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20 juillet 2018 5 20 /07 /juillet /2018 13:09
Richard Jacquet (deuxième en partant de la gauche) entouré d'élus et du précédent Directeur général des services, Christophe Hardy, lors d'une visite de quartier, rue Charles-Michels (cliché Armand Launay, juillet 2013).

Richard Jacquet (deuxième en partant de la gauche) entouré d'élus et du précédent Directeur général des services, Christophe Hardy, lors d'une visite de quartier, rue Charles-Michels (cliché Armand Launay, juillet 2013).

Richard Jacquet est né en 1974 à Rouen. Dès 1989, il démontra son intérêt pour la vie collective en intégrant le comité des fêtes de Pont-de-l’Arche et en créant, avec plusieurs Archépontains, une association de loisirs dénommée « La Caverne des jeunes ». Puis, il contribua à la création du secteur jeunesse au Centre de loisirs associatif, devenu municipal en 2003. Richard Jacquet s'investit dans le théâtre, notamment en participant à plusieurs compagnies amatrices locales. Professionnellement, il devint animateur à l'Accueil de loisirs de Pont-de-l’Arche puis coordinateur des actions pour la jeunesse de la Ville de Sotteville-lès-Rouen. Depuis 2011, il est "chargé de mission" pour la Ville de Grand-Quevilly (dont le maire est Marc Massion, bras droit de Laurent Fabius PS).

 

Un militant et candidat socialiste

On ne connait qu’un seul engagement partisan officiel à Richard Jacquet : le parti socialiste. En 1995, il fut élu conseiller municipal sur la liste de Paulette Lecureux (PS). Il fut nommé conseiller municipal délégué à la communication et adhéra au Parti socialiste à la même époque. En 2001, il devint secrétaire de la section cantonale du PS.

La même année, suite à l’élection de Dominique Jachimiak aux élections municipales, il créa l’association « Questions d’avenir » afin d’organiser une opposition non élue. Il présidait cette association jusqu’en 2013. Devenu principale figure socialiste à l'échelle cantonale, il se présenta aux cantonales en 2004 (22 % des suffrages au premier tour) et en 2011 (18,3 %). Il fut aussi candidat sur la liste PS-PRG aux élections régionales de 2010 mais sans être élu. Idem aux élections départementales de 2015. Idem aux législatives de 2017. 

 

2008-2014 : maire de Pont-de-l’Arche et Vice-président de l'agglomération Seine-Eure. 

Richard Jacquet constitua une liste aux élections municipales de mars 2008 parvenant à rassembler toutes les forces de gauche locales, une première depuis 1983 dans la ville. Cette union a fait de Richard Jacquet le plus jeune maire de l’histoire de Pont-de-l’Arche – 33 ans – en obtenant plus de 47 % des suffrages au second tour. Sa gestion commença avec l'ancienne Directrice générale des services (DGS) : Monika Franz-Jachimiak. Puis, Benjamin Modi fut recruté à ce poste (2009) et laissa place à Christophe Hardy (février 2010). Ce mandat est caractérisé par le développement des services publics malgré une baisse légère mais régulière  des dotations d'État aux collectivités territoriales :

- en lien avec la première adjointe Angélique Chassy, création du Tremplin : maison des initiatives et des ressources (2009) et de l’Espace jeunes (2011) ;

- structuration d’une police municipale (2010) ;

- rénovation lourde de l'Accueil de loisirs (2011-2013) ;

- sauvegarde des archives municipales (2012) et création d'un espace de conservation adapté au sous-sol du Tremplin (2010) ;

- attribution de locaux adaptés à la Banque alimentaire (au Tremplin) qui ouvre désormais toute l'année (2009).

- création d'une résidence HLM (Simone-de-Beauvoir, 2009) et lancement de deux autres (Lucie-et-Raymond-Aubrac, 2013, et Jean-Paul-Sartre, 2013) ;

- trois années successives d'effacement de réseaux (2010-2013) ;

- acquisition d'un columbarium (2013) ;

- création d'une 7e classe (2008) ;

- agrandissement de la cour de l'école maternelle et création d'un préau (2013) ;

- sauvegarde du four à pain du bailliage grâce à des chantiers de jeunes et l'association Chantier histoire et archéologie médiévales (CHAM) ; 

- une réflexion sur la création d'un centre culturel débute qui est suivie par l'acquisition de locaux sur la place Aristide-Briand (2011) ;

- des terrains sont acquis (2012 et 2013) au boulevard de la Marne afin de mettre en valeur des douves ;

- du côté des animations, l'équipe de Richard Jacquet créa les Nocturnes du vendredi (2008), les Olympiades 276 (2012), le Festival "Livres en ville" (2012).

En tant que président de l'EHPAD, Richard Jacquet travailla au financement et au lancement de la troisième grande restructuration de cet établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes. 

Durant ce mandat, un foyer associatif de jeunes travailleurs "Le Prieuré", aidé par la précédente municipalité, fut inauguré à la place de la résidence d'urgence (2009). Le contournement sud de la ville fut ouvert (2010). La résidence privée "Les Marquises" fut livrée (2012). Le Village des artisans "la lisière, l'esprit d'entreprise Seine Eure", porté par la CASE, vit le jour au chemin de la Procession (2014). La restructuration de l’axe Est-ouest débuta par l'importante rénovation conduite par la CASE de la place Aristide-Briand qui perdit son étrange giratoire (2014)…

Le premier mandat de Richard Jacquet participa de la création d'associations, notamment l'Amicale du personnel de la commune et ATLEA fédérant les parents désireux de s'exprimer sur les loisirs des enfants et, notamment, à l'Accueil de loisirs où la gestion associative fut supprimée en 2003 par le maire Dominique Jachimiak.  

Enfin, Richard Jacquet compta parmi les élus mobilisés au côté de l'intersyndicale du personnel de Mreal qui lutta pour la reprise de la papèterie d'Alizay et donc la sauvegarde de l'emploi malgré la mauvaise volonté de Mreal. Cette lutte aboutit sur la reprise de la papèterie d'Alizay par le thaïlandais Double A et donc le maintien d'une partie des employés.

En 2008, Richard Jacquet fut nommé vice-président de la Communauté d'agglomération Seine Eure (CASE) présidée par Franck Martin (PRG). Il fut nommé vice-président au logement, comme l'était son prédécesseur à la mairie. À partir de 2013, il proposa l'étude de la fusion des communes de Pont-de-l'Arche et des Damps, sans rencontrer ni l'hostilité ni la coopération de son homologue des Damps René Dufour.  
À l'issu de son premier mandat, Richard Jacquet était connu pour son investissement auprès de ses concitoyens. C'est ce que confirma le résultat des élections municipales de 2014 où les Archépontains l'élirent, lui et son équipe, avec 72 % des suffrages exprimés face à la liste "Pont-de-l'Arche ensemble".

 

 

2014-2018 : second mandat de maire de Pont-de-l’Arche et Vice-président de la CASE.

Ce mandat a débuté dans la lignée du premier, c'est-à-dire par une contrainte budgétaire croissante. Élus et agents ont travaillé à baisser les dépenses de fonctionnement alors que les dotations d'État ont continué à baisser et que la réforme portant sur les rythmes scolaires a accru les dépenses communales. Cependant, le budget est devenu déficitaire malgré une hausse des impôts locaux (2017). Cette situation difficile a été confiée par l'ancien Directeur général des services, Christophe Hardy, à Paul-Louis Ameztoy qui assume la fonction de directeur de mairie depuis octobre 2017.

Concernant la vie intercommunale, toujours, Richard Jacquet est maintenu dans sa Vice-présidence malgré l'élection du maire du Vaudreuil, classé "divers droite", Bernard Leroy (2014). Il est officiellement en charge des "parcours résidentiels" depuis 2014.

Richard Jacquet, avec Angélique Chassy, première adjointe en charge des finances, et d'autres élus, s'investissent toujours auprès des demandeurs d'emplois archépontains. Après la création d'un forum annuel de l'emploi (premier mandat), les élus ont créé "Les ponts de l'emploi", un dispositif d'accompagnement, de conseil et de formation de personnes choisies pour leur motivation. Ce dispositif connait des résultats encourageants. 

En 2016, la résidence pour personnes âgées "Les Pins", gérée par une association, a été prise en gestion par le Centre communal d'action sociale (CCAS) afin de mieux prendre soin du cadre de vie des résidents que ce les animations ou l'entretien des appartements et des locaux communs.

Du côté des réalisations, en 2017 l'extension de la mairie a été réalisée qui comprend une nouvelle salle des mariages et des conseils, un accueil du public adapté aux personnes à mobilité réduite et un espace de pause pour le personnel. Les anciens locaux ont été redistribués afin de donner aux agents de meilleurs espaces de travail. 

Du côté du patrimoine ancien, des restaurations des vestiges de remparts ont été entreprises et le dossier de rénovation de l'église Notre-Dame-des-arts est constitué (le cahier des charges, la mise en sécurité de la façade sud et le financement d'une première tranche de travaux en lien avec la Fondation du patrimoine).

Le projet de centre culturel a avancé par la réalisation d'une étude de faisabilité. Cependant, le financement de ce lieu culturel vient buter sur les difficultés budgétaires de la commune sans que le projet ne soit abandonné. 

Le tourisme est aussi pensé comme l'atteste le projet d'un appontement, sur l'ile Saint-Pierre, destiné aux croisiéristes de Seine (projet de la CASE et de Rouen-Métropole).

La CASE a rénové la rue Roger-Bonnet (2018) en y créant une bande cyclable.

Les travaux de rénovation de la rue Général-de-Gaulle ont débuté par le remplacement des canalisations (2017), l'enfouissement de réseaux (2018) et la réhabilitation des trottoirs et de la voie (2019) avec arrivée de la fibre optique accroissant le débit de l'Internet.  

Par ailleurs, l'agrandissement de l'EHPAD a pris fin (2017). Il est baptisé Julien-Blin, du nom du maire donateur des premiers locaux de l'hôpital local. La réhabilitation partielle des anciens locaux et du patrimoine ancien s'est poursuivie (2018).

Quant au cadre de vie, les élus travaillent à l'accession à la propriété par les ménages aux revenus modérés et en lien avec des entreprises privées. C'est ce que montre l'inauguration de 4 maisons en juin 2017 dans la rue Docteur-Sorel ; de même que la démolition du Mille club en 2019 afin d'y bâtir des logements (projet en cours). Ceci engendre une communication étrange dans le magazine municipal où il est difficile de faire la part entre communication publique et communication commerciale au bénéfice de l'entreprise privée. Idem pour le projet immobilier, privé, du "parc des remparts" non loin du cimetière (2017). 

