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20 décembre 2013 5 20 /12 /décembre /2013 12:51

Après Pont-de-l'Arche et Les Damps, hommage à ma troisième ville... 

 

Juillet 2005, l’UNESCO a classé le centre-ville reconstruit du Havre au patrimoine de l’humanité. Le jury a reconnu l’œuvre de l’architecte Auguste Perret, pierre angulaire de la renaissance du Havre, premier port normand dont le centre-ville a été rasé à plus de 80 % en 1944. Nous sommes partis à la recherche des 20 % ayant subsisté – et surtout des éléments de la Renaissance – mais aussi des longères cauchoises englobées dans la banlieue... Et oui ! Certains charmes de la ville fondée en 1517 par François Ier sont toujours là et nous attendent !

 

Le Havre en 2011 (cliché Armand Launay).

Le Havre en 2011 (cliché Armand Launay).

« Le roy sur la hautR d’Ingouville », dessin de Descamps et gravure de Jean-Philippe Le Bas (1749). Publié dans Le Havre d’autrefois (Alexis-Guislain Lemâle, 1883).

« Le roy sur la hautR d’Ingouville », dessin de Descamps et gravure de Jean-Philippe Le Bas (1749). Publié dans Le Havre d’autrefois (Alexis-Guislain Lemâle, 1883).

On peine à croire que ce cliché contemporain et cette reproduction de gravure de 1749 représentent le même lieu. En bas, Louis XV « observe le beau point de vüe » depuis une perspective nettement matérialisée par la vaste allée d’arbres menant au bastion qui défendait l’entrée du « Havre de Grace ». Aujourd’hui, cette allée est noyée dans le tissu urbain. A gauche de l’immense beffroi, au milieu de la photographie, le bâtiment de l’hôtel de ville coupe, en son milieu, la perspective qui nous intéresse. En prolongeant cette perspective, derrière l’hôtel de ville, on emprunte la rue de Paris, à côté du Volcan (bâtiment blanc légèrement à gauche du beffroi). Les plus observateurs apercevront le clocher de Notre-Dame se détachant plus loin encore, au-dessus d’un immeuble et devant un premier bassin du port. Au loin, l’horizon se dégage sur l’estuaire de la Seine et la côte de Villerville, Trouville, Deauville. Autour de la ville retranchée derrière les fortifications Vauban, se trouvent des maisons rurales, quelques moulins et des cabanes de pêcheurs à droite. Dans la ville se dressent les innombrables mâts des navires mouillant autour du quartier Saint-François. En bas à gauche de la photographie se dresse le clocher de la chapelle d’Ingouville, bel élément des XVe et XVIe siècles.

 

1944-2005 : du centre-ville rasé… à l’UNESCO

Ruines du Havre après le bombardement des 4 et 5 septembre 1944 (photographie de Georges Priem, AD Seine-Maritime).

Ruines du Havre après le bombardement des 4 et 5 septembre 1944 (photographie de Georges Priem, AD Seine-Maritime).

1944 (4 et 5 septembre) : l’aviation anglaise bombarde le centre-ville du Havre faisant 5 000 victimes, 80 000 sinistrés (la moitié de la population) dont 40 000 sans-abris. 12 500 immeubles démolis.

1944 (12 septembre) : la ville est libérée par les Alliés.

1945 : Raoul Dautry, ministre de la Reconstruction, choisit l’architecte Auguste Perret pour diriger le colossal chantier de reconstruction du Havre.

Auguste Perret (1874-1954) : à 71 ans, le pionnier de l’architecture contemporaine et du béton armé possède une réputation mondiale. Il est le seul architecte français à disposer d’un cabinet d’étude structuré à la Libération. Héritier de la tradition rationaliste française, Auguste Perret a créé l’école du « classicisme structurel » reposant sur une grille modulaire de 6,24 m par 6,24 m pour rendre homogènes les rues, les édifices, les places… Au Havre, il travaille de concert avec plusieurs dizaines d’architectes, des élus…

1946 : pose de la première pierre du premier immeuble définitif.

