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6 juillet 2011 3 06 /07 /juillet /2011 18:01

Carte-postale-des-Damps-6-

 

Qui a fait bâtir la chapelle et quand ?

La chapelle Saint-Pierre des Damps fut inauguré en 1856 grâce aux deniers réunis par les fidèles catholiques de la commune et ce après plusieurs années de souscription. La dernière famille noble ayant résidé aux Damps, les De Lux, joua un rôle moteur en apportant une somme importante qui a financé la fonte de la cloche, en 1854, qui en porte la mémoire. Les De Lux habitaient la ferme de la Côte. Les sommes réunies ont permis la construction de la modeste chapelle que l’on voit aujourd’hui.

Après 1856, le curé de Pont-de-l’Arche et son vicaire venaient régulièrement célébrer la messe dans la chapelle, moyennant une contribution de la commune. Des grillages furent apposés en 1888 pour protéger les vitraux côté nord. La chapelle est devenue une propriété de la commune des Damps en 1905 dans le cadre de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. C’est donc la commune qui assure depuis toutes les réparations et notamment celles causées en aout 1944 lors de la débâcle allemande et, plus récemment, l’entretien de la croix du cimetière et de la cloche.

 

Chapelle Saint-Pierre

 

Quel est son intérêt patrimonial ?

La chapelle Saint-Pierre ne comprend qu’un seul vaisseau couvert d’un toit à longs pans en ardoises et surmonté d’un clocheton carré en forme de flèche. Les murs latéraux sont percés d’ouvertures en plein cintre (3 au nord, côté Eure, et deux au sud). De petits moellons calcaires ont été utilisés en remplissage et des briquettes rouges en chainage. Un presbytère fut accolé à la chapelle dès l’origine puis fut agrandi côté sud avec de la briquette rouge. Le retable de l'ancienne église des Damps fut récupéré par la fabrique de Pont-de-l'Arche et se trouve aujourd'hui dans le bas-côté sud de Notre-Dame-des-arts. Une croix en calcaire taillé et sculpté au XVIe siècle est situé dans la cour. Il est un des rares vestiges des pierres de l’ancien cimetière avec une pierre compagnonnique qui nous sert d'illustration à notre article sur Les amis réunis.

 

P1090712.JPG

 

Une église et une paroisse médiévales disparues…

Le plus ancien document qui atteste l’existence d’une église aux Damps date de 1020. Cette église devait exister auparavant. Ce premier document nous apprend que l’église des Damps était déjà placée sous le patronage de Saint-Pierre et qu’elle constituait une paroisse à part entière. Les revenus et l’entretien de celle-ci avaient été remis à l’abbaye de Jumièges par le duc de Normandie. Quelle était l’architecture de cette église disparue ? Selon toute vraisemblance, c’était une église romane. Quant à ses dimensions, il semble qu’elles n’aient pas dépassé de beaucoup celles de la chapelle actuelle.

La paroisse des Damps, qui existait au moins depuis 1020, a toujours souffert de la proximité de Pont-de-l’Arche, ville née bien après le village des Damps. Elle fut englobée dans la paroisse de Pont-de-l’Arche quelques années avant la Révolution française. C’est ainsi qu’en 1789, les habitants des Damps et de Pont-de-l’Arche ont présenté leurs remontrances au roi dans les mêmes cahiers de doléances. L’ancienne église Saint-Pierre fut démolie à la toute fin du XVIIIe siècle par décision de la paroisse de Pont-de-l’Arche…

 

Litiges avec Pont-de-l’Arche sur le cimetière…

La paroisse des Damps mourut quelques temps avant la Révolution française. L’église, comme le reste des Damps, devint donc une propriété de la paroisse de Pont-de-l’Arche. Cependant la Révolution française créa la commune des Damps en 1790 et celle-ci était, bien évidemment, indépendante de Pont-de-l’Arche. La même année, tous les biens du Vatican devinrent des propriétés de l’Etat. L’église des Damps fut donc gérée par la commune des Damps pour le compte de l’Etat. Mais, en 1801, Napoléon signa le concordat avec le Vatican et l’église des Damps redevint une propriété de la paroisse de Pont-de-l’Arche… Cette paroisse vendit les pierres de l’église Saint-Pierre à la toute fin du XVIIIe siècle afin de financer son nouveau presbytère…Les habitants des Damps y étaient tout à fait opposés, d’autant plus que, désormais, il n’y avait plus de culte possible et donc plus de cérémonie funèbre... Car la paroisse de Pont-de-l’Arche avait aussi des vues sur le cimetière, qu’elle considérait comme sa propriété. Elle ne voulait plus qu’on enterre les morts des Damps (et ce pour pouvoir revendre les pierres des tombes et des murets)… Après un imbroglio administratif, le préfet de l’Eure trancha en la faveur des Dampsois. La commune des Damps retrouva tous ses droits sur le terrain de l’ancienne église en 1848. La construction d’un nouveau lieu de culte était de nouveau possible. Une souscription des Dampsois permit de bâtir une chapelle en 1856 entourée de son cimetière, de nouveau utilisé et ce jusqu’en 1925.

