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16 janvier 2016 6 16 /01 /janvier /2016 19:05
Carte postale des Amis de l'école laïque, association à vocation pédagogique et militante présidée par Emile Chary, militant radical-socialiste, avec la participation active du directeur de l'école des garçons, le militant socialiste SFIO Louis Guérin. Ici, près de 110 enfants de la section de gymnastique photographiés devant le mur de la ferme autrefois située au bout de la cour du groupe scolaire Maxime-Marchand (ferme remplacée par la résidence Lucie-et-Raymond-Aubrac).

Carte postale des Amis de l'école laïque, association à vocation pédagogique et militante présidée par Emile Chary, militant radical-socialiste, avec la participation active du directeur de l'école des garçons, le militant socialiste SFIO Louis Guérin. Ici, près de 110 enfants de la section de gymnastique photographiés devant le mur de la ferme autrefois située au bout de la cour du groupe scolaire Maxime-Marchand (ferme remplacée par la résidence Lucie-et-Raymond-Aubrac).

 

Avec nos remerciements à Loïc Lemarchand pour ses informations et la motivation insufflée.

 

 

Né au Havre en 1889, Louis Guérin devint directeur de l’école de Pont-de-l’Arche (qui était alors dans la salle Ambroise-Croizat, près de l’église) en 1930. Son arrivée fut saluée par le journal L’Industriel de Louviers. Dans son édition du 11 janvier 1930, il relata le remplacement de M. Hubert, directeur de l’école de garçons, par M. Guérin, précédemment instituteur à Bosc-Roger-en-Roumois. Louis Guérin retrouva donc Pont-de-l'Arche où il était instituteur au moins durant l'année 1912.

 

Voilà un enseignant qui fit polémique, durant le Front populaire, à cause de ses convictions socialistes avancées (il était membre de la SFIO et de tendance révolutionnaire). Louis Guérin a rejoint une association nommée les Amis de l’école laïque et animée par des militants radicaux-socialistes. Parmi les activités de cette association, il y avait la très populaire fête de la jeunesse, rassemblement annuel de défilés des enfants des écoles publiques.  

Louis Guérin se fit très vite mal voir du conseil municipal présidé par le maire conservateur Charles Morel. Ainsi la délibération du 12 juillet 1933 rapporta que le maire était invité à la fête de la jeunesse, dimanche 16 juillet, par M. Guérin, directeur de l’école. Le maire demanda ‒ pour la forme ‒ à ce que le Conseil municipal dans son entier fût invité, contrairement à ce qui fut fait à la fête de 1932. Le maire précisa ensuite au président des Amis de l’école laïque, Émile Chary, qu’il était loin d’être hostile envers l’école laïque (pour preuves la subvention à la caisse des écoles, au prix du 14-Juillet et l’aboutissement prochain du projet de création du groupe scolaire… Ainsi, Louis Guérin fut le premier directeur du groupe scolaire que nous connaissons de nos jours). Ceci pour préparer à une mise en garde : le Conseil municipal « Réprouve les agissements de certains qui, sous le couvert de la fête de la jeunesse, cherchent à faire une propagande de leur politique marxiste. » Les rad-soc, ça passe encore, les socialistes non ! S'il n'était pas nommé, Louis Guérin était clairement visé.

Cela ne refroidit nullement notre homme. Révolutionnaire, il est compté ‒ au moins pour l’année 1935-1936 ‒ parmi les précurseurs de la pédagogie de Célestin Freinet, pédagogie voulant placer la créativité de l’enfant au cœur de la construction des apprentissages. Autogestion, quand tu nous tiens…  

La même année, le Conseil municipal parvint à démontrer que Louis Guérin n’enseignait pas que la morale républicaine en classe mais diffusait ses idées socialistes. La délibération du 25 septembre 1935 relata que M. Guérin avait « violé la neutralité scolaire » en montrant une brochure intitulée « Les Faucons rouges ». Pour les élus conservateurs, c’était une documentation “socialiste à tendance communiste”, ce qui est vrai dans la mesure où cette revue prônait la révolution complète du système et, par conséquent, la formation dès à présent les cadres du prochain pouvoir socialiste. Une pétition de parents d’élèves fut initiée, signée puis envoyée au ministère. M. Guérin reconnut avoir diffusé les idées socialistes incriminées. Preuve à l’appui, le Conseil municipal vota une motion de “déplacement” de M. Guérin dans une autre école et vota un “blâme les instituteurs qui se livrent dans l’exercice de leurs fonctions à une propagande néfaste contre la Famille et contre la Patrie.” On apprécie la politesse du pluriel employé et, mêmement, que le mot travail n’ait pas ‒ déjà ‒ été utilisé avant la “famille” et la “patrie”.  

Militant convaincu, en 1937 Louis Guérin était secrétaire du Comité des loisirs. Le 1er-mai, à l’occasion de la Fête du printemps organisée par les Amis de l’école laïque, M. Maze, secrétaire du comité national des loisirs exposa les buts de ce comité… “Les loisirs ne doivent pas être le privilège d’une élite, mais être distribués à tous. (...) Le machinisme, qui tend de plus en plus à remplacer l’ouvrier, ne doit pas servir à occasionner du chômage, mais à procurer des loisirs à l’ouvrier. (...) Des organisations de loisirs existent dans la plupart des pays étrangers. Il a fallu attendre l’avènement d’un gouvernement de Front populaire pour en créer en France.” Puis M. Degouey, directeur du tourisme aux chemins de fer de l’État indiqua les facilités offertes par les “billets Léo Lagrange” (billets de fin de semaine, billets de famille…). Les adhésions à ce comité furent enregistrées par M. Guérin. Puis des films furent projetés, dont un sur le familistère de Godin...  