1957 : première pierre de l’église Saint-Joseph.

1958 : inauguration de l’hôtel de Ville.

1995 : le centre ville est classé en Zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager (ZPPAUP).

1996 : premières études visant à faire classer le centre-ville à l’UNESCO.

2001 : Le Havre obtient le label Ville d’art et d’histoire.

2004 : après validation au ministère de la Culture, le dossier du Havre est envoyé à l’UNESCO.

2005 : en juillet, l’UNESCO décide d’inscrire le centre-ville du Havre au patrimoine mondial.

 

 

Quartier Notre-Dame

Premier quartier bâti suite à la volonté de François Ier, à partir de 1517, le quartier Notre-Dame constituait le centre de la ville blottie derrière ses remparts. Des pierres témoignent encore…  

 

Notre-Dame de Grâce

Gravure extraite du Havre d'autrefois (Alexis-Guislain Lemâle, 1883).

Gravure extraite du Havre d'autrefois (Alexis-Guislain Lemâle, 1883).

L’église Notre-Dame hier et aujourd’hui, un des plus beaux exemples de patrimoine ancien ayant passé la guerre (cliché Armand Launay, 2011).

L’église Notre-Dame hier et aujourd’hui, un des plus beaux exemples de patrimoine ancien ayant passé la guerre (cliché Armand Launay, 2011).

Touchée par les bombardements en 1944, Notre-Dame du Havre – ou Notre-Dame de Grâce – a bénéficié de vastes restaurations achevées en 1992. Ce n’est qu’en 1974 qu’elle fut élevée au rang de cathédrale, ce qui est tout un symbole puisque Notre-Dame est le plus ancien édifice du centre-ville du Havre ! Elle témoigne à merveille des styles architecturaux qui se sont succédé au fil des siècles : gothique, renaissance et baroque. Sa construction nous renvoie au Havre avant Le Havre car elle a remplacé une chapelle antérieure à la fondation de la ville en 1517. Bâtie au bord de mer, dans une zone très humide, elle était envahie par les hautes marées. Les archives narrent que, durant certains offices, le curé était contraint de monter sur un tabouret pour garder les pieds au sec ! La photographie contemporaine et la gravure publiée dans Le Havre d’autrefois (Alexis-Guislain Lemâle, 1883) montrent les différentes influences architecturales de cet édifice. En haut à droite, émerge la tour-clocher dont la construction a commencé en 1540 au sud de la façade occidentale. Sa flèche fut détruite en 1562 lorsque les Anglais furent chassés de la ville après que les protestants leur ont ouvert les portes. Le gros-œuvre de l’église a été bâti à partir de 1572 par Richard Mallet, maçon, et Nicolas Duchemin, maitre maçon. Les travaux ont été interrompus par les troubles de la Ligue et les portails latéraux n’ont été élevés qu’en 1604 et 1605. C’est en 1630 que les architectes rouennais Pierre Hardouin et Marc Robelin achèvent le grand portail occidental. Les voûtes des chapelles et les bas-côtés n'ont été achevés qu'en 1636. La façade occidentale, à peine terminée, s'affaisse en 1638. Elle est redressée par le maçon Hérouard. Notre-Dame a été inscrite aux Monuments historiques en 1918.

 

 

Le muséum d’histoire naturelle

Le muséum d'histoire naturelle en 2011 (cliché Armand Launay).

Le muséum d'histoire naturelle en 2011 (cliché Armand Launay).

