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17 avril 2021 6 17 /04 /avril /2021 16:52
Vue sur Notre-Dame de Freneuse et le fond du méandre d'Elbeuf par Joseph-Félix Bouchor. Huile sur toile intitulée "Le printemps au Val-Freneuse" et datée de 1888.

Vue sur Notre-Dame de Freneuse et le fond du méandre d'Elbeuf par Joseph-Félix Bouchor. Huile sur toile intitulée "Le printemps au Val-Freneuse" et datée de 1888.

 

À Freneuse, pittoresque commune de Seine-Maritime, dans la boucle d’Elbeuf, se trouve un des plus beaux points de vue plongeants de la région. Au sommet du coteau calcaire, près de la croix de chemin de Saint-Christophe, une perspective se dégage sur le clocher de Notre-Dame de Freneuse et la sinueuse Seine allant vers le fond du méandre d’Elbeuf. Les cartes postales illustrées des années 1910 et le renommé peintre parisien Joseph-Félix Bouchor (1853-1937) célébrèrent déjà ce point de vue. Cet artiste illustre ce temps où maints citadins s’établirent dans des villégiatures à la campagne, non loin des stations des récentes voies ferrées, souvent en vallée de Seine. Il témoigne aussi d’un métier qui devint plus fréquent dans la société : artiste. Influencé par son ami, le peintre rouennais Émile-Louis Minet (1850-1920), installé à Freneuse en 1884, Bouchor élit domicile dans notre commune de 1886 à 1901. Il en élit aussi tout le cadre qu’il peignit abondamment autour du clocher de Notre-Dame et des scènes populaires, celles des paysans aux champs, celles des pêcheurs en Seine. Aujourd’hui, comme un juste retour, c’est Freneuse qui a élu Bouchor le paysagiste comme en témoignent les noms d’une de ses rues, de sa salle polyvalente (un Mille club) et la présence d’une cinquantaine de ses toiles en mairie. Celles-ci sont classées aux Monuments historiques au titre d’objets depuis le 8 aout 2004 et recensées dans la base Mérimée du Ministère de la culture. C’est un fait rarissime pour une commune, qui plus est de 951 habitants (en 2018), de posséder autant d'œuvres de maitre.  

 

Comparaison entre la photographie d'avril 2021 prise par notre ami Frédéric Ménissier, que nous remercions vivement, et l'huile sur toile de Joseph-Félix Bouchor, traitant le même lieu de Freneuse : l'allée de tilleuls à contremont des Tourvilliers, nom des champs en direction de Tourville-la-rivière. Le photographe contemporain n'avait pas connaissance de la toile de Bouchor quand il a pris le cliché. Comparaison entre la photographie d'avril 2021 prise par notre ami Frédéric Ménissier, que nous remercions vivement, et l'huile sur toile de Joseph-Félix Bouchor, traitant le même lieu de Freneuse : l'allée de tilleuls à contremont des Tourvilliers, nom des champs en direction de Tourville-la-rivière. Le photographe contemporain n'avait pas connaissance de la toile de Bouchor quand il a pris le cliché.

Comparaison entre la photographie d'avril 2021 prise par notre ami Frédéric Ménissier, que nous remercions vivement, et l'huile sur toile de Joseph-Félix Bouchor, traitant le même lieu de Freneuse : l'allée de tilleuls à contremont des Tourvilliers, nom des champs en direction de Tourville-la-rivière. Le photographe contemporain n'avait pas connaissance de la toile de Bouchor quand il a pris le cliché.

 

Notre-Dame de Freneuse (XVIe siècle)

La tour-clocher de Notre-Dame attire le regard tant elle est massive. Carrée et munie de contreforts saillants, elle campe une atmosphère médiévale qu’elle répand alentour. La base Mérimée du Ministère de la culture avance que l’église Notre-Dame a été entièrement reconstruite au XVIe siècle. Une dédicace de 1526 l’atteste. Sa tour en pierre de taille calcaire date de ce temps. Elle se situe au niveau de l’aile nord du transept. Elle fait penser à une tour défensive tant elle est massive, sobre et aveugle hormis quelques austères ouvertures carrées sous la toiture du clocher. Le clocher est inachevé, comme celui de Pont-de-l’Arche et, plus encore, celui de Saint-Martin de Tourville-la-rivière. Dans l’esthétique gothique d’alors, une flèche sculptée aurait élégamment couronné l’édifice comme à Saint-Martin d’Harfleur. Les moyens auront manqué bien que la période fût prospère, surtout le long du fleuve propice au commerce. La base Mérimée nous informe aussi que le portail et la charpente de la nef portent la date de 1735. Le 9 juillet 1992, la tour-clocher fut inscrite sur la liste supplémentaire des Monuments historiques. Le 9 aout 2004, un peu plus de vingt œuvres liturgiques furent classées au titre d’objets, leur ancienneté allant du XVIe siècle au XIXe siècle. Le patrimoine religieux freneusien est l’un des mieux lotis de la région en matière de protection patrimoniale.  

 

Notre-Dame de Freneuse sur les clichés sur verre de Robert Eudes. Le premier est daté du premier juin 1930 ; les autres doivent lui être contemporains. La copie de ces clichés est accessible sur le site des Archives départementales sous les cotes Cote 11Fi1086, 11Fi1087, 11Fi1088 et 11Fi1089. Notre-Dame de Freneuse sur les clichés sur verre de Robert Eudes. Le premier est daté du premier juin 1930 ; les autres doivent lui être contemporains. La copie de ces clichés est accessible sur le site des Archives départementales sous les cotes Cote 11Fi1086, 11Fi1087, 11Fi1088 et 11Fi1089.
Notre-Dame de Freneuse sur les clichés sur verre de Robert Eudes. Le premier est daté du premier juin 1930 ; les autres doivent lui être contemporains. La copie de ces clichés est accessible sur le site des Archives départementales sous les cotes Cote 11Fi1086, 11Fi1087, 11Fi1088 et 11Fi1089. Notre-Dame de Freneuse sur les clichés sur verre de Robert Eudes. Le premier est daté du premier juin 1930 ; les autres doivent lui être contemporains. La copie de ces clichés est accessible sur le site des Archives départementales sous les cotes Cote 11Fi1086, 11Fi1087, 11Fi1088 et 11Fi1089.

Notre-Dame de Freneuse sur les clichés sur verre de Robert Eudes. Le premier est daté du premier juin 1930 ; les autres doivent lui être contemporains. La copie de ces clichés est accessible sur le site des Archives départementales sous les cotes Cote 11Fi1086, 11Fi1087, 11Fi1088 et 11Fi1089.

Le plus ancien patronage connu de l’église est l'abbaye du Bec-Hellouin. Ceci n’est guère étonnant car les moines du Bec étaient aussi bien possessionnés à Martot, de l’autre côté de la Seine, aux Fiefs-Mancels. Le plan terrier du XVIIIe montre encore des propriétés des moines du Bec et du seigneur de Martot, Monsieur de Poutrincourt, dans l’ile. Qui plus est, le franchissement de la Seine était, semble-t-il, facilité par une perte d’altitude qui faisait baisser le niveau des eaux. Henri Michel Saint-Denis avance même, dans le tome I de sa monumentale Histoire d’Elbeuf, que le nom de Quatre-âge, hameau de Criquebeuf, a pour étymologie le terme de cataracte.  

Photographies de Frédéric Ménissier jouant, en avril 2021, avec le regard de Notre-Dame de Freneuse. Photographies de Frédéric Ménissier jouant, en avril 2021, avec le regard de Notre-Dame de Freneuse.
Photographies de Frédéric Ménissier jouant, en avril 2021, avec le regard de Notre-Dame de Freneuse. Photographies de Frédéric Ménissier jouant, en avril 2021, avec le regard de Notre-Dame de Freneuse.

Photographies de Frédéric Ménissier jouant, en avril 2021, avec le regard de Notre-Dame de Freneuse.

Vues intérieures du sanctuaire Notre-Dame lors d'une claire journée d'avril 2021 et par le regard de Frédéric Ménissier.Vues intérieures du sanctuaire Notre-Dame lors d'une claire journée d'avril 2021 et par le regard de Frédéric Ménissier.
Vues intérieures du sanctuaire Notre-Dame lors d'une claire journée d'avril 2021 et par le regard de Frédéric Ménissier.Vues intérieures du sanctuaire Notre-Dame lors d'une claire journée d'avril 2021 et par le regard de Frédéric Ménissier.

Vues intérieures du sanctuaire Notre-Dame lors d'une claire journée d'avril 2021 et par le regard de Frédéric Ménissier.

 

Freneuse, fief central et centre-village

Autour de Notre-Dame se trouve un patrimoine préservé qui forme un ensemble urbain harmonieux. Le presbytère, en dessous de l’église, l’ancien prétoire et l’ancien fief avec son colombier en sont les édifices majeurs. Entre la rue de Pont-de-l’Arche et la Côte-aux-blancs (anciennement le coteau blanc, à cause de ses carrières ?) se trouve le “manoir de Freneuse”. Il s’agit d’un ensemble de bâtiments composé d’un logis de la fin du XVIe siècle, d’un ancien corps de ferme avec des bâtiments formant un enclos et d’un colombier du XVIIIe siècle. Son beau portail date du XVIe siècle. Le logis est un manoir médiéval à pans de bois avec un important encorbellement, côté nord, et au moins une ferme débordante vers l’est. Une tourelle d’angle offre accès aux étages par un escalier à vis. Des remaniements ultérieurs se voient côté est. Il doit s'agir du fief central de Freneuse, stricto sensu, celui peut-être des moines du Bec, non loin de l’église, puis de la famille Filleul. Les Filleuls sont des roturiers de Rouen. Plusieurs d’entre eux ont été maires de Rouen. Ils ont été anoblis et l’on retrouve dans la généalogie d’Alain Foullon, un Amaury II Filleul, décédé en 1411, qui fut garde des amendes et forfaitures de la vicomté de l’eau. Peut-on imaginer que c’était-là un office exercé de père en fils et qui reliait Freneuse à Rouen ? Nous nous étonnons de voir aussi des Filleuls des Chenets d’Amertot au Freneuse de la Frénaye, près de Lillebonne. S’ils apparaissent, certes, plutôt à la Renaissance en ce lieu ,la présence de deux familles Filleul dans deux Freneuses de la région nous étonne. 