Dans la délibération du 27 octobre 1938, les élus communaux, présidés par Raoul Sergent, reprochèrent à M. Guérin de se livrer « à des attaques contre la religion, méconnaissant ainsi les principes fondamentaux de neutralité de l’école laïque. » Ils relayaient ainsi la plainte que Maurice Desdouits, curé de la paroisse, avait adressée au préfet. En 1938, toujours, on retrouve Louis Guérin en tant que secrétaire du Bureau de la Ligue des droits de l’Homme de Pont-de-l’Arche (délibération du 5 février 1938).

Puis nous perdons trace de ce personnage qui campe admirablement ‒ à l’échelle de notre bon Pont-de-l’Arche ‒ les débats passionnés et les mutations sociales, voire symboliques, qui ont refaçonné la France dans les années 1930. Loïc Lemarchand nous apprend que Louis Guérin fut instituteur de la proche commune de Canappeville de 1923 à 1927 et qu’il décéda en 1963 à Sotteville-lès-Rouen.

Reproduction d'une photographie éditée suite à la Fête du printemps de 1937 organisée par les Amis de l'école laïque de Pont-de-l'Arche. Endoctrinement politique ou démonstration, par l'exemple, de la force créatrice et pédagogique ? Le débat était déjà vif en ce temps à ce sujet...

Reproduction d'une photographie éditée suite à la Fête du printemps de 1937 organisée par les Amis de l'école laïque de Pont-de-l'Arche. Endoctrinement politique ou démonstration, par l'exemple, de la force créatrice et pédagogique ? Le débat était déjà vif en ce temps à ce sujet...

Armand Launay

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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 15:36
L'école-mairie de Montaure a perdu son école et donc la cour de récréation protégée par un portail. Elle a, en revanche, gagné une fenêtre au rez-de-jardin (clichés contemporains Armand Launay, aout 2013).L'école-mairie de Montaure a perdu son école et donc la cour de récréation protégée par un portail. Elle a, en revanche, gagné une fenêtre au rez-de-jardin (clichés contemporains Armand Launay, aout 2013).
L'école-mairie de Montaure a perdu son école et donc la cour de récréation protégée par un portail. Elle a, en revanche, gagné une fenêtre au rez-de-jardin (clichés contemporains Armand Launay, aout 2013).L'école-mairie de Montaure a perdu son école et donc la cour de récréation protégée par un portail. Elle a, en revanche, gagné une fenêtre au rez-de-jardin (clichés contemporains Armand Launay, aout 2013).

L'école-mairie de Montaure a perdu son école et donc la cour de récréation protégée par un portail. Elle a, en revanche, gagné une fenêtre au rez-de-jardin (clichés contemporains Armand Launay, aout 2013).

Avec une construction datée de 1874, l’école-mairie montre une commune de Montaure légèrement en avance sur l’arrivée du républicanisme. En effet, ce n’est qu’en 1875 que la France a été définie comme une république (l’amendement Wallon) et en 1879 qu’un président authentiquement républicain fut élu en la personne de Jules Grévy. Or, le programme républicain s’accompagnait de l’établissement de l’école publique gratuite et obligatoire, sous le ministère de Jules Ferry, et la construction de mairies.

Ceci démontre l’attachement des Montaurois à la république. Dans notre circonscription, Montaure était même le plus grand fief radical avec Les Damps. Le mémoire de Françoise Chapon sur Pierre Mendès France montre qu’en 1936 seules Les Damps et Montaure dépassaient les 60 % de voix en faveur de la gauche radicale de Pierre Mendès France (48 % de moyenne cantonale). Cet attachement républicain se lisait encore en 1959 où André Martin, maire radical-socialiste de Montaure, fut élu conseiller général après un premier tour où il rassembla 37,5 % des voix (contre 33,5 % des voix au communiste Vigor). Il poursuivit la politique de son prédécesseur Pierre Mendès France. 

 

Sources

Bodinier Bernard, « L’enracinement local de Pierre Mendès France », page 93, Franche Dominique, Yves Léonard, Pierre Mendès France et la démocratie locale : Actes du colloque du conseil général de l’Eure, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004, 224 pages ;

Chapron Françoise, « Etude d’une circonscription radicale originale sous la IIIe République : Pierre Mendès France à Louviers (1930-1939) », Mémoire de maitrise en histoire contemporaine, 1981, 149 pages ;

Collectif, La Dépêche, n° du 15 juillet 1959.

 

A lire aussi... 

La biographie d'André Martin dans notre article consacré à la Résistance

Deux plaques inaugurales furent posées sur l'école-mairie. Une d'entre elle existe toujours qui porte le nom du Sous-préfet Jules Develle (cliché Armand Launay, octobre 2013).

Deux plaques inaugurales furent posées sur l'école-mairie. Une d'entre elle existe toujours qui porte le nom du Sous-préfet Jules Develle (cliché Armand Launay, octobre 2013).

