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3 mai 2019 5 03 /05 /mai /2019 14:04

 

Entre 1934 et 1935 le confluent de l’Eure et de la Seine a été reporté en aval, à Martot… L’Eure a gagné plus de 10 km et a atteint les 228,7 km de longueur qu’on lui connait de nos jours. Quelle est la raison de ce changement de lieu ?

 

Dans les années 1930, d’immenses travaux de chenalage ont eu lieu. Le chenalage désigne l’aménagement d’une voie navigable, un peu à la manière d’un canal. C’est ce qui explique pourquoi les berges de la Seine sont depuis rectilignes et, souvent, endiguées. Pour réaliser cela, le service de la navigation a déterminé quel serait le cours principal de la Seine. Le bras majeur du fleuve a été choisi. Les bras secondaires étaient donc inutiles, voire nuisibles, car ils alimentaient en alluvions le cours principal et détournaient des eaux, baissant la profondeur du cours principal. Il fallait les supprimer.

C’est pourquoi les iles de Seine ont été rassemblées de manière à bâtir une sorte de digue sud au cours principal de la Seine. Elles ont été rassemblées grâce aux terres issues du dragage du lit de la Seine. Tout l’espace en face de la place du village des Damps a été comblé en 1934. Les bras entre les iles ont été comblés de manière de ne laisser que la péninsule Saint-Pierre qui arrive, depuis, jusqu’au pont de Pont-de-l’Arche. Les iles situées en amont, vers Poses, ont été rattachées à la péninsule de la Garenne. On voit toujours quelques saules têtards qui marquent les emplacements des anciens bras, en direction du pont ferroviaire du Manoir. On utilise toujours les noms des anciennes iles, notamment quand on parle des "jardins ouvriers" ou "familiaux" de Rouville, du nom de l'ancienne ile de la commune d'Alizay mais situé sur la rive gauche de la Seine.

Le petit port des Damps, situé sur la place du village, fut coupé de la Seine. Pour pallier cela, la mairie des Damps fit bâtir un petit pont sur l’Eure, en aout 1935. Grâce à cela, les camions chargés de bois de la forêt de Bord pouvaient aller sur la berge de Seine où attendaient les péniches pour le chargement. Cependant, le transport routier prit bientôt le relai du transport fluvial et le chemin longeant les berges de Seine devint une décharge sauvage jusque dans les années 1980 où il fut nettoyé.

Quant au bac des Damps, petit service qui reliait la place du village à la péninsule de la Garenne, il est devenu parfaitement inutile avec la création du petit pont en 1935.

 

Tous ces travaux ne suffirent pas : il fallut maintenir le niveau des eaux de l’Eure à Martot, de manière à ce que la rivière ne soit pas asséchée. En effet, le cours principal de la Seine fut approfondi. Ceci afin de rendre inutile le barrage de Martot et donc de démolir. Par conséquent, depuis ce temps les eaux de l’Eure se déversent très rapidement dans le cours de la Seine si rien ne leur barre le passage. C’est la raison pour laquelle un petit barrage sur l’Eure fut bâti à Martot. Il a été remplacé en 2017 par une passe qui maintient toujours un niveau minimum des eaux mais qui accélère un peu le courant de manière à ce qu’il évacue de lui-même la vase. De même, il permet aux poissons de remonter le courant. Ce n’est pas tout, un déversoir fut créé à Pont-de-l’Arche en 1935 de manière à évacuer le surplus d’eau et donc de décharger le barrage de Martot.

 

Comment interpréter les documents et des cartes postales anciennes ?

Cartes postale illustrée des Damps. Cette photographie fut prise vers 1920 depuis un étage de la Gentilhommière, vraisemblablement. Au premier plan se trouve l'ancien confluent, face à la place du village. A l'arrière plan on aperçoit le pont ferroviaire du Manoir ce qui prouve bien que le bras principal est celui de la Seine. A gauche, se trouve une ile de Seine. A droite, se trouve la pointe de la Garenne, dernière séparation entre l'Eure et la Seine.

Cartes postale illustrée des Damps. Cette photographie fut prise vers 1920 depuis un étage de la Gentilhommière, vraisemblablement. Au premier plan se trouve l'ancien confluent, face à la place du village. A l'arrière plan on aperçoit le pont ferroviaire du Manoir ce qui prouve bien que le bras principal est celui de la Seine. A gauche, se trouve une ile de Seine. A droite, se trouve la pointe de la Garenne, dernière séparation entre l'Eure et la Seine.

La place du village des Damps sur une carte postale illustrée des années 1910. Deux cafés-épiceries servaient la population dampsoise et les gens de passage prenant, notamment, le bac entre Poses et Les Damps. Le bac est bien visible ici. Son débarcadère en terre est toujours visible de nos jours en amont du petit pont qui fut bâti en 1935.

La place du village des Damps sur une carte postale illustrée des années 1910. Deux cafés-épiceries servaient la population dampsoise et les gens de passage prenant, notamment, le bac entre Poses et Les Damps. Le bac est bien visible ici. Son débarcadère en terre est toujours visible de nos jours en amont du petit pont qui fut bâti en 1935.

Carte postale illustrée des Damps. La photographie fut prise depuis les hauteurs de l'espace anciennement appelé "le Clos". On y voit, en bas à droite, une première maison, située avant la ferme de la Côte. Le premier cours d'eau est l'Eure, toujours située en ce lieu. Plus loin, un deuxième cours d'eau est visible. Il s'agit d'un ancien bras de Seine de Poses aux Damps entre la Garenne et l'ile de Rouville. Il a été comblé en 1934. Le troisième cours d'eau, au fond, est le bras principal de la Seine.