Le Muséum d'histoire naturelle, place du Vieux marché, est un ancien palais de Justice construit de 1758 à 1760 sur les plans de l’ingénieur Dubois. De style classique, le bâtiment présente une magnifique façade ouest classée Monument historique. Son corps central est surmonté d’un fronton triangulaire. La corniche et les balustres sont d’origine. A l’intérieur, un monumental escalier et sa rampe en fer forgé à panneaux, classé Monument historique, permettent d’accéder aux salles du muséum. En effet, en 1876 l’ancien palais a été désaffecté et a laissé place à un muséum en 1881. Entièrement détruit en 1944, le bâtiment est restauré et ouvre de nouveau au public en 1973.
Ce service municipal conserve d’impressionnantes collections de paléontologie, zoologie, préhistoire, ainsi que 8 000 dessins et manuscrits de Charles-Alexandre Lesueur. Le Muséum propose des expositions temporaires, des visites guidées et des animations pour le jeune public…

 

 

Le quartier Saint-François

Véritable ilot dans la ville, Saint-François est le quartier marin par excellence. En témoignent les bassins, qui l’entourent, qui servirent durant des siècles à l’entretien des voiliers. Les ruelles de Saint-François, bien plus étroites que celles du centre-ville reconstruit, sont propices à la balade, ce dont profitent les nombreux restaurants. La criée se situe toujours dans ce quartier au pied de la somptueuse façade de la Maison de l’Armateur et non loin d’autres vestiges des temps anciens…

 

La maison de l’Armateur

La maison de l’Armateur (fin XVIIIe siècle), un des plus beaux vestiges du Havre d’antan (cliché Armand Launay, 2011).

La maison de l’Armateur (fin XVIIIe siècle), un des plus beaux vestiges du Havre d’antan (cliché Armand Launay, 2011).

La maison de l’Armateur (fin XVIIIe siècle), détail de la corniche présentant des symboles marins (cliché Armand Launay, 2011).

La maison de l’Armateur (fin XVIIIe siècle), détail de la corniche présentant des symboles marins (cliché Armand Launay, 2011).

La maison de l’Armateur (fin XVIIIe siècle), vue sur l’étonnant puits de lumière autour duquel est bâtie la demeure (cliché Armand Launay, 2011).

La maison de l’Armateur (fin XVIIIe siècle), vue sur l’étonnant puits de lumière autour duquel est bâtie la demeure (cliché Armand Launay, 2011).

La maison de l’Armateur a été édifiée sur les plans de l’architecte de la ville et des fortifications du Havre, Paul-Michel Thibault (1735-1799). Elle fut vendue en 1802 à l’armateur Martin-Pierre Fouache qui y installa sa résidence d’hiver, plus près de ses entrepôts. L’architecture de cette demeure est extraordinaire. L’hôtel est construit autour d'un puits de lumière hexagonal, à couverture vitrée, autour duquel s’ouvrent quatre étages de couloirs circulaires et de 25 pièces. L’hôtel est inscrit le 28 avril 1950 sur la liste des Monuments historiques et racheté en 1955 par la Ville du Havre. Depuis 2006, son intérieur est accessible au public qui peut apprécier, outre l’architecture, plusieurs dizaines d’objets anciens (meubles, objets d’arts, peintures…). La façade, donnant sur le port de pêche, offre de magnifiques sculptures classiques, notamment des colonnes ioniques, une corniche à modillons et une frise ornées de motifs marins : compas, longue-vue, bateau, ancre...

 

L’hôtel Dubocage de Bléville

L’hôtel Dubocage de Bléville (XVIe siècle) et le chevet de l’église Saint-François (cliché Armand Launay, 2011).

L’hôtel Dubocage de Bléville (XVIe siècle) et le chevet de l’église Saint-François (cliché Armand Launay, 2011).

Les pans de bois de l’hôtel Dubocage de Bléville (XVIe siècle) et la ruelle pavée (cliché Armand Launay, 2011).

Les pans de bois de l’hôtel Dubocage de Bléville (XVIe siècle) et la ruelle pavée (cliché Armand Launay, 2011).