Armand Launay

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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 16:11

Après le couvent des pénitents (1789-1792) et le bailliage, l’hôtel de ville de Pont-de-l’Arche prit place en 1968 dans une maison bourgeoise des faubourgs bâtie vers 1877 par Joseph Charles Désiré Alexandre Delafleurière. Nous revenons sur l’architecture et l’historique de cet édifice que nous appelons « hôtel Alexandre Delafleurière ».  

 

 

Avec mes remerciements à Jérôme Croyet

pour les pistes ouvertes sur Jacques Isaac Alexandre.

 

Mairie de Pont-de-l'Arche 1

L'hôtel de Ville en 2012 (cliché Armand Launay).

 

Un nouveau lieu pour l’hôtel de ville

Au XIXe siècle, la ville se développa le long de la route de Paris, vers Les Damps. Vers 1877, Joseph Charles Désiré Alexandre Delafleurière fit construire près de la route du Vaudreuil, actuelle rue Maurice-Delamare, la belle demeure qui nous intéresse ici. Entre celle-ci et la ville, après 1833, le cordonnier Antoine Ouin agrandit les locaux de ce qui deviendra une vaste entreprise de chaussons puis de chaussures : Marco. 

Au XXe siècle, la ville déborde de ses remparts médiévaux. Le groupe scolaire est inauguré en 1934 par Charles Morel, la nouvelle salle des fêtes ouvre en 1954, le nouveau pont est inauguré en 1955, l’école maternelle ouvre en 1957, le stade en 1964, le collège en 1967… 

L’urbanisme est à repenser et le 22 octobre 1964 le maire, Roland Levillain, proposa au Conseil municipal l’achat d’une maison entourée d’une propriété de 6 030 m² à vendre au n° 19 de la rue Maurice-Delamare. Il rappela que « les municipalités d'avant 1939 avaient envisagé son acquisition pour y établir la mairie » afin de faire face à l’accroissement de la population. Pour le maire, il s’agit aussi de prévoir l’avenir avec l’ouverture du lotissement de la Forêt, d’une piscine, d’un camping, d’un collège... 

Le choix fut pris et, après rénovation, l’hôtel de ville accueillit le public au début de l’année 1968. Ce bâtiment ne connut pas de modification notable avant 2016 où un édifice lui fut adjoint en rez-de-jardin afin de proposer une salle des mariages et des réunions conforme aux normes de sécurité mais aussi au bienêtre des usagers, des agents et des élus.  

Mairie de Pont-de-l'Arche 2

Ce détail d’une vue aérienne des années 1960 montre l’hôtel Alexandre Delafleurière avant qu’il n’accueille la mairie. On y voit des dépendances et un mur en pierre disparus depuis.       

 

1. Une maison de maitre à l’architecture classique

L’hôtel Alexandre Delafleurière est une des nombreuses maisons de maitre bâties au XVIIIe siècle mais surtout au XIXe siècle. Conçues pour des familles aisées, elles disposent de vastes terrains souvent aménagés en parc, de dépendances et bénéficient d’une architecture soignée.

L’hôtel Alexandre Delafleurière est une maison bourgeoise bâtie sur sous-sol selon un plan rectangulaire. Son chainage est en brique et le remplissage est en moellon en silex. Elle possède un étage et des combles aménagés. Son toit à quatre pans, couvert d’ardoises, est ajouré de fenêtres de toit dissymétriques de la fin du XXe siècle. Les ouvertures, plus hautes que larges, sont vastes, nombreuses, et très régulières à raison de 5 par niveau sur le mur gouttereau et de 3 sur le mur pignon dont certaines sont murées. La porte d’entrée principale et les deux fenêtres de part et d’autre sont voutées en plein cintre. De même pour l’entrée côté cour dont la rampe d’accès aux personnes à mobilité réduite masque, depuis quelques années, un degré ouvragé encore visible au pied de la façade principale. Une autre porte se trouve face à la rue des Soupirs. Elle devait être destinée aux domestiques et donnait accès à la cuisine ce que semble indiquer la présence de cheminées de ce côté-ci du bâtiment.

La modénature, autrement dit le style architectural dans lequel s’inscrivent les éléments de décoration de façade, est à la fois sobre et soignée. La quasi-totalité des décorations repose sur les moulures permises par un enduit peint en blanc qui couvre toutes les façades. Une corniche assez prononcée couronne l’ensemble des façades. Une seconde corniche, plus discrète, sépare le rez-de-chaussée du premier étage. Les corniches couronnent des frises, le plus souvent nues. Deux éléments ressortent des façades : 

-    un avant-corps central en très légère saillie sur la façade principale et son équivalent, plus prononcé, côté cour. La frise sur l’avant-corps présente une série de piécettes. Les clés des trois fenêtres du rez-de-jardin sont ornées de clés ouvragées ; 

-     les chainages d’angles en saillie et décorés avec des bandeaux et des tables.

Enfin les encadrements de fenêtres sont aussi soignés avec de belles moulures. L’ensemble de ces décorations inscrivent l’hôtel Alexandre Delafleurière dans le style classique.

Mairie de Pont-de-l'Arche 3

Les chainages d’angles, en saillie, présentent de riches décorations :

corniches, tables et bandeaux.