Le colombier et son lanternon, un des emblèmes de Freneuse, remontent au XVIIIe siècle et témoignent de la propriété nobiliaire dite du "manoir de Freneuse", point central de la paroisse.
Le colombier et son lanternon, un des emblèmes de Freneuse, remontent au XVIIIe siècle et témoignent de la propriété nobiliaire dite du "manoir de Freneuse", point central de la paroisse. Le colombier et son lanternon, un des emblèmes de Freneuse, remontent au XVIIIe siècle et témoignent de la propriété nobiliaire dite du "manoir de Freneuse", point central de la paroisse.

Le colombier et son lanternon, un des emblèmes de Freneuse, remontent au XVIIIe siècle et témoignent de la propriété nobiliaire dite du "manoir de Freneuse", point central de la paroisse.

Le "Bout de la ville", d'après le plan cadastral de 1832, montre à la fois l'unité patrimoniale autour de l'église et démontre que Freneuse déborde ce chef-lieu de commune et regroupe un chapelet de hameaux le long du coteau, vers Saint-Aubin-lès-Elbeuf.

Le "Bout de la ville", d'après le plan cadastral de 1832, montre à la fois l'unité patrimoniale autour de l'église et démontre que Freneuse déborde ce chef-lieu de commune et regroupe un chapelet de hameaux le long du coteau, vers Saint-Aubin-lès-Elbeuf.

 

Le bailliage

Les fonctions de la noblesse ont changé au fil des siècles : de protecteurs militaires tirant des revenus des fermes, ils sont devenus des officiers au service de l’État en tant que gens de droit pour les plus illustres d’entre eux. Comme le retrace avec clarté Lionel Dumarche, le roi concéda, moyennant finance, des prérogatives de justice, appelées “haute justice”, à partir de 1695. Le bailliage secondaire de Pont-de-l’Arche se trouva donc démis de ces fonctions et devint une instance d’appel. En 1706, le seigneur de Freneuse, Léonard Filleul, acquit la haute justice de sa paroisse et, peu après, celles des Authieux, Tourville, Saint-Aubin, Cléon. Il se fit construire un prétoire, sorte de tribunal, dans un nouveau bâtiment faisant face au manoir ancestral. On lui a donné, avec exagération, le nom de bailliage. Ce prétoire devint caduc avec la Révolution qui nationalisa le domaine de la Justice, fonction régalienne s’il en est. L’élégant édifice du prétoire constitue un bel élément du patrimoine freneusien. Il accueille le restaurant de qualité dénommé “Le bailliage”.  

 

Le bailliage de Freneuse par Frédéric Ménissier en avril 2021.

Le bailliage de Freneuse par Frédéric Ménissier en avril 2021.

Le plan terrier de "Freneuze". Lionel Dumarche le date de 1778. Ici nous reproduisons des détails de ce plan autour du "manoir seigneurial" et de l'église. Ce plan est accessible sur le site des Archives de Seine-Maritime. Il a pour cote : 12Fi86.
Le plan terrier de "Freneuze". Lionel Dumarche le date de 1778. Ici nous reproduisons des détails de ce plan autour du "manoir seigneurial" et de l'église. Ce plan est accessible sur le site des Archives de Seine-Maritime. Il a pour cote : 12Fi86.

Le plan terrier de "Freneuze". Lionel Dumarche le date de 1778. Ici nous reproduisons des détails de ce plan autour du "manoir seigneurial" et de l'église. Ce plan est accessible sur le site des Archives de Seine-Maritime. Il a pour cote : 12Fi86.

Notons aussi la place de choix de ce fief : face à une traversée de la Seine, le long d’un chemin suivant la rive non inondable entre Saint-Aubin et Alizay, à la jonction entre deux chemins menant à la voie des sommets entre Cléon et Tourville. Ainsi l’espace au-dessus de l’église s’appelle-t-il les Tourvilliers… Nous sommes ici au tiers de la pente, sur un léger replat assurément travaillé par l’homme, à l’abri des crues. À n’en pas douter, une source devait alimenter le lieu permettant ainsi aux hommes de s’y installer. Notons aussi que le chemin longeant le coteau se trouvait plus au nord que la route actuelle. Cela se voit sur le plan cadastral de 1832 et sur le plan terrier de 1778 où les maisons de Freneuse et ses hameaux s’alignent peu ou prou le long d’un chemin que l’on devine. En 1969, sur les calques du plan cadastral disponibles aux Archives départementales (cote  2023W233_1), une portion de cet ancien chemin est nommée “sente du pied des côtes”. Une autre portion est toujours accessible au centre de la Riberderie. 

Le manoir seigneurial, cœur du fief principal de Freneuse, est constitué d'un logis à pans de bois de la fin du XVIe siècle qui témoigne de la phase ultime de l'architecture médiévale et qui campe un paysage aussi normand que pittoresque (photographie de Frédéric Ménissier, avril 2021).

Le manoir seigneurial, cœur du fief principal de Freneuse, est constitué d'un logis à pans de bois de la fin du XVIe siècle qui témoigne de la phase ultime de l'architecture médiévale et qui campe un paysage aussi normand que pittoresque (photographie de Frédéric Ménissier, avril 2021).

 

Un village protégé

Depuis 1997, le centre-village de Freneuse est classé parmi les Aires de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine (AVAP) afin d’éviter les constructions qui pourraient en dénaturer l’aspect. C’est le classement de la tour-clocher et l’inscription partielle du château de Val-Freneuse le 21 décembre 1977 qui a rendu possible la création de l’AVAP. Le château de Val-Freneuse, essentiellement sis dans la commune de Sotteville-sous-le-val, est un édifice classique du XVIIe siècle bâti pour les Le Cornier. Nous le traitons dans notre article dévolu à Sotteville-sous-le-val

Il est rare qu’un patrimoine communal soit aussi bien connu et protégé. La tour-clocher, les œuvres liturgiques, les toiles de Bouchor et l’AVAP sont assurément le dû d’élus consciencieux et avertis de la législation. Cela semble témoigner de la démarche de Lionel Dumarche, historien et ancien adjoint du Conservateur régional des Monuments Historiques. Celui-ci est aussi auteur de plusieurs ouvrages édités par la mairie qui nous les a gracieusement mis à disposition. Nous l’en remercions :

- Mickaël Delahais et Lionel Dumarche, Freneuse, Histoire d’un village de Seine-Maritime, 2009, réédition augmentée de celle de 1999 ; 

- Lionel Dumarche, Le bailliage de Freneuse (1707-2007), 2007 ; 

- Lionel Dumarche : Freneuse à la Belle-époque d’après les cartes postales (1900-1914), 2012 ; 

Plus un ouvrage édité dans le domaine privé : 

- Lionel Dumarche et Killian Penven, Bouchor, le peintre de Freneuse, 2013.

 

Un nom bucolique

Quant au nom de Freneuse, il semble qu’on ait affaire à une forme locale et ancienne du mot “frênaie”, le lieu planté de frênes. On retrouve le terme de Frainusa entre 1046 et 1066 qui proviendrait de Fraixinosa. On disait donc Fréneuse. C’est probable car le frêne se développe dans les zones ensoleillées et au bord de rivières (selon le site lesarbres.fr). Il existe aussi un Freneuse dans les Yvelines, au bord de la Seine, et un Freneuse-sur-Risle dans l’Eure. Il existe aussi une ferme dénommée Freneuse dans le territoire de la commune de La Frénaye, près de Lillebonne en Seine-Maritime aussi. Ce qui nous échappe est la singularité de ce nom dans une région où les toponymes sont le plus souvent scandinaves, ou forgés à partir du nom d’un seigneur, souvent scandinave. Freneuse est un nom roman qui témoigne, qui sait, d’une fondation plus tardive de la paroisse. Quoi qu’il en soit, Freneuse ne désigne plus uniquement ce centre qui était dénommé “Le bout de la ville” dans le plan cadastral de 1832 et dans le plan terrier de 1778. Voyons le reste de la ville...  

 

Loin d'être désertique, la commune de Freneuse est arborée, notamment par des saules têtards dans la plaine alluviale qui témoignent du passage d'anciens bras de Seine, depuis asséchés. Le nom de la paroisse, quant à lui, désigne un lieu planté de frênes (photographies de Frédéric Ménissier, avril 2021).  Loin d'être désertique, la commune de Freneuse est arborée, notamment par des saules têtards dans la plaine alluviale qui témoignent du passage d'anciens bras de Seine, depuis asséchés. Le nom de la paroisse, quant à lui, désigne un lieu planté de frênes (photographies de Frédéric Ménissier, avril 2021).

Loin d'être désertique, la commune de Freneuse est arborée, notamment par des saules têtards dans la plaine alluviale qui témoignent du passage d'anciens bras de Seine, depuis asséchés. Le nom de la paroisse, quant à lui, désigne un lieu planté de frênes (photographies de Frédéric Ménissier, avril 2021).