Le bureau de la perception ayant été fermé par décision de l'État, les élus archépontains en ont vendu les locaux (2019). Les élus ont proposé aussi de transférer à la CASE la gestion du service destiné à la petite enfance (crèche Bidibul). Ils ont argué que ce service a une vocation intercommunale comme l'a démontré l'ancienne Communauté de communes Seine-Bord qui avait pris la compétence sur cette offre de service public.

 

 

En 2020, Richard Jacquet reconduit pour un troisième mandat.

Malgré une période difficile entre 2017 et 2018, que nous retraçons ici, et malgré un scrutin perturbé par la pandémie de Covid-19, Richard Jacquet son équipe sont élus dès le premier tour avec une participation modérée ; la plus basse des élections municipales archépontaines. Ce scrutin est relaté dans un article de notre blog. Avec Roland Levillain, Richard Jacquet est cependant le seul maire élu (et non nommé) de la ville à avoir été reconduit deux fois à son siège.

 

Développement durable

Le nouveau mandat est entamé sur des promesses écologiques. La première adjointe est Anne-Sophie de Besses. Ses fonctions sont dévolues au développement durable et à la promotion de la santé. Professionnellement, elle est chargée de mission développement durable à l’Agence normande de la Biodiversité et du Développement durable. En 2021, une personne rejoint le personnel municipal : une chargée de mission en développement durable. Ce mandat est riche en réalisations dans ce domaine, très en vogue. Les réalisations les plus visibles sont la création d’un Festival du développement durable annuel (2021) et l’obtention du label Territoire engagé pour la nature (2021).  

Espace culturel et salle de danse

L’espace culturel La passerelle a été inauguré le 24 juin 2023 en présence de son parrain, Michel Bussi, écrivain archépontain internationalement reconnu. La ville est ainsi dotée d’une bibliothèque, médiathèque, elle qui était en grand retard dans ce domaine par rapport aux villes de sa taille. Ce nouveau bâtiment accueille aussi la salle de danse de l’école Érik-Satie, une salle d’exposition et un mini-amphithéâtre en plein-air. Une passerelle, d’où son nom, a aussi été posée entre le boulevard de la Marne et la place Rouville afin d’offrir plus de circulation aux piétons et cyclistes et, notamment, en franchissant l’ancien rempart.  

Patrimoine

Un chantier d'insertion a mis en valeur des douves du boulevard de la Marne en abaissant un ancien mur de clôture qui s'était assez largement effondré (2020). Le projet de rénovation partielle de Notre-Dame-des-arts se poursuit, en lien avec la Fondation du patrimoine. L’ancien bailliage, propriété de la CASE, est partiellement restauré (couvertures, charpentes, façades et menuiseries) (2023). Une mise en valeur de ce même patrimoine a été entreprise par la CASE à travers la réalisation d’une visite touristique numérique (2020). 

CCAS et social

Devenue une propriété du CCAS en 2016, la résidence pour personnes âgées Les Pins sera restructurée. Ses 56 appartements et ses espaces communs seront rénovés pour 7 millions d’euros (annonce de 2022). 

Le Tremplin accueille depuis le 11 mai 2021 une Maison France Services. Sous un label reconnu par l’État, cette maison rassemble une vingtaine de partenaires responsables de l’aide et de l’accompagnement des citoyens. 

Les locaux du Tremplin, centre social créé en 2009, seront remplacés. Grâce au bailleur social MonLogement27, il s’agit de créer une nouvelle résidence de 13 logements ainsi que des espaces publics accueillant le Tremplin (annonce de 2022). 

Un nouveau collège (Conseil départemental)

Les nouveaux bâtiments du collège Hyacinthe-Langlois (propriété du département) ont démarré le 27 aout 2020 pour une ouverture aux élèves le 27 février 2023. Il a été bâti en lieu et place de l'ancien stade municipal Jacques-Havet dont le terrain de foot a été déplacé à la Maison des associations. L’ancien collège accueillera un temps le Tremplin puis sera rasé et cédé à la commune qui entend y bâtir un quartier d'habitation.

Enfance

En 2023, les locaux du Pôle de la petite enfance (ancien service municipal, confié à la CASE) devraient sortir de terre, après un aménagement en 2020, sur un terrain communal situé entre l'ancienne abbaye de Bonport et la gendarmerie. L’entrée de ville depuis Bonport a été rénovée (2023)  de manière à entrer en harmonie avec les aménagements récents de la rue Général-de-Gaulle.  

Santé (projet privé)

Une maison de santé privée a émergé le long du terrain de la Procession (2022), près de la déchèterie.

Sports

Le 18 juin 2022 a été inaugurée La plaine des sports derrière la Maison des associations. Hormis un espace de course à pied de 1,5 km, les terrains préexistaient. Il s’est agi de donner le nom de Jacques-Havet au terrain de football en remplacement de celui qui a disparu afin de laisser place au nouveau collège. Le stade Max-Fournier a bien entendu gardé son nom. 

 

=> Le bilan de Richard Jacquet est retracé dans Pont-de-l'Arche magazine (2008-2014), puis Pont de l'Arche mag (2014-2023), puis Mon MAG notamment accessible en ligne.  

 

Sources

Pont-de-l'Arche magazine

Registre des délibérations du Conseil municipal.

À lire aussi...

Les maires de Pont-de-l'Arche

Armand Launay

Pont-de-l'Arche ma ville

http://pontdelarche.over-blog.com

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22 septembre 2017 5 22 /09 /septembre /2017 15:10
Quelques jeunes et moins jeunes rassemblés dans le Mille club autour de Paulette Lecureux, adjointe, Aurélie Philippe, Mickaël Dumais et Romain Niaudeau (agents municipaux). (cliché Armand Launay, octobre 2012)

Quelques jeunes et moins jeunes rassemblés dans le Mille club autour de Paulette Lecureux, adjointe, Aurélie Philippe, Mickaël Dumais et Romain Niaudeau (agents municipaux). (cliché Armand Launay, octobre 2012)

 

À Aurélie PHILIPPE,

comme quoi les promesses n’engagent pas seulement ceux qui y croient,

mais aussi ceux, et celles, qui savent attendre...  


 

Lors du conseil municipal du 26 juin 2017, les édiles de la cité archépontaine ont voté la démolition du célèbre Mille club situé à l’entrée de la résidence Pierre-Mendès-France. Est-ce la fin de la politique destinée à la jeunesse à l’échelle de la commune ? Plus encore, quelle est la politique communale en matière de jeunesse ? De quand date-elle ? Comment évolue-t-elle ? Que nous apprend-elle de l’évolution de la société ?  

Vues diverses sur le Mille club et la résidence Pierre-Mendès-France (clichés Armand Launay, avril 2010).
Vues diverses sur le Mille club et la résidence Pierre-Mendès-France (clichés Armand Launay, avril 2010).Vues diverses sur le Mille club et la résidence Pierre-Mendès-France (clichés Armand Launay, avril 2010).
Vues diverses sur le Mille club et la résidence Pierre-Mendès-France (clichés Armand Launay, avril 2010).

Vues diverses sur le Mille club et la résidence Pierre-Mendès-France (clichés Armand Launay, avril 2010).

Les prémices d’une politique pour la jeunesse

La jeunesse, c’est-à-dire l’enfance, l’adolescence et les premières années de l’âge adulte, est une notion complexe. Il est impossible de la restreindre à un âge précis. Il est cependant possible de tracer son évolution depuis un siècle et de distinguer les principales classes d’âge concernées.  

La question de la jeunesse ne se posait guère avant le XXe siècle. Auparavant, l’enfant grandissait sous le regard de la société, participait aux tâches domestiques et professionnelles dès que ses forces le lui permettaient et devenait adulte grâce à l’apparition de qualités physiques et par un rituel de passage tel que le mariage auquel nul, ou presque, n’échappait.

Or, au XIXe siècle la législation française commença à distinguer les enfants des adultes. C’est ce que montre la la loi du 22 mars 1841 qui encadre le travail des enfants engrenés dans la révolution industrielle. Cette loi stipula, par exemples, que le travail avant 8 ans était interdit dans les entreprises de plus de 20 employés et que, avant 12 ans, un enfant ne pouvait travailler plus de 8 heures par jour. Les mentalités et la législation évoluèrent peu à peu. Dans les années 1930, on trouvait toujours des enfants travailleurs, comme, par exemple pour nous, dans les usines de chaussures de Pont-de-l’Arche. Ils étaient désormais employés avec un certificat d’aptitude délivré par un médecin, conformément à la législation. Le travail des mineurs commençait à être perçu comme illégitime à moins que la médecine ne s’y oppose pas. C’est ce dont témoignent toujours les anciens qui étaient entrés dans la vie professionnelle qui à 13 ans qui à 14 ans. Dans ces conditions, le passage de l’enfance à l’âge adulte était rapide.

En moins d’un siècle, la société française devint plus prospère et fut acquise aux idées des Lumières portant sur l’éducation. Il fut, d’une part, globalement possible de scolariser les enfants de plus en plus tard et, d’autre part, l’instruction devint obligatoire à partir de 13 ans en 1882 (lois Jules Ferry), 14 ans en 1936 et 16 ans en 1959. Par conséquent, peu à peu émergea une classe d’âge située entre l’enfance et l’âge adulte marqué du sceau des responsabilités conjugales, parentales, professionnelles et, désormais, politiques.

Parallèlement, l’idée de loisirs prit beaucoup d’importance grâce à une aisance plus large, une réduction progressive du temps hebdomadaire de travail, l’acquis de congés payés (1936) et d’une protection médicale et sociale (1947).

 

C’est ainsi qu’à Pont-de-l’Arche, des années 1930 aux années 1960, les activités destinées à la jeunesse se répartissaient en trois catégories :

- les animations proposées par les enseignants ‒ républicains ‒ du groupe scolaire : les fêtes de la jeunesse, les spectacles et kermesses de fin d’année, fête de Noël (si si), la bibliothèque scolaire... ;

- les animations proposées par la paroisse ;

- les animations participant de la sociabilité communale : la fête patronale Sainte-Anne, la fête nationale, la fête du printemps, la fanfare, les associations sportives dont le football, le théâtre au cinéma L’Éden, les séances de cinéma, des conférences, les fêtes de saison…

Il y avait donc des animations pour les enfants de l’école et des activités concernant l’entière population de la commune. Il n’y avait pas d’activités propres à une classe d’âge intermédiaire entre l’enfance et l’âge adulte.   


