisse et les moines n’ont pour tous qu’un seul calice. Comme ils n’avaient point d’exemplaire de la Règle, nous leur avons dit de s’en procurer un. Les femmes mangent quelquefois avec eux ; nous leur avons fait défense de permettre doresnavant qu’elles mangent dans leur maison. Quelquefois ils font usage de viandes, nous leur avons ordonné de s’en abstenir, comme le veut la Règle, et de jeûner le vendredi suivant s’ils venaient à y contrevenir, selon ce qui est convenu dans les statuts. Ils ont, en revenus, 160 livres ; mais ils doivent maintenant 30 livres. Item, nous avons recommandé au prieur de compter quelquefois avec son confrère.

 

Le soir, Eude Rigaud passait la nuit à Daubeuf, où les moines de Saint-Ouen avaient également une succursale de leur maison.

 

La visite du diocèse d’Évreux, par le même prélat, recommence en 1258. Il arrive de nouveau par Daubeuf.

 

" Le 26 avril, raconte-t-il, nous avons été hébergés à Montoyre. Le lendemain 27, nous avons procédé à notre visite. Ils étaient trois moines. Il n’existait qu’in seul calice, tant pour les moines que pour le prêtre de la paroisse. Leurs revenus sont de huit vingt livres [sic] et ils en ont acquitté les décimes. Les dettes s’élèvent à L livres environ ; mais on leur doit près de XXX livres. Frère Roger d’Andely était alors prieur du lieu. Nous avons trouvé toutes choses en bon état. La somme de la procuration (frais de réception) a été de IX livres XI sous V deniers. Le même jour, nous avons été logés à la Croix-Saint-Leufroy. "

 

Ce même Journal d’Eude Rigaud annonce une nouvelle apparition de l’archevêque à Montaure, le 7 juillet suivant. Cette fois il y arrive de Bonport, non pour y procéder à une visite rigoureuse, mais pour y célébrer un mariage.

 

" Nous avons, dit-il, marié Guillaume de Preméry, notre panetier, avec Jeanne sa femme, dans le prieuré de Montaure, diocèse d’Évreux, et nous avons passé la nuit à Pont-de-l’Arche. "

 

Le 13 mai 1269, l’infatigable pasteur de la métropole se trouvait de nouveau à Daubeuf.

 

" Dans la même journée, dit l’itinéraire déjà cité, nous avons visité le prieuré de Montoire. Nous y avons trouvé deux moines de Saint-Ouen : ils devraient être trois. Ils n’avaient qu’un calice unique pour la chapelle du manoir et l’église paroissiale ; nous avons commandé d’en avoir un pour la chapelle. Nous leur avons défendu de laisser désormais les femmes entrer dans leur maison, comme c’était arrivé autrefois. – Ils avaient en revenus 250 livres ; ils devaient 80 livres. Ils avaient des provisions pour l’année, outre le vin et l’avoine.

 

En ce jour, nous avons été logés et nourris en ce même lieu. La dépense de la réception a été de... "

 

Au sortir de Montaure, l’archevêque se rendit au prieuré de Bailleul, autre dépendance de l’abbaye de Saint-Ouen, près de Gaillon. C’est tout ce que nous apprend sur Montaure le Registre des Visites Pastorales du célèbre archevêque de Rouen.

 

Un fragment des Chroniques de Saint-Ouen nous fournit le nom d’un prieur de Montaure. Lorsque le célèbre Jean Roussel, dit Marc d’Argent, à qui nous devons la moitié de la magnifique basilique de Saint-Ouen, mourut en son manoir du Bihorel, le mercredi 7 décembre 1339, il avait autour de lui les principaux dignitaires de sa congrégation. Parmi eux figure Guillaume Saoul, prieur de Montaure. Après la mort de l’illustre abbé, ce prieur aida ses confrères à rédiger les lettres-circulaires destinées à annoncer le décès de ce créateur d’un des plus beaux monuments religieux de la Normandie.

 

Dans le même siècle, un autre fait concernant le prieuré de Montaure a été découvert dans les registres de l’Échiquier, par l’auteur de l’Histoire du Parlement de Normandie. Nous copions son récit : 

" En 1397, des écuyers et des bourgeois, firent amende honorable des voies de fait dont il s’étaient rendus coupables envers le prieur et les religieux de Montaure, les injuriant, les frappant avec des bâtons et des épées, brisant enfin les portes du prieuré en y faisant d’incroyables dégâts. C’était, avec cette maison religieuse, avoir insulté la royale abbaye de Saint-Ouen de Rouen, dont le prieuré de Montaure était l’une des succursales, et le roi lui-même, qui avait mis ces religieux en sa sauvegarde. Un jour donc, à Montaure, on vit revenir au prieuré, l’écuyer Ouyvel et ses complices, non plus arrogants cette fois, armés de toutes pièces, et prêts à tout briser, mais " nudz pieds, sans chaperon, sans ceinture, portans et tenans dans leurs mains chascun ung cierge de cire de deux livres pesans. " C’était un jour de fête Notre-Dame, la foire tenant à Montaure. L’affluence était donc grande, et ce jour, sans doute, n’avait pas été choisi sans dessein. Ils s’étaient directement rendus au prieuré. " Là, publiquement, en présence de nombre de gens, ils s’agenouillèrent devant Dom Naguet, prieur, lui amendèrent lesdiz exceds et malélices, lui requérant humblement que il leur pardonnast ; ce qu’il fit. Se relevant alors, on les fit entrer dans l’église du prieuré, y offrir leurs cierges, payer enfin au prieur 200 livres d’amende profitable. Peu de jours après, dans l’église abbatiale de Saint-Ouen de Rouen, eut lieu une scène semblable en  tous points où figuraient les mêmes acteurs. Seulement, l’amende profitable ne fut, cette fois, que de 100 livres tournois. Tout cela s’était fait ainsi  par ordre de l’Échiquier. "

