Le 4 mars 1937 le Conseil municipal, réuni sous la présidence de Raoul Sergent, appela officiellement « rue Olivier-des-Bordeaux » la voie qu’on appelait populairement la rue du Chêne Jaunet ou, en parler local, le « Quesne gaunet ».
Le Chêne-Jaunet avant 2004 et la construction de la résidence du même nom
(archives municipales de Pont-de-l'Arche)
La résidence bâtie entre 2004 et 2007 prit le nom de l’espace qu’elle occupe depuis : le Chêne-Jaunet. Si ce nom doit désigner un terrain identifiable grâce à un chêne remarquable, que signifie « Jaunet » ? Un nom de famille ? L’idée serait étonnante car ce nom ne figure pas dans les archives locales. Il serait plus probable que Jaunet fût un sobriquet forgé sur le mot « jaune ». Or « Les jaunes » était le sobriquet donné à une famille de Pont-de-l’Arche d’après le teint de peau d’un de ses ancêtres. Un « Jaunet » serait un enfant de la famille.
Quoiqu’il en soit, même si cette famille n’avait rien à voir avec le mot « Chêne Jaunet », il nous semblerait assez logique que l’on ait appelé le chêne d’après le surnom d’un propriétaire de jardin, de champ : « le [champ du] chêne [à] Jaunet ». On retrouve ce nom dans une délibération du 16 décembre 1883 mais il doit être antérieur.
Quant à la rue Olivier-des-Bordeaux ? Une lecture rapide des archives donnerait à croire qu’elle rend hommage à Jean-Baptiste Olivier qui fut maire de Pont-de-l’Arche de 1848 à 1852. La raison est plus prosaïque.
La rue Olivier-des-Bordeaux en 2011 (photo A. Launay)
Ce médecin en chef à l’hospice de la ville, né le 29 mai 1799 à Grosley-sur-Risle et décédé à Pont-de-l'Arche le 18 janvier 1874, accolait à son nom la particule des Bordeaux qu’il devait à sa femme Eléonore Guesnier des Bordeaux. Mais le prénom de cet homme ne fait pas partie du nom de la rue...
La délibération du Conseil municipal du 21 mai 1883, après sa mort donc, décrit l’installation d’un caniveau permettant l’écoulement des eaux du puits « Olivier des Bordeaux ». Les archives montrent que la Ville avait projeté en 1875 de se doter d’un puits – et donc de fontaines publiques. La veuve Olivier des Bordeaux accordait même 1000 francs à cette fin. Plusieurs années de difficultés s’en suivirent. Le 22 avril 1880, la veuve Olivier des Bordeaux et sa fille accordaient 3000 francs et, le 3 juin 1880, le devis de M. Simon, architecte rouennais, était accepté par les élus (3197 francs). Après plusieurs années d’incompétences des entreprises et de manque de sérieux de l’architecte, le puits fut ouvert en 1883. Ses eaux s’écoulaient vers la place des Champs (Aristide-Briand) puis par la rue de Paris (Roosevelt). Le puits fut remplacé en 1905 par le puis artésien du chemin du Becquet. Le puits Olivier-des-Bordeaux a disparu depuis. En remerciement, la ville réserva une concession dans le cimetière communal pour la "veuve Olivier", à côté de celle de son mari.
Source
Registre des délibérations du Conseil municipal
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Armand Launay
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