 

Un chapelet de hameaux au bord de l’eau

Quand on quitte le Bout de la ville, on traverse tour à tour le hameau Baudouin, le hameau Bourdet, le hameau de La Ronce, le hameau Fréret et La Riberderie. Le plan terrier révèle d’autres noms, intermédiaires : les Meillers, les Bailleurs. Ces hameaux portent le nom de personnages plus nombreux ou plus notables qui les ont animés. Les maisons de ces hameaux, souvent du XIXe siècle, sont bâties en moellon calcaire de pays, assurément issu du coteau qui les surplombe. On le voit très nettement, le coteau calcaire (C4) qui descend doucement vers Saint-Aubin-lès-Elbeuf a été entamé par des carrières à ciel ouvert qui prennent la forme de murs, par endroits, derrière les maisons. Le plan cadastral de 1832 a notamment immortalisé le nom de deux chemins montant vers le coteau : le chemin de la carrière des vaches (devenu la “Gayère” des vaches sur le calque de 1969) et le Chemin de la carrière de la Ronce.

Les activités fluviales se lisent aussi sur le plan terrier de 1778 : le moulin de la Ronce situé entre deux iles et une chaussée menant à l’eau à Baudouin témoignent des aménagements destinés à exploiter mieux la force et le produit du fleuve. Un tableau d’Émile-Louis Minet immortalise depuis 1885 aussi la profession de passeur entre Freneuse et Martot où l’on voit une mère de famille appelant le passeur tandis que ses enfants jouent sur l’herbe d’une journée ensoleillée. Enfin, le plan terrier montre les belles propriétés des nobles tels que messieurs Fréret et Cavé. Celle de Fréret a peut-être aussi été appelée “manoir du Buisson” dont la chapelle est citée dans la base Mérimée du Ministère de la culture. 

 

Le plan terrier décrit plus haut permet de localiser et nommer les différents hameaux. Ici, sans ordre de description, le hameaux des Bardets, le hameau Baudouin et la demeure du seigneur Cavé, le moulin de la Ronce, la demeure et le jardin du sieur Fréret et La Riberderie.  Cliquez sur les images pour les faire défiler.
Le plan terrier décrit plus haut permet de localiser et nommer les différents hameaux. Ici, sans ordre de description, le hameaux des Bardets, le hameau Baudouin et la demeure du seigneur Cavé, le moulin de la Ronce, la demeure et le jardin du sieur Fréret et La Riberderie.  Cliquez sur les images pour les faire défiler.
Le plan terrier décrit plus haut permet de localiser et nommer les différents hameaux. Ici, sans ordre de description, le hameaux des Bardets, le hameau Baudouin et la demeure du seigneur Cavé, le moulin de la Ronce, la demeure et le jardin du sieur Fréret et La Riberderie.  Cliquez sur les images pour les faire défiler.
Le plan terrier décrit plus haut permet de localiser et nommer les différents hameaux. Ici, sans ordre de description, le hameaux des Bardets, le hameau Baudouin et la demeure du seigneur Cavé, le moulin de la Ronce, la demeure et le jardin du sieur Fréret et La Riberderie.  Cliquez sur les images pour les faire défiler.
Le plan terrier décrit plus haut permet de localiser et nommer les différents hameaux. Ici, sans ordre de description, le hameaux des Bardets, le hameau Baudouin et la demeure du seigneur Cavé, le moulin de la Ronce, la demeure et le jardin du sieur Fréret et La Riberderie.  Cliquez sur les images pour les faire défiler.

Le plan terrier décrit plus haut permet de localiser et nommer les différents hameaux. Ici, sans ordre de description, le hameaux des Bardets, le hameau Baudouin et la demeure du seigneur Cavé, le moulin de la Ronce, la demeure et le jardin du sieur Fréret et La Riberderie. Cliquez sur les images pour les faire défiler.

 

Le bras de Seine et l’ile de Freneuse

Depuis les années 1960, l’ile de Freneuse s’est lotie d’un quartier pavillonnaire. Cette ile, de tous temps inondable, accueille aujourd’hui un des quartiers les plus peuplés de la commune. Il forme une exception dans la région où les iles de Seine ne sont pas habitées. Il faut dire aussi que le risque d’inondation est écarté depuis les grands travaux de chenalisation de la Seine des années 1930 qui ont conduit à creuser un lit majeur au fleuve et à supprimer le barrage-écluse de Martot-Saint-Aubin-lès-Elbeuf. Freneuse a une autre singularité : les alluvions nées de la révolution néolithique, où des défrichements massifs pour la culture ont érodé les sols, se sont déposées dans le fond de la vallée et ont bouché bien des bras de Seine. Or, celui de Freneuse est encore en eau. Il semble qu’il ait été épargné de l’assèchement par la proximité avec la cataracte de Martot qui précipite le courant alors que tous les villages en amont, côté rive droite, ont perdu leur contact avec l’eau (Sotteville, Igoville, Alizay). 

 

L'huile sur toile d'Emile-Louis Minet, intitulée "L'appel au passeur" et datant de 1885 témoigne d'une des professions relatives à la Seine qui a animé maints freneusien durant les siècles de l'histoire connue de la paroisse.

L'huile sur toile d'Emile-Louis Minet, intitulée "L'appel au passeur" et datant de 1885 témoigne d'une des professions relatives à la Seine qui a animé maints freneusien durant les siècles de l'histoire connue de la paroisse.

 

Les hauts de Freneuse

À partir de la Riberderie, on peut remonter par le chemin de la carrière aux vaches sur le coteau. Arrivés en haut, nous sommes sur le chemin du Gal aux Authieux comme le nomme le plan cadastral de 1832. Il constitue le chemin le moins pentu entre Elbeuf et le plateau de Boos et dût ainsi être largement emprunté par nos ancêtres. Il est aujourd’hui interrompu au niveau du col de Tourville par l’autoroute A13. Cette pente douce s’explique par le passage du lit de la Seine. Il y a longtemps, le lit de la Seine entaillait moins le plateau. La Seine ne formait pas les mêmes méandres. Ainsi, il reste dans la région des terrasses à mi-hauteur entre le plateau et la vallée actuelle. Le coteau de Freneuse en fait partie ainsi que Les Authieux. 

En 2014, le réputé archéologue Miguel Biard fit un diagnostic au nom de l’INRAP au Gros-buisson, le long de la rue du Beau-site, au nord de Fréret. Ce diagnostic dût précéder la construction de la maison d’accueil spécialisée de Saint-Aubin-lès-Elbeuf appelée “Le Mas : le beau site”. Il n’y trouva qu’un seul et unique éclat de type Levallois qui est peut-être attribuable au paléolithique moyen. C’est à relier aux découvertes de Tourville, à la Fosse Marmitaine. Le rapport est référencé sur la base Dolia de l’INRAP. 

Aujourd’hui la rue du Gal est appelée rue du Beau site, rappelant la beauté des perspectives qui se dégagent de part et d’autre de la vallée, depuis Rouen à la Côte des Deux-amants. Exposé aux vents, un moulin était situé au-dessus du hameau Bourdet. Il est symbolisé sur le plan terrier de 1778. Ce plan nous apprend aussi qu’un espace était appelé “La Grande vigne”, par opposition au “Clos des Vignes”, à l’est de la commune où, de nos jours, Édouard Capron a eu l’audace de replanter un vignoble, dit du clos Saint-Expédit. Ces vignes sont peut-être à relier à la présence passée des moines de l’abbaye du Bec, qui devaient faire transiter leur production par Martot, puis par le plateau du Neubourg. 

Citons aussi une étrange fosse Marmitaine, un trou formant une marmite dans le sol, est indiquée sur le plan terrier. Il doit s'agir d'un effondrement karstique (relatif au calcaire). Il a donné son nom à tout un espace de la commune de Tourville et, notamment, à son centre d’enfouissement, dit technique, des déchets. 

Un ancien nom “La croix brisée” semble désigner le lieu où, vers la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle, une élégante statue de la Vierge-Marie fut érigée, protégeant la vallée. Une table d’orientation fut ajoutée en 1969. 

 

La Grande vigne et le Clos de la vigne, sur le plan terrier de 1778, témoignent de cette culture naguère répandue sur les coteaux de Seine et que fait revivre, à Freneuse, Edouard Capron, que nous saluons ici ! La Grande vigne et le Clos de la vigne, sur le plan terrier de 1778, témoignent de cette culture naguère répandue sur les coteaux de Seine et que fait revivre, à Freneuse, Edouard Capron, que nous saluons ici !

La Grande vigne et le Clos de la vigne, sur le plan terrier de 1778, témoignent de cette culture naguère répandue sur les coteaux de Seine et que fait revivre, à Freneuse, Edouard Capron, que nous saluons ici !

La table d'orientation de Freneuse le long de l'admirable ligne de crètes au centre de la boucle de Seine du méandre d'Elbeuf (photographie de Frédéric Ménissier, avril 2021).

La table d'orientation de Freneuse le long de l'admirable ligne de crètes au centre de la boucle de Seine du méandre d'Elbeuf (photographie de Frédéric Ménissier, avril 2021).

 

Saint-Christophe… des hauts

Enfin nous revenons au début de notre balade, du côté de Saint-Christophe, à 75 mètres d’altitude vers Tourville. Après la croix qui démarque la route de Tourville de ce qui reste du sentier du Gal, vers la vigne du clos Saint-Expédit, quelques maisons neuves ont repris le nom de Saint-Christophe et constituent un ultime hameau de Freneuse. 