 

Parc et dépendances

Le parc autour de l’édifice est boisé depuis toujours. Le plan cadastral de 1834 démontre que des dépendances existaient avant la construction de l’hôtel. Elles sont visibles sur la vue aérienne reproduite ci-dessus mais ont été rasées avec la clôture afin d’ouvrir l’hôtel sur la rue ; la mairie sur la ville. Quelques pans de bois sont visibles aujourd’hui dans le mur mitoyen avec Marco.

Une des dépendances a été rasée suite au bombardement du pont le 8 aout 1944. A ce sujet, quelques éclats d’obus sont visibles sur les murs en moellon calcaire scié de l’autre côté de la rue des Soupirs. A noter aussi, le petit bâtiment rural appartenant aux Chaussures Marco qui jouxte le parc de la mairie. 

Mentionnons enfin l’intéressant portail d’une ancienne propriété de l’autre côté de la rue Maurice-Delamare qui était visible dans l’atlas de Trudaine (vers 1759). Datant du XVIIIe siècle, ses grandes pierres de taille composent une remarquable voute en plein cintre, avec clé et sommiers, qui renforce le cachet patrimonial de ce faubourg.  

 

Mairie de Pont-de-l'Arche 4

Le parc de la mairie vu de la salle du Conseil municipal :

un espace agréable et reposant, vestige du parc de  l'hôtel Alexandre Delafleurière.  

 

Décoration intérieure 

L’accueil présente une somptueuse mosaïque polychrome couvrant la totalité de la pièce. Une élégante croix grecque mêlée à des décors végétaux orne le centre de la mosaïque tandis qu’une frise à motifs floraux longe les murs. Elle présente notamment des fleurs rouges à quatre pétales. Trois salamandres crachant du feu se trouvent aux extrémités non occupées par le départ de l’escalier. En bas de l’escalier, quelques boiseries encadrent un miroir et une peinture sur bois présentant un sujet champêtre. L’escalier, à la française jusqu'au 1er étage et à moitié tournante jusqu’aux combles, est essentiellement réalisé en bois. Il offre notamment une belle rampe à balustrade. Enfin, depuis 1968 les cadres des couloirs et de l’escalier contiennent des photographies du chantier du pont de bois ayant existé entre 1940 et 1944 ainsi que quelques reproductions du plan du bailliage.

Mairie de Pont-de-l'Arche 5

Une des trois salamandres de la mosaïque de l’accueil (détail).

 

Mairie de Pont-de-l'Arche 7

Détail de la mosaïque de l’accueil.

 

Mairie de Pont-de-l'Arche 6

Elément central de la décoration de la mosaïque de l’accueil. 

 

Le décorum républicain

Les mots « hôtel de ville » ont été ajoutés au-dessus de l’entrée en 1967 et renforcent, par leur police de caractères, la dimension classique du bâtiment. Le porche a été couvert en 2001 et porte,  depuis 2010, la devise républicaine « Liberté, égalité, fraternité » – une première dans l’histoire de Pont-de-l’Arche – et le logotype de la ville. Les ouvertures de la façade d’entrée soutiennent trois écus aux couleurs de la France et frappés des lettres « RF » pour République française. Celui du centre est surmonté de drapeaux français. Un buste de Marianne en plâtre est situé dans la salle du Conseil municipal. Commandé en 1879, il présente une Marianne sans bonnet phrygien, symbole d’une république conservatrice ; une Minerve plus qu’une révolutionnaire. Un portrait officiel du président de la République fait face à Marianne. 

Mairie de Pont-de-l'Arche 8

Ce n’est qu'entre 2010 et 2016 que la façade de l’hôtel de ville de Pont-de-l’Arche

a porté la devise républicaine « Liberté, égalité, fraternité ». 

 

2. Historique de l’hôtel 

1877, date de construction ?

Il semble que ce soit Joseph Charles Désiré qui ait fait bâtir la demeure qui nous intéresse. En effet, la matrice cadastrale de 1877 mentionne une nouvelle maison sur la parcelle B 458. Celle-ci est imposée à hauteur de 500 francs alors que les autres constructions de 1877 le sont à hauteur de 20, 25 et 60 francs. 

Charles Désiré Alexandre Delafleurière (Pont-de-l’Arche le 14 mai 1826 – Rouen le 3 juillet 1878) était marié à Marie Blanche Grimoult. Ils eurent pour fille Victorine Jenny Alexandre Delafleurière (1857-1944), mariée à Charles Emile Anneau (1844-1893) le 1er avril 1880. Selon la matrice cadastrale, ils héritèrent des biens de Joseph Charles Désiré en 1889. Robert Anneau hérita de son père, Charles Emile, et vendit l’hôtel Alexandre Delafleurière à la Ville de Pont-de-l’Arche.

 

Les frères Joseph et Henri Alexandre Delafleurière

Joseph Charles Désiré, à l’origine de l’hôtel Alexandre Delafleurière, était domicilié à Rouen à la fin de sa vie. Une entente familiale a dû intervenir entre 1850 et 1851 où les biens de sa mère et des « héritiers » lui revinrent. 