Le frémissement d’une politique nationale comprenant la jeunesse, et ayant des répercussions locales, se lit dans le journal L’Industriel de Louviers du 13 mars 1937. Un article explique le travail d’une association, “Les Amis de l’école laïque”, qui vient de créer le « Comité des loisirs ». Affilié au comité national, lui-même issu du Front populaire, il affiche ses objectifs : voyages collectifs, sports, fêtes, bibliothèques... Il précise sa finalité : faire « un appel à la jeunesse, qui pourra bénéficier de grandes facilités pour l’organisation de ses congés. » La question des loisirs et du bienêtre de la jeunesse se trouve dans le milieu associatif républicain et socialiste. Mais pas encore dans les actions et prérogatives de la commune donc de l’administration.

Le maire Roland Levillain au bord du premier cour de tennis construit en 1964. Photographie destinée au bulletin municipal de 1965.

Le maire Roland Levillain au bord du premier cour de tennis construit en 1964. Photographie destinée au bulletin municipal de 1965.

 

Roland Levillain (1959-1977) : la mairie met en place des actions destinées à la jeunesse

Comme nous l’avons vu plus haut, une classe d’âge émerge dans les années 1960 qui sort de l’enfance sans toutefois être adulte de fait et de droit. En clair, il s’agit de collégiens.

Il a été reproché à Roland Levillain, maire de Pont-de-l’Arche de 1959 à 1977, de n’avoir pas agi en faveur de la jeunesse. C’est faux. L’action du premier magistrat se lit à travers deux axes :

- la scolarité avec l’agrandissement et la rénovation des locaux du groupe scolaire et, de même, la réalisation, pour le Conseil départemental, du collège (1967) avec, en préliminaires, l’accueil de classes de 6e, de 5e dans des préfabriqués et, encore, de formations professionnalisantes dans divers bâtiments de la ville (l’école ménagère dans la salle Croizat) ;

- le sport avec l’accompagnement des associations par la construction de structures telles que la piscine, le stade de football et d’athlétisme Jacques-Havet, les terrain de tennis.

On lit ici la vision d’un maire né en 1912. Avec son équipe, il se faisait une représentation classique de la jeunesse qui va à l’école et a besoin de sport et d’activités culturelles. En ce sens, les trois mandats de Roland Levillain ont été bien remplis. Il a joué la carte du promoteur immobilier qu’il était en construisant des infrastructures publiques.

Mais, il n’a pas vu venir l’évolution. Il a laissé vieillir la population du centre ville, comme un chef-lieu de canton d’une zone rurale en perte d’activité, notamment à cause des fermetures d’usines surtout de chaussures. Il n’a lancé aucune construction d’Habitations à loyer modéré (HLM). Il a lancé quelques projets immobiliers privés, l’intéressant parfois personnellement, mais pas après 1972. La population archépontaine a baissé, la désindustrialisation aggravant cette évolution. Elle s’est renouvelée par l’arrivée de jeunes familles extérieures à la commune, motorisées, souhaitant ou étant contraintes de travailler à deux et donc nécessitant une plus grande prise en charge de ses enfants en dehors des liens traditionnels de la famille.

Qui plus est, la jeunesse commença à connaitre le lycée, les études universitaires, le chômage. L’adolescence se prolongea et laissa place à une classe d’âge plus large entre la fin de l’enfance et l’âge adulte où l’individu est autonome et indépendant. C’est durant cette décennie, les années 1970, qu’émergèrent les concepts d’adolescence et de “culture jeune”. Roland Levillain n’a pas adapté la gestion de la commune aux attentes de nouveaux citoyens désireux de plus d’accompagnement de leurs enfants par les services municipaux et le réseau associatif.

C’est ce que montra un projet, tout droit descendu de la politique d’État : le Mille club. Le Mille club était une salle polyvalente accordée à la commune par le ministère de la Jeunesse et des sports afin de promouvoir la cohésion sociale. Les élus archépontains ont, tout d'abord, envisagé de mettre le Mille club dans la Salle d’Armes. Ceci parce qu’on y pratiquait déjà le judo. Cela démontre l’incompréhension des élus qui ne voyaient pas l’intérêt de bâtir un nouveau bâtiment, pour quelle population et avec un nouveau budget alourdissant l’impôt.

Pourtant, Roland Levillain et son conseil acceptèrent officiellement la proposition du ministère lors du conseil municipal du 2 février 1977. Les élus votèrent un budget pour créer une dalle en béton devant supporter le Mille club.

 

Cette même année, 1977, les urnes portèrent la gauche ‒ enfin unie à Pont-de-l’Arche ‒ qui hissa le communiste Roger Leroux au siège de premier magistrat.  

Roger Leroux, en haut, regardant vers sa droite, sur le degré de l'hôtel de ville en compagnie des récipiendaires de la cérémonie de la fête des mères de 1979 (photographie des archives municipales).

Roger Leroux, en haut, regardant vers sa droite, sur le degré de l'hôtel de ville en compagnie des récipiendaires de la cérémonie de la fête des mères de 1979 (photographie des archives municipales).

 

Roger Leroux (1977-1989) : la mairie accompagne les associations et soutient activement les actions en faveur des loisirs des enfants

Roger Leroux était entouré d’une équipe jeune, dynamique, habituée au tissu associatif et désireuse de participation citoyenne. L’offre faite par le ministère de bâtir un Mille club arrivait au bon moment. Cette nouvelle équipe souhaitait rajeunir la population archépontaine et animer la cité médiévale, quitte à alourdir l’impôt considérablement, notamment à cause des emprunts permettant les acquisitions et constructions immobilières et à cause de l’augmentation du nombre d’employés communaux.

Entre tissu associatif et moyens municipaux, les nouveaux élus créèrent des sociabilités officielles telles que :

- l'Association pour les loisirs éducatifs de Pont-de-l'Arche (ALEPA) gérant l’Accueil de loisirs ;

- l'Office municipal des sports (OMS) ;

- le Groupe municipal d'actions culturelles (GMAC).

Les élus menèrent une réflexion sur l’accroissement de la population, son rajeunissement, les services publics nécessaires à son épanouissement. Cette réflexion fut menée, notamment, au sein de la Commission “jeunesse et loisirs”. Elle se traduisit rapidement par la création d’un Accueil de loisirs, d’abord dans les locaux des écoles (1978), une école communale de musique (1978) puis, aussi, de danse (1979), la construction d’équipements sportifs (tennis de table, terrain de rugby…), l’accompagnement des nouvelles associations notamment par des subventions…

Deux lieux symbolisent cette nouvelle politique :

- le plus important est le château de l’Accueil de loisirs acquis en 1980. Il s’agit de l’emplacement actuel. Les élus avaient hésité. Ils avaient tout d’abord envisagé de le créer de toutes pièces dans le quartier du Bon-air, à l’actuelle résidence Pierre-Mendès-France, mais le cout total était insupportable pour la commune. Le château est le pivot des actions destinées aux jeunes depuis lors ;   

- le Mille club, que nous traitons ci-après.

 

Les activités de l'Accueil de loisirs promues dans le bulletin municipal de l'équipe de Roger Leroux, Le Trait d'union n° 29, de novembre 1983.

Les activités de l'Accueil de loisirs promues dans le bulletin municipal de l'équipe de Roger Leroux, Le Trait d'union n° 29, de novembre 1983.

 

Le Mille club (1978) où le symbole d’une politique nationale destinée à la jeunesse

L’équipe de Roger Leroux avait souhaité créer de nouvelles résidences HLM. Prévoyant un rajeunissement de la population, les élus imaginèrent tout d’abord de bâtir l’Accueil de loisirs au Bon-air, près des quartiers à venir. Ils abandonnèrent ce projet, comme nous venons de le voir, mais gardèrent l’idée d’y laisser un espace de sociabilité. C’est ainsi que le Mille club fut bâti à l’endroit indiqué.

Il fut utilisé de suite pour accueillir principalement le judo et la toute nouvelle école de musique et de danse. Il arriva à point nommé pour la jeunesse des nouveaux quartiers de Pont-de-l’Arche, des quartiers à l’architecture nouvelle, pour une population issue notamment de l’extérieur de la ville, moins socialisée.

Néanmoins, la sociabilité de Pont-de-l’Arche se trouvait toujours vers le centre ville. Le Mille club servit surtout de salle associative, pas de lieu de vie spontané de la jeunesse du Bon-air.   

 

La place du Mille club dans les objectifs du ministère  

L’opération “Mille clubs de jeunes” a été impulsée par le ministère de la Jeunesse et des sports (MJS) entre 1966 et 1978. Depuis les années 1950, l’État gaullien était le promoteur de la “reconstruction nationale” de la France. Il construisit, notamment, les barres d’HLM dans les Zones à urbaniser d’urgence (les ZUP), ainsi qu’un réseau de Maisons des jeunes et des citoyens (MJC).

Cependant, au début des années 1960, l’État laissa le soin à des promoteurs privés de poursuivre la reconstruction selon un schéma déterminé. Il lança une vaste opération de construction de 1000 salles polyvalentes pour assurer la cohésion sociale principalement dans les quartiers nouveaux. La cohésion était primordiale dans ces nouvelles quartiers à l’architecture contemporaine, moins propice aux liens que les anciens centres bourgs ou les quartiers ouvriers, et où les gens arrivaient de tout le pays, sans bien se connaitre. Il s’agissait de recomposer une sociabilité, surtout à destination des 15-25 ans, notamment en leur faisant monter eux-mêmes leur local au cœur du quartier. Ce n’était pas une création, mais une action visant à compléter les MJC, dans l’esprit de déconcentration cher à Charles de Gaulle.  

Les Mille clubs étaient des subventions en nature attribuées par le ministère. À charge pour les communes de préparer le terrain, de faire les branchements et de bâtir les fondations. Aucun personnel n’était mis à disposition par l’État. Les jeunes des quartiers concernés devaient assembler les pièces préfabriquées, faire cause commune, faire corps et poursuivre l’aventure par d’autres projets socio-éducatifs de leurs choix (culture pour tous, creuset d’initiatives citoyennes, sports...).

Le cahier des charges requérait des constructions modulables, avec quatre locaux, un coin feu, un coin bar, des constructions standardisées, non laides et de qualité bien que provisoires. Quant à la beauté, on comprend qu’elle se mesurait, alors, depuis les habitudes sévissant durant les Trente glorieuses.  

Le nombre de Mille clubs fut attribué par région. Puis, des commissions départementales choisissaient et accordaient des subventions aux communes les moins riches. La priorité était donnée aux communes jeunes et dynamiques. On comprend alors que Pont-de-l’Arche, gérée par l’équipe de Roland Levillain, fût parmi les dernières communes récipiendaires.