Cette croix de chemin marque l’entrée de la paroisse mais indique aussi une ancienne chapelle symbolisée encore sur la carte de Cassini à la fin du XVIIIe siècle. Selon l'archéologue normand Léon de Vesly, la chapelle Saint-Christophe existait avant 1776 où ses ruines, ayant subi le feu, furent démolies par le seigneur de Freneuse, Nicolas Landry. En septembre 1912 Léon de Vesly fit fouiller les lieux par les terrassiers créant la route entre Tourville et le chemin du Gal. Il publia le fruit de ses recherches en 1912 dans un article intitulé “La croix et la chapelle Saint-Christophe” dans le Bulletin de la Société libre d'émulation de Seine-Maritime. Il fit état d’une crypte datant vraisemblablement de 1523 et surmontée d'une chapelle vouant un culte à saint Christophe et saint Jacques en 1629. Une charte atteste l’existence de la chapelle déjà en 1397. Celle-ci est énigmatique. Rappelait-elle un ancien hameau, un poste de surveillance ? L’auteur ne peut répondre mais nous informe de croyances et pratiques de nos ancêtres (dans le même bulletin) : “En septembre, M. de Vesly nous décrivit la Chapelle Saint-Christophe, trouvée à Freneuse : il ne reste qu'une substruction et une crypte de 2 m. 50 de profondeur tout à fait voisine du vieux Calvaire de saint Christophe. C'est un lieu fort vénéré dans la région : les jeunes mères y viennent faire faire à leurs enfants les premiers pas ; cet endroit a la vertu de diviser les orages ; les vieux croient qu'une cloche et un trésor y sont enfouis, etc.

Déjà en 1896, attentif à Freneuse, Léon de Vesly fit paraitre dans La Normandie littéraire, un article intitulé “Légendes, superstitions et vieilles coutumes. Freneuse-sur-Seine” dont nous extrayons la suite : “Donc, Saint-Christophe, le passeur, le marinier légendaire, est en grande vénération à Freneuse et, chaque année, le dimanche qui suit la date du 25 juillet, propre du saint, tout le village est en fête. Des amateurs de pêche à la ligne venus de Rouen et d'Elbeuf se joignent à la population pour augmenter l'éclat de la fête champêtre, illuminer la place publique et tirer un feu d'artifice. C'est la grande fête du pays.” 

Freneuse n’est pas un passage qui laisse indifférent. Le site de Saint-Christophe, celui qui porta le Christ, porte le regard bien loin... 

 

Le plan des fouilles de Saint-Christophe par Léon de Vesly, en 1912, dans le Bulletin de la société libre d'émulation de Seine-Maritime.

Le plan des fouilles de Saint-Christophe par Léon de Vesly, en 1912, dans le Bulletin de la société libre d'émulation de Seine-Maritime.

Balade saintchristophienne par Frédéric Ménissier en avril 2021.Balade saintchristophienne par Frédéric Ménissier en avril 2021.

Balade saintchristophienne par Frédéric Ménissier en avril 2021.

Comparaison des vues aériennes des années 1950 et de 2018 grâce à des captures d'écrans du site Géoportail. Comparaison des vues aériennes des années 1950 et de 2018 grâce à des captures d'écrans du site Géoportail.

Comparaison des vues aériennes des années 1950 et de 2018 grâce à des captures d'écrans du site Géoportail.

 

Pour conclure, Freneuse est entourée de zones urbaines (l’agglomération d’Elbeuf), industrielles (à Cléon), de carrières et de décharge (la Fosse Marmitaine, à Tourville-la-rivière). Elle contraste grâce à son patrimoine architectural et son décor naturel préservés. Freneuse offre un beau point de vue depuis l’extérieur. Il constitue aussi un beau cadre de balade ou d’habitation. Freneuse est comme devenue la réserve naturelle et patrimoniale de la boucle d’Elbeuf et cela nous ravit !  

Armand Launay

Pont-de-l'Arche ma ville

http://pontdelarche.over-blog.com

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10 juin 2019 1 10 /06 /juin /2019 08:58

 

À tonton Miguel;)

 

Avec nos remerciements à Édouard Capron, vigneron normand qui a instillé en nous l’idée et la motivation de créer cet article. Remerciements itou à notre ami Laurent Ridel, historien de la Normandie, pour les pistes bibliographiques. Remerciements enfin au blanc Entre-deux-mers qui a su m’encourager dans les parties les plus ardues de la rédaction.


 

À première vue, la présence de la vigne en Normandie étonne ou fait sourire étant donné le manque de soleil légendaire de notre contrée. Pourtant, on connait tous une vigne vierge sur la façade d’une maison d’un ami ; on se souvient avoir lu quelques lignes sur la vigne en Angleterre ; mieux, quand on consulte une carte, on mesure que la Champagne viticole n’est pas située plus au sud que notre bonne Normandie. Ce n’est donc pas l’existence de quelques pieds de vigne qui est étonnante en Normandie, mais l’idée de la cultiver sous forme de vignobles. Est-il approprié de parler de vignobles de la région de Pont-de-l’Arche ou est-ce une exagération, voire une illusion ?

 

Le vignoble renait depuis mars 2016 où Édouard Capron a planté 3000 pieds à Freneuse. Ici sur la photographie de Paris Normandie (document 1) se voient deux vendangeurs en action en septembre 2018. Les autres documents (clichés d'Armand Launay) montrent le domaine Saint-Expédit et son propriétaire.
Le vignoble renait depuis mars 2016 où Édouard Capron a planté 3000 pieds à Freneuse. Ici sur la photographie de Paris Normandie (document 1) se voient deux vendangeurs en action en septembre 2018. Les autres documents (clichés d'Armand Launay) montrent le domaine Saint-Expédit et son propriétaire.
Le vignoble renait depuis mars 2016 où Édouard Capron a planté 3000 pieds à Freneuse. Ici sur la photographie de Paris Normandie (document 1) se voient deux vendangeurs en action en septembre 2018. Les autres documents (clichés d'Armand Launay) montrent le domaine Saint-Expédit et son propriétaire.
Le vignoble renait depuis mars 2016 où Édouard Capron a planté 3000 pieds à Freneuse. Ici sur la photographie de Paris Normandie (document 1) se voient deux vendangeurs en action en septembre 2018. Les autres documents (clichés d'Armand Launay) montrent le domaine Saint-Expédit et son propriétaire.

Le vignoble renait depuis mars 2016 où Édouard Capron a planté 3000 pieds à Freneuse. Ici sur la photographie de Paris Normandie (document 1) se voient deux vendangeurs en action en septembre 2018. Les autres documents (clichés d'Armand Launay) montrent le domaine Saint-Expédit et son propriétaire.

Apéritif

Dans un article passionné l’abbé Cochet exposa, en 1866, que “La vigne prit heureusement racine dans les Gaules, car l’historien de Julien l’Apostat nous dit qu’à Lutèce on recueillait de meilleurs vins qu’ailleurs parce que, ajoutait-il, les hivers y sont plus doux que dans le reste du pays.” Il s’agit donc du IVe siècle de notre ère. Il y a tout lieu de penser que le vin lutétien était meilleur que les autres vins de la vallée de Seine et donc de la région de Rouen, le Vexin, et au-delà vers l’estuaire de la Seine. Puis, l’abbé Cochet établit un lien entre les sources textuelles religieuses et la culture de la vigne durant le haut Moyen Âge dans la vallée de la Seine. Il traite de l’importance des abbayes de Fontenelle, Jumièges et de Rouen en matière de plantation et de culture de la vigne. Pierre Brunet est plus précis qui trouve une première mention écrite de la présence de la vigne à Lisieux en 584 (page 185). Les religieux étaient, semble-il, très actifs en matière de viticulture en tant que propriétaires et consommateurs. Nous retrouvons cet intérêt pour la vigne dans notre région, à Léry, au XIe siècle...

 

1.1. Un premier verre : le vignoble de Léry, les religieux de Caen, puis de Bonport.

Charpillon et Caresme ont cité un acte approximant 1077 par lequel Guillaume le Conquérant donna “aux moines de Saint-Étienne de Caen quatre arpents et demi de vigne à Léry, et trois aux religieux de la Trinité.” Le duc leur permit aussi de créer deux moulins sur “la rivière d’Eure à la condition de laisser librement passer les poissons et les bateaux”. Un lien est fait entre la vigne et les moulins. Ceux-ci devaient assurément servir ‒ entre autres fonctions ‒ à écraser le raisin. Notons que deux moulins étaient toujours visibles sur le plan cadastral de 1834, signé par Le Fébure et Charpentier : l’un était sur la rive gauche de l’Eure, près de l’église Saint-Ouen et l’autre était appelé l’Aufrand, plus en amont sur la rive droite, vers l’actuelle prison des Vignettes.    

Puis, cette présence des moines et moniales caennais nous échappe. Seuls demeurent, à notre connaissance, les moines de l’abbaye Saint-Ouen de Rouen. Richard II, nous apprennent Charpillon et Caresme, leur avait donné l’église de Léry vers 1018. Entre 1130 et 1160 ils firent bâtir des parties ‒ toujours visibles ‒ de l’église actuelle. Ils conservèrent leurs droits à Léry, notamment la dime, jusqu’à la Révolution.

Un édifice témoigne aussi de la présence de religieux à Léry : l’église Saint-Patrice, le long de l’Eure, au n° 10 de la rue des Émotelles. Elle présente une entrée voutée en tiers point ce qui la rattache plutôt au style gothique et la daterait du XIIe siècle. En 1260, elle jouxtait le “cimetière Saint-Patrice” (Jules Andrieux, page 255). A-t-elle servi de lieu de culte pendant que les moines de Saint-Ouen faisaient construire l’église paroissiale ? Est-ce un vestige de la présence des moines et moniales de Caen ou, déjà, le signe de la prise de possession par les moines de Bonport du “clos de Léry” donné en 1189 par le roi d’Angleterre et duc de Normandie Richard Cœur-de-Lion ?

Les deux moulins de Léry sont mentionnés dans la même charte de 1077 par laquelle Guillaume le Conquérant dota en vignobles les moines de l'abbaye aux moines et les moniales de l'abbaye aux dames, de Caen donc. Il semble donc que les moulins servissent, en partie, à écraser le raisin d'une ample viticulture locale. Ici, sur une carte postale des années 1910, le moulin situé près du pont de l'église Saint-Ouen.