Carte postale illustrée des Damps. La photographie fut prise depuis les hauteurs de l'espace anciennement appelé "le Clos". On y voit, en bas à droite, une première maison, située avant la ferme de la Côte. Le premier cours d'eau est l'Eure, toujours située en ce lieu. Plus loin, un deuxième cours d'eau est visible. Il s'agit d'un ancien bras de Seine de Poses aux Damps entre la Garenne et l'ile de Rouville. Il a été comblé en 1934. Le troisième cours d'eau, au fond, est le bras principal de la Seine.

Carte du service de la navigation de la Seine avant le comblement du confluent des Damps. Le village des Damps est en haut de cette vue, au sud. On y voit précisément les contours des iles et le tracé des cours d'eau. Les digues prévues sont tracées en rouge. Elles consisteront en de simples levées de terre. Avec nos remerciements à Thomas Gardes pour le partage de ce document.

Carte du service de la navigation de la Seine avant le comblement du confluent des Damps. Le village des Damps est en haut de cette vue, au sud. On y voit précisément les contours des iles et le tracé des cours d'eau. Les digues prévues sont tracées en rouge. Elles consisteront en de simples levées de terre. Avec nos remerciements à Thomas Gardes pour le partage de ce document.

La péninsule Saint-Pierre en juillet 2016 vue depuis Les Damps du haut. On voit nettement que son relief est tourmenté. Il témoigne du travail de l'homme et du comblement partiel des anciens bras de Seine. Une partie d'un bras est toujours en eau et grandit à mesure que la crue augmente l'hiver (cliché Armand Launay).

La péninsule Saint-Pierre en juillet 2016 vue depuis Les Damps du haut. On voit nettement que son relief est tourmenté. Il témoigne du travail de l'homme et du comblement partiel des anciens bras de Seine. Une partie d'un bras est toujours en eau et grandit à mesure que la crue augmente l'hiver (cliché Armand Launay).

Perspective sur l'actuel confluent de l'Eure et de la Seine. On dit qu'il se trouve à Martot, après la passe. En réalité il est situé dans la commune de Saint-Pierre-lès-Elbeuf, en Seine-Maritime. Au loin, on peut admirer les immeubles du Puchot à Elbeuf (cliché Armand Launay, aout 2010).

Perspective sur l'actuel confluent de l'Eure et de la Seine. On dit qu'il se trouve à Martot, après la passe. En réalité il est situé dans la commune de Saint-Pierre-lès-Elbeuf, en Seine-Maritime. Au loin, on peut admirer les immeubles du Puchot à Elbeuf (cliché Armand Launay, aout 2010).

Pour aller plus loin dans l'étude de la confluence Seine-Eure, vous pouvez lire notre article consacré à la commune de Porte-de-Seine. Il y est beaucoup question d'archéologie et notamment de l'ancien confluent de l'Eure et de la Seine qui devait se trouver encore vers l'an mil du côté de ce qui est devenu Port-Pinché. 

 

Pour aller plus loin concernant les grands travaux de chenalage de la Seine...

D'où vient le nom de l'Eure et comment a-t-il évolué depuis l'Antiquité ?

 

Armand Launay

Pont-de-l'Arche ma ville

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Mes activités

Armand Launay. Né à Pont-de-l'Arche en 1980, j'ai étudié l'histoire et la sociologie à l'université du Havre (Licence) avant d'obtenir un DUT information-communication qui m'a permis de devenir agent des bibliothèques. J'ai acquis, depuis, un Master des Métiers de l'éducation et de la formation, mention Lettres modernes. Depuis 2002, je mets en valeur le patrimoine et l'histoire de Pont-de-l'Arche à travers :

- des visites commentées de la ville depuis 2004 ;

- des publications, dont fait partie ce blog :

Bibliographie

- 20 numéros de La Fouine magazine (2003-2007) et des articles dans la presse régionale normande : "Conviviale et médiévale, Pont-de-l'Arche vous accueille", Patrimoine normand n° 75 ; "Pont-de-l'Arche, berceau de l'infanterie française ?", Patrimoine normand n° 76 ; "Bonport : l'ancienne abbaye dévoile son histoire", Patrimoine normand n° 79 ; "Chaussures Marco : deux siècles de savoir-plaire normand !", Pays de Normandie n° 75.

- L'Histoire des Damps et des prémices de Pont-de-l'Arche (éditions Charles-Corlet, 2007, 240 pages) ;

- Pont-de-l'Arche (éditions Alan-Sutton, collection "Mémoire en images", 2008, 117 pages) ;

- De 2008 à 2014, j'ai été conseiller municipal délégué à la communication et rédacteur en chef de "Pont-de-l'Arche magazine" ;

- Pont-de-l'Arche, cité de la chaussure : étude sur un patrimoine industriel normand depuis le XVIIIe siècle (mairie de Pont-de-l'Arche, 2009, 52 pages) ;

- Pont-de-l'Arche, un joyau médiéval au cœur de la Normandie : guide touristique et patrimonial (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 40 pages) ;

- Pont-de-l'Arche 1911 I 2011 : l'évolution urbaine en 62 photographies (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 32 pages) ;

- Mieux connaitre Pont-de-l'Arche à travers 150 noms de rues et de lieux ! (Autoédité, 2019, 64 pages) ; 

- Déconfiner le regard sur Pont-de-l'Arche et ses alentours (Autoédité avec Frédéric Ménissier, 2021, 64 pages) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (publié en ligne, 2022) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (version mise en page du précédent ouvrage, édité par la mairie de Terres-de-Bord, 2023).

Depuis 2014, je suis enseignant à Mayotte.

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