En 1972, 1130 Mille clubs étaient bâtis dépassant les ambitions d’origine et démontrant un besoin parmi les communes et, aussi surement, parmi les entreprises attributaires des marchés. Dans le Plan de construction national adopté en 1971, une deuxième série de Mille clubs fut lancée. En 1978, le total de construction des deux séries fut de 2500 préfabriqués.

Quant à Pont-de-l’Arche, il y fut construit un Mille club d’un modèle poétiquement appelé “CL 480”, de “type Warens”. Ce modèle était construit par l’entreprise “SEAL-A. Béchu architecte”. Il était fonctionnel, sans appui intérieur limitant les mouvements. Avec sa trame de 1,2 m, il permettait une combinaison de panneaux de cloisonnement, sur deux carrés se recoupant en partie. Il faisait 150 m² et coutait 178 000 € TTC à l’État. Après cette expérience, l’interventionnisme de l’État par la commande cessa. Depuis, le soutien de l’État à la cohésion sociale passa par la suggestion et l’orientation de politiques communales par des subventions pour des constructions à la carte.

Mais, revenons à la politique en faveur de la jeunesse archépontaine. Qu’est-elle devenue depuis le virage de Roger Leroux et son équipe ?

Plan d'architecte des projets de Mille clubs (extrait du site mpt-blamont.com).

Plan d'architecte des projets de Mille clubs (extrait du site mpt-blamont.com).

Paulette Lecureux (1989-2001) : la mairie structure ses services et coordonne les actions en faveur de la jeunesse.  

Les successeurs de Roger Leroux n’ont pas remis en cause sa politique. Ils l’ont développée et étendue notamment aux adolescents et aux jeunes adultes. C’est à partir de Paulette Lecureux que l’on peut pleinement parler de politique, c’est-à-dire un débat, une réflexion sur les manières de vivre en société et, surtout, de bien vivre en société. La réflexion a, alors, porté sur l’inclusion des jeunes dans la cité (éducation, loisirs, travail, santé…). Il y a donc lieu de parler de politique pour la jeunesse au niveau communal.   

Dans les années 1970, l’insertion des jeunes est devenue une difficulté à traiter politiquement. En effet, il y eut désormais plus de jeunes arrivant sur le marché du travail que d’anciens le quittant. Le peuple français commença à connaitre le chômage. Qui plus est, la durée d’étude devint plus longue, le lycée ouvrit ses portes ainsi que l’université après Mai-1968. La France commença à connaitre des délocalisations et le paysannat se réduisit à peau de chagrin. Beaucoup de jeunes furent obligés, pour ne pas dire contraints, de se spécialiser dans l’utilisation de machines plus élaborées, dans des métiers plus spécialisés. Cela signifie que la classe d’âge située après l’enfance mais avant l’autonomie et, surtout, l’indépendance s’allongea et s’agrandit. Cette classe eut besoin de plus d’attention. Elle devint connue pour son attirance pour les loisirs, pour la mode. La notion de “culture jeune” apparut. Apparut aussi ce qu’on appelle un malaise social, fait de chômage, de drogue et de violence parfois ; d’où l’implication des pouvoirs publics dans l’insertion des jeunes.

 

Élue maire, Paulette Lecureux n’a pas découvert la situation de Pont-de-l’Arche. Elle était professeure des écoles et avait été l’adjointe aux affaires sociales de l’équipe de Roger Leroux. Elle n’effaça pas le tableau. Elle fit bâtir de nouvelles résidences HLM (Le Becquet, 1991, Espace Lartigue, 1997) mais avec pondération afin de maintenir un équilibre (une “mixité sociale”) avec les résidences accessibles à la propriété. Pont-de-l’Arche ne connut pas de quartiers à problèmes ou “sensibles” si on préfère l’euphémisme. Il n’y eut pas de marginalisation de bandes de jeunes, désœuvrés voire violents, trainant dans les rues. Certaines banlieues et villes nouvelles, à l’image de Val-de-Reuil, ont été des contre-exemples démontrant l’intérêt de prévenir ces risques impliquant une faible partie des jeunes. Tout en faisant baisser les taux d’imposition, Paulette Lecureux consolida et développa les services destinés à la jeunesse et établit précisément les tranches d’âge des publics cibles.

 

La petite enfance

La petite enfance bénéficia de structures d’accueil. Ainsi, en 1994 la crèche halte garderie “Bidibul” ouvrit ses portes avant de s’installer en 1998 dans un bâtiment proposé et aménagé par la municipalité : Le Manoir de Manon. Qui plus est, le Relai des assistantes maternelles fut ouvert en 1999 dans les locaux du Manoir de Manon. Ces actions ciblaient, en fait, les adultes et surtout les femmes désireuses ou contraintes de travailler mais n’ayant pas de famille pouvant garder leurs enfants. On peut se demander si l’évolution de fond de la société, consistant à faire garder les enfants pendant que les parents travaillent, a renforcé un certain mal être des enfants ; un mal être que l’on retrouve plus tard, à l’adolescence. En effet, la sociabilité s’appauvrit durant les heures où les adultes travaillent à l’extérieur. Il n’est pas question de perte mais de délitement des liens entre adultes et enfants à la maison comme dans la rue. C’est peut-être ce qui explique la montée en puissance des actions destinées aux adolescents et aux jeunes adultes dans cette même période.  

 

L’enfance

Les élus soutinrent le tissu associatif et les écoles dans leurs animations habituelles. En 1991, l’école élémentaire fut pourvue d’une bibliothèque baptisée “Gisèle Lepont” en l’hommage à cette employée de la commune décédée en cette période. En 1993, cette école fut rénovée et complétée par une salle d’activité. En cette même année, un terrain multisports, “l’agorespace”, fut créé par la naissante intercommunalité, appelée Pact urbain, entre la résidence HLM Louis-Aragon et l’espace de l’Accueil de loisirs. Mais, le changement s’observa surtout dans l’importance donnée à une association créée en 1979 et dénommée l’ALEPA, (l’Association pour les loisirs éducatifs de Pont-de-l’Arche). Celle-ci avait pour fonction de gérer l’Accueil de loisirs. Cette association recruta un employé permanent non seulement pour diriger l’Accueil de loisirs et, aussi, pour coordonner les actions des 16 associations de la ville. Il devait être la cheville ouvrière de la politique destinée à l’enfance et à la jeunesse. Ce fut Pierre Querniard, personnage qui marque la professionnalisation de ce secteur municipal, qui fut recruté. Cette nouvelle action se traduisit, entre autres, par la mise en place en 1996 d’ateliers périscolaires par le CAEJ et ce en lien avec La caisse d’allocations familiales (voir plus bas). Ces ateliers proposaient des activités autour du cirque, de la gymnastique, du théâtre, des arts plastiques, de la cuisine… Par ailleurs, une bibliothèque-ludothèque est inaugurée en 1995 à l’Accueil de loisirs.

Quelques premières pages de couverture de Pont-de-l'Arche ma ville, bulletin municipal de l'équipe de Paulette Lecureux où la jeunesse est souvent mise en avant.
Quelques premières pages de couverture de Pont-de-l'Arche ma ville, bulletin municipal de l'équipe de Paulette Lecureux où la jeunesse est souvent mise en avant.
Quelques premières pages de couverture de Pont-de-l'Arche ma ville, bulletin municipal de l'équipe de Paulette Lecureux où la jeunesse est souvent mise en avant.
Quelques premières pages de couverture de Pont-de-l'Arche ma ville, bulletin municipal de l'équipe de Paulette Lecureux où la jeunesse est souvent mise en avant.

Quelques premières pages de couverture de Pont-de-l'Arche ma ville, bulletin municipal de l'équipe de Paulette Lecureux où la jeunesse est souvent mise en avant.

 

L’adolescence et les jeunes adultes

La nouveauté de l’action municipale résida, surtout, dans le développement de services au profit des adolescents. Deux forces se rejoignirent :

- la première venait des jeunes eux-mêmes avec, en fer de lance, Richard Jacquet, futur maire de la commune. C’est en 1989, lors du bicentenaire, que des adolescents s’établirent dans la “Caverne des jeunes”. Il s’agissait d’une des salles annexes du parc de l’Accueil de loisirs, alors dirigé par Agnès Vandalle où, avec accord de la municipalité, les adolescents trouvaient un lieu de sociabilité. Ce lieu dut être mis aux normes de sécurité et fut restauré entre 1989 et 1992. Une association fut créée et les jeunes se proposaient, entre autres, de faire les courses des personnes âgées et de s’occuper de leurs animaux (Pont-de-l’Arche ma ville n° 3) ;

- la deuxième force vint, nous l’avons écrit, du recrutement en 1990, de Pierre Querniard (Pont-de-l’Arche ma ville 5). C’est à partir de là que la littérature municipale aborde la notion de politique ayant pour fin la jeunesse, comme en témoigne cet éditorial du bulletin municipal signé du maire, Paulette Lecureux : « Je crois qu’il est temps d’avoir des projets pour les adolescents qui revendiquent, à juste titre, une place dans notre commune. Ils se sont structurés : ils souhaitent être utiles et ils demandent que des activités leur soient proposées. La première tâche à laquelle sera confrontée l’ALEPA, dès le renouvellement du Conseil d’administration, sera ce dossier sous toutes ses formes : locaux, encadrement, activités, responsabilités. Nous faisons confiance à Pierre Querniard, notre permanent au Centre de loisirs, qui a fait ses preuves lors des sessions d’été, pour solutionner le problème de nos jeunes… » Quelques pages plus loin, l’employé plussoie et met en exergue que le « besoin doit dépasser la notion de simple garderie pour une conception de réels loisirs éducatifs »

 

Depuis ce temps, apparait et se structure dans la ville un service destiné aux adolescents et aux jeunes adultes. La Caverne des jeunes comprend un point “info jeunes” créé en 1993 pour répondre aux questions portant sur l’enseignement, la formation professionnelle, l’emploi, la vie pratique, les loisirs, les problèmes sociaux... Cela répond notamment à un souci des élus qui, à l’occasion d’une table ronde pour l’emploi tenue en 1991, déploraient que « Trop de jeunes sortent du système scolaire sans aucune formation. » (Pont-de-l'Arche ma ville n° 10, 1991). Avec 125 demandeurs d’emplois dans la ville, cela signifiait surtout que le degré d’exigence des entreprises et des administrations avait cru. Désormais, la majeure partie des jeunes et moins jeunes était contrainte d’avoir des qualifications professionnelles, que ce soit par une formation initiale plus poussée, plus pratique mais aussi par des expériences concrètes. Le monde du travail exigeait de plus en plus la compétitivité des individus.