Cependant, il semble que son frère, Henri Jacques Constant, ait été le principal occupant de l’hôtel familial car son acte de décès mentionne qu’il était « propriétaire » et « domicilié route du Vaudreuil ». Né à Pont-de-l’Arche le 30 janvier 1818 et décédé au même lieu le 4 décembre 1906, Henri Jacques Constant fut maire de la ville du 5 juillet 1891 au 26 juillet 1891 et conseiller municipal depuis au moins 1870 jusqu’à son décès. Il faisait partie de la Société des amis de l’école au côté d’Eugène Ferrand, maire, Jules Fromont (conseiller), Anthime Ferrandier (adjoint), Théodore Chambert (instituteur en retraite), Maurice Delamare (pharmacien), Legrand (percepteur), Etienne Sorel (docteur en médecine), Henry Prieur (conseiller), Léon Revert (instituteur)… 

Henri Jacques Constant n’était pas le premier Alexandre Delafleurière à être dévoué à la chose publique…

 

Jacques Isaac, lieutenant de la République

Mairie de Pont-de-l'Arche 9

Jacques Isaac Alexandre Delafleurière, père du constructeur de l’hôtel qui nous intéresse, a été lieutenant dans la 4e division du 16e régiment de chasseurs à cheval de l’armée révolutionnaire (photo SEHRI).

 

 

Jacques Isaac Alexandre Delafleurière, père de Joseph et Henri, est né à Pont-de-l’Arche le 10 octobre 1770 et décédé au même lieu le 15 janvier 1837. Il se maria le 1er septembre 1818 à Louise Sophie Guesnier des Bordeaux (décédée à Pont-de-l’Arche le 31 mars 1867). C’est avec elle qu’il eut ses deux fils : Henri Jacques Constant (1818-1906) et Joseph Charles Désiré (1826-1878). Jacques Isaac est un enfant de la Révolution. 

Fils d’un des plus grands nobles de la ville, sur lequel nous revenons ci-dessous, il s’engagea dans l’armée révolutionnaire. C’est ce que nous apprend une émouvante déclaration de naissance du 12 mai 1793 signée par Nicolas Poupardin, journalier, et Madelaine Baron. Domiciliés dans la rue Huault, ils vinrent en mairie déclarer la naissance, 2 jours plus tôt, de leur fils Jacques Isaac Poupardin. Ils lui donnèrent le prénom de Jacques Isaac Alexandre, témoin cité dans l’acte. A 22 ans, celui-ci est décrit comme dragon de la Manche et domicilié sur la route du Neubourg. Le fils de noble – dont le titre a disparu – est l’égal du journalier en citoyenneté et en amitié. 

Les archives militaires nous informent qu’il devint sous-lieutenant dans la 4e division du 16e régiment de chasseurs à cheval (le 12 septembre 1793) puis lieutenant (le 29 germinal de l’an V). Il quitta l’armée en juillet 1802 pour s’occuper de ses affaires familiales. Son autorisation de départ, signée à Saint-Mihiel le 21 messidor de l’an X, est intéressante. L’armée ne note pas la bonne date de naissance : elle donne le 12 octobre 1772 au lieu du 10 octobre 1770 (l’acte de baptême étant le 12). Quant au prénom, Jacques Isaac a été remplacé par Jean Jacques ; la lumière de Rousseau devant dissiper les origines nobiliaires. 

Par ailleurs, son autorisation de départ de l'armée fait état des services du lieutenant Jean Jacques Alexandre : armée du Nord (an II), armée de l'Océan (an III), Sambre et Meuse (ans IV et V), guerre des révoltés belges et l’ile de Walaheren (an VII), armée du Rhin (an VIII) où il reçut un coup de sabre, fut fait prisonnier de guerre à Altenkirschen et où son cheval fut tué à Fribourg. La hiérarchie militaire signala que « Ce citoyen s’ (…) est toujours comporté avec honneur et probité et a rempli ses services militaires avec la plus scrupuleuse exactitude et le dévouement le plus entier à la chose publique… » 

De retour dans sa patrie, Jacques Isaac a, semble-t-il, repris le flambeau politique de son père, décédé en 1825, qui fut maire de la ville de 1792 à 1795 et conseiller général entre 1800 et 1815. En effet, on retrouve un Alexandre Delafleurière conseiller général en 1830, date qui coïncide avec une nouvelle révolution. Dans la même période, on retrouve Jacques Isaac dans l’éphémère loge « Les amis réunis », affiliée au Grand orient de France, où l’on retrouve, notamment, Victor Grandin, député libéral. Nous concluons, à l’aune de ces éléments, que Jacques Isaac faisait partie des libéraux, c’est-à-dire la gauche de l’époque, tout comme son père.

 

Jacques Joseph, garde-marteau du roi, puis jacobin

Jacques Joseph Alexandre Delafleurière est né à Valmont (Seine-Maritime) en 1747 et décédé à Pont-de-l’Arche le 15 juillet 1825. Ce conseiller du roi, garde-marteau des eaux et forêts de la maitrise de Pont-de-l’Arche, joua un rôle de premier rang dans le Pont-de-l’Arche de la Révolution. 

Le 20 février 1789, Jacques Joseph Alexandre, sieur de la Fleurière, figurait sur la liste des échevins de la ville. Il fit partie des rédacteurs des cahiers de doléances de Pont-de-l’Arche. Certains ont fait de lui un opportuniste, révolutionnaire par calcul, qui démantela Notre-Dame de Bonport pour de l’or. Cependant, sous le nom d’Alexandre, cultivateur, on le retrouve parmi les premiers citoyens « avancés » quand se constitua la société jacobine : « Les Amis de la constitution ». 