Les deux moulins de Léry sont mentionnés dans la même charte de 1077 par laquelle Guillaume le Conquérant dota en vignobles les moines de l'abbaye aux moines et les moniales de l'abbaye aux dames, de Caen donc. Il semble donc que les moulins servissent, en partie, à écraser le raisin d'une ample viticulture locale. Ici, sur une carte postale des années 1910, le moulin situé près du pont de l'église Saint-Ouen.

 

1.2. Le vignoble lérysien dans le cartulaire de Bonport

Le cartulaire désigne l’ensemble des chartes possédées par les moines d’une abbaye afin de défendre leur droit à la propriété ou à des redevances. Le cartulaire de Bonport, abbaye construite à Pont-de-l’Arche à partir de 1190, a été minutieusement étudié et compilé par Jules Andrieux. Nous avons sélectionné les passages les plus instructifs en lien avec le vignoble que nous avons compilés dans un article accessible ici. Mais que retenir de tout cela ?

En 1198, Richard Cœur-de-Lion, confirma sa donation aux moines bonportois et, notamment : “totum closum de Lere cum suis pertinentiis, et omnes vineas et vina que habebamus in Valle-Rodolii.” Les moines étaient donc fieffés à Léry, notamment de vignes et vignobles proches du Vaudreuil. Mais cela ne leur suffit pas.  

De 1190 à 1296, les moines bonportois acquirent ‒ environ ‒ 14 parcelles de vignes à Léry, 7 rentes sur des vignes lérysiennes et 8 parcelles de vignes dans 8 autres lieux distincts les uns les autres. Notons qu’à sa fondation l’abbaye de Bonport acquit trois parcelles en France conformément au souhait de Philippe II, roi de France, cofondateur de cette abbaye avec Richard Cœur-de-Lion. Léry apparait donc comme le lieu du vignoble bonportois par excellence. Nous apprenons que le vignoble servait notamment à l’hospice devant accueillir les pauvres à l’abbaye de Bonport, d’où la précision, en 1248, de la vente par Guillaume le Duc d’une pièce de vigne “au gardien de l'hospice des pauvres”. Une autre vigne est dite “sacriste”. Elle était donc réputée servir au sacriste, celui qui prépare l’office religieux et donc le vin de messe. Cela semble suggérer que le reste du produit des vignes allait à la consommation des moines, voire à la vente. Il nous est malheureusement impossible d’apprécier la superficie des vignes, les actes ne donnant pas cette précision. Ils évoquent, simplement, des “pièces” de terre. Cependant, les surfaces devaient être considérables car elles semblent couvrir une large partie du territoire paroissial.  

 

 

L'abbaye de Bonport était enclose. Une porte en permettait le ravitaillement depuis la berge de Seine. On peut imaginer les tonneaux de vin arrivant ici en vue de sa consommation par les moines, notamment dans le réfectoire, et par les personnes accueillies dans l'hospice, situé presque au-dessus de la cave (clichés Armand Launay, avril 2011).
L'abbaye de Bonport était enclose. Une porte en permettait le ravitaillement depuis la berge de Seine. On peut imaginer les tonneaux de vin arrivant ici en vue de sa consommation par les moines, notamment dans le réfectoire, et par les personnes accueillies dans l'hospice, situé presque au-dessus de la cave (clichés Armand Launay, avril 2011).

L'abbaye de Bonport était enclose. Une porte en permettait le ravitaillement depuis la berge de Seine. On peut imaginer les tonneaux de vin arrivant ici en vue de sa consommation par les moines, notamment dans le réfectoire, et par les personnes accueillies dans l'hospice, situé presque au-dessus de la cave (clichés Armand Launay, avril 2011).

 

Où était situé le vignoble lérysien ?

Le terme de “Vignettes”, petites vignes, est aujourd’hui connu qui désigne la prison de Val-de-Reuil, construite sur des terres de Léry (cédées en 1972 à la naissante commune de Val-de-Reuil). Le plan cadastral de 1834 montre le terme de “Vignettes”. Il se trouve sur la rive droite de l’Eure, du côté de l’Offrand. C’est un diminutif suggérant que les vignes étaient moins nombreuses de ce côté-ci. Elles étaient cependant suffisamment notables pour servir de toponyme. Le diminutif permettait de les distinguer des autres vignes lérisiennes. Celles-ci sont localisables dans le plan cadastral où l’on trouve la mention de “rue des vignes Potou” vers le Torché, ancien hameau existant déjà dans les chartes du XIIIe siècle, c’est-à-dire vers l’actuel Val-de-Reuil. Potou sonne comme le surnom d’une personne, si ce n’est pas son réel nom de famille.   

Un nom d’espace nous intéresse : “Le Camp l’abbé” qui signifie, en dialecte local, le champ de l’abbaye. L’abbaye est celle de Bonport, à n’en pas douter. Le nom d’abbé pour désigner un lieu semble déjà utilisé en 1291 dans une charte de vente par Guillaume Langleis d’une pièce de vignes aux moines de Bonport.

Les chartes bonportoises mentionnent rarement les lieux des vignobles mais le nom des propriétaires. Cependant, des vignes sont situées expressément en 1280 près de “Albe vie” qui se traduit du latin des chartes par “Voie blanche”, espace bien connu des hauts de Léry et, dans le français courant, par Aubevoye que l’on retrouve à côté de Gaillon. Un autre lieu est cité en 1288 : “queminum domini regis”, c’est-à-dire le “quemin le roy”, soit le chemin royal : la voie principale. C’est la voie de Rouen à Mantes que l’on retrouve sur le plan cadastral. D’autres noms nous intéressent : le Mont Béjout, qui indique une hauteur ; et Esmaiart, Esmeart, Maiart, qui nous fait songer ‒ même très lointainement ‒ aux mystérieux noms de “Grand-Neuf-Mare” et “Petit-Neuf-Mare” sur les hauts de Léry, là où il n’y a pas de mares. D’autres noms encore sont explicites : la rive de l’Eure, la garenne, le “nemus domini regis” c’est-à-dire la forêt du roi…   

Il ressort de ce paragraphe que de nombreux vignobles se trouvaient partout autour de Léry, surtout sur les pentes douces entre la voie principale et la Voie blanche. Mais nous nous étonnons de la présence de vignobles sur la rive droite de l’Eure et la plaine inondable...   

 

1.3. Les vignobles de la rive droite de l’Eure, dans la plaine inondable ?

Un autre nom de lieu de Léry, noté sur plan cadastral, intéresse notre étude : “le chemin des vignes de Léry à Poses”. Existait-il d’autres vignobles de ce côté-ci ? C’est ce que semble exprimer ce nom ou le mot “vignes” sonne comme un synonyme, dans l’usage local, de vignobles. Ce n’est pas qu’un nom de voie, le plan cadastral montre que c’est le nom d’un espace. Cela signifie donc qu’un vignoble occupait ce lieu.

Mais le fond de la vallée était-il favorable à cette culture ? C’est étonnant car il est connu que la vigne ne supporte pas l’excès d’eau. Or le fond de la vallée est submersible en cas de crues décennales et, à fortiori, centennales. Un indice nous est encore fourni par la toponymie : les différents espaces nommés “Les sablons”. Le fond de la vallée est composé de dépôt d’alluvions sablonneux. Ils attirent d’ailleurs les cimentiers qui l’exploitent depuis les années 1970. Les plaies béantes de leurs carrières ont été mis en eau afin d’être reconvertis en base de loisirs nautique : celle de Léry-Poses.

Édouard Capron, vigneron dont nous exposons le travail plus bas dans cette étude, nous a confirmé que “Les sols sablonneux sont propices à la culture : Les vignobles avec un sol sableux ont presque toujours une maturité précoce. Ce qui n’est pas un maigre avantage chez nous. Ils permettent un bon drainage des sols et évitent certaines maladies qui ne peuvent se développer. De plus le sable se réchauffe vite sous les rayons du soleil et diffuse cette chaleur en dessous de la surface. Ils le sont un peu moins (à mon gout) sur l’aspect qualitatif mais c’est une autre histoire. Ce type de sol donnera des vins légers et peu colorés mais parfois avec une grande finesse. Si la pluviométrie est suffisante (ce qui je pense était le cas), ce type de sol peut produire de grands vins rouges et blancs.” Nous buvons ses paroles.

Il fallait donc prévoir des années sans récoltes, après les crues, voire un remplacement des vignes. Ce qui devait nécessiter d’en posséder du côté insubmersible de la rive. Autrement, il est possible d’imaginer que les vignes fussent plantées sur des motillons, c’est-à-dire des ilôts légèrement plus élevés que le reste du fond de la vallée. Nous pensons que le raisin du chemin des vignes et des vignettes devaient être pressés au moulin de l’Offrand. L’Eure devait servir à acheminer le vin vers ses propriétaires et ses clients. C’est ce expliquerait le don de Guillaume le Conquérant qui confia le vignoble de part et d’autre de l’Eure, à Léry, pour deux grandes abbayes caennaises. C’est peut-être ce qui expliquerait, en partie, l’impressionnante place de la viticulture à Léry.  

Mais la culture du vignoble était-elle propre à Léry ou était-elle pratiquée ailleurs dans la région ?

 

Détail du cadastre de Léry où se voient la partie de plaine nommée "Les Vignettes", actuellement occupée par la prison, et l'ancien moulin de l'Aufrand, sur la rive droite de l'Eure. Il dût servir à presser le raisin lors des vendanges estivales (crédit : Archives départementales de l'Eure).

Détail du cadastre de Léry où se voient la partie de plaine nommée "Les Vignettes", actuellement occupée par la prison, et l'ancien moulin de l'Aufrand, sur la rive droite de l'Eure. Il dût servir à presser le raisin lors des vendanges estivales (crédit : Archives départementales de l'Eure).

