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Eustache-Hyacinthe Langlois (Pont-de-l’Arche le 3 aout 1777–Rouen le 29 septembre 1837) fut un artiste et écrivain au service de la conservation du patrimoine médiéval normand.
Le prénom Hyacinthe est précieux autant que littéraire : le nom Langlois est bien normand qui rappelle les Anglois de la guerre de Cent-ans. Le nom d’Hyacinthe Langlois, donné à la place centrale de Pont-de-l’Arche, exprime à merveille le patrimoine médiéval normand et début XIXe de notre ville.
C’est son père, André Gérard, alors officier du roi au bailliage de Pont-de-l’Arche, en charge des forêts, qui choisit le prénom d’Hyacinthe. Beau choix s’il en est, car Hyacinthe est décrit dans les mythes grecs comme un bel homme aimé d’Apollon, dieu des arts et des lettres, père des Muses. André Gérard souhaitait que son fils lui succédât à la charge d’officier du roi, mais le cœur d’Hyacinthe battait pour les arts, lui qui réalisait ‒ enfant déjà ‒ des croquis sur Pont-de-l’Arche, ses habitants, le pittoresque de ses demeures et de son environnement. Quand la Révolution éclata, il avait bientôt 12 printemps. Il put vivre bon an mal an sa passion pour l’art, devenant à Paris l’élève et le modèle posant pour le grand Jacques-Louis David, peintre du Serment du jeu de paume et du Sacre de Napoléon.
Esquisse d'Hyacinthe Langlois sur le Pont-de-l'Arche de son enfance. Représenté ici depuis l'ile de La Potterie, actuellement Saint-Pierre (Bibliothèque municipale de Rouen).
Eustache, son premier prénom, lui convient aussi. Inspiré de la commune de Saint-Eustache-la-forêt, près de Bolbec, il désigne en grec, ce “qui porte de beaux épis”. L’art d’Hyacinthe germa, même si pauvre il demeura, avec femme et enfants à Rouen. Il mit le précis de ses gravures sur bois, de sa plume et de son crayon au service de travaux documentaires, soient plus de 1000 dessins et croquis. Il valorisa l’architecture religieuse et civile, la sculpture, le vitrail, le mobilier… et ce principalement de la Normandie médiévale que dépréciaient ses contemporains au profit des arts gréco-romains. Il se fit antiquaire et archéologue, c’est-à-dire historien dans la langue des anciens. Il devint également professeur à l’école des Beaux-arts de Rouen et initia, avec ses amis des sociétés, le musée des antiquités. Eustache le saint médiéval. Hyacinthe le grec rationnel.
Hyacinthe, le personnage des mythes grecs, mourut accidentellement et de son sang naquit la fleur ‒ jacinthe ou iris, c’est selon ‒ symbole du cycle de la nature sans cesse renaissante. Hyacinthe Langlois laissa itou son travail et sa sensibilité à la postérité. Il sensibilisa de nombreux architectes tels qu’Arcisse de Caumont, des auteurs tels que Gustave Flaubert, des artistes tels que Célestin Nanteuil. Écrivain, il légua des nouvelles où il évoque sa fidélité au catholicisme, aux temps anciens, souvent médiévaux et magiques, où il s’échappe du présent le décevant, où il retrouve le soleil de sa jeunesse. Il y campa un paysage nostalgique, annonciateur de l’imagerie gothique, romantique.
Dessin de Polyclès Langlois, fils d'Hyacinthe, pour la réalisation du médaillon devant orner la tombe et la plaque commémorative d'Hyacinthe Langlois sur sa maison natale à Pont-de-l'Arche.
Aimé, il fut honoré à sa mort par le témoignage de très nombreux amis. Une tombe adossée à un réel menhir l’atteste toujours au cimetière monumental de Rouen. Elle porte un médaillon dessiné par Polyclès, son fils, et sculpté par Pierre-Jean David en 1838. Il porte cette inscription : « À E.-H. Langlois né à Pont-de-l’Arche le 3 août 1777, peintre, graveur, archéologue, la Normandie reconnaissante. » Une copie de ce médaillon fut apposé sur sa maison natale à Pont-de-l’Arche. Levez le regard au-dessus de la vitrine de la boulangerie du bas, “Au fournil de l’arche”, rue Alphonse-Samain.
Photographie du médaillon et de la plaque posés en hommage à Hyacinthe Langlois sur sa maison natale de la rue Alphonse-Samain (cliché Armand Launay, 2011)..
En 1865, le Conseil municipal de Pont-de-l’Arche, présidé par Jean-Baptiste Delaporte, décida de baptiser la place du marché (où se trouvait la halle, démolie en 1857) du nom d’Hyacinthe Langlois et ses épis. En 1867, pour le 30e anniversaire de sa mort, un buste en bronze ‒ signé Auguste-Vincent Iguel ‒ fut posé sur un piédestal au centre de la place ; ceci grâce à un comité public. Le buste fut réquisitionné par les autorités allemandes en 1941 pour équiper les armées. En 1953, les édiles firent démolir le piédestal, demeuré vide ; en couler un nouveau étant jugé trop cher pour cette période où le passé ‒ peut-être ‒ était plus considéré comme une charge que comme un héritage.
La place Hyacinthe Langlois quand elle portait encore en son point central le buste rendant hommage à l'enfant du pays.
Charmées par la littérature d’Hyacinthe, Simone Sauteur et Anita Patin, enseignantes, donnèrent l’idée de baptiser le collège du nom d’Hyacinthe Langlois. Le baptême eut lieu le 10 octobre 1987, officié par le maire Roger Leroux et la principale du collège Chantal Leroy.
Le souvenir d’Hyacinthe, qui aimait signer “Langlois du Pont de l’Arche“, fit germer l’idée chez son ami Léon Levaillant de Duranville d’étudier l’histoire de notre ville. Il façonna la première marche de l’escalier des études traitant l’histoire de Pont-de-l’Arche.
Une partie des œuvres d’Hyacinthe Langlois sont accessibles, passim, sur le Net.
Lisez aussi :
Les monuments rendant hommage à Hyacinthe Langlois à Pont-de-l'Arche, Rouen et Lyons-la-forêt.
Armand Launay
Pont-de-l'Arche ma ville
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