 

En 1994, un atelier de théâtre fut cofondé par Pierre Querniard et Richard Jacquet (Pont-de-l’Arche ma ville n° 23). Réunissant 9 acteurs, la compagnie “l’Arche en scène” produisit ses premiers spectacles en 1996, spectacles écrits par Pierre Querniard (PA ma ville n° 4, juillet 1996). En 1997, il proposa un premier festival invitant des troupes étrangères : “Continents comédiens”.

Ces activités témoignent d’une sociabilité entre des jeunes et du personnel délégataire de service public. Ce lien se traduisit par le recrutement de Richard Jacquet en tant qu’animateur chargé du “secteur jeunes”. En effet, en 1996 le CAEJ distinguait désormais nettement deux publics : le secteur jeunes autour de Richard Jacquet, et le “secteur enfance” autour de Cathy Poissonnet (PA ma ville n° 7 octobre 1996). En 1998, le secteur des jeunes alla plus loin. Il proposa des animations d’été pour deux publics :

- les 12-15 ans étaient invités à la Caverne des jeunes pour des activités telles que le billard, le babyfoot, le tennis de table, un coin télé, des sorties sportives et culturelles et des minicamps à l’extérieur de la ville ;

- les 16-20 ans étaient conviés au Mille club autour d’une salle de jeux, d’un coin café, d’une salle avec télévision. Ils étaient invités à “mettre en place [leurs] activités et projets de vacances.” Quelques sommes étaient prévues par la mairie à cet effet.

C’est donc 20 ans après sa construction que le Mille club respecta sa vocation première de carrefour entre pouvoirs publics, initiatives citoyennes et construction d’une sociabilité locale.

Dans cette même veine, c’est en 1997 que la municipalité incita les jeunes à s’organiser et à s’exprimer plus encore. Un Conseil consultatif des jeunes fut proposé (PA ma ville n° 13, juin 1997). Des élections eurent lieu qui concernèrent 89 jeunes de 12 à 20 ans, inscrits de leur propre chef. Ils désignèrent Marc Perdereau comme président ainsi que 14 élus siégeants. Pour le maire, il s’agissait de créer un « espace d’apprentissage de la citoyenneté », c’est-à-dire une force de débat et de proposition. Certains dossiers furent sensibles, comme celui de définir l’utilisation d’un terrain ‒ non destiné à la construction ‒ au milieu du nouveau quartier de la Pommeraie (le “lot 160”). En 1998, c’est le Conseil consultatif des jeunes qui proposa un questionnaire pour savoir comment les riverains souhaitaient utiliser ce terrain de loisirs publics, devenu “l’espace ludique”.

 

Quelques premières pages de couverture de Pont-de-l'Arche ma ville, bulletin municipal de l'équipe de Paulette Lecureux où la jeunesse est souvent mise en avant.
Quelques premières pages de couverture de Pont-de-l'Arche ma ville, bulletin municipal de l'équipe de Paulette Lecureux où la jeunesse est souvent mise en avant.

Quelques premières pages de couverture de Pont-de-l'Arche ma ville, bulletin municipal de l'équipe de Paulette Lecureux où la jeunesse est souvent mise en avant.

 

Une politique en lien avec les partenaires publics.

Durant les deux mandats de Paulette Lecureux, la politique de la jeunesse se lit aussi à travers les partenariats entre la ville de Pont-de-l’Arche et d’autres structures publiques. Ainsi, le 22 décembre 1996 un contrat “enfance-jeunesse” fut signé entre la Ville et la Caisse d’allocations familiales, dépendant de la Sécurité sociale, afin d’allouer des crédits conditionnés par une amélioration des services. C’est ce qui permit la création de la crèche, la mise en place d’activités nouvelles au CAEJ, la mise en place de l’accueil périscolaire. Ce contrat fut reconduit en 1998 afin d’étendre le nombre de places en crèche, de créer le Relai des assistantes maternelles (RAM) et de développer l’Accueil de loisirs notamment en recrutant une bibliothécaire en vue d’activités destinées aux enfants de moins de 6 ans.

Enfin, un “contrat de ville”, dispositif prévu par la loi du 10 juillet 1989, est signé avec la future Communauté d’agglomération Seine Eure (CASE) le 22 décembre 2000. Comme toute structure intercommunale, la CASE avait pour compétence obligatoire la politique de la ville, c’est-à-dire l’action publique en faveur de la cohésion sociale dans certains quartiers prioritaires et ce sans cibler expressément le public jeune. Les élus de la CASE ventilaient donc ‒ sous conditions ‒ les crédits du ministère de la ville (créé en 1990) et ce afin de favoriser, dans le quartier du Bon-air, les loisirs, la médiation et la prévention auprès des jeunes. À Pont-de-l’Arche, on voit donc réapparaitre l’État d’une autre façon que celle de la politique des Mille clubs. Il semble que la Ville n’aurait pas bénéficié du contrat de ville sans la création de l’intercommunalité étant donné son caractère résidentiel.   

Néanmoins, les élections de 2001 ne permettront pas à Paulette Lecureux d’utiliser les moyens du contrat de ville au bénéfice des Archépontains.

 

Dominique Jachimiak, entre rupture d’une dynamique associative et tentative de maintien des services.

Le maire nouvellement élu, Dominique Jachimiak, agent comptable du collège, n’a pas remis en cause la politique de Paulette Lecureux et le lien avec les partenaires extérieurs.

Son élection a cependant redistribué les cartes. Le CAEJ, association gérant l’Accueil de loisirs, était très proche de l’ancien maire Paulette Lecureux et de Richard Jacquet, devenu meneur de l’opposition non élue. Le nouveau maire et son équipe étaient dans l’incapacité de travailler avec cette association. Ils lui retirèrent la gestion de l’Accueil de loisirs en 2003. La municipalisation de cette structure renforça, de fait et de droit, le poids de la mairie dans la politique de jeunesse mais laissa l’adolescence sur le carreau.

Pour pallier cela, l’inscription du quartier du Bon-air au contrat de ville de la CASE, en décembre 2000, permit au maire de recruter un professionnel chargé de médiation et de prévention. Dans la pratique, ce médiateur, aidé de personnes en contrats aidés, se chargeait d’animations et de chantiers pour adolescents et jeunes adultes. L’opposition a pu s’étonner du manque de concertation entre ce nouveau service et le personnel des autres services.

Par ailleurs, l’hôtel social ouvert en 1998, a été transformé en foyer de jeunes travailleurs de concert entre l’association Jeunesse et vie et la municipalité (pour une réalisation effective en 2009).

Au terme de ce mandat, on constate une montée en puissance de la mairie dans la politique de jeunesse et, paradoxalement, un manque de cohésion entre services municipaux et un manque de projet global pour ce public. Dominique Jachimiak ne fit, d’ailleurs, qu’un mandat ; contrairement à ses 3 prédécesseurs.

Le Mille club, rebaptisé "Espace jeunesse", fut rénové en 2011 pour devenir le siège du "service jeunesse" de la commune (cliché Armand Launay, 2011).
Le Mille club, rebaptisé "Espace jeunesse", fut rénové en 2011 pour devenir le siège du "service jeunesse" de la commune (cliché Armand Launay, 2011).

Le Mille club, rebaptisé "Espace jeunesse", fut rénové en 2011 pour devenir le siège du "service jeunesse" de la commune (cliché Armand Launay, 2011).

Le Mille club est devenu un lieu de sociabilité en 2012. Ici un après-midi sans activité particulière (cliché Armand Launay, 2012).

Le Mille club est devenu un lieu de sociabilité en 2012. Ici un après-midi sans activité particulière (cliché Armand Launay, 2012).

Richard Jacquet (depuis 2008) : la politique destinée à la jeunesse au cœur du projet municipal

Richard Jacquet fut élu maire en 2008. Il revint fort de son expérience d’animateur à Pont-de-l’Arche avant l’élection de Dominique Jachimiak. Entre temps, il était devenu coordinateur des actions pour la jeunesse à la mairie de Sotteville-lès-Rouen. Sa première adjointe, Angélique Chassy, était elle aussi coordinatrice de projets pour la jeunesse à la mairie de Val-de-Reuil. Dans cette équipe, figurait aussi Paulette Lecureux, ancien maire, qui fut désignée adjointe à l’intercommunalité puis adjointe à la jeunesse et à la vie sociale. C’est dire si ce secteur allait attirer l’attention de la nouvelle équipe.

Le travail a principalement reposé sur la modification de l’organigramme des services municipaux. Ceci a été possible financièrement grâce à la poursuite du contrat de ville entre la CASE et la Ville pour le quartier du Bon-air. Le personnel a bénéficié de nouveaux locaux, dans le Tremplin (2009). C’est au printemps 2011 que l’Espace jeunesse fut installé au Mille club pour une ouverture annuelle. Ce service a été restructuré au début de l’année 2012 au sein du service “enfance-jeunesse” qui comprend, itou, les activités de l’Accueil de loisirs. Le service jeunesse était alors placé sous la direction d’Aurélie Philippe avec le renfort de Romain Niaudeau (PA magazine n° 16, juin 2012). Il a proposé des animations variées avec, en sus, des stages de prévention sur les risques sociaux, des formations vers l’emploi, des forums de l’emploi et des chantiers jeunes (16-25 ans), c’est-à-dire des expériences professionnelles rémunérées et encadrées par des agents de la collectivité et en vue d’un service public. Cela a été le cas, notamment, pour la restauration d’un four à pain au bailliage et pour la tenue des Olympiades 276 qui furent des rencontres sportives, à partir de 2012, entre plusieurs centaines de jeunes issus d’Accueils de loisirs de la région rouennaise.

Par ailleurs, à la fois pour les adultes et les jeunes adultes, les élus proposent des forums de l’emploi et une session annuelle d’accompagnement de certains chômeurs intitulée “Les ponts de l’emploi”. Sous la houlette de la dynamique adjointe aux finances, Angélique Chassy, ce dispositif d'accompagnement, de conseil et de formation connait des résultats encourageants.

Cette période est aussi marquée par la restauration profonde des locaux de l’Accueil de loisirs (principal chantier du premier mandat). Afin que les parents retrouvent un espace d’expression officiel, Richard Jacquet associe ATLEA (l’Association des temps libres des enfants archépontains) à la réflexion des élus concernant l’accompagnement des enfants de la commune et, notamment, de l’Accueil de loisirs municipalisé en 2003 par son prédécesseur.

