Raoul Sergent naquit le 21 novembre 1894 à Pont-de-l’Arche et décéda au Petit-Quevilly le 31 octobre 1973. D’un père chaussonnier et d’une mère couturière, il dut sa réussite professionnelle à ses brillantes études. Après son certificat d’études, il devint employé à l’étude notariale de Pont-de-l’Arche. Mobilisé en 1914, il fut médaillé de la Croix de guerre. Fait prisonnier, il rentra en France en 1918. En 1923, il obtint une licence de Droit à l’université de Caen grâce à des cours par correspondance. Cela lui valut de devenir clerc de notaire à l’étude Lerebours, de Pont-de-l'Arche. En 1937, il était huissier à Rouen. En 1923, il était président de la section des vétérans de guerre. En 1926, il était directeur de « Au Groupe amical », société de trompettes et clairons.
Raoul Sergent fit ses premières armes professionnelles à l'étude notariale de M. Lerebours, étude dont on voit le nouveau bâtiment, à droite de cette carte postale des années 1930, érigé par les frères Laquerrière, d'Elbeuf, dans un style néonormand. Ils sont aussi auteurs du groupe scolaire Maxime-Marchand.
L'élu municipal
Raoul Sergent devint conseiller municipal dans l'équipe républicaine modérée (droite) d'Anthime Ferrandier, maire de 1919 à 1923. Il devint conseiller municipal d’opposition suite au scrutin du 17 mai 1925 qui vit la victoire des radicaux-socialistes autour de Maurice Delamare. Raoul Sergent fut réélu en aout 1930 dans la majorité républicaine modérée autour de Patrice Girard puis en octobre 1930 dans l’équipe de Charles Morel. Ce parcours sans faute se poursuivit aux élections de mai 1935 où Raoul Sergent fit montre d'une grande popularité en rassemblant 279 suffrages qui le classèrent en quatrième position des élus, juste avant Charles Morel. Ce dernier devint maire par 12 voix sur 16 élus. Raoul Sergent devint premier adjoint et bras droit de Charles Morel. En toute logique, c'est lui qui prit la place de maire laissée vacante par Charles Morel en juillet 1936.
L'élu local
En 1928, Raoul Sergent fut élu conseiller d’arrondissement (fonction supprimée à l'échelon national en 1940. Le 20 septembre 1930, sous l'étiquette de l'Union des républicains démocrates (URD) Raoul Sergent battit le radical-socialiste Paul Nion, industriel de la chaussure archépontain (1296 voix contre 1022). Le 24 octobre 1931, il fut réélu avec près de 500 voix d’avance. Il fut encore réélu en 1935. Les cantonales de 1937 lui furent fatales face au député radical-socialiste Pierre Mendès France. Raoul Sergent émargeait toujours à l'URD et était soutenu par le Parti social français (PSF). Le 16 octobre, le Conseiller sortant obtint 1175 voix face à Mendès France qui en eut 1320. Le revers était aussi net à Pont-de-l'Arche : 237 voix face à 266. Le 23 octobre, Raoul Sergent s'inclina avec 1094 voix face à 1485 suffrages pour Pierre Mendès France qui bénéficia du report des voix communistes.
Réalisations
En tant que maire, Raoul Sergent s'occupa de la création d'une garderie (1937), de la construction d’égouts (1941-43), de l'agrandissement du cimetière (1939), du classement aux Monuments historiques de parties des remparts (tour et porte de Crosne (1939)), du goudronnage de nombreuses rues (1939) : Henry-Prieur, Maurice-Hervey, Docteur-Sorel, Emile-Lenoble, Olivier-des-Bordeaux, place du Souvenir, place Aristide-Briand, boulevard de la Marne, rue Julien-Blin, rue Fichet, Jean-Prieur. C'est d'ailleurs lui qui fit officiellement baptiser certaines voies de la ville dont le rue Olivier-des-Bordeaux, la rue Henry-Prieur et la rue Marie-Morel-Billet. En tant qu'élu local, il participa aux négociations ayant eu lieu entre les patrons de la chaussures et les ouvriers en grève en 1932. Suite à la rupture du barrage de Martot (1938), il dut faire pression auprès des autorités afin que les habitants de la région puissent s'alimenter en eau, le niveau de la Seine étant désormais à sec. Le 5 aout 1939, il demanda aux autorités la création d'un syndicat intercommunal de défense des intérêts des habitants. C'est durant son mandat que le pont de la ville connut un agrandissement de ses arches au-dessus de la Seine.
Aout 1944 : une chute sans appel
L'implication de Raoul Sergent dans la vie publique fut pleine et son ascension rapide. A la lecture des archives, il semblait destiné à être le leader de la droite locale pour plusieurs décennies. Cependant, il se perdit dans le contexte par trop troublé de la Seconde guerre mondiale. En tant que maire, il s'occupa avec son équipe du ravitaillement de la population, de l'entretien des abris antiaériens, destransports et des contactsavec l'occupant. Il alla plus loin. Une délibération du Conseil municipal du 31 octobre 1942 fait état de louanges au maréchal Philippe Pétain, qui semblent avoir valu à la Ville de Pont-de-l'Arche la venuedu chef de l'Etat pour ytenir un conseil des maires normands. Le compte rendu de la séance du Conseil municipal du 2 avril 1943 se présente tout la forme d'une pleine page ornée de mentions « Etat français » dont le contenu retranscrit la bénédiction de la nouvelle cloche de Notre-Dame-des-arts en présence du chef de l'Etat. La dernière délibération signée par Raoul Sergent date du 3 juin 1944. La délibération qui suit, datée du 26 aout, est signée par la Résistance locale, représentée par Maurice Loze et Roger Tardy, qui utilise une tournure habille ne livrant personne en pâture :« Pour remplacer le Conseil Municipal, qui a démontré sa carence, et dont certains membres ont affiché une collusion notoire avec l'ennemi ; à dater de ce jour, un Conseil d'Administration désigné par la Résistance, gèrera, provisoirement, la Ville de Pont-de-l'Arche... »
La tombe de Raoul Sergent dans cimetière communal (2012)
Sources
L’Industriel de Louviers (notamment le 2 octobre 1937)
Délibérations du Conseil municipal
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