Du pan de bois dans le centre-ville du Havre ? C’est possible ! Il suffit de se rendre à l’hôtel Dubocage de Bléville. Ce magnifique édifice fut construit pour Michel Dubocage de Bléville (1676-1728). Ce navigateur découvrit l’ile de la Passion, un ilot français connu sous le nom de Clipperton et situé dans l’océan Pacifique à 6 000 km du Mexique, et fut le premier à commercer avec la Chine. Sa maison fut bâtie par Jérôme Bellarmato, l’architecte italien nommé responsable de la construction du Havre par François Ier. L’hôtel regroupe deux bâtiments du XVIe siècle dont une très belle demeure à pans de bois, partiellement couverte d’essentes en ardoise, du côté de la rue Jérôme-Bellarmato. Du côté de la rue de Bretagne, devant une cour pavée et un joli jardin à la française, se dresse un somptueux édifice à appareillage mixte, fait de brique et de silex noir, au pied du chevet de l’église Saint-François. Cette propriété de la Ville du Havre est partiellement inscrite aux Monuments historiques depuis le 4 octobre 1946. Ses différentes salles proposent au public de retracer la vie d’une famille de négociants à travers de beaux objets du quotidien et des tableaux mettant en valeur l’histoire maritime du Havre. Des visites guidées sont proposées.

 

L’église Saint-François et les maisons anciennes

François Ier voulait fonder une église en hommage à saint François de Paule. C’est pourquoi la construction d’une église baroque commença en 1524 mais les guerres de religions contrarièrent le projet et le chœur ne fut construit qu’en 1687. Non loin, sous le cri des goélands, il est plaisant de marcher dans les ruelles anciennes des rues Dauphine et de Bretagne. Ici les demeures sont hautes et étroites comme à Honfleur et évoquent ce que fut le centre ville du Havre avant 1944. Anodine, masquée sous des essentes en ardoise, une maison à pans de bois du XVIe siècle fait face à l’hôtel du Bocage de Bléville, au 88 de la rue de Bretagne. Au quai Delavigne, une autre surprise de l’Ancien Régime nous attend : la maison natale du poète et dramaturge Jean-François Casimir Delavigne, né le 5 avril 1793 et mort à Lyon le 11 décembre 1843.

Du haut du prieuré de Graville, 10 siècles d’histoire vous contemplent…

 

Fondé au XIe siècle sur le coteau, l’ancienne abbaye de Graville offre un magnifique panorama sur l’estuaire, Le Havre et la zone portuaire. Ses plus beaux bâtiments, de style roman, nous plongent au cœur de la Normandie médiévale…

A l’entrée du Havre, sur le coteau, le prieuré de Graville présente une belle église romane (XIe siècle) et un très beau panorama sur l’estuaire (cliché Armand Launay, 2011).

A l’entrée du Havre, sur le coteau, le prieuré de Graville présente une belle église romane (XIe siècle) et un très beau panorama sur l’estuaire (cliché Armand Launay, 2011).

Le vent de l’estuaire accueille le visiteur dans le parc de l’abbaye de Graville où se dressent les premières stèles du cimetière romantique du XIXe siècle. Le clocher roman de l’église abbatiale émerge au-dessus des bâtiments. Classée aux Monuments historiques en 1850, cette église romane en pierre de Caen possède une nef à unique vaisseau central à six travées bordé de bas côtés. Elle présente deux niveaux de fenêtres sur des murs épais et assez bas caractéristiques du XIe siècle. Ses chapiteaux finement sculptés, ses voutes en plein cintre bordées de motifs géométriques sont l’indicatif de l’art roman normand. Le transept, également du XIe siècle, laisse apparaitre la massive charpente en bois avant de donner sur le chœur gothique (XIIIe siècle) repris aux XIXe et XXe siècles. Ce dernier abrite le sarcophage de Sainte-Honorine, dit-on, qui daterait de la fin de l’antiquité où les premiers moines venus de Bayeux s’installèrent à Graville et le long de la Seine, vers Paris. Gravement endommagée en 1944, l’église doit son salut à des restaurations achevées dans les années 1980. Dehors, le cloitre en ruine laisse place à une belle terrasse. La salle du chapitre, où les moines se réunissaient chaque jour, sert aujourd’hui d’accueil aux visiteurs. Elle présente des vestiges des premiers bâtiments conventuels gothiques bâtis vers la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle par Guillaume Mallet de Graville, descendant de Guillaume Mallet, compagnon de Guillaume le Conquérant. Il s’agit d’une baie en tiers-point donnant sur le cloitre et d’arcatures aveugles finement sculptées. A voir aussi, la plus grande salle du sous-sol, de la même époque, qui servait de cellier. Parmi les objets exposés, se trouvent les têtes de la Vierge noire et de l’Enfant Jésus. Ce sont les vestiges de la statue offerte par les mères des soldats français en remerciement car l’armée prussienne – aux portes de la ville en 1870 – n’a jamais occupé Le Havre. Inaugurée en 1875, elle a été endommagée par les bombardements de 1944 et remplacée par une copie en cuivre martelé et patiné inaugurée en 1995.