Une politique de lecture publique est initiée. Elle consiste à aller plus loin que l’existant : c’est-à-dire quelques réalisations comme le CDI des écoles primaires et de l’Accueil de loisirs, la tenue d’un festival “Livres en ville” (à partir de 2012), d’animations culturelles régulières et, enfin, la présence de la bibliothèque associative Bibliothèque pour tous. En effet, depuis 1944 la ville de Pont-de-l’Arche est restée en marge de la politique nationale de lecture publique. Or, un des publics prioritaires de cette politique est la jeunesse. C’est pourquoi, après étude qualitative et financière, les élus firent entrer dans le domaine municipal (2011) des locaux de la place Aristide-Briand afin d’y construire, après destruction des bâtiments, une médiathèque. La démolition des anciens locaux est annoncée pour la fin de l’année 2017.

Autre effort réalisé, le travail entre les différents services publics présents dans la ville. Prenons pour exemple l’organisation de concerts par le service culturel, concerts restituant le travail réalisé par des professeurs de l’école de musique Érik-Satie avec des collégiens. Autre exemple, la réforme des Rythmes scolaires, voulue par l’État, qui a été l’occasion, à l’échelle communale, de concerter les parents d’élèves, les enseignants, les services municipaux autour de la finalité et du fonctionnement des services offerts à la jeunesse.

 

Différentes activités de l'Espace jeunesse (cliché Armand Launay, de 2010 à 2013).
Différentes activités de l'Espace jeunesse (cliché Armand Launay, de 2010 à 2013).
Différentes activités de l'Espace jeunesse (cliché Armand Launay, de 2010 à 2013).
Différentes activités de l'Espace jeunesse (cliché Armand Launay, de 2010 à 2013).
Différentes activités de l'Espace jeunesse (cliché Armand Launay, de 2010 à 2013).

Différentes activités de l'Espace jeunesse (cliché Armand Launay, de 2010 à 2013).

Vers la démolition du Mille club, une fin symbolique ?

Il existe des communes, comme en Bourgogne, qui veulent faire labelliser leur Mille club par le ministère de la Culture. D’autres communes souhaitent s’en débarrasser. C’est le cas des édiles de Pont-de-l’Arche.  

Pour quelle raison ? C’est un article publié dans “Pont-de-l’Arche magazine n° 43” (septembre 2017) qui offre la réponse. Il s’agit de répondre aux besoins des habitants souhaitant devenir propriétaires. Or, les espaces constructibles sont devenus rares dans la commune. De plus, les élus voulaient améliorer l’entrée du quartier Pierre-Mendès-France et démolir le Mille club, grand consommateur d’énergie. C’est ainsi que, après l’inauguration le 23 juin 2017 de 4 logements bâtis par la société Amex dans la rue Émile-Lenoble, la ville autorise la construction de 6 logements T4 par cette même société. En contrepartie, certainement de la gratuité du terrain, la société Amex doit bâtir une maison de quartier. La sociabilité n’est pas abandonnée et les activités du service jeunesse se trouvent désormais au premier étage de la salle Ambroise-Croizat pour les 11 à 17 ans. C’est là que Roland Levillain y voyait, il fut un temps, le Mille club… Le bâtiment du Mille club a été abattu fin 2019.

Article de Pont-de-l'Arche magazine qui informe la population de la destruction du Mille club (septembre 2017).

Article de Pont-de-l'Arche magazine qui informe la population de la destruction du Mille club (septembre 2017).

 

Conclusion

Au terme de cet article fleuve, on mesure qu’en quelques décennies la collectivité a développé une politique pour la jeunesse. C’est vers 1977 qu’elle a pris un essor, c’est-à-dire au moment où le Mille club était attribué à la commune. Un temps dépendante des politiques nationales, cette politique est désormais pleinement assurée par les élus et les services municipaux. Elle nécessite toujours la participation de l’État, des Allocations familiales et, mieux, la concertation avec les services d’État comme l’Éducation nationale.

La disparition du Mille club ‒ 39 bougies ‒ est un paradoxe : c’est lorsqu’il était enfin utilisé conformément à la politique nationale de 1966 que sa destruction fut programmée, elle qui intervint fin 2019. Une logique opère, cependant. La municipalité prend en main sa politique de jeunesse. Elle l’inscrit dans la durée d’un projet réfléchi et non dans une perspective de reconstruction du pays, dans des constructions provisoires. Le constat est là, l’État est trop lointain pour s’adapter à toutes les réalités. Mais l’État est nécessaire pour impulser une politique, notamment à travers son soutien financier. Les initiatives citoyennes sont nécessaires mais ne suffisent pas. Il doit il y avoir une conjonction entre elles et des élus, des agents, garantissant le service public. Cette conjonction est le résultat d’une demande des citoyens qui doivent faire face à une évolution rapide de la société, des exigences du marché du travail et du délitement relatif des rapports humains. Il semble que la municipalité doive travailler dur pour maintenir une présence adulte autour des jeunes tout en les préparant à la mise en concurrence sévère qui les attend, et ce par une obsession de l’éveil et de l’éducation.

On mesure aussi que, ces dernières décennies, la place des initiatives citoyennes a eu tendance à diminuer. Ce ne sont plus principalement les associations qui portent les projets. C’est désormais surtout l’institution municipale qui s’en charge. Il n’est donc pas étonnant que les actions autour de la jeunesse aient, quelque part, porté aux rênes de la commune certaines personnes professionnellement responsables du bienêtre des jeunes.   

Enfin, il parait qu’il est bon de savoir finir un article.  


 

Bibliographie

- Hélène Verniers, “Les Mille clubs ou la cabane industrialisée”, pages 71 à 89. In Monnier Gérard, Klein Richard, Les années ZUP : architectures de la croissance (1960-1973), éditions A. et J. Picard, 2002, 301 pages  ;  

- L’Industriel de Louviers ;

- Les Délibérations du Conseil municipal ;

- Le Trait d’union : bulletin municipal des mandats de Roger Leroux ;

- Pont-de-l’Arche ma ville : bulletin municipal des mandats de Paulette Lecureux ;

- Pont-de-l’Arche magazine : bulletin municipal des mandats de Richard Jacquet.

 

Armand Launay

Pont-de-l'Arche ma ville

http://pontdelarche.over-blog.com

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20 septembre 2016 2 20 /09 /septembre /2016 11:50

La résidence Les Pins est une maison de retraite située à Pont-de-l’Arche, au bord de la route de Tostes (19, rue Roger-Bonnet). Elle comprend 53 chambres et des espaces communs. Elle a été, cette année, au centre de débats ayant abouti à la municipalisation de sa gestion.

 

La salle commune de la résidence des Pins vue depuis la cour durant les travaux vers 1969 (archives municipales).

La salle commune de la résidence des Pins vue depuis la cour durant les travaux vers 1969 (archives municipales).

 

Un projet de la municipalité de Roland Levillain

Roland Levillain est un maire divers-droite qui a réalisé trois mandats de maire à Pont-de-l’Arche. C’est à la fin de son premier mandat que le projet de maison de retraite entama sa concrétisation.

Ainsi, lors du conseil municipal du 2 décembre 1964 Roland Levillain prit la parole : “Notre réunion d'aujourd'hui sera certainement mes chers amis la plus importante depuis que avons en mains la responsabilité des destinées de notre ville. Elle va je pense apporter à ceux qui nous sont chers, un grand soulagement et une meilleure fin de vie !

Puis, à quelques mois des élections de 1965, le premier magistrat de la commune relate le bilan des années écoulées : le tout-à-l'égout, l’eau courante, la transformation du courant électrique, un contexte de plein emploi grâce à l’implantation de nouvelles usines et au commerce local, la construction scolaire, la construction du stade et “bientôt une splendide piscine que des villes les plus importantes nous envieront”.

“Avec le conseiller général, mes amis Serre et Coquais [adjoints], nous recherchons depuis des mois les terrains pour édifier une maison de retraite, afin de l'offrir non seulement aux anciens de notre ville mais aussi à ceux de notre canton afin de les accueillir à l'issue d'une vie laborieuse. Nous avons, et là je tiens à remercier notre conseiller général, constitué une association qui se nomme "Association archipontaine des équipes féminines" qui depuis bientôt deux mois multiplie les démarches pour arriver au résultat que nous cherchions…”

Le maire précise que l’association est présidée par Madame Labiche et constituée de plusieurs dames du canton, un ou deux membres du Conseil municipal. Il cite le précieux concours de la Caisse des dépôts et consignations, de la Caisse de vieillesse de Normandie, de la Caisse d'épargne de Louviers et, enfin, du Ministère de la santé publique.

Quant au terrain, il est question du concours de maitre Andrieu et de la compréhension de la famille Prieur, propriétaire, afin de finaliser prochainement un accord. La municipalité devra donc fournir un terrain “sans qu'il en coute un sou au contribuable”. La mairie se porte garante pour un emprunt de l'Association à hauteur de 168 900 francs.

 

 

Le nom et la mise en service : 1970

Quant au nom de résidence “Les Pins”, il apparait plus tard dans les archives. Il se trouve dans la droite lignée des nombreux noms d’espaces publics entérinés durant les mandats de Roland Levillain ‒ souvent sous le conseil de Lucien Siva, instituteur ‒ il évoque la nature et, plus précisément, la forêt de Bord et ses vastes pinèdes qui bordent la ville. Les premiers résidents prennent place à l’ombre des Pins durant l’année 1970.

 
La résidence Les Pins après la municipalisation de sa gestion. Pour l'oeil et pour l'heure, seul le visuel au-dessus de la porte d'entrée a été modifié (cliché Armand Launay, juillet 2016).
La résidence Les Pins après la municipalisation de sa gestion. Pour l'oeil et pour l'heure, seul le visuel au-dessus de la porte d'entrée a été modifié (cliché Armand Launay, juillet 2016).
La résidence Les Pins après la municipalisation de sa gestion. Pour l'oeil et pour l'heure, seul le visuel au-dessus de la porte d'entrée a été modifié (cliché Armand Launay, juillet 2016).

La résidence Les Pins après la municipalisation de sa gestion. Pour l'oeil et pour l'heure, seul le visuel au-dessus de la porte d'entrée a été modifié (cliché Armand Launay, juillet 2016).

2016 : la Ville entre dans le bois

“Pont-de-l'Arche magazine” n° 34, de mars 2016, nous apprend que la Ville, par le biais du Centre communal d’action sociale (CCAS) a souhaité prendre en main la gestion de la résidence Les Pins. Il s'agit-là du début du second mandat du maire socialiste Richard Jacquet.

Pour ce faire, elle a proposé à Eure habitat, propriétaire de l'ensemble immobilier de la résidence Les Pins, de reprendre la gestion locative du Foyer résidence pour personnes âgées (FRPA) des Pins. Exit l’Association archipontaine des équipes féminines, alors présidée par Jeannine Lacombe.  