Quand la révolution se radicalisa, il devint maire de Pont-de-l’Arche, le 1er octobre 1792, et assuma cette fonction jusqu’en 1796. Il fut nommé commissaire du canton de Pont-de-l’Arche du 18 frimaire IV au 28 ventôse VII. Il reprit une fonction politique de 1800 à 1815 en tant que conseiller général. 

Figurant parmi les plus riches notables de la ville avant 1789, il acquit des terres lors de ventes de biens nationaux au premier rang desquelles celles de Bonport, qui lui furent adjugés le 2 avril 1791 pour 161 000 livres (sauf les meubles) en partenariat avec Alexandre de la Folie (maire de Criquebeuf vers avril 1792). Il acquit aussi des terres le long de la route du Vaudreuil, au triège du Val, le long de la route du Neubourg, dans le faubourg de Limaie, à la Cavée, la Maladrie (sic), la ferme de Bon air, au Chêne Jeannet (sic), dans la forêt de Bord, dans l’ile de Bonport, à la Sente à Cagnon... 

Jacques Joseph bénéficia du vaste transfert de biens opéré durant la Révolution et scella ainsi son sort avec elle. Désormais, le statut et les intérêts de sa famille et de ses descendants étaient plus assurés avec le camp révolutionnaire puis napoléonien qu’avec le camp royaliste. L’ancien noble était donc compromis, aux yeux des royalistes, avec la Révolution et indésirable, par là même. 

Le parcours de la famille Alexandre Delafleurière démontre par son engagement qu’elle n’était pas libérale par calcul mais par conviction et que sa richesse était issue, à la base, des privilèges de l’Ancien Régime.   

 

En guise de conclusion…

Bâti par une des toutes premières familles républicaines de Pont-de-l’Arche, l’hôtel Alexandre Delafleurière accueille aujourd’hui le symbole républicain par excellence dans une commune : la mairie. Ce hasard, ce clin d’œil de l’histoire, valait la peine d’être conté !   

 

 

Sources

- Archives municipales de Pont-de-l’Arche :

-       registres de délibérations du Conseil municipal ;

-       cadastre ;

-       matrice cadastrale. 

- Archives de la Société d'études historiques révolutionnaire et impériale (SEHRI), avec nos remerciements à Jérôme Croyet.

Archives départementales de l’Eure : 4 M art. 200

Archives départementales de Seine-Maritime : J 472 (1 et 2).

Sorel Etienne-Alexandre, Pont-de-l’Arche pendant la Révolution d’après les registres municipaux : 1789-1804, Rouen : Lestringant, 1918, 147 pages.

 

 

A lire aussi...

La rue des Soupirs et la Côte d'amour

Les maires de Pont-de-l'Arche

 

Armand Launay

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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 16:23

Les Damps (10)

L'école-mairie vers 1910

2.JPG

Une partie de la mairie en 2011

 

Lorsque l’on se rend en mairie, on peut y lire une plaque commémorative rappelant que ses murs furent bâtis en 1879 afin de servir à la fois d’école et de mairie aux 275 Dampsois de l’époque.

Auparavant, c’était le logement personnel du maire qui faisait office de centre administratif (lieu de réunion du Conseil municipal, accueil du public, archives...).

Quant aux enfants, ils devaient se rendre soit à Pont-de-l’Arche soit à Léry pour suivre leurs études primaires, ce qui signifiait que certains d’entre eux ne se rendaient jamais à l’école, notamment afin d’aider leurs parents au travail quotidien.

Cependant, prise isolément, cette plaque commémorative ne rend pas compte de la sensibilité et de la motivation des Dampsois. C’est pourquoi, il est intéressant de voir quels enjeux recouvraient la construction de l’école-mairie nous permettant, aujourd’hui, de comprendre quelques-unes des préoccupations de nos ancêtres.

La préoccupation immédiate est facilement discernable. La délibération du Conseil municipal de mars 1878 nous en fournit la cause : depuis quelques années, les enfants des Damps pouvaient bénéficier gratuitement de l’enseignement de l’école de Pont-de-l’Arche grâce à un don privé. Or, depuis l’année 1877 le Conseil municipal de Pont-de-l’Arche remettait en cause cet accès gratuit aux Dampsois ce qui provoqua la colère des parents, rendant ainsi plus criant le besoin d’ouvrir une école aux Damps.           

Ensuite, le deuxième aspect à prendre en compte dans notre étude est que le projet de construction de l’école-mairie vient de certains habitants de la commune et non de directives administratives. La première mention du projet date du Conseil municipal du 16 mai 1875. Une souscription publique fut ouverte pour aider à financer la construction, le coût étant très lourd pour la petite commune (9640 francs). Les réponses à l’appel furent nombreuses (à hauteur de 1350 francs, soit 1/7e des dépenses) ce qui révèle combien le projet obtenait non seulement les suffrages des Dampsois mais encore leur plein investissement.