Dans le musée du prieuré sont conservées les têtes de la Vierge Marie et de l’Enfant Jésus, vestiges de la statue érigée en 1875 car Le Havre a été épargné de l’occupation prussienne. Endommagée en 1944, elle a été remplacée par une nouvelle statue située dans le parc du prieuré (cliché Armand Launay, 2011).

Dans le musée du prieuré sont conservées les têtes de la Vierge Marie et de l’Enfant Jésus, vestiges de la statue érigée en 1875 car Le Havre a été épargné de l’occupation prussienne. Endommagée en 1944, elle a été remplacée par une nouvelle statue située dans le parc du prieuré (cliché Armand Launay, 2011).

Un patrimoine rural dans la ville

A la différence de Rouen, Le Havre a englobé les communes voisines ce qui fait d’elle la plus grande commune de Normandie. Quelques éléments de patrimoine rural se sont trouvés englobés dans la ville…

 

La chapelle Saint-Michel d’Ingouville

Blottie au pied du coteau, Saint-Michel d’Ingouville (fin XVe-début XVIe siècles) a été l’église métropole de la région avant la fondation du Havre et ce jusqu’à la Révolution (cliché Armand Launay, 2011).

Blottie au pied du coteau, Saint-Michel d’Ingouville (fin XVe-début XVIe siècles) a été l’église métropole de la région avant la fondation du Havre et ce jusqu’à la Révolution (cliché Armand Launay, 2011).

Située au pied du coteau, la chapelle d’Ingouville fait partie d’un joli parc de quartier. Sait-on qu’elle fut bâtie pour le bourg d’Ingouville et qu’elle fut l’église métropole de la proche région du Havre jusqu’à la Révolution ? En effet, les travaux de Saint-Michel ont débuté en 1480, sous l’impulsion du le seigneur Jean Mallet de Graville, et ont prit fin en 1516, un an avant la date de fondation du Havre par François Ier. Ainsi, pendant plus de deux siècles, la future cathédrale Notre-Dame a dépendu de Saint-Michel d'Ingouville. L'église n’est composée que d’un vaisseau. Ses murs épais en pierre de taille calcaire sont soutenus par des contreforts. La façade nord n'a pas de fenêtre. Le mur méridional est percé de cinq baies vitrées avec meneaux flamboyants. Nombreuses sont les décorations en silex noir, caractéristique du pays de Caux, et notamment les armes du seigneur de Graville au-dessus du portail latéral. La tour est surmontée d’un clocher à flèche de charpente. Une statue de Saint-Michel terrassant le dragon orne une niche de la façade ouest. Bien qu’elle fût richement dotée, l’église Saint-Michel fut plusieurs fois menacée de destruction. En 1838, elle perdit son titre d'église paroissiale au profit de l'église Saint-Michel (ancienne église des pénitents) et fut renommée « Notre-Dame de Bonsecours ». Réaffectée au culte en 1917 par l’archevêque de Rouen, la chapelle subit le bombardement du 5 septembre 1944. Après d’importantes restaurations, le député-maire Pierre Courant remit les clés de la chapelle à l’archevêque de Rouen le 4 décembre 1949. Aujourd’hui, les amateurs du patrimoine et de l’archéologie pourront être surpris de trouver ici un buste rendant hommage à Jean Benoît Désiré Cochet (1812-1875). Plus connu sous le nom d’abbé Cochet, il est considéré comme le père de l’archéologie scientifique française avec Jacques Boucher de Perthes (1788-1868). Il fut inspecteur des monuments historiques de la Seine-Maritime et conservateur du musée des Antiquités de Rouen. Reposant au cimetière monumental de Rouen, c’est sa naissance à Sanvic, quartier du Havre, qui lui valut cette reconnaissance ici.