Quelle est la motivation des élus ? Le magazine précise qu’il s’agit de programmer des actions contre l'isolement et de créer des actions intergénérationnelles. Il semblerait que l’idée soit de les pérenniser et les étendre car ce type d’actions avait déjà été entreprise les années précédentes. Il s’agit aussi, selon les élus, de s'assurer que les logements soient toujours occupés et de programmer des “travaux d'adaptation nécessaires et obligatoires” (notamment pour les Personnes à mobilité réduite). Enfin, des “opérations plus lourdes” seraient à prévoir, palliant ainsi plus de 45 ans d’érosion et répondant aux besoins d’une population française vieillissante.

Armand Launay

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13 septembre 2016 2 13 /09 /septembre /2016 19:07
Extrait de photographie représentant Simone Sauteur vers ses 20 ans (avec nos remerciements à Alain Corblin).

Extrait de photographie représentant Simone Sauteur vers ses 20 ans (avec nos remerciements à Alain Corblin).

Edité cet été, Au cœur du Vièvre avec le maquis Surcouf est un ouvrage d’Alain Corblin qui publie, commente et annote les mémoires de Simone Sauteur, secrétaire du plus grand réseau de Résistance de l’Eure et aussi archépontaine regrettée depuis 2012. Hommage et émotion…

Avant tout, Simone Sauteur est chez nous une attachante personnalité arrivée à Pont-de-l’Arche afin d’y exercer son métier : institutrice puis professeure au collège. Ceux qui l’ont connue se rappellent sa vivacité, sa gentillesse et sa capacité à partager son indignation quand une injustice l’agaçait ! Une dame entière, en deux mots. On se rappelle aussi, au fond de l’impasse des Avettes, celle qui parlait à ses fleurs et ses chats avec un sourire angélique que jamais elle ne perdit. On se rappelle aussi son salon, ses livres, ses icônes chrétiennes reliés par les sauts quasi incessants de leur propriétaire. On se rappelle son attachement profond au monde de la culture, de la poésie qui la mena à saluer la mémoire d’Hyacinthe Langlois au point de contribuer, avec Anita Patin, à donner le nom de cet artiste archépontain au collège. Elle anima aussi l’association nommée Chemin Hyacinthe d’artistique aventure (le CHAA).

Ce que l’on savait moins, c’est que la menue silhouette de Simone Sauteur était celle d’une résistante du maquis Surcouf puis lieutenant de l’armée de libération, connue sous le nom de code “Puce”, en référence à sa taille mais aussi, sûrement, à son nom de famille. C’est cette action en faveur de la France républicaine qui fut déjà mise au jour et en valeur quand, en 2009, Richard Jacquet fit de Simone Sauteur une citoyenne d’honneur. Un article fut alors publié afin de faire connaitre la lumineuse action de notre résistante locale et de disputer ses mérites aux automnes de l’oubli.

Cet été, un nouveau souffle a soulevé les feuilles des automnes passés et rouvert le livre de notre histoire nationale à des pages datant de 1943 à 1944. Ce souffle provient d’Alain Corblin, secrétaire de la Société historique de Lisieux et archiviste passionné. Fils de Marceau Corblin, passé membre du maquis Surcouf, Alain Corblin avait déjà publié en 2014 le journal de Robert Leblanc, chef du maquis Surcouf.

Alain Corblin publie les notes de Simone Sauteur ; notes qu’elle a retravaillées après-guerre en vue d’une première publication fin 1956. Ce projet de publication fut controversée parmi les vétérans de la résistance et resta lettre morte. Les 526 pages (avec annexes) nées de longues recherches nous font pénétrer dans le quotidien du réseau de résistance : ses indignations, ses coups d’éclats (destructions, attaques armées, sauvetages de soldats alliés, assassinat de collaborateurs…), ses blessures inconsolables qu’elles soient physiques ou affectives (morts au combat, victimes des représailles allemandes, déportations), son organisation quotidienne sans laquelle rien n’eut été. On y lit la force de la jeunesse prête à se sacrifier pour un idéal indépassable : la liberté, qui prend forme dans un projet collectif appelé la France ! On y trouve André Antoine, résistant dampsois qui a été commémoré à Pont-de-l’Arche par une plaque dans la rue autrefois appelée rue de l’église.

Cette lecture est précieuse qui permet de mettre de la chair autour de dates ou de faits historiques trop théoriques car nous ne les avons pas vécus. Dans leur décor normand, et sous des traits qui pourraient parfaitement être ceux de membres de nos familles, le témoignage de Simone Sauteur permet de saisir l’histoire mieux que par le seul intellect mais aussi par l’attachement sentimental, ce qui est bien l’indicatif de la Simone que nous connaissions...

 

Préfaces de Jean Quellien, professeur d’histoire honoraire de l’université de Caen-Normandie, et de Richard Jacquet, maire de Pont-de-l’Arche.

 

Disponible sur commande (19 € + 5,6 € de port) :

02 31 64 21 80 – corblin.alain@neuf.fr

Société Historique de Lisieux : 1, rue Paul-Banaston, Tour Saint Laurent, 14100 Lisieux.

 

 

Armand Launay

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21 octobre 2015 3 21 /10 /octobre /2015 15:02
Hormis durant des travaux ponctuels, allons-nous voir disparaitre, dans les prochaines années, ce type de panneaux délimitant Les Damps et Pont-de-l’Arche ? (cliché Armand Launay, juillet 2015).

Hormis durant des travaux ponctuels, allons-nous voir disparaitre, dans les prochaines années, ce type de panneaux délimitant Les Damps et Pont-de-l’Arche ? (cliché Armand Launay, juillet 2015).

 

Depuis mai 2013, le maire socialiste de Pont-de-l’Arche, Richard Jacquet, a officialisé un projet qu’il murit depuis son premier mandat, donc, où je comptais dans son équipe élue : fusionner administrativement les communes de Pont-de-l’Arche et des Damps. Il vise ainsi une plus grande efficacité du service public grâce à une mutualisation des moyens et un champ d’action plus cohérent : l’agglomération qui compte près de 5 800 habitants et non deux communes côte à côte avec des projets parfois discordants ou redondants.

Ce débat n’est pas nouveau et nous prenons plaisir à rappeler un chapitre de notre livre publié grâce à la mairie des Damps et son maire UDI, René Dufour : L’Histoire des Damps et des prémices de Pont-de-l’Arche (2007, éditions Charles-Corlet) : “La fusion des communes de Pont-de-l’Arche et des Damps… 4 projets en deux siècles !” Ajoutons un chapitre sur ce blog pour immortaliser ce cinquième projet qui sera peut-être, à moyen terme, le bon ?

Pont-de-l'Arche et Les Damps, ici sur Google maps (capture d'écran, octobre 2015), deux communes qui forment une même agglomération de 5 800 personnes. La question de la fusion entre les communes, à défaut de faire l'unanimité, mérite d'être étudiée.

Pont-de-l'Arche et Les Damps, ici sur Google maps (capture d'écran, octobre 2015), deux communes qui forment une même agglomération de 5 800 personnes. La question de la fusion entre les communes, à défaut de faire l'unanimité, mérite d'être étudiée.

Depuis 862… Pont-de-l’Arche s’est construit sur le territoire des Damps

Le projet de fusion des communes fait penser, de prime abord, à une volonté d’annexion de la petite commune par la grande. Le petit Poucet dampsois et l’ogre archépontain. Pourtant, Les Damps semble être l’agglomération d’origine. Au IXe siècle, quand le roi Charles le Chauve fit construire un pont fortifié pour barrer la Seine aux Vikings, la rive droite était appelée Pîtres et la rive gauche Asdans (qui deviendra “Les Damps”). Le hameau de Saint-Martin, appelé aujourd’hui Plaine de Bonport (commune de Criquebeuf-sur-Seine) était appelé Maresdans (la mare des Damps). Autour du fort protégeant l’entrée du pont, une ville s’est développée : Pont-de-l’Arche, c’est-à-dire le “pont de la forteresse”.

Les archives nous montrent que Les Damps était une paroisse organisée autour de son église Saint-Pierre, à l’endroit où l’on voit de nos jours la chapelle.

 

Les Damps se trouve depuis dans l’ombre de la ville...

Mais Pont-de-l’Arche, place militaire de fondation royale, a beaucoup grandi grâce à son rôle de police intérieure, au siège des administrations royales, et à son rayonnement marchand avec son marché, sa halle, ses artisans… Les Damps est devenu une petite paroisse qui a même été rattachée à celle de Saint-Vigor de Pont-de-l’Arche dans les années 1780. Les paroisses étaient les ancêtres autant que les embryons de nos communes. Les Damps a donc été annexé pendant des années et les Dampsois présentèrent donc leurs avis dans le cahier de doléances de Pont-de-l’Arche en 1789.

 

1790 : Les Damps devient une commune autonome… défendant ses droits !

Les Damps est doté en 1790 d’une entité administrative à la Révolution et possède, de ce fait, un Conseil municipal. Celui-ci doit se battre contre les prétentions de la commune de Pont-de-l’Arche surtout autour de l’ancienne église Saint-Pierre. Celle-ci était la propriété de la paroisse de Pont-de-l’Arche. Avec la Révolution, elle devint un bien de l’État avant d’être restituée à l’Église par Napoléon Bonaparte en 1801 (Concordat) et donc à la paroisse de Pont-de-l’Arche. Un problème administratif de taille se posa : l’église Saint-Pierre étant fermée par la paroisse de Pont-de-l’Arche, où pouvait-on enterrer les morts dampsois ? Un arrêté préfectoral datant de 1803 ferma le cimetière des Damps car l’église était abandonnée. La paroisse de Pont-de-l’Arche démolit l’église des Damps et son cimetière pour financer la construction d’un presbytère... à Pont-de-l’Arche. Déshabiller Pierre pour habiller Paul... Le litige entre la commune et la paroisse d’à-côté s’éternisait. En 1837, le préfet enjoignit la paroisse de Pont-de-l’Arche de laisser le cimetière à la commune des Damps ou d’éclairer cette affaire en justice. La paroisse de Pont-de-l’Arche se tourna vers ses amis élus...

Voici le début d’un texte présenté en 1850 par les élus dampsois contre la demande réunion des Damps à Pont-de-l’Arche. Le titre virulent et la forme dactylographiée ‒ rare en ce temps dans les archives communales ‒ montrent la détermination des Dampsois à se faire entendre par la préfecture. Archives de l’Eure (2F art. 2512).

Voici le début d’un texte présenté en 1850 par les élus dampsois contre la demande réunion des Damps à Pont-de-l’Arche. Le titre virulent et la forme dactylographiée ‒ rare en ce temps dans les archives communales ‒ montrent la détermination des Dampsois à se faire entendre par la préfecture. Archives de l’Eure (2F art. 2512).