Toutefois, ces faits restent muets si on ne les relie pas à l’histoire nationale : la construction de l’école-mairie se produisit avant que la IIIe République (officialisée en 1875) ne se dote d’une législation aidant au développement systématique de l’instruction publique et, surtout, d’un gouvernement réellement républicain. Car, paradoxalement, la France, pourtant républicaine de nom, était encore représentée par une majorité de monarchistes à l’Assemblée nationale, jusqu’en 1875, au Sénat, jusqu’en 1877, mais aussi au gouvernement, jusqu’en 1879 quand Jules Grévy fut élu président.

Par conséquent, le projet de construction d’une école-mairie aux Damps, sans être révolutionnaire, n’était pas anodin, surtout dans les campagnes qui étaient généralement plus conservatrices et donc monarchistes.

Mais les Damps était un village résolument républicain et dans de nettes proportions. Ainsi, lors des élections législatives de 1877, 47 suffrages dampsois sur 54 se tournèrent vers le républicain Develle, qui devint député à l’issu du scrutin. En fait, construire une école était le fruit d’une vision de la société où chaque homme est citoyen, c’est-à-dire libre. Or, pour que l’homme soit libre, il lui faut suffisamment de culture afin qu’il sache choisir sans que quiconque ne décide à sa place. La liberté c’est pouvoir mais - aussi - savoir choisir afin de ne dépendre que de soi.

Qui plus est, le nouveau bâtiment fut construit afin de servir de mairie à la commune, permettant ainsi de faire des économies en réunissant sous le même toit l’école, le centre administratif, mais aussi le logement du maitre d’école qui était aussi le secrétaire de mairie.

La mairie, "maison commune" symbolisa l'autonome des Damps vis-à-vis de Pont-de-l’Arche, dont le Conseil municipal avait réitéré le vœu de fusionner les deux communes en 1850. De plus, la symbolique de la mairie renvoie directement aux réformes qui suivirent juin 1789 et qui menèrent, peu à peu, à la première République de 1792 car c’est durant cette période que naquit le projet de doter chaque municipalité d’une maison commune.

La première pierre de l’école fut donc posée le 29 juin 1879, le jour de la fête communale, en présence du sous-préfet de l’ancien arrondissement de Louviers. C’est le 2 novembre que l’inauguration eut lieu en présence du député, M. Develle, de l’inspecteur des écoles primaires, du maire, M. Courcelle, de son adjoint, M. Saint-Pierre, des conseillers municipaux… ainsi que d’une foule nombreuse de Dampsois et de gens des environs. Le sous-préfet et le député louèrent les bienfaits de l’instruction publique ainsi que les efforts du nouveau gouvernement de Jules Grévy en ce sens.           

En conclusion, nous avons vu que la construction de l’école-mairie des Damps en 1879 n’est pas anodine ; elle a deux origines :

 

1      La montée du républicanisme auquel ont contribué localement les habitants des Damps avant qu’il ne gagne toutes les instances dirigeantes du pays et, avec lui, la prise de conscience de l’importance de l’éducation.

2    La volonté des Dampsois de ne plus dépendre de Pont-de-l’Arche en matière d’éducation, réaffirmant, par là-même, l’autonomie du village en le dotant d’un officiel bâtiment de mairie.

 

 

Sources

Archives municipales des Damps

Armand Launay

Pont-de-l'Arche ma ville

http://pontdelarche.over-blog.com

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8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 17:29

Les premiers contacts

 

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Article extrait de L’Elbeuvien du 6 août 1932 :

 

"Les Damps. – Fête républicaine.

 

M. Mendès France, député, a été reçu samedi à la Mairie des Damps par la municipalité, une délégation des élèves de l’école communale, la société des Tambours et Clairons et un grand nombre d’habitants. 

Une charmante fillette, Mlle Fernande Milliard dit un compliment au nouveau député et lui remit une superbe gerbe de fleurs qui fut, par la suite, déposée au monuments aux Morts. M. Prémillieux, Maire, souhaita ensuite la bienvenue à M. Mendès France qui lui répondit en faisant l’éloge de la petite Commune, rappelant la belle majorité qu’elle lui avait donné. Devant le monument aux Morts où les enfants déposèrent des gerbes, on observa une minute de silence, puis on se rendit au restaurant Félix-Hublet, où un dîner soigné attendait une quarantaine de convives dans une salle artistement (sic) décorée".

 

Ce document montre l’accueil réservé à Pierre Mendès France dans notre village. Ce jeune avocat venait de se présenter aux élections législatives de 1932 sous l’étiquette du Parti Radical. Or, ces élections n’étaient pas gagnées d’avance pour Pierre Mendès France car il venait de Paris, professait des idées politiques nettement ancrées à gauche et était d’origine juive ce qui déplaisait aux conservateurs et principalement aux ligues d’extrême droite qui lui rendirent sa campagne difficile. Malgré tout, le candidat radical se fit élire avec seulement 232 voix d’avance et ce grâce à l’électorat ouvrier des villes telles que Louviers… La particularité des Damps était la présence depuis de nombreuses années d’une opinion républicaine avancée qui avait élu aux fonctions de Maire M. Prémillieux. 

         Par ailleurs, ces quelques lignes nous apprennent l’existence de la fanfare appelée La société des tambours et clairons montrant, ainsi que la commémoration de la Première Guerre mondiale, l’étendue de l’influence de la chose militaire dans la société française des années 1930. En effet, les tambours et les clairons sont des instruments usuels dans l’armée. 