 

De la fin du XIVe siècle nous arrivons sans incidents dignes d’intérêt aux troubles suscités en Normandie par la prétendue réforme. Montaure fut pris pendant lés guerres de religion par un sieur de La Personne, des mains duquel le retira Don Alexis Durand, l’un des titulaires qui administraient l’abbaye de Saint-Ouen, au profit des princes Charles et Louis de Bourbon, comte  de Soissons. En 1630, le prieuré tombait dans les mains du petit neveu d’un sieur Poitevin. Ce dernier n’est autre que Balthazar Poitevin, qui porta le titre d’abbé de Saint-Ouen depuis l’an 1620 jusqu’en 1638. à partir de ce temps il n’y eut plus de religieux au prieuré de Montaure.

 

Au moment où cette fondation pieuse s’éteignait à Montaure, une autre venait la remplacer. Le monastère des Carmes déchaussés du désert de la Garde-Châtel fut fondé par le roi Louis XIV, en 1666. Au nombre des bienfaiteurs de cette nouvelle maison, nous remarquons le conseiller d’État, de La Galissonnière, auteur d’une Recherche de la Noblesse de Normandie, et un autre conseiller d’État, le sieur de Marguerie, qui possédait à Louviers les fiefs de l’Épervier, de Folleville et de Maupertuis.

 

Montaure a vu naître, en 1710, François-Emmanuel Sevestre, poëte latin et français, mort curé de Radepont, en 1788.

 

Au milieu de ce même siècle, le domaine temporel de Montore, comme on écrivait alors, appartenait à la famille Le Cordier de Bigards, dont les aînés sont devenus marquis de La Londe et barons de Bourgtheroulde. – Ecrosville, hameau de Montaure, était un fief possédé par les mêmes seigneurs. Nous avons visité, il y a quelques années, les restes d’un vaste manoir féodal, situé sur le territoire de Montaure. Une cheminée nous a frappé par sa grandeur et sa construction hardie. Ce pourrait bien être les ruines de l’ancien manoir de Blaquetuit, qui a donné son nom à la plaine voisine.

 

Enfin Montaure a eu pour curé dans ces derniers temps, un vicaire de Louviers, moissonné à la fleur de l’âge. Nous voulons parler du pieux et éloquent abbé Bouchard, dont la perte a causé de vifs regrets.

 

 

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8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 13:43

Doinel A., Notice historique sur Alizay, Paris : Le livre d’histoire-Lorisse, 2004, 72 p.

 

Cet ouvrage date de 1880. M. Doinel était l’instituteur laïque de la commune. Il a mentionné les sobriquets attribués aux habitants de certains villages sans préciser, toutefois, si ces surnoms étaient utilisés systématiquement et par qui ? N’étaient-ils connus que des gens d’Alizay ? Que signifient-ils tous ? 

 

Les carnages de Pont-de-l'Arche

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Les malins de Connelles

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Mes activités

Armand Launay. Né à Pont-de-l'Arche en 1980, j'ai étudié l'histoire et la sociologie à l'université du Havre (Licence) avant d'obtenir un DUT information-communication qui m'a permis de devenir agent des bibliothèques. J'ai acquis, depuis, un Master des Métiers de l'éducation et de la formation, mention Lettres modernes. Depuis 2002, je mets en valeur le patrimoine et l'histoire de Pont-de-l'Arche à travers :

- des visites commentées de la ville depuis 2004 ;

- des publications, dont fait partie ce blog :

Bibliographie

- 20 numéros de La Fouine magazine (2003-2007) et des articles dans la presse régionale normande : "Conviviale et médiévale, Pont-de-l'Arche vous accueille", Patrimoine normand n° 75 ; "Pont-de-l'Arche, berceau de l'infanterie française ?", Patrimoine normand n° 76 ; "Bonport : l'ancienne abbaye dévoile son histoire", Patrimoine normand n° 79 ; "Chaussures Marco : deux siècles de savoir-plaire normand !", Pays de Normandie n° 75.

- L'Histoire des Damps et des prémices de Pont-de-l'Arche (éditions Charles-Corlet, 2007, 240 pages) ;

- Pont-de-l'Arche (éditions Alan-Sutton, collection "Mémoire en images", 2008, 117 pages) ;

- De 2008 à 2014, j'ai été conseiller municipal délégué à la communication et rédacteur en chef de "Pont-de-l'Arche magazine" ;

- Pont-de-l'Arche, cité de la chaussure : étude sur un patrimoine industriel normand depuis le XVIIIe siècle (mairie de Pont-de-l'Arche, 2009, 52 pages) ;

- Pont-de-l'Arche, un joyau médiéval au cœur de la Normandie : guide touristique et patrimonial (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 40 pages) ;

- Pont-de-l'Arche 1911 I 2011 : l'évolution urbaine en 62 photographies (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 32 pages) ;

- Mieux connaitre Pont-de-l'Arche à travers 150 noms de rues et de lieux ! (Autoédité, 2019, 64 pages) ; 

- Déconfiner le regard sur Pont-de-l'Arche et ses alentours (Autoédité avec Frédéric Ménissier, 2021, 64 pages) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (publié en ligne, 2022) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (version mise en page du précédent ouvrage, édité par la mairie de Terres-de-Bord, 2023).

Depuis 2014, je suis enseignant à Mayotte.

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