 

2. Un troisième et même un quatrième verre : le vignoble était-il répandu dans les coteaux de la région de Pont-de-l’Arche ?

Ayant repéré un “chemin des vignes” entre Léry et Poses, nous avons laissé notre regard se promener sur les plans cadastraux, les vues satellitaires et les cartes toponymiques. Des indices de la présence de la vigne durant l’Ancien Régime sont visibles dans de nombreux villages que nous énumérons par village ci-dessous. Nous ajoutons les sources écrites médiévales et renaissantes dont nous disposons.

 

Poses

Le plan cadastral de Poses de 1834, signé par Le Fébure et Longlet, section de l’église, montre un dénommé “clos des vignes” proche d’un espace baptisé “Les sablons”. Cet espace était donc plutôt sec. Le clos des vignes est limitrophe de la commune de Tournedos. Une forme carrée se voit assez aisément sur le plan qui nous permet, sûrement, de retracer ce “clos”, c’est-à-dire un espace enclos. Il est situé au nord de l’ancien moulin à vent, ce qui devait être pratique pour écraser le raisin. Il n’est pas très éloigné de l’église de Poses, à l’ouest du clos.

 

Détail du cadastre de Poses (Archives départementales de l'Eure) où l'on voit apparaitre le "clos des vignes" à côté des "Sablons" et non loin de l'église.

Détail du cadastre de Poses (Archives départementales de l'Eure) où l'on voit apparaitre le "clos des vignes" à côté des "Sablons" et non loin de l'église.

 

Tournedos-sur-Seine

“Un clos de la vigne”, comme à Poses ou presque, apparait sur le plan cadastral de Tournedos, signé en 1834 par Le Fébure et Gondevin, à l’ouest de Pampou. Il est situé près d’un espace nommé “Les Pérelles”, pré formé de petites pierres et donc plutôt sec.

 

 

Le clos de la vigne de Tournedos, sur la gauche, limitrophe de Portejoie, au-dessus de Pampou (détail du plan cadastral, archives départementales de l'Eure).

Le clos de la vigne de Tournedos, sur la gauche, limitrophe de Portejoie, au-dessus de Pampou (détail du plan cadastral, archives départementales de l'Eure).

Connelles

Situé dans le creux d’un vallon, sur les berges de la Seine, entre deux coteaux crayeux du plateau du Vexin, Connelles concentre des paysages variés. Le plan cadastral de 1834, signé par Le Fébure et Gondouin, désigne un espace sous le nom de “La vigne Madame”, au nord de la partie la plus orientale du village (le long de la route de Daubeuf). Cet espace est un peu élevé et tourné vers le sud. Un autre toponyme nous intéresse : “Les vignes Servant” situé plus au nord, bien exposé au soleil, à contremont de la route longeant la Seine entre Amfreville et Connelles. Ces toponymes démontrent que les vignes permettaient de localiser des espaces. Elles n’étaient donc pas omniprésentes mais suffisamment nombreuses pour qu’il faille les singulariser. Servant sonne comme un nom de famille et Madame comme un sobriquet ou la marque de respect, peut-être, pour une noble propriétaire.

 

Le plan cadastral de Connelles (Archives départementales de l'Eure) montre "La vigne Madame", presque au centre ici, et "Les Vignes Servant" tout en haut à droite.

Le plan cadastral de Connelles (Archives départementales de l'Eure) montre "La vigne Madame", presque au centre ici, et "Les Vignes Servant" tout en haut à droite.

Le Mesnil-d’Andé

Le plan topographique du Mesnil-d’Andé montre une “rue des vignes” dans la partie haute du hameau.  Le plan cadastral de 1823, signé par Hautier et Roger, mentionne “les grandes vignes” à contremont du hameau. Cela indique qu’elles étaient impressionnantes pour leurs contemporains. De même, cela indique l’existence d’autres vignes, moins nombreuses, par différence avec ces “grandes” vignes.  

 

Saint-Pierre-du-Vauvray

De nos jours, les côtes de Seine de Saint-Pierre et de Vironvay font penser aux régions viticoles, les vignes en moins. Léopold Delisle mentionna, page 427, la présence de vignes à Saint-Pierre-du-Vauvray en 1333. Jules Andrieux fait état, page 405, de la propriété des moines de Bonport en 1340 : “en la ville du Vauvray, en la viconte du Pont de l’Arche, un hostel, vignes, terres labourables, prés, rentes en deniers, corvées, oyseaulx et autres redevances.

 

Le Vaudreuil

Jules Andrieux fait état, comme nous l’avons vu plus haut, de la confirmation en 1198 des dons consentis par Richard Cœur-de-Lion aux moines de Bonport et, notamment : “totum closum de Lere cum suis pertinentiis, et omnes vineas et vina que habebamus in Valle Rodolii.” Le clos de Léry ne se confondait pas avec les vignobles et le vin du Vaudreuil mais y était suffisamment lié pour être traité avec. Les vignobles du Vaudreuil devaient donc se trouver dans la plaine du Val-de-Reuil actuel et le long du coteau de la forêt de Bord.

Jules Andrieux expose, page 290, un acte par lequel Raoul le Meteer vendit aux religieux de Bonport 9 deniers de rente à prendre sur sa vigne de Landemare (en décembre 1274) située à Notre-Dame-du-Vaudreuil (“Beate Marie de Valle Rodolii”).

Jules Andrieux, toujours, fait état, page 405, de la propriété des moines de Bonport en 1340 : “en la ville de Vaudreul et viconte du Pont de l’Arche, ung hostel nomme Landemare, et ung moulin, vignes, prés, terres labourables.” Pierre Brunet écrivit qu’autour du Vaudreuil le vignoble disparut dès le XVIIIe siècle.

Les hauteurs de Pont-de-l'Arche, sur la route de Tostes, se seraient bien prêtées au vignobles durant le Moyen Âge, mais nous ne pouvons pas le prouver (cliché Armand Launay, mai 2013).

Les hauteurs de Pont-de-l'Arche, sur la route de Tostes, se seraient bien prêtées au vignobles durant le Moyen Âge, mais nous ne pouvons pas le prouver (cliché Armand Launay, mai 2013).

 

Pont-de-l’Arche

Léopold Delisle écrivit (page 427) que “Dans le compte des vins du roi pour 1227, Pont-de-l’Arche figure pour 88 muids 11 setiers et demi. Ces 88 muids concernent la production de toute l’élection (circonscription administrative). En effet, si un muid équivalait à 274 litres comme au XIXe siècle, cela eût représenté 24 112 litres soient 241 hectolitres. C’est bien au-delà de la production d’une seule paroisse.  

Jules Andrieux reproduisit (page 165) une charte bonportoise, datée de mai 1247, par laquelle Guillaume Helluin de Limaie vendit à Jean Durand une pièce de terre à Pont-de-l'Arche : “et hoc presenti scripto confirmavi, Johanni Durant, de Ponte-Arche, unam peciam terre ad campos, cultibilem, sitam videlicet in parrochia Sancti Vigoris Pontis-Arche, inter terram Roberti Le Conteor, ex una parte, et vineam Gaufridi Estordi, ex altera…” Le terrain vendu se trouvait à côté de la vigne de Geffroy Estordi. On entend presque "estourdi", étourdi, ce qui ne serait pas étonnant si le vigneron consommait une partie de sa production.

Dans le même cartulaire, une charte de confirmation, datée de 1340, rappelait les nombreux droits bonportois sur les habitants de la ville, parmi lesquels (page 396) : “xxx soulz que doit Guy Benoit, pour la vigne Estourmy en la dicte parroisse, du don dudict maistre Guillaume…” Bien que les terres les plus sèches de la ville soient celles de la route de Tostes, en pente, nous ne pouvons pas situer le vignoble Estordi ou Estourmy ; nom de famille qui n’apparait plus, à notre connaissance, dans l’histoire plus récente de la ville. Ce nom est difficile à lire et traduire. Il n’a pas dû rester plus longtemps usité. Cela doit prouver que le vignoble de Pont-de-l’Arche a été abandonné avant la fin du Moyen Âge.

 

Tostes

Près de la mairie se dessinent les premières pentes du ravin de la vallée d’Incarville. Celles-ci se creusent en un vallon qui s’approfondit à mesure qu’il se rapproche de la vallée de l’Eure. Avant d’entrer dans la forêt de Bord, au creux de ce vallon, on aperçoit un bois, sur la droite, en direction de l’ancien moulin à vent : c’est le “bois des vignes”. Bien que nous n’ayons pas de preuve textuelle, il semble que les moines de Bonport soient à l’origine de ces vignes. En effet, ils étaient propriétaires d’une très grande partie de Tostes au point d’avoir érigé les hameaux de Tostes en paroisse en 1687. Ils possédaient le moulin à vent proche des vignes qui nous intéressent. Ils étaient représentés localement dans la ferme de Bonport, où se trouvait une grange aux dimes, à côté de l’église paroissiale Sainte-Anne, en haut du ravin de la vallée d’Incarville. Ce nom apparait sur le plan cadastral de 1834 signé par Le Fébure et Lefebvre.  

 

 

Le vignoble du Domaine Saint-Expédit, à Freneuse, lors de son premier hiver entre 2016 et 2017 (clichés d'Edouard Capron)..
Le vignoble du Domaine Saint-Expédit, à Freneuse, lors de son premier hiver entre 2016 et 2017 (clichés d'Edouard Capron)..

Le vignoble du Domaine Saint-Expédit, à Freneuse, lors de son premier hiver entre 2016 et 2017 (clichés d'Edouard Capron)..