1838 et 1848 : Pont-de-l’Arche passa à l’attaque !

Pressés par les dirigeants de la paroisse, le conseil municipal de Pont-de-l’Arche, souvent les mêmes personnes, présenta en 1838 à la préfecture une demande de fusion entre les deux communes. Les élus Dampsois obtinrent gain de cause et en 1841 le préfet déclara irrecevable la demande du maire archépontain. Le litige sur le cimetière continua. En 1848, le maire de Pont-de-l’Arche, Jean-Baptiste Olivier [des Bordeaux] décida d’agrandir le cimetière communal et demanda au conseil municipal des Damps de participer à la dépense. Ce dernier trouva la demande déplacée car le cimetière communal était inutilisable à cause de la paroisse archépontaine. En 1848, des Dampsois frappèrent un employé de la paroisse de Pont-de-l’Arche qui démolissait le mur du cimetière. Le conseil municipal des Damps entreprit de rouvrir son cimetière, ce qui déplut au maire de Pont-de-l’Arche qui arrêta que l’on n’enterrerait plus de Dampsois dans sa commune ! C’est le sous-préfet de Louviers qui résolut le conflit en proposant qu’on enterre les Dampsois à Pont-de-l’Arche jusqu’à l'ouverture du nouveau cimetière des Damps et que l’on trouve un terrain d’entente sur la participation des Damps aux frais d’utilisation du cimetière de Pont-de-l’Arche. Pour tenter d’anéantir la résistance des élus dampsois, le conseil municipal de Pont-de-l’Arche déposa en préfecture une demande de fusion entre sa commune et celle des Damps en 1848. Ceci devait être un chantage : Pont-de-l’Arche retirerait sa demande de fusion contre la cession du cimetière. Les élus Dampsois eurent gain de cause, rouvrirent le cimetière et, grâce au don des fidèles, la chapelle Saint-Pierre fut érigée et ouvrit ses portes en 1856.

 

1942 et 1972 : le Département proposa la fusion

Le Département proposa, dans le cadre de plans de regroupement de communes, la fusion entre Les Damps et Pont-de-l’Arche. Les Damps ne fut pas concerné contrairement à de nombreuses petites communes n’atteignant pas quelques dizaines d’habitants à cause du dépeuplement rural. Ce mouvement n'était pas nouveau : on passa, dans l’Eure, de près de 800 communes en 1850 à 650 de nos jours. Le conseil municipal du 30 octobre 1972 répondit en ces termes : “Le conseil, après avoir pris connaissance du plan départemental de regroupement des communes et du projet établi par la commission d’élus, projet qui prévoit la fusion des deux communes de Pont-de-l’Arche et des Damps, se faisant l’interprète de la population, hostile dans sa grande majorité ; tient à marquer – par un vote unanime – son opposition à ce projet de fusion”. Ces projets de simplification administrative restèrent sans conséquences pour notre commune.

 

L’intercommunalité, une sorte de fusion qui a fait peur en son temps...

La loi Joxe du 6 février 1992 a relancé la question de la fusion en incitant les collectivités locales à se regrouper en Communautés de communes. La fusion se limite, dans ce cadre, à la mise en commun de moyens humains et financiers pour mieux étudier les besoins d’un territoire et faire des économies d’échelle. Il s’agit de mettre en commun certaines compétences administratives. Concernant nos communes, l’embryon de la Communauté d’agglomération Seine-Eure (CASE) émerge à partir de 1993 (le “PACT urbain”) autour de Louviers, Val-de-Reuil et Pont-de-l’Arche, dont le maire était alors la socialiste Paulette Lecureux.

Mais ce type de projet suscite bien des craintes parmi la population et donc parmi les élus. La majeure partie des maires du canton de Pont-de-l’Arche craint que la CASE n’éteigne la voix des petites communes et que celles-ci paient les projets et les dettes des grandes communes. Ils fondent alors en 1996 la Communauté de communes Seine Bord (CCSB). La CASE quant à elle prend sa forme actuelle en 2001 et Paulette Lecureux parvint à y faire entrer Pont-de-l’Arche malgré une mobilisation de citoyens hostiles à ce projet. Si l’histoire a donné raison à Paulette Lecureux le 1er janvier 2013 où Seine Eure et Seine Bord ont fusionné, cette élue a peiné à expliquer le bienfondé de sa démarche et l'a payé par une défaite électorale en 2001.  

 

Mais… Les Damps et Pont-de-l’Arche sont déjà réunis !?

Aujourd’hui l’intercommunalité suscite une question : à quoi bon fusionner nos communes si elles font déjà partie de la même intercommunalité et que nos maires sont tous deux Vice-présidents de cette agglomération ?

D’une part, la majeure partie des compétences restent municipales. De plus, la naissance des intercommunalités ne s’est pas traduite par le transfert du personnel des communes aux nouvelles intercommunalités. Il est dommage de ne pas alléger les dépenses de fonctionnement par des commandes plus vastes, permettant des économies d’échelle. Il est dommage de ne pas additionner les compétences des fonctionnaires qui gagnent en spécialisation et en formation professionnelle dans des structures plus grandes. Pensons aux services centraux (finances, ressources humaines, accueil…), aux espaces verts et aux services techniques, aux accueils de loisirs... Il est dommage qu’une commune comme Les Damps ne s’adjoigne pas les services communication, parentalité, espace jeunes, animation, social et accompagnement, la police municipale d’une commune de taille moyenne comme Pont-de-l’Arche.

 

On ne pourra pas reprocher à Richard Jacquet d’œuvrer pour son intérêt électoral. En effet, étant donné le poids du vote de droite aux élections municipales des Damps, il donnerait à son opposition de droite, dans le cadre d’une fusion, une base électorale qu’elle a perdu depuis la fin des années 1970.

Quoi qu’il en soit, le conseil municipal des Damps du 19 octobre 2015 a précisé qu’il n’avait pas été élu en 2014 sur les bases, mêmes hypothétiques, d’une fusion avec Pont-de-l’Arche. À ce titre, il reporte un tel projet aux élections de 2020 si les candidats et les électeurs jugent pertinent ce débat et ce choix. Il ne ferme pas les discussions projetant, éventuellement, la mutualisation de services qui, elle, a le mérite de pouvoir se faire même sans fusionner les communes. Ce serait un test progressif pour évaluer l’opportunité humaines et financière d’une fusion…

Il sera difficile de convaincre les Dampsois, d’une part, que la ville de Pont-de-l’Arche leur fera gagner des services supplémentaires et, d’autre part, qu’ils ne verront pas leurs impôts locaux s’alourdir.  

Passées, peut-être, ces difficultés… et après un référendum, qui sait (?), on parlera dans les documents administratifs de la commune de Pont-de-l’Arche Les Damps et, dans les conversations, dans les cœurs, on restera toujours Archépontain et Dampsois. Prenons exemple sur Autheuil et Authouillet, villages qui ont fusionné en 1971 dans la commune d’Autheuil-Authouillet… et qui n’en restent pas moins des villages à part entière.

 

Conclusion

Après les projets honteux de 1838 et 1848, les projets froidement administratifs de 1942 et 1972, la proposition de Richard Jacquet constitue la première demande de fusion des deux communes autour d’un projet d’intérêt commun, d’un contenu à élaborer de part et d’autre de la rude frontière du chemin de la Borde et de la rue du Val. Aux élus archépontains de convaincre, aux élus Dampsois de décider.  

Depuis 1838, le camp gaulois des Damps résiste farouchement aux positions de Pont-de-l'Arche, récemment renforcées par César Jacquet (avé Richard, ceux qui sont exilés te saluent !). Il leur faudra parlementer pour peut-être construire le domaine des dieux là où l'Eure et la Seine se rejoignent pour la première fois...

Depuis 1838, le camp gaulois des Damps résiste farouchement aux positions de Pont-de-l'Arche, récemment renforcées par César Jacquet (avé Richard, ceux qui sont exilés te saluent !). Il leur faudra parlementer pour peut-être construire le domaine des dieux là où l'Eure et la Seine se rejoignent pour la première fois...

Armand Launay

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  • : Pont de l'Arche et sa région histoire, patrimoine et tourisme
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Mes activités

Armand Launay. Né à Pont-de-l'Arche en 1980, j'ai étudié l'histoire et la sociologie à l'université du Havre (Licence) avant d'obtenir un DUT information-communication qui m'a permis de devenir agent des bibliothèques. J'ai acquis, depuis, un Master des Métiers de l'éducation et de la formation, mention Lettres modernes. Depuis 2002, je mets en valeur le patrimoine et l'histoire de Pont-de-l'Arche à travers :

- des visites commentées de la ville depuis 2004 ;

- des publications, dont fait partie ce blog :

Bibliographie

- 20 numéros de La Fouine magazine (2003-2007) et des articles dans la presse régionale normande : "Conviviale et médiévale, Pont-de-l'Arche vous accueille", Patrimoine normand n° 75 ; "Pont-de-l'Arche, berceau de l'infanterie française ?", Patrimoine normand n° 76 ; "Bonport : l'ancienne abbaye dévoile son histoire", Patrimoine normand n° 79 ; "Chaussures Marco : deux siècles de savoir-plaire normand !", Pays de Normandie n° 75.

- L'Histoire des Damps et des prémices de Pont-de-l'Arche (éditions Charles-Corlet, 2007, 240 pages) ;

- Pont-de-l'Arche (éditions Alan-Sutton, collection "Mémoire en images", 2008, 117 pages) ;

- De 2008 à 2014, j'ai été conseiller municipal délégué à la communication et rédacteur en chef de "Pont-de-l'Arche magazine" ;

- Pont-de-l'Arche, cité de la chaussure : étude sur un patrimoine industriel normand depuis le XVIIIe siècle (mairie de Pont-de-l'Arche, 2009, 52 pages) ;

- Pont-de-l'Arche, un joyau médiéval au cœur de la Normandie : guide touristique et patrimonial (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 40 pages) ;

- Pont-de-l'Arche 1911 I 2011 : l'évolution urbaine en 62 photographies (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 32 pages) ;

- Mieux connaitre Pont-de-l'Arche à travers 150 noms de rues et de lieux ! (Autoédité, 2019, 64 pages) ; 

- Déconfiner le regard sur Pont-de-l'Arche et ses alentours (Autoédité avec Frédéric Ménissier, 2021, 64 pages) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (publié en ligne, 2022) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (version mise en page du précédent ouvrage, édité par la mairie de Terres-de-Bord, 2023).

Depuis 2014, je suis enseignant à Mayotte.

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