 

Pourquoi « Saint-Pierre » ?

L'église des Damps était placée sous le vocable de saint Pierre l'apôtre fêté le 29 juin. Saint Pierre était le patron des pêcheurs et des agriculteurs. Plus précisément, il était le patron de l’orge car cette céréale monte en épi durant la dernière semaine du mois de juin (entre la Saint-Jean et la Saint-Pierre.). Cette hypothèse correspond plutôt bien à notre village dont la majorité des habitants vivaient de la pêche et de l’agriculture. Qui plus est, l’ancienne église était située entre les eaux et les terres agricoles, en contrebas du plus ancien site d’habitation des Damps, c'est-à-dire Les Vauges. Or, bien souvent, le culte chrétien rendu à saint Pierre a remplacé un lieu de culte païen offert à un dieu de la fertilité.

 

La « confrérie Saint-Pierre »…

Des groupes de chrétiens laïcs se constituèrent durant les épidémies de peste afin d’aider les familles à enterrer les nombreuses victimes. Elles apportaient à la fois une aide physique et morale. Ces groupes portent le nom de « confréries de charité » c’est-à-dire étymologiquement un « groupe de frères qui apportent leur charité ».

La paroisse des Damps a elle aussi eut sa confrérie qui exista jusqu’aux alentours de la Révolution. Celle-ci, pour financer un peu ses activités, percevait une partie des taxes payées par les passagers du bac qui relait Les Damps à Alizay en passant par le confluent de l’Eure et de la Seine.

 

 

Sources

L’Histoire des Damps et des prémices de Pont-de-l’Arche, éditions Charles-Corlet, 2007, Armand Launay

- Fonds Mérimée du ministère de la Culture

- Fonds patrimoniaux du Conseil général de l’Eure

 

A lire aussi... 

Pont-de-l'Arche, Les Damps et le paganisme

L'église de Pont-de-l'Arche

L'église de Tostes

Armand Launay

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Mes activités

Armand Launay. Né à Pont-de-l'Arche en 1980, j'ai étudié l'histoire et la sociologie à l'université du Havre (Licence) avant d'obtenir un DUT information-communication qui m'a permis de devenir agent des bibliothèques. J'ai acquis, depuis, un Master des Métiers de l'éducation et de la formation, mention Lettres modernes. Depuis 2002, je mets en valeur le patrimoine et l'histoire de Pont-de-l'Arche à travers :

- des visites commentées de la ville depuis 2004 ;

- des publications, dont fait partie ce blog :

Bibliographie

- 20 numéros de La Fouine magazine (2003-2007) et des articles dans la presse régionale normande : "Conviviale et médiévale, Pont-de-l'Arche vous accueille", Patrimoine normand n° 75 ; "Pont-de-l'Arche, berceau de l'infanterie française ?", Patrimoine normand n° 76 ; "Bonport : l'ancienne abbaye dévoile son histoire", Patrimoine normand n° 79 ; "Chaussures Marco : deux siècles de savoir-plaire normand !", Pays de Normandie n° 75.

- L'Histoire des Damps et des prémices de Pont-de-l'Arche (éditions Charles-Corlet, 2007, 240 pages) ;

- Pont-de-l'Arche (éditions Alan-Sutton, collection "Mémoire en images", 2008, 117 pages) ;

- De 2008 à 2014, j'ai été conseiller municipal délégué à la communication et rédacteur en chef de "Pont-de-l'Arche magazine" ;

- Pont-de-l'Arche, cité de la chaussure : étude sur un patrimoine industriel normand depuis le XVIIIe siècle (mairie de Pont-de-l'Arche, 2009, 52 pages) ;

- Pont-de-l'Arche, un joyau médiéval au cœur de la Normandie : guide touristique et patrimonial (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 40 pages) ;

- Pont-de-l'Arche 1911 I 2011 : l'évolution urbaine en 62 photographies (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 32 pages) ;

- Mieux connaitre Pont-de-l'Arche à travers 150 noms de rues et de lieux ! (Autoédité, 2019, 64 pages) ; 

- Déconfiner le regard sur Pont-de-l'Arche et ses alentours (Autoédité avec Frédéric Ménissier, 2021, 64 pages) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (publié en ligne, 2022) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (version mise en page du précédent ouvrage, édité par la mairie de Terres-de-Bord, 2023).

Depuis 2014, je suis enseignant à Mayotte.

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