 

Oissel et Freneuse

Léopold Delisle exposa (page 427) qu’“Au XIIIe et au XIVe siècle, le territoire d’Oissel renfermait des vignobles assez considérables”.

L’abbé Cochet cita ces deux communes faisant partie depuis 1790 de la Seine-Maritime : “On le voit, les bords de la Seine étaient riches en vignobles, et si nous remontons un moment le fleuve, nous verrons les vins d’Oissel et de Freneuse mentionnés dans les anciens tarifs des droits d’entrée de la ville de Rouen. Noël de la Morinière, qui a bu du vin d’Oissel en 1791, assure qu’il était encore potable (16). Mais celui de Freneuse était regardé comme le meilleur ; il est question de ce vin dans un ancien cahier de remontrances faites, vers la fin du dernier siècle, sur la liberté des foires de Rouen.”

 

Alizay

Une carte toponymique d’Alizay montre une “rue du clos des vignes”, située en contrebas du coteau. La lecture du plan cadastral de 1834, signé par Le Fébure et Drouet, montre un espace sobrement nommé “les vignes”. Il est situé derrière le château (qui accueille aujourd’hui la mairie) et, peut-être surtout, l’église ; tant le vignoble était précieux aux membres de clergé.

 

 

Igoville

Reportez-vous à la légende de la photographie ci-dessous.

Quant à Igoville, ses douces pentes vers le Pré-Cantuit et son ensoleillement en ferait un lieu de viticulture idéal. La mémoire locale rappelle qu'un espace était appelé "les vignes" près du chemin de Devise, à la limite avec Alizay. Il existe aussi, à Igoville, un lieu appelé “Grand clos” qui peut désigner bien des activités (clichés Armand Launay, avril 2014).
Quant à Igoville, ses douces pentes vers le Pré-Cantuit et son ensoleillement en ferait un lieu de viticulture idéal. La mémoire locale rappelle qu'un espace était appelé "les vignes" près du chemin de Devise, à la limite avec Alizay. Il existe aussi, à Igoville, un lieu appelé “Grand clos” qui peut désigner bien des activités (clichés Armand Launay, avril 2014).

Quant à Igoville, ses douces pentes vers le Pré-Cantuit et son ensoleillement en ferait un lieu de viticulture idéal. La mémoire locale rappelle qu'un espace était appelé "les vignes" près du chemin de Devise, à la limite avec Alizay. Il existe aussi, à Igoville, un lieu appelé “Grand clos” qui peut désigner bien des activités (clichés Armand Launay, avril 2014).

 

Pîtres

MM. Charpillon et Caresme citent, dans leur article sur cette commune, un " Roger de Beaumont donna, vers 1070, à la Madeleine de Rouen, entre autres biens la terre de Pistres, pour fournir le pain et le vin du Saint-Sacrifice de la Messe." 

 

Pont-Saint-Pierre

Il existe à Pont-Saint-Pierre une route dite de “la vigne” qui passe au-dessus de l’ancienne abbaye de Fontaine-Guérard. Le plan cadastral de 1836, signé par Le Fébure et Legrain, montre qu’un lieu-dit se nommait “La vigne”. On la voit dans Section A dite “du Cardonnet et de Fontaine-Guérard”, sur la 7e des 8 feuilles.

 

Amfreville-sous-les-Monts

Le vignoble a été largement cultivé dans cette commune jusque très récemment, au point que nous nous en servons pour bâtir une partie de notre troisième partie sur l’évolution du vignoble du XVIIe siècle au début du XXe siècle.

Précisions ici, néanmoins, que la présence du vignoble a été accrue à Amfreville grâce à la présence du prieuré des Deux-amants. Les moines deuxamantins cultivaient directement leur vignoble sur les pentes de la côte devant leur monastère et étaient propriétaires des grandes fermes de la paroisse, qui cultivaient aussi partiellement le vignoble. Le vignoble des Deux-amants, joli nom, est visible sur une gravure ancienne, que nous reproduisons à côté de ce paragraphe, et sur une carte postale des années 1910 où elle semble toujours s’épanouir.  

 

Voici la plus ancienne gravure, connue, du prieuré des Deux-amants. Elle date d'entre 1685 et 1722. On y voir nettement son vignoble cultivé en carrés sur les pentes hautes de la côte.

Voici la plus ancienne gravure, connue, du prieuré des Deux-amants. Elle date d'entre 1685 et 1722. On y voir nettement son vignoble cultivé en carrés sur les pentes hautes de la côte.

 

Pour conclure ce rapide inventaire que constitue cette deuxième partie : bien que de nombreux espaces plantés de vignes n’apparaissent pas sur les plans cadastraux, nous avons localisé de nombreux toponymes en rapport avec la viticulture. Le vignoble concernait au moins un village sur deux de la région de Pont-de-l’Arche. Sans surprise il s’agit des villages aux pentes bien exposées au soleil. Il s’agit aussi de villages situés au fond de la vallée, ce qui est plus surprenant.

 

3. Un dernier verre pour la route, hips ! Le vignoble local entre essor et déclin du XVIIIe siècle au XXe siècle.

3.1. Le déclin du vignoble normand hormis celui de l’Eure.

Les auteurs sur le vignoble normand lèvent tous leur verre à l’âge d’or du vin régional, qu’ils situent avant le “petit âge glaciaire”. Celui-ci dura de 1350 à 1855. L’abbé Cochet livre une information précieuse sur la date des vendanges : “Au XIIIe siècle, Eudes Rigaud, archevêque de Rouen, faisant la visite de son diocèse, vint au prieuré de Saint-Aubin, près Gournay, le 9 septembre 1267 ; il y trouva treize religieuses, dont trois étaient pour l’heure aux vendanges (27). On voit ici à quel moment se faisait la récolte. En 1842, année très chaude, nous avons vu publier le ban de vendanges à Orléans, le 19 septembre seulement, tandis que, chez nous, il y a 600 ans, on le publiait dix jours plus tôt. Il s’ensuit de là, qu’au XIIIe siècle, sur les bords de l’Epte et de la Bresle, le raisin mûrissait plus vite qu’il ne mûrit au XIXe, sur les bords de la Loire.” Les variations du climat ne sont donc pas une vue de l’esprit.

Le petit âge glaciaire ne signifie cependant pas que la vigne disparut, loin de loin. Elle régressa pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les importations s’accrurent depuis des régions plus méridionales, aux vins plus fins, et ce à mesure que grandirent le royaume Plantagenêt puis le royaume de France. Puis, le climat rendit plus couteux l’entretien de la vigne et en fit baisser la quantité et la qualité. C’est ce qui explique la raréfaction de la viticulture d’ouest en Est : exit la vigne de l’Avranchin (Manche) à la fin du Moyen Âge, puis celle du Perche (Orne) au XVIe siècle, celle d’Argences (Calvados) au XVIIe siècle et, enfin, celle de Rouen (Seine-Maritime) au XVIIe siècle. Qui plus est, une source concurrente de sucre fut de plus en plus privilégiée : la pomme avec laquelle on fait le cidre et le Calvados.

Pour l’heure, au XVIIe siècle, le vignoble de l’Eure se maintenait. Il se développa même un temps durant.

 

 

Le vignoble de la région de Pont-de-l'Arche se développa encore à la fin de l'Ancien régime et perdura jusqu'au début du XXe siècle, bien qu'ayant été supplanté par les pommeraies. Ici une carte postale des années 1910 montre le vignoble des Deux-amants au premier plan d'une belle perspective sur la vallée.

Le vignoble de la région de Pont-de-l'Arche se développa encore à la fin de l'Ancien régime et perdura jusqu'au début du XXe siècle, bien qu'ayant été supplanté par les pommeraies. Ici une carte postale des années 1910 montre le vignoble des Deux-amants au premier plan d'une belle perspective sur la vallée.

 

3.2. Le vignoble eurois : vignoble en progression aux XVIIe et XVIIe  siècles.

Pierre Brunet nota (page 188) qu’un arrêt du Parlement de Paris du 14 aout 1577 eut un effet positif sur la production euroise des vallées de l’Eure et de l’Iton, de la rive gauche de la Seine entre Vernon et Gaillon et la vallée inférieure de l’Epte. Cet arrêt interdit “aux marchands de vin de la ville de Paris d’acheter leur vin en deçà d’une ligne passant par Chartres, Mantes, Meulan, Clermont-en-Beauvaisie, Senlis, Meaux, Moret et Pithiviers.” Elle s’appelait “la règle des 20 lieues” et avait pour finalité de faire vivre les cabarets qui, seuls, pouvaient s’approvisionner sur place. Pierre Brunet écrit (page 189) que cet arrêt a renforcé la commande de vins en Normandie, le long des voies navigables. Il fait état de “mentions de “grands vignobles” dans les textes du début du XVIIe pour les élections (circonscriptions administratives) des Andelys et de Pont-de-l’Arche. “La descente partielle des vignes vers les plus basses pentes et la substitution des rouges médiocres aux blancs plus vins découlent de cette opportunité.” Ce vignoble normand alors en vogue concerna largement celui de Longueville, entre Vernon et Gaillon. Celui-ci était tellement réputé qu’on le disait “vin français”. Cependant un édit de 1776 sur la libre circulation des vins annula ces restrictions et accentua le recul déjà amorcé du vignoble local.

 

3.3. Le déclin du vignoble eurois au XIXe et XXe siècles.

Dans une monographie sur Amfreville-sous-les-monts, André Pilet consacra un chapitre intitulé : “La vigne dans notre commune”, de la page 49 à 52.