Dans le parc de Saint-Michel d’Ingouville se dresse un buste rendant hommage à l’abbé Cochet, un des précurseurs de l’archéologie. Au fond, sur le mur pignon, apparait la statue de Saint-Michel terrassant le dragon (cliché Armand Launay, 2011).

Dans le parc de Saint-Michel d’Ingouville se dresse un buste rendant hommage à l’abbé Cochet, un des précurseurs de l’archéologie. Au fond, sur le mur pignon, apparait la statue de Saint-Michel terrassant le dragon (cliché Armand Launay, 2011).

. Des traces du récent passé rural se lisent encore dans les quartiers nord du Havre. Près de la « Mare au Clerc », le long de l’avenue du « Bois au coq », des maisons à pans de bois ont subsisté. Citons le n° 30 de la rue de l’Artois, le n° 16 de la rue de l'Air pur, ou le n° 33 de la rue de Châteaudun (notre photo) (cliché Armand Launay, 2011).

. Des traces du récent passé rural se lisent encore dans les quartiers nord du Havre. Près de la « Mare au Clerc », le long de l’avenue du « Bois au coq », des maisons à pans de bois ont subsisté. Citons le n° 30 de la rue de l’Artois, le n° 16 de la rue de l'Air pur, ou le n° 33 de la rue de Châteaudun (notre photo) (cliché Armand Launay, 2011).

Rouelles, un village dans la ville

Il y a un siècle, seule une route de terre reliait le village de Rouelles au Havre en longeant la forêt de Montgeon (7 km). Aujourd’hui la ville a englobé Rouelles qui est devenue une commune associée au Havre. Cependant, notre village n’est pas coupé de ses racines rurales…

La place centrale en témoigne avec son impressionnant saule toujours alimenté par la Rouelles, rivière encore souterraine ici (4,7 km de long). Non loin apparaissent quelques chaumières de la rue Adèle-Robert dont une porte le millésime de 1618 sur un poteau de façade.

Un peu plus loin, au cœur du village d’antan, émerge l’église Saint-Julien depuis 1035 où le patronage de l’abbaye de Montivilliers fut confirmé. La nef date du XIIIe siècle et le chœur, reconstruit au XVIe siècle, présente de beaux contreforts et un pignon dépassant le toit qui est l’indicatif d’un ancien toit de chaume. Le porche latéral date également du XVIe siècle. Ses pans de bois sont finement sculptés par endroits. La tour-clocher, à flèche carrée, a été élevée au XVIIIe siècle avec un chainage calcaire et un élégant appareil à assises alternées de silex noir et de brique.

Plus loin encore, sur la route d’Harfleur, se trouvent les 160 hectares du parc de la Bouteillerie et ses belles eaux. Inauguré en 1993 et géré par la Communauté d’agglomération du Havre depuis 2006, ce parc offre plus de 20 km de promenade, des pièces d’eau, un jardin à l’anglaise, un arborétum et les vestiges du Manoir de la Bouteillerie. Ce manoir, ancienne propriété de la famille Le Roux de la Bouteillerie, est accompagné d’une ancienne grange mais surtout d’un des plus beaux colombiers du pays de Caux. Circulaire, millésimé 1631, ce colombier est constitué de 10 chainages de pierre de taille calcaire avec un remplissage de silex noir à joints vifs. Elément notable, au dessus de la porte encadrée de deux pilastres cannelés, se trouvent : un blason effacé, une fenêtre d'envol et un cadran solaire. Le manoir se visite. Il rassemble une collection d’outils et d’objets traditionnels de la vie rurale en Normandie. Une exposition sur la faune et la flore du parc est également proposée dans la salle d’exposition de la ferme. Un jardin de plantes vivaces ouvre ses portes aux amateurs de patrimoine vert et, aux beaux jours, les glaciers régalent les enfants non loin de l’aire de jeux. 