         Quant au restaurant Félix Hublet dont il est question, il se trouvait en face du pont sur l’Eure, à gauche du bar actuel. Il était tenu par la femme de cet homme qui, lui, assumait les activités agricoles de l’exploitation familiale.

 

 

Les liens privilégiés entre Pierre Mendès France et Les Damps

Bien qu’il soit vrai que Pierre Mendès France ait eu un bon contact avec ses concitoyens en général, nous pouvons tout de même dire que le village des Damps lui était particulièrement cher. Nous avons déjà vu quel accueil notre village lui avait réservé lors de sa première candidature locale, en 1932, où les Dampsois votèrent à 70 % pour le jeune radical (le record de la circonscription !) et l’accueillirent ensuite pour fêter son élection. Pierre Mendès France avait donc ici le soutien de la grande majorité de la population ainsi que celui du Maire, M. Prémillieux, qui présidait le comité républicain de gauche du canton (radical, en fait)… 

C’est ainsi que ces relations se traduisirent par des avancées notables pour notre commune : M. Mendès France aida les ouvriers grévistes à retrouver un emploi et facilita la subvention du premier pont sur l’Eure, par exemple… 

Outre ces aides politiques, la présence de Pierre Mendès France était constante, malgré ses nombreuses responsabilités (Président du Conseil, député, Conseiller général de Pont-de-l’Arche…). Il venait assister et participer aux remises des prix de l’école primaire (M. Roland Lenoir, instituteur et secrétaire de Mairie, était un radical convaincu, ce qui aidait les relations…), aux inaugurations (comme celle de la rue Neuve), aux festivités (dans la salle Kali (Fénoroc))… Mais là où les relations dampsoises furent particulièrement importantes pour notre homme, ce fut lors de l’arrivée des troupes nazies. Pierre Mendès France avait servi dans l’aviation pour lutter contre l’armée nazie et était désormais recherché pour ses convictions démocratiques et ses origines juives. Il se réfugia, quelques temps, aux Damps, avant de gagner l’Angleterre et de participer à faire de la France une nation alliée, auprès de De Gaulle, à Londres.

               Mais il y a une fin à tout, les délibérations du Conseil municipal témoignent, elles aussi, de la disparition de Pierre Mendès France, en septembre 1982 : "A l’ouverture d’une séance (…) une minute de silence a été observée en mémoire du Président Mendès-France, récemment décédé". C’est le dernier clin d’œil dampsois adressé à celui qui fut reconnu comme l’un des plus grands hommes politiques français du siècle dernier. Il fut, quoi qu’il en soit, le plus grand personnage qu’ait connu notre village…

 

 

A lire aussi...

Pierre Mendès France et Pont-de-l'Arche

 

Armand Launay

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Mes activités

Armand Launay. Né à Pont-de-l'Arche en 1980, j'ai étudié l'histoire et la sociologie à l'université du Havre (Licence) avant d'obtenir un DUT information-communication qui m'a permis de devenir agent des bibliothèques. J'ai acquis, depuis, un Master des Métiers de l'éducation et de la formation, mention Lettres modernes. Depuis 2002, je mets en valeur le patrimoine et l'histoire de Pont-de-l'Arche à travers :

- des visites commentées de la ville depuis 2004 ;

- des publications, dont fait partie ce blog :

Bibliographie

- 20 numéros de La Fouine magazine (2003-2007) et des articles dans la presse régionale normande : "Conviviale et médiévale, Pont-de-l'Arche vous accueille", Patrimoine normand n° 75 ; "Pont-de-l'Arche, berceau de l'infanterie française ?", Patrimoine normand n° 76 ; "Bonport : l'ancienne abbaye dévoile son histoire", Patrimoine normand n° 79 ; "Chaussures Marco : deux siècles de savoir-plaire normand !", Pays de Normandie n° 75.

- L'Histoire des Damps et des prémices de Pont-de-l'Arche (éditions Charles-Corlet, 2007, 240 pages) ;

- Pont-de-l'Arche (éditions Alan-Sutton, collection "Mémoire en images", 2008, 117 pages) ;

- De 2008 à 2014, j'ai été conseiller municipal délégué à la communication et rédacteur en chef de "Pont-de-l'Arche magazine" ;

- Pont-de-l'Arche, cité de la chaussure : étude sur un patrimoine industriel normand depuis le XVIIIe siècle (mairie de Pont-de-l'Arche, 2009, 52 pages) ;

- Pont-de-l'Arche, un joyau médiéval au cœur de la Normandie : guide touristique et patrimonial (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 40 pages) ;

- Pont-de-l'Arche 1911 I 2011 : l'évolution urbaine en 62 photographies (mairie de Pont-de-l'Arche, 2010, 32 pages) ;

- Mieux connaitre Pont-de-l'Arche à travers 150 noms de rues et de lieux ! (Autoédité, 2019, 64 pages) ; 

- Déconfiner le regard sur Pont-de-l'Arche et ses alentours (Autoédité avec Frédéric Ménissier, 2021, 64 pages) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (publié en ligne, 2022) ;

- Les Trésors de Terres-de-Bord : promenade à Tostes, ses hameaux, Écrosville, La Vallée et Montaure (version mise en page du précédent ouvrage, édité par la mairie de Terres-de-Bord, 2023).

Depuis 2014, je suis enseignant à Mayotte.

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