Il observa que la plus ancienne gravure connue du prieuré des Deux-amants présentait un vignoble. L’original de cette gravure date d’entre 1685 et 1722. On y voit de larges espaces pentus consacrés au vignoble sur la partie haute de la côte des Deux-amants. En ce temps, on n’utilisait pas de tuteurs qui créent les alignements si caractéristiques, aujourd’hui, des vignobles. On voit néanmoins se dessiner des carrés de culture, assurément pour le passage des charrettes ; les vendangeurs devant se faufiler à travers les plants pour récolter le maximum de fruits.

André Pilet consulta et commenta un document daté de 1760 et intitulé "rôle des vingtièmes, paroisse d'Amfreville sur les monts". Les vingtièmes étaient un impôt foncier sur les cultures. Sur les 18 personnes citées, 12 déclarèrent des vignes. Selon l’auteur les vignobles totalisaient un hectare, soit 10 000 m². C’est impressionnant pour nous aujourd’hui. C’était déjà en baisse, écrit l’auteur, pour nos ancêtres qui avaient subi de durs hivers. André Pilet donne ensuite des statistiques départementales : en l’An IX, 34 238 hectolitres de vin furent produits contre 18 530 hectolitres en 1837. La production de cidre était alors de 879 000 hectolitres, 47 fois plus que le vin. Le phylloxéra toucha aussi le vignoble eurois. D’autres informations éclairent les causes du déclin du vignoble : “En 1898, il y avait dans l'Eure, 24 pépiniéristes produisant de la vigne.” En 1913 il en restait 4. L’abandon de la recherche et de la sélection des variétés de vignes les plus résistantes, productives et, en un mot, adaptées à notre région a sonné le glas de la production. Malgré cela, en 1916, une production locale est toujours déclarée aux autorités : “10 hectolitres de vin à Daubeuf-Vatteville, 8 à Pressagny l'Orgueilleux. Fleury sur Andelle déclare 2,5 hectolitres en bouteilles (...). Par contre 140 hectolitres de cidre sont mentionnés. Amfreville-sous-les-Monts déclare 6 hectolitres de vin récolté, et donc pas encore bu, ainsi que 189 hectolitres de cidre.”

Le vignoble n’a donc pas disparu d’un coup. Son maintien ou son abandon a fait l’objet de choix délibérés de la part des cultivateurs qui étudiaient sa rentabilité parmi d’autres productions. Il a aussi, semble-t-il, été préféré un temps durant aux boissons nouvelles. C’est ce que nota Charles de Beaurepaire, dans L’état des campagnes normandes. À la page 90, il écrivit qu’il existait dans les trois siècles précédant la Révolution une boisson dominante et quasi-exclusive selon les pays de Normandie : cervoise, vin ou cidre… Dans le bocage et ses vergers le cidre dominait. À Eu et Aumale, comme la Picardie et le Nord, les habitants restaient fidèles à la cervoise de nos ancêtres. Aux Andelys, Louviers, Vernon, Pont-de-l’Arche, Breteuil et Évreux, la consommation de vin résistait. C’est cette habitude qui a dû maintenir quelques décennies encore la production locale à des fins de consommation directe. À Rouen, la cervoise dominait mais en laissant une large place aux deux autres boissons.  

 

Conclusion

La vigne n’a pas été qu’une simple plante présente le long des murs des vieilles demeures. On peut raisonnablement parler de vignobles de la région de Pont-de-l’Arche.

Le vignoble a concerné durant le Moyen Âge et l’Ancien Régime au moins une paroisse sur deux. Le vin servait beaucoup à l’exercice du culte religieux. On peut citer l’ancienne abbaye de Bonport et sa domination sur le vignoble de Léry. Citons aussi le prieuré des Deux-amants et son vignoble d’Amfreville.

Un temps durant, le vin de notre région a alimenté Paris malgré le durcissement du climat. Ce fut le temps des vignobles dans les basses pentes et le fond sablonneux de la vallée, plantée de cépages blancs. Puis, les vignerons locaux ont choisi de se reconvertir, décennie après décennie, vers de plus lucratives activités : les arbres fruitiers, au premier rang desquels la pomme à cidre. Les importations se sont aussi accrues, rendant accessible le vin des régions du sud, puis de l’étranger. Il faut donc imaginer que durant l’Ancien régime notre contrée ne se présentait pas encore sous l’image d’Épinal d’une Normandie uniquement faite de pommeraies mais aussi de vignobles.  

 

 

À quand le digestif ?

La vigne a toujours vécu en Normandie mais la viticulture renait depuis trois décennies. Le climat semble changer et devenir plus propice à une production plus large et meilleure. Ainsi, la viticulture renait. Citons Gérard Samson et les Arpents du soleil à Saint-Pierre-sur-Dives, près de Lisieux, Ludovic Messiers au Havre et à Étretat, Camille Ravinet à Giverny, un collectif de micro-producteurs à Gaillon... Surtout, en ce qui concerne les coteaux qui nous intéressent, citons l’initiative à Freneuse d’Édouard Capron qui a planté 3000 pieds de vigne en mars 2016 et qui espère faire gouter au public le fruit de ses efforts en juillet 2019. Il a nommé son vignoble : domaine Saint-Expédit, du nom d’un des saints de la paroisse. Cela rappelle l’importance des moines dans la viticulture. Cela évoque aussi la difficulté de l’initiative puisque Saint-Expédit est le saint des causes désespérées. Un site Internet existe pour en savoir plus : http://domaine-saint-expedit.fr

 

À vot’ santé !

 

Page d'accueil du site Internet du Domaine Saint-Expédit, d'Edouard Capron, qui fait revivre le vignoble local.

Page d'accueil du site Internet du Domaine Saint-Expédit, d'Edouard Capron, qui fait revivre le vignoble local.

 

Sources

- Archives départementales de l’Eure, les : les plans cadastraux et les cartes postales en ligne sur www.archives.eure.fr ;

- Beaurepaire, Charles de, Notes et documents concernant l'état des campagnes de la Haute Normandie dans les derniers temps du Moyen âge, 1865, 790 pages. Consultable sur Google livres ;

- Brunet, Pierre, “Un vignoble défunt : la Normandie”, in Collectif, Des vignobles et des vins à travers le monde : hommage à Alain Huetz de Lemps, voir les pages 183 à 191, presses universitaires de Bordeaux, 1996 ; Disponible, par passages, dans Google livres ;

- Cochet, Jean-Benoît-Désiré, abbé, Culture de la vigne en Normandie, 1844, accessible sur le site de la bibliothèque municipale de Lisieux : http://www.bmlisieux.com/normandie/cochet01.htm ;

- Charpillon, Louis-Étienne, Caresme, Anatole, Dictionnaire historique de toutes les communes du département de l’Eure, 1868, 960 pages, tome II, voir les pages 398-399 reproduites sur notre blog ici ;

- Delisle, Léopold, Études sur la condition de la classe agricole et l'état de l'agriculture en Normandie au moyen-âge, in Société libre d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres de l'Eure, 1903. Accessible sur Gallica ;

- Pilet, André, Terre des Deux-Amants. Amfreville-sous-les-monts : son histoire, des silex taillés à l’ordinateur, éditions Bertout, Luneray, 1996, 179 pages.  ;

- Ridel, Laurent, “Une culture oubliée : les vignobles de Normandie”,

http://www.histoire-normandie.fr/une-culture-oubliee-les-vignobles-de-normandie

- Viel, Jean-Claude, “On buvait sec dans les monastères”, sur le site Vins de Normandie : histoire et actualités.

 

 

Armand Launay

Pont-de-l'Arche ma ville

http://pontdelarche.over-blog.com

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Mes activités

Armand Launay. Né à Pont-de-l'Arche en 1980, j'ai étudié l'histoire et la sociologie à l'université du Havre (Licence) avant d'obtenir un DUT information-communication qui m'a permis de devenir agent des bibliothèques. J'ai acquis, depuis, un Master des Métiers de l'éducation et de la formation, mention Lettres modernes. Depuis 2002, je mets en valeur le patrimoine et l'histoire de Pont-de-l'Arche à travers :

- des visites commentées de la ville depuis 2004 ;

- des publications, dont fait partie ce blog :

Bibliographie

- 20 numéros de La Fouine magazine (2003-2007) et des articles dans la presse régionale normande : "Conviviale et médiévale, Pont-de-l'Arche vous accueille", Patrimoine normand n° 75 ; "Pont-de-l'Arche, berceau de l'infanterie française ?", Patrimoine normand n° 76 ; "Bonport : l'ancienne abbaye dévoile son histoire", Patrimoine normand n° 79 ; "Chaussures Marco : deux siècles de savoir-plaire normand !", Pays de Normandie n° 75.

- L'Histoire des Damps et des prémices de Pont-de-l'Arche (éditions Charles-Corlet, 2007, 240 pages) ;

- Pont-de-l'Arche (éditions Alan-Sutton, collection "Mémoire en images", 2008, 117 pages) ;

- De 2008 à 2014, j'ai été conseiller municipal délégué à la communication et rédacteur en chef de "Pont-de-l'Arche magazine" ;

- Pont-de-l'Arche, cité de la chaussure : étude sur un patrimoine industriel normand depuis le XVIIIe siècle (mairie de Pont-de-l'Arche, 2009, 52 pages) ;

- Pont-de-l'Arche, un joyau médiéval au cœur de la Normandie : guide touristique et patrimonial (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 40 pages) ;

- Pont-de-l'Arche 1911 I 2011 : l'évolution urbaine en 62 photographies (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 32 pages) ;

- Mieux connaitre Pont-de-l'Arche à travers 150 noms de rues et de lieux ! (Autoédité, 2019, 64 pages) ; 

- Déconfiner le regard sur Pont-de-l'Arche et ses alentours (Autoédité avec Frédéric Ménissier, 2021, 64 pages) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (publié en ligne, 2022) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (version mise en page du précédent ouvrage, édité par la mairie de Terres-de-Bord, 2023).

Depuis 2014, je suis enseignant à Mayotte.

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