Qui l’eut cru ? Une chaumière normande parfaitement entretenue se trouve désormais englobée dans l’agglomération du Havre, à Rouelles, et elle n’est pas la seule... (cliché Armand Launay, 2011).

Qui l’eut cru ? Une chaumière normande parfaitement entretenue se trouve désormais englobée dans l’agglomération du Havre, à Rouelles, et elle n’est pas la seule... (cliché Armand Launay, 2011).

Le parc de la Bouteillerie est un régal pour les familles qui y trouvent plus de 20 km de balade. Au milieu, à côté de la ferme, se dresse fièrement un des plus beaux colombiers du pays de Caux (XVIIe siècle) (cliché Armand Launay, 2011).

Le parc de la Bouteillerie est un régal pour les familles qui y trouvent plus de 20 km de balade. Au milieu, à côté de la ferme, se dresse fièrement un des plus beaux colombiers du pays de Caux (XVIIe siècle) (cliché Armand Launay, 2011).

Armand Launay

Pont-de-l'Arche ma ville

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  • : Pont de l'Arche et sa région histoire, patrimoine et tourisme
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Mes activités

Armand Launay. Né à Pont-de-l'Arche en 1980, j'ai étudié l'histoire et la sociologie à l'université du Havre (Licence) avant d'obtenir un DUT information-communication qui m'a permis de devenir agent des bibliothèques. J'ai acquis, depuis, un Master des Métiers de l'éducation et de la formation, mention Lettres modernes. Depuis 2002, je mets en valeur le patrimoine et l'histoire de Pont-de-l'Arche à travers :

- des visites commentées de la ville depuis 2004 ;

- des publications, dont fait partie ce blog :

Bibliographie

- 20 numéros de La Fouine magazine (2003-2007) et des articles dans la presse régionale normande : "Conviviale et médiévale, Pont-de-l'Arche vous accueille", Patrimoine normand n° 75 ; "Pont-de-l'Arche, berceau de l'infanterie française ?", Patrimoine normand n° 76 ; "Bonport : l'ancienne abbaye dévoile son histoire", Patrimoine normand n° 79 ; "Chaussures Marco : deux siècles de savoir-plaire normand !", Pays de Normandie n° 75.

- L'Histoire des Damps et des prémices de Pont-de-l'Arche (éditions Charles-Corlet, 2007, 240 pages) ;

- Pont-de-l'Arche (éditions Alan-Sutton, collection "Mémoire en images", 2008, 117 pages) ;

- De 2008 à 2014, j'ai été conseiller municipal délégué à la communication et rédacteur en chef de "Pont-de-l'Arche magazine" ;

- Pont-de-l'Arche, cité de la chaussure : étude sur un patrimoine industriel normand depuis le XVIIIe siècle (mairie de Pont-de-l'Arche, 2009, 52 pages) ;

- Pont-de-l'Arche, un joyau médiéval au cœur de la Normandie : guide touristique et patrimonial (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 40 pages) ;

- Pont-de-l'Arche 1911 I 2011 : l'évolution urbaine en 62 photographies (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 32 pages) ;

- Mieux connaitre Pont-de-l'Arche à travers 150 noms de rues et de lieux ! (Autoédité, 2019, 64 pages) ; 

- Déconfiner le regard sur Pont-de-l'Arche et ses alentours (Autoédité avec Frédéric Ménissier, 2021, 64 pages) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (publié en ligne, 2022) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (version mise en page du précédent ouvrage, édité par la mairie de Terres-de-Bord, 2023).

Depuis 2014, je suis enseignant